Collection DIBICA Classique
Tous les articles créés ou soumis au cours des vingt premières années du projet, de 1995 à 2015.Boulouvi, Noumonvi Bernard
Noumonvi Bolouvi est né à Sè au quartier Logohoué en 1913. Son père s’appelait Bolouvi Tobgonou et sa mère Gboessi Kpognon. Celui-ci appartenait Djègbadji à quelques kilomètres au sud-est de Comé. Il importe de préciser que les fondateurs de Sè étaient issus de la collectivité Xwlao-Houannounzinnou et que les Houndin en sont une branche; pour cette raison, tous les rejetons Houndin se sont toujours sentis comme des chefs potentiels de la localité. Noumonvi Boulouvi n’a pas échappé à cette règle.
Dans son enfance, il a vu mourir ses nombreux frères et sœurs. Des douze enfants auxquels Bolouvi Togbonou et sa femme donnèrent la vie, seuls Noumonvi et sa sœur Hounsèfio survécurent. Noumonvi a passé peu de temps à Sè puisqu’au cours de la révolte des Saxwè en 1918-1919, il quitta son village natal en compagnie de ses parents en direction de Djègbadji, le pays de sa mère. Il ne revint à Sè qu’à la fin de la révolte. Son père meurt peu après et le révérend père Parisot, qui venait d’installer un catéchiste à Sè en septembre 1925, autorise ce dernier à prendre le jeune orphelin à ses côtés en qualité de boy. [1] Noumonvi est désormais au service exclusif du maître Joseph Tevoedjré. Il quitte sa famille, s’inscrit aux leçons de catéchisme et, le 12 août 1927, reçoit le baptême.
Noumonvi change de nom: il s’appelle désormais Bernard. Il est le troisième baptisé de la jeune station secondaire de Sè. [2] Maître Joseph Tevoedjré, son patron, a de plus en plus de difficultés avec les autorisés politico-administratives de Sè: on l’affecte à Sakété en 1927. Bernard l’accompagne. Le séjour dans le nouveau poste dure deux ans.
Dominique Bolouvi, fils de Bernard, raconte qu’après Sakété, son père est allé à l’école Sainte-Jeanne-d’Arc de Ouidah où à l’instar de ses aînés Germain Mensah, Benoît Zokli, et Alphonse Lakoussan, il reçoit une formation profane et religieuse. [3] Il envisageait même de poursuivre ses études secondaires au petit séminaire en vue du sacerdoce. Mais on lui rappelle qu’il est fils unique et qu’il doit fonder une famille et avoir des enfants. Bernard arrête donc les études et entre dans la vie active. Il est moniteur à l’école de Grand-Popo. Il commence à s’intéresser à la gestion politique de son village et de sa région. Son premier poste dans ce domaine est celui de secrétaire de chef de canton. C’était entre 1932 et 1937 sous le chef Dangninvo. Lorsque ce dernier n’arrive plus à s’entendre avec l’administration coloniale et qu’il doit renoncer à sa charge, c’est au jeune Bernard que l’on demande de prendre la direction du “canton des Adjas de Sè.” Il n’avait que 24 ans. De 1937 à 1940, il est donc chef de canton intérimaire.
C’est au cours de cette période qu’il rencontre Fassi Madeleine et l’épouse le 3 janvier 1933. C’est le douzième mariage que l’on célèbre dans la jeune paroisse. [4]
Ni la hiérarchie catholique, ni la chrétienté de Sè ne souhaitent que l’un des touts premiers chrétiens de Sè s’installe dans la politique.
En 1942, Mgr Parisot l’affecte à Covè où il servira comme moniteur jusqu’en 1944. De 1945 à 1949 il est envoyé à Gbananmè en qualité de maître catéchiste. En novembre 1949, il reçoit un nouveau titre d’affectation. On lui demande de quitter Gbananmè pour Kpanhoungnan toujours au centre du Dahomey. Il restera à ce nouveau poste jusqu’en 1960.
Le 1er août 1960, la colonie du Dahomey, devenue République depuis le 4 décembre 1958 est indépendante et se dote de toutes les institutions indispensables à un état moderne. Bernard Bolouvi n’ignore pas cette réalité. Sollicité par ses compatriotes pour les représenter au Conseil général du Département du Sud-ouest, il répond positivement, rentre à Sè où il est élu conseiller en 1960. Il occupe ce poste jusqu’à la chute du gouvernement Maga le 28 octobre 1963. De décembre 1965 à décembre 1967, il est de nouveau conseiller, sous le gouvernement Soglo. De 1967 à 1972, il est chef de village. En 1972, Bernard Bolouvi est atteint d’hémiplégie. Malgré ce handicap, il continue de participer à tout ce qui peut contribuer à la promotion de son village natal pour lequel il avait une réelle passion. Mais la mort met brutalement fin à tout cela le 8 juillet 1981. Bernard Bolouvi avait 68 ans et était le père de six enfants dont cinq vivants.
Pierre G. Metinhoue
Notes:
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Voir La Croix du Dahomey, nº 4, avril 1946, p. 4.
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Voir Registre de baptême de Sè, année 1927, Ll, p. 2. Je remercie l’abbé Mathieu Messangbo, curé de Sè, de m’avoir permis de consulter ce précieux registre.
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J’ai interrogé Dominique Bolouvi à Sè le samedi 25 janvier 1986.
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Dans le registre de baptême de Sè, on apprend que l’épouse de Bernard Bolouvi a été baptisée à Ouidahen juin 1930 sous le nº 949-4-XII.
Bibliographie
Sources:
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Registre de baptême de Sè (Mono) Ll, année 1927.
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Dominique Bolouvi, instituteur, (fils de Bernard), interview conduit par l’auteur, 1986.
Ouvrages et revues:
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Metinhoue (G. Pierre), Semences d’espérance, biographie des abbés Gustave Bessanh et Joseph Mensah, 44 pages, Cotonou, Imprimerie Notre-Dame, 2e trimestre 1985.
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La Croix du Dahomey, nº 4, avril 1946.
Cet article, réimprîmé ici avec permission, est tiré d’Hommes et Destins: Dictionnaire biographique d’Outre-Mer, tome 9, publié en 1977 par l’Académie des Sciences d’Outre-Mer (15, rue la Pérouse, 75116 Paris, France). Tous droits réservés.