De Foucauld, Charles Eugène (B)
Charles Eugène de Foucauld était un ermite chrétien parmi les tribus touaregs musulmanes d’Afrique du Nord. Né à Strasbourg, Eugène de Foucauld découvrit sa vocation missionnaire après avoir mené une vie dissolue d’aristocrate et de soldat français. Sa quête spirituelle a commença lors d’une visite scientifique au Maroc, où il fut touché par la simplicité de la piété sincère des musulmans. L’abbé Huvelin, directeur spirituel de plusieurs intellectuels français, l’amena à la foi chrétienne et le guida dans son choix d’une vie ascétique à la suite d’un pèlerinage à Jérusalem en 1889. Pendant sept ans, de Foucauld vécut comme trappiste dans un village syrien isolé (1890 à 1897) ; puis il quitta l’ordre pour une vie plus ardue de service non rémunéré au couvent des Clarisses à Nazareth et à Jérusalem. Ordonné en 1901, il se consacra à ce qu’il appellait la “spiritualité nazaréenne”, qui trouvait son expression la plus austère en Algérie française. C’est là qu’il se sentit irrésistiblement attiré, d’abord vers l’oasis de Beni-Abbes, puis vers Tamanrasset, dans les montagnes de l’Ahaggar, qui allait être son foyer spirituel pendant les onze dernières années de sa vie (1905 à 1916). Il vécut une ascèse sans compromis parmi les tribus touaregs, qui le considéraient comme un marabout (saint homme), moins attiré par son credo chrétien et son eucharistie quotidienne que par son imitation tacite du Christ, dans laquelle ils reconnaissaient la représentation coranique d’Isa (Jésus). Selon le chef touareg qui l’a le mieux connu, sa spiritualité transcendait la culture du colonialisme français, que les membres de la tribu détestaient. Son biographe musulman moderne, Ali Merad, se demande si, “tout en appartenant spirituellement au christianisme, le grand ermite du Sahara appartient d’une certaine manière à l’Islam”. En réponse à cette question, il estime que “cette fragile lumière était comme le signe joyeux d’une présence fraternelle”. En 1916, de Foucauld meurt sous les coups d’un jeune Touareg dans ce qui est probablement un accident tragique. Il repose à Tamanrasset. La règle qu’il avait conçue a été reprise en 1933 par les Petits Frères et en 1936 par les Petites Sœurs de Jésus. Elles maintiennent leur centre spirituel à Tamanrasset mais travaillent aussi dans les conditions les plus pauvres des villes d’Afrique et d’Asie. De Foucauld a également exercé une profonde influence spirituelle sur l’islamologue catholique français Louis Massignon (1883-1962), qui a à son tour influencé l’enseignement du Concile Vatican II sur la réconciliation islamo-chrétienne.
David A. Kerr
Bibliographie
R. Bazin, Charles de Foucauld: Explorateur du Maroc, Ermite au Sahara (1921; Eng. Tr., 1923).
M. Gibbard, “Charles de Foucauld,” in C. Jones and G. Wainwright, eds., The Study of Spirituality (1986).
E. Hamilton, The Desert My Dwelling Place: A Study of Charles de Foucauld (1968).
A. Merad, Charles de Foucauld au Regard de l’Islam (1975).
N. Robsinson, “Massignon, Vatican II, and Islam as an Abrahamic Religion,” Islam and Christian Muslim Relations 2 (1991): 182-205.
R. Voillaume, Seeds of the Desert: The Legacy of Charles de Foucauld (1955).
Cet article est reproduit avec la permission de Biographical Dictionary of Christian Missions, copyright © 1998, par Gerald H. Anderson, W. B. Eerdmans Publishing Company, Grand Rapids, Michigan. Tous droits réservés. Traduction de Luke B. Donner, assistant de recherche du DACB et doctorant à l’Université de Boston au Center for Global Christianity and Mission.