Collection DIBICA Classique

Tous les articles créés ou soumis au cours des vingt premières années du projet, de 1995 à 2015.

Martyrs de la Fraternité Chrétienne, Les

1997
Église Catholique
Burundi

“Dieu est bon, et nous l’avons rencontré.” –Les Martyrs de la Fraternité Chrétienne

Le Burundi, pays isolé et montagneux, souvent appelé “la Suisse de l’Afrique,” a été le siège de violences éthniques acharnées, parmi les pires de toute l’Afrique. Ces violences étaient en fait un débordement du génocide qui a eu lieu au Rwanda. Vers 5h30 le matin du 30 avril, 1997, des envahisseurs armés, qui auraient été membres du groupe rebelle Hutu du CNDD (le Conseil National pour la Défense de la Démocracie), ont attaqué le séminaire catholique à Buta, tuant quarante jeunes séminaristes entre l’âge de quinze et vingt ans. Depuis le début de la guerre civile la plus récente du pays qui a commencé en octobre 1993, le séminaire, dans la partie sud du pays, avait été un refuge tranquille pour les membres des deux groupes ethniques en guerre. Depuis 1972, la tribu pastorale des Hutu est aux prises avec les Tutsi, qui sont plutôt nomades, dans une guerre sauvage de nature ethnique.

Les séminaristes vivaient expressément en fraternité chrétienne, pour montrer que l’amour du Christ était plus importante que les origines ethniques. Juste avant leur massacre, les étudiants venaient de finir une retraite pour la saison de Pâques. Le père Nicolas Niyungeko, recteur du Sanctuaire de Buta dans le diocèse du Burundi, a écrit à leur régard:

A la fin de la retraite, cette classe était animée d’une sorte d’esprit nouveau, qui semblait être une préparation pour la mort sainte de ces innocents. Pleins de joie et de réjouissance, ils disiaent sans cesse : “Dieu est bon, et nous l’avons rencontré.” Ils parlaient du ciel comme s’ils en venaient, et de la prêtrise comme s’ils venaient d’être ordonnés… Chacun se rendait compte que leurs coeurs avaient vécu quelque chose de très fort, sans savoir exactement de quoi il s’agissait. A partir de ce jour-là ils ont prié, ils ont chanté, ils ont dansé en allant au culte, heureux d’avoir découvert, pour ainsi dire, le trésor du paradis.

Le jour suivant, quand les meurtriers les ont surpris, encore au lit, ils ont ordonné aux séminaristes de se séparer en deux groupes, les Hutu d’un côté, et les Tutsi de l’autre. Ils voulaient en tuer seulement une partie du groupe mais les séminaristes ont refusé, préferant mourir ensemble. Face à l’échec de leur projet néfaste, les meurtriers se sont rués sur les enfants et les ont massacrés avec des fusils et des grenades. Au cours du massacre, on entendit certains séminaristes chanter des psaumes de louange, et d’autres dire “Pardonne-leur Seigneur, car ils ne savent ce qu’ils font.” D’autres encore, au lieu de se battre ou de s’enfuir, ont choisi de venir en aide à leurs frères en détresse, sachant très bien la fin qui leur était réservée.

Leur mort était comme un chemin doux et clair qui menait de leur dortoir à un autre lieu de repos, sans douleur, sans bruit, sans peur. Ils sont morts comme des Martyrs de la Fraternité, et ont ainsi honoré l’eglise du Burundi, où bien des frères et des soeurs ont été détournés par la haine et la vengeance ethnique. [1]

Quarante jours après le massacre, le petit séminaire a consacré son église à Marie, Reine de la Paix. Depuis, selon le père Niyungeko, elle est devenue “…un lieu de pèlerinage où les burundiens viennent pour prier pour la réconciliation de leur peuple, pour la paix, pour la conversion et pour l’espoir pour tous. Que leur témoignage de foi, d’unité et de fraternité soit un message à toute l’humanité, et que leur sang devienne une semence de paix pour notre pays ainsi que pour le monde entier.”

Dieu tout puissant, tu appelles tes témoins du monde entier et ta gloire est révélée par leurs vies. Rend-nous reconnaissants pour l’exemple donné par les Martyrs de la Fraternité Chrétienne du Burundi, et fortifie-nous par cet exemple pour que nous puissions être, comme eux, fidèles au service de ton royaume, grâce à Jésus-Christ notre seigneur. Amen. –Celebrating Common Prayer [Célébration de la Prière Commune], 489.

Frederick Quinn


Notes:

  1. Nicholas Niyungeko, “Quoi de neuf au Burundi!” courriel de la part de Servane Ronin-Vermauwt à Frederick Quinn, le 10 janvier, 2001.

Cet article est reproduit, avec permission, du livre African Saints : Saints, Martyrs, and Holy People from the Continent of Africa [Les Saints Africains : Saints, Martyrs et Personnes Saintes du Continent Africain] copyright © 2002 par Frederick Quinn, Crossroads Publishing Company, New York, New York. Tous droits résérvés.