Collection DIBICA Classique

Tous les articles créés ou soumis au cours des vingt premières années du projet, de 1995 à 2015.

Lavigerie, Charles Martial Allemand (A)

1825-1892
Église Catholique
Algérie , Tunisia

Charles Lavigerie

Charles Martial Allemand Lavigerie, cardinal archevêque d’Algers et de Carthage, primat d’Afrique, fondateur missionnaire et militant contre l’esclavage, est né près de Bayonne dans la région Basque du sud de la France. Après ses années de scolarité, il a fait des études de théologie à Saint Sulpice, à Paris. En 1854, après être rentré dans les ordres, et après avoir poursuivi d’autres études, il est nommé professeur d’histoire de l’église à la Sorbonne, à Paris. En 1860, dans sa qualité de directeur d’oeuvre pour les écoles orientales, il a voyagé au Liban et en Syrie pour coordonner l’administration d’aide au chrétiens de ces pays suivant le massacre des Druses. Au cours de ce voyage il a rencontré le leader algérien en exil, Abd el Kader, et a été impressionné par ses qualités humaines et sa culture islamique. Il s’est aussi intéressé aux églises du rite oriental, et c’est ainsi qu’il a pris connaissance des deux menaces principales à leur existence : la pression musulmane et la latinisation catholique. Dès son retour il a rejoint le personnel du Vatican en qualité d’auditeur du Rota Romain. C’est à cette époque aussi qu’il a fait la connaissance de Daniel Comboni, et qu’il a pris conscience de ses idées sur la régénération de l’Afrique.

En 1863 il a été nommé évêque de Nancy, en France, et il a été mis sur la liste de ceux qui prendraient le poste important de l’archevêché de Lyon. Par la suite, il a refusé ce poste prestigieux et a demandé plutôt le siège colonial d’Algers, où il est nommé archevêque en 1867. L’Algérie était devenue une colonie française en 1830, et sous Napoléon III avait été désignée “royaume arabe.” Les autorités françaises n’étaient pas en faveur du prosélytisme auprès des musulmans. Néanmoins, Lavigerie était clair sur sa mission : il était venu pour servir l’ensemble du peuple algérien, et son objectif ultime était d’évangéliser le continent africain. A cette fin il a fondé la Société des Missionnaires de l’Afrique, (les Pères Blancs) en 1868, et les Soeurs Missionnaires de Notre Dame de l’Afrique (les Soeurs Blanches) en 1869. Malgré un début difficile, ces sociétés missionnaires internationales ont attiré un grand nombre de recrues en France, en Belgique, aux Pays-Bas, en Allemagne, et au Canada. Lavigerie a établi des orphelinats et des écoles pour les enfants victimes de famines successives en Algérie. En 1868, il a été nommé délégué apostolique au Sahara et au Soudan par le pape Pie IX, et dix ans plus tard, le pape Léon XIII lui a confié l’évangélisation de l’Afrique au sud du Sahara. En 1878 il a mis sur pied une faculté de théologie à Jérusalem pour étudiants catholiques du rite grec melchite, mais son désir d’arrêter la latinisation en devenant lui-même patriarche latin de Jérusalem n’a pas été réalisé.

A partir de 1878, les missionnaires de ses societés se sont établis dans la région des grands lacs en Afrique orientale, et après sa mort, dans les territoires français de l’Afrique occidentale. Nommé cardinal en 1882, Lavigerie a ranimé l’ancien siège de Carthage, avec le titre “primat d’Afrique,” quand la France a annexé la Tunisie. Durant toute l’année de 1888, Lavigerie a mené une campagne personelle contre l’esclavage dans toutes les capitales européennes. Au cours de cette campagne, il a révélé les expériences déchirantes de l’esclavage en Afrique équatoriale dont ses missionnaires étaient témoins. La campagne a eu pour résultat des congrès contre l’esclavage à Bruxelles et à Paris. En 1890, suivant la demande du pape Léon XIII, il a prononcé le célèbre “Toast d’Algers” pour rallier le soutien du gouvernement républicain français. Cet acte lui a coûté le soutien considérable qu’il reçevait de la part des catholiques français conservateurs. Lavigerie était un homme passionnément humanitaire, doté d’une grande prévoyance. Il frôlait souvent les controverses, mais il croyait fermement que les chrétiens africains étaient pleinement capables d’entreprendre l’évangélisation efficace de leur continent.

Aylward Shorter M Afr.


Bibliographie

William A. Burridge, Destiny Africa : Cardinal Lavigerie and the Making of the White Fathers [Destin l’Afrique: le cardinal Lavigerie et la création des pères blancs] (London, 1966).

J. de Arteche, The Cardinal of Africa : Charles Lavigerie, Founder of the White Fathers [Le cardinal de l’Afrique : Charles Lavigerie, fondateur des pères blancs](London, 1964).

François Renault, Le Cardinal Lavigerie (Paris: Fayard, 1992); John O’Donohue (tr.), Cardinal Lavigerie (London, Athlone Press, 1994).


Cet article, soumis en 2003, a été écrit et recherché par le père Aylward Shorter M.Afr., président émerite de Tangaza College Nairobi, de l’université catholique de l’Afrique orientale. Traduction de l’anglais par Samuel Sigg.