Collection DIBICA Classique

Tous les articles créés ou soumis au cours des vingt premières années du projet, de 1995 à 2015.

Nacquart, Charles (A)

1617-1650
Église Catholique
Madagascar

Charles Nacquart naquit à Treslon, petite ville du diocèse de Soissons. Il entra à la Congrégation de la Mission à Paris le 6 avril 1640 et, ses études terminées, il fut envoyé à la résidence lazariste de Richelieu dans le diocèse de Tours.

Le P. Nacquart avait été remarqué par ses supérieurs pour ses qualités de douceur, de calme, son esprit judicieux et pondéré, et il avait exprimé le désir de partir en terre lointaine. Aussi, Saint Vincent de Paul le désigna en même temps que le P. Gondrée pour partir à Madagascar, à la demande de la Compagnie Française des Indes Orientales. Selon les accords, ces deux missionnaires devaient donner les secours de la religion aux Français transportés dans l’île et amener les habitants de la contrée à embrasser le catholicisme.

Les deux prêtres s’embarquèrent à La Rochelle le 21 mai 1648, en même temps que M. Etienne de Flacourt, nouveau Gouverneur de Fort-Dauphin. Ils arrivèrent dans cet établissement le 4 décembre 1648, trouvant la colonie dans un état pitoyable tant sur le plan matériel que moral. Une chapelle y avait été construite par un prêtre séculier, M. de Bellebarbe qui, en raison des divisions opposant les Français entre eux, n’avait pu mener aucune action.

Le P. Nacquart se rendit compte de la tâche immense qui l’attendait. Afin de se mettre en contact avec les habitants du pays, il se mit à travailler avec acharnement pour apprendre la langue locale. Il composa même un “petit catéchisme avec les prières du matin et du soir, que les Missionnaires font et enseignent aux néophytes et catéchumènes de l’Isle de Madagascar, le tout en français et en cette langue.” Ce document fut publié par de Flacourt en 1657.

Dans son action missionnaire, le P. Nacquart s’attachait surtout à la formation des enfants, se montrant très prudent pour le baptême des adultes. Il était aidé dans sa tâche par un colon français plein de bonne volonté, François Grandchamp, qui parlait le malgache et participait à son enseignement évangélique. Sa collaboration fut particulièrement précieuse lorsque, à la suite du décès du P. Gondrée, survenu en mai 1649, le P. Nacquart se trouva seul.

Pendant les premiers mois de l’année 1650, il mena une activité intense. En janvier, il fit une excursion à trois jours de Fort-Dauphin dans la vallée de l’Ambolo. En février, il bénit la première pierre de la future église Notre-Dame. Pendant tout le carême, il prépara intensément les candidats au baptême, à la Communion et au mariage, régularisant la situation des Français qui avaient épousé des femmes Malgaches. Pour pouvoir connaître les livres des Ombiasy, il s’était même mis à apprendre l’arabe.

Au mois de Mai, il s’était rendu à dix lieues de Fort-Dauphin mais revint de cette tournée extrêmement fatigué et tomba malade. Lors de la Fête de l’Ascension, le 26 Mai, il remplit son ministère auprès des Antanosy et des Français mais, trois jours après, il mourait, ayant à peine vécu un an et demi en terre malgache.

Évoquant sa mémoire dans son “Histoire de la Grande Ile de Madagascar,” M. de Flacourt a écrit au sujet de celui qui fut véritablement le premier missionnaire à Madagascar et qui aurait baptisé plus de 400 personnes:

C’était un homme de bon esprit, zélé pour la religion, et qui vivait exemplairement bien, qui avait déjà de la connaissance de la langue à suffisance pour instruire les habitants du pays, à quoi il prenait grande peine de s’employer continuellement, et a été de nous fort regretté, d’autant qu’à son imitation beaucoup de Français tâchèrent de bien vivre.

Raymond Delval


Bibliographie

Notices sur les prêtres, clercs et frères défunts de la Congrégation de la Mission. Paris, 1898.

Henri Froidevaux. Les Lazaristes à Madagascar au XVIIème siècle. Ch. Poussielgue Éditeur, Paris.


Cet article, réimprîmé ici avec permission, est tiré d’Hommes et Destins: Dictionnaire biographique d’Outre-Mer, tome 3, publié en 1977 par l’Académie des Sciences d’Outre-Mer (15, rue la Pérouse, 75116 Paris, France). Tous droits réservés.