Benao, Jean Bassona

1938-2014
Assemblée Evangélique de Pentecôte
Burkina Faso

Jean Bassona Benao naquit en 1938 dans son village Poin-Gori, département de Tô, province de la Sissili au Burkina Faso. Fils de Balai Benao et de Ayirata Zio, tous deux des Gurunsi-Nuni, il apprit à parler le nuni dans sa famille. Son prénom Bassona signifie Tamarindus indica ou tamarinier. C’est un arbre qui est difficile à déraciner lorsqu’il grandit.

Benao était l’un des pères fondateurs de la dénomination Assemblée Evangélique de Pentecôte (AEP) du Burkina Faso, née sous le travail de la Mission Évangélique de Pentecôte (MEP). En 1954, le couple Gordon et Margaret Lungren vint s’installer dans le village de Silly, aujourd’hui chef-lieu de la commune, à environ vingt-six kilomètres de Gori et à environ soixante-quinze kilomètres de Léo. [1]

En 1957, Benao reçut le Seigneur Jésus comme son sauveur personnel à Gori lors des sortis d’évangélisation des missionnaires Canadiens qui s’étaient installé a Silly. Lors de sa conversion il connut beaucoup de difficultés. En effet, Benao fut le seul et unique garçon du chef du village de Gori qui soit resté auprès de lui après plusieurs années de mariage. Il fut sensé être le garant de la chefferie si jamais le chef quittait ce monde. Pour cette raison, dès sa conversion, il connut la persécution et le rejet de sa famille. Même sa femme Nignan Kalio lui fut retirée. Il fallut l’intervention des missionnaires pour que Benao puisse avoir sa femme. Alors les parents ont cédé et lui rendirent sa femme. Benao eut six enfants dont Miriam, Rachelle, François, Caleb, Salomon, David et Paul avec sa femme Kalio. Après la mort de celle-ci en 2014, il se remaria et eut quatre enfants nommés Esther, Dorcas, Shadrak, et Esdras avec sa deuxième épouse du nom Ouedraogo Rebecca.

Benao reçut l’appel de Dieu au ministère pastoral dans des circonstances particulières. Ce jour-là, ses parents lui demandèrent de pourchasser un poulet pour eux pour qu’ils fassent des sacrifices. Après avoir attrapé le poulet pour ses parents, dans la même soirée, le Seigneur le frappa. Benao s’évanouit, et quand il revint à lui, il remarqua que ses parents étaient en train de faire des incantations. Car ils croyaient que c’était les ancêtres qui l’avaient frappé. Benao dit à ses parents de ne plus jamais faire ça. Il leur dit que, « C’est à cause du fait que vous m’aviez fait participer à vos sacrifices que le Seigneur m’a frappé. Il m’a dit de ne plus jamais participer à vos sacrifices. » Alors Benao quitta la grande famille pour aller construire une maison à l’écart afin d’être loin de tout.

En 1961, Benao fut admis à l’école préparatoire et ensuite à l’école biblique. Neuf ans après il obtint son certificat et son diplôme pastoral. Vers la fin de l’année 1972, Benao participa à la création de la Fédération des Églises et Missions Évangéliques (FEME). En plus de sa langue maternelle, le nuni, Benao parlait le français et le mooré.

Dans sa soif pour le salut des âmes, Benao connut plusieurs épreuves et des défis. Une fois, dans le village de Nakiédougou, il fut opposé à un imam qui y avait introduit la religion musulmane. Cet homme lui interdit de faire l’évangélisation avec des menaces : au cas où il tiendrait mordicus, il serait ligoté et frappé. Benao devait retourner dans trois jours pour son évangélisation. Il fit cette déclaration à l’imam, « Je suis le serviteur de Dieu, celui-là qui a créé le ciel et la terre, qui donne le souffle de vie. Je reviendrai dans trois jours dans ce village, par ordre du chef. Tu ne peux pas m’empêcher de prêcher l’évangile dans ce village ». Le troisième jour, à son retour, le village était bien calme. Benao se demanda pourquoi ce calme ? On lui annonça la mort de ce même imam qui ne voulait pas entendre parler de Jésus.

Cette histoire fut contée à son fils Paul Benao par son hôte du nom de Tahirou de Boala deux ans après le décès de Benao. À ce moment, il repartit dans ce même village pour évangéliser. Après avoir tout coordonné avec le chef du village, il arriva le jour convenu avec son équipe. Quand l’équipe eut fini l’installation du matériel de sonorisation, un groupe de personnes de ce village alla voir le chef du village, pour qu’il empêche le fils de Benao et son équipe d’évangéliser à côté de la mosquée. Paul Benao fut appelé par le chef pour l’informer. Mais quand ils partirent pour changer de lieu, l’hôte du fils de Benao arriva à son tour avec ses compagnons. Un membre de l’équipe demanda, « Est-ce la religion de ton père que tu nous as apportée ou une autre ? » Paul Benao affirma, « C’est la religion de mon père ». On ordonna alors à l’équipe de poursuivre l’évangélisation, en disant que la religion de Benao était puissante et vraie. C’est ainsi que le fils de Benao fut mis au courant du défi de son défunt papa.

Benao avait une vie de prière profonde. Le pasteur Valian Wamtenga Josué conta une fois a Paul Benao, « Si je peux prier longtemps toute une nuit, c’est grâce à ton père qui m’a formé ». Paul Benao qui est le fils de Benao affirme que leur papa pouvait effectivement prier toute une nuit. Ses enfants pouvaient finir une dévotion et rentrer, mais en se levant le matin, ils le trouvèrent toujours à la même place en train de prier.

La mission principale de Benao fut l’évangélisation et l’implantation des églises. Il implanta plusieurs églises dans les provinces de Balé, de Sissili et de Nahouri, dans beaucoup de villages y compris Gori, Ly, Tiessourou, Beune, Tiekourou, Diona, Gô, Nabon, Djia, Poé, Goun, Nazinga, Boala, Koumbo, Koumbogoro, Kantioro, Oukouna, Biéha, Nessarabi, et Natiédougou. Il avait l’art de la parole et savait comment aborder quelqu’un. Lors des sorties d’évangélisation, il avait l’habitude de prendre avec lui une autre personne, soit le pasteur Valian Wamtenga Josué, ou Emanuel Neyaga. Benao était bien écouté et compris. Il aimait bien le Seigneur, c’est pourquoi dans son village il a pris tout une brousse de douze kilomètres de longueur et huit kilomètres de largeur pour la mission et les chrétiens. Personne n’osa y pénétrer pour faire quoi que ce soit sans son accord. Quand il prenait la brousse, les notables du village demandèrent qu’il leur donne un bœuf pour faire des sacrifices, car sinon ils craignaient mourir tous. Benao leur donna le bœuf et leur dit : « Je ne le fait pas parce que je participe à vos affaires de sacrifices, mais parce que vous avez peur de mourir ».

Parmi les églises que Benao implanta, il y en a qui eurent des impacts considérables sur les habitants pendant que d’autres ne tinrent longtemps, par manque de bergers. Mais toutes ces églises presque abandonnées sont en voie de réouverture par la jeune génération dont son fils pasteur.

Une confrontation dramatique eut lieu à Gori en 1999. C’était une année ou il y eu de grandes pluies. Benao venait de rentrer de Nazinga, mais il y avait déjà un pasteur dans l’église de Gori. Benao n’était pas titulaire. Il y avait une femme du nom de Marie qui fréquentait l’église dont nous étions tous membres. Un pasteur des Assemblées de Dieu venait aussi de s’installer. Un jour, une pluie foudroya la nommée Marie et la calcina sur place vers une heure du matin. Quant à son mari, il y avait des brulures sur tout son corps. Le matin, un membre de l’eglise, nommé Pierre de Signon arriva dans son champ qui faisait limite avec la case du monsieur. Il constata que le toit de ce monsieur était en fumée mais il ne sentit aucun mouvement. Il s’approcha et remarqua que le couple était présent mais foudroyé par la foudre. Pierre s’en alla informer le pasteur qui à son tour informa le village. Mais le problème qui se posa est que le chef du village devait envoyer des forgerons pour intervenir. Car selon la coutume, lorsque quelqu’un est foudroyé par la foudre ce ne sont que les forgerons qui ont le droit de toucher à ce corps. Comme le chef était le petit frère de Benao, il s’en alla l’aviser, mais Benao dit qu’il n’était pas question que les forgerons interviennent. Il fit appel au pasteur des Assemblées de Dieu et lui expliqua les faits. Ils se mirent d’accord et dirent, « Si nous laissons les forgerons intervenir dans cette affaire, nous ne pourrions plus parler de la puissance de Jésus-Christ dans ce village. » Alors Benao dit au pasteur des assembles de Dieu d’aller rassembler ses fidèles pour qu’ils aillent prier et faire sortir le couple.

Les chrétiens sortirent sous la pluie. Arrivés chez le monsieur, ils commencèrent les chants. Mais après quelques minutes Benao leur ordonna d’arrêter. En une phrase, il prononça cette prière en langue nuni, « Seigneur Jésus, merci pour cette pluie, maintenant je prie d’arrêter cette pluie, amen ! » Instantanément la pluie s’arrêta. Et les chrétiens firent sortir le couple, mais l’homme mourut trois jours après. Pour le village c’était du jamais vu. Ils ont envoyé la foudre pour foudroyer Benao mais en vain. La foudre descendit et le feu brûla, mais rien ne lui arriva par la grâce de Dieu.

Jean Bassona Benao a connu ce qu’on appelle la visite du ciel. La première fois, il mourut et lorsqu’il arriva au ciel, un ange lui dit de retourner sur la terre, car il avait des choses à réparer. Dès son retour, il repartit a Léo et rencontra certains pasteurs. Il leur demanda pardon. Parmi eux, il y en avait d’autres qui refuserent de le rencontrer. Une année après, il mourut.

Gue Augustin


Notes:

  1. Félix O. Yanogo, Jean-Baptiste Roamba, Benjamin Yanogo, Emmanuel Kabore, Théophile Kambou, et Gabriel Kambou, Historique de la Fédération des Églises et Missions Évangéliques du Burkina Faso, 1961-2011, sous la direction de Félix O. YANOGO (Ouagadougou : s.l., 2011), p. 48.

Sources:

Yanogo, Félix O., Jean-Baptiste Roamba, Benjamin Yanogo, Emmanuel Kabore, Théophile Kambou, et Gabriel Kambou. Historique de la Fédération des Églises et Missions Évangéliques du Burkina Faso, 1961-2011. Sous dire. Félix O. YANOGO. Ouagadougou : lieu inconnu, 2011.


Cet article, reçu en 2021, est le produit des recherches de Gue Augustin, étudiant en licence à l’Université chrétienne LOGOS de Ouagadougou au Burkina Faso, sous la direction de Dre Anicka Fast.