Ouédraogo, Tiga Pierre

1943-2007
Assemblées de Dieu
Burkina Faso

Ouédraogo Tiga Pierre, fils de Ouédraogo Raogo et de Yili Touda Naba, naquit en 1943 à Koaltanguin, dans la province du Passoré, en Haute Volta (actuel Burkina Faso), dans une famille animiste. Son prénom Tiga lui fut attribué à cause de l’idole de la famille du nom de Tiga signifiant littéralement “Arbre”. Chaque année la famille offraient des sacrifices d’animaux au Tiga, pour la protection des membres de la famille. Cependant, Ouédraogo a reçu le prénom Pierre après sa conversion.

Ouédraogo reçut l’évangile très tôt lors d’une projection de film dans son village natal par le biais du pasteur Ilboudo Gomtoya, oncle de son épouse. Après avoir accepté le Seigneur Jésus, Ouédraogo refusa de participer aux rituels pratiqués chaque année, d’où son rejet par sa famille qui trouvait que les évangéliques avaient égaré leur fils qui refusait d’adorer le Tiga. Il devait se cacher pour aller à l’église. Ouédraogo était battu par ses parents quand ceux-ci apprenaient qu’il était allé à l’église. Mais il était tellement rempli de zèle pour l’œuvre de Dieu que rien ne pouvait l’arrêter : ni les menaces, ni les imprécations, ni le rejet de ses parents. Il reçut son appel pastoral très tôt après sa conversion et se rendit à la capitale Ouagadougou pour rencontrer les missionnaires qui étaient à Gounghin, mais ces derniers le trouvèrent trop jeune. Il dut patienter encore quelques années avant d’être recommandé dans une école biblique pour une formation pastorale.

Ouédraogo décida d’aller à l’aventure à Abidjan en Côte d’ivoire, où il travailla dans une usine de tricotterie. Les Chinois l’aimaient à cause de son intégrité et sa détermination pour le travail. Il fut chef d’équipe au sein de l’usine. Après quelques années de travail, Dieu lui rappela son appel et il demanda à Dieu une femme et des enfants d’abord. Il épousa Ilboudo Martine en juin 1969 et ils eurent des enfants à Abidjan. Au fur et à mesure qu’il devenait puissant dans son travail, Ouédraogo oubliait son appel.

Comme il tardait à répondre à l’appel du Seigneur, il commença à subir des épreuves. Il eut des ennemis à son travail à cause de ses exploits. Ses derniers avaient choisi un homme qui était chargé de l’éliminer par des fétiches, mais ce mystique reconnut que Ouédraogo était protégé spirituellement par une main invisible, et il changea de stratégie. Cet homme décida encore de le piéger avec l’eau chaude des machines de l’usine qui était à 100 °C. Mais une autre personne mourut à sa place. Ouédraogo eut plusieurs types de pièges de ce genre venant de ses ennemis. Ainsi, un jour, lorsqu’il était au travail, vers 22h il voulut se reposer un peu sous un manguier. L’usine se trouvait à côté de la lagune. Ce jour-là, un chien sortit de la lagune. Se tenant au niveau de ses jambes, Ouédraogo devint muet et immobile mais conscient. Quand le chien ouvrit sa gueule pour le mordre, quelqu’un lança une pierre sur le manguier et la pierre tomba entre lui et le chien, alors l’animal retourna dans la lagune. Ouédraogo, ne pouvant plus parler, rampa jusqu’à la porte et frappa. Ces collègues qui travaillaient cette nuit-là l’amenèrent à l’hôpital en urgence.

Après cela, la société eut des problèmes, alors tout le travail s’arrêta et Ouédraogo amena sa femme au Burkina Faso avec ses quatre enfants. Lui-même resta à Abidjan en espérant que le travail reprenne, mais l’usine fut fermée et enfin il retourna définitivement au Burkina pour répondre à l’appel de Dieu.

En 1976, Ouédraogo fut recommandé à l’école biblique de Koubri avec sa femme pour une formation pastorale. Après une année préparatoire pour apprendre à lire et écrire en langue locale (mooré), il commença en 1977 la formation biblique qui prit fin en 1980.

Après sa formation pastorale, Ouédraogo n’avait toujours pas reçu du Seigneur le lieu où il devait exercer son ministère pastoral. Alors il retourna dans son village natal à Koaltanguin pour commencer une église. Il organisa une évangélisation et environ quatre-vingt personnes acceptèrent le Seigneur. Ce fut le début de son ministère.

Lors d’une rencontre pastorale, pendant que chacun priait pour que Dieu lui révèle le lieu où il était appelé à exercer son ministère, Ouédraogo eut une vision avec précision d’un village appelé Kaba ; un village qu’il ne connaissait pas auparavant. Son beau-père fut pasteur dans cette localité et par les témoignages il savait ce qui l’attendait, car aucun pasteur n’avait pu impacter ce village à cause de la sorcellerie et des pouvoirs mystiques. Mais son beau-père l’encourageait à aller parce que c’était Dieu qui le lui avait révélé. Et après cinquante jours de ministère à Koaltanguin il partit pour Kaba.

Dès l’arrivée de Ouédraogo et sa famille à Kaba, la population du village refusa que Ouédraogo implante une église. On refusa de donner de l’eau pour confectionner les briques pour la construction de l’Eglise. Ne pouvant pas l’empêcher physiquement, les sorciers du village l’attaquaient à tout moment sur le plan mystique. Deux sorcières réputées dans le village passèrent les premières pour le tester, mais le test échoua. Après cela, la femme de Ouédraogo fut torturée par un masque qui la faisait souffrir par des maladies. En effet, le village adorait des masques très méchants. Lors d’une prière, Dieu révéla le plan de ce démon et elle fut délivrée.

Malgré l’opposition de la population, l’église fut construite. Mais pendant le tôlage, un grand vent se leva dans le village en direction de l’église. Avant et après ce jour, il n’y a jamais eu de vent pareil dans le village. Ouédraogo demanda aux femmes de rester dans le temple pour prier, et aux jeunes de prier en marchant contre le vent. Effectivement, le vent reculait. Lorsque le vent fut éloigné de l’église, un autre vent s’élevait de l’autre côté en direction de l’église et les jeunes repartaient de ce côté encore. Du matin au soir, l’attaque continuait aux yeux de tout le village. Pendant ce temps, Ouédraogo se trouvait sur la toiture du haut de l’église priant pour que l’Éternel agisse. Le vent cessa dans la soirée. Mais pendant la nuit, une autre tempête violente survint dans le village et emporta six tôles de l’église.

Après cette épreuve, l’église commença à croître en nombre. Les jeunes filles qui se convertissaient sans le consentement de leurs parents rencontraient des difficultés. Leurs géniteurs voulaient les donner en mariage forcé selon la coutume, mais les filles refusaient à cause de leur foi et elles venaient se réfugier à l’église. Cela suscita une haine entre les villageois et Ouédraogo. Personne ne pouvait venir à l’église récupérer sa fille si cette dernière avait pu franchir la porte de l’église, car le chef du village avait refusé de se mêler de leurs conflits avec l’église.

Pour éviter la haine des villageois, Ouédraogo amenait les filles du village qui fuyaient le mariage forcé à d’autres pasteurs qui étaient loin de Kaba. Il déguisait les filles avec des tenues masculines afin de les faire sortir sans que les villageois ne s’en aperçoivent. Elles sortaient avec une daba à la main comme si elles allaient au champ. Ce combat a porté des fruits, car la plupart de ces filles sont devenues des femmes de pasteurs.

Ouédraogo était un homme très rigoureux dans tout ce qu’il faisait. Il n’aimait pas les paresseux, les nonchalants dans l’œuvre de Dieu. Ses propres enfants travaillaient pendant l’hivernage sans relâche et le travail était très bien fait car lui-même était là pour superviser. C’était par les travaux champêtres qu’il scolarisait ses enfants. Il était très attaché à sa femme. Quand elle voyageait, il était triste jusqu’à son retour.

La rigueur et la clarté de Ouédraogo étaient connues de tous même au milieu de ses collègues pasteurs. Pour lui, l’hypocrisie n’avait pas raison d’exister. Dans l’église, il mettait sous discipline ceux qui vivaient en désordre ou contre la parole de Dieu.

Le village fut délivré à cause de la prière qui a été instauré dès leur arrivée. Suite à la délivrance du lieu, d’autres pasteurs sont venus servir dans cette localité. Ouédraogo a pu ouvrir quatre églises dans la localité avant sa mort. Il prêchait avec zèle en langue locale (mooré). Son message central était la sanctification et le royaume des cieux. Son dernier message avant sa mort avait pour thème : « Faîtes tout pour ne pas rater le ciel ».

Ouédraogo mourut le 12 février 2007 chez son frère à Bisguin (Ouagadougou) à l’âge de 64 ans. Il avait quitté l’hôpital Yalgado car il savait qu’il allait rejoindre le Seigneur. Pour cela, il convoqua ses enfants pour des conseils et les demanda de prendre soin de sa femme. Il fut une figure emblématique dans le milieu ecclésiastique de la province du Passoré.

Bagré Michel


Sources:

Ouédraogo Isaac, quatrième fils de Ouédraogo Tiga Pierre. Interview par Bagré Michel le 4 mai 2021 à Ouagadougou, dans la province de Kadiogo, Burkina Faso.

Ilboudo Martine, femme du pasteur Ouédraogo Tiga Pierre. Interview par Bagré Michel le 06 mai 2021 à Yako, dans la province du Passoré, Burkina Faso.

Ouédraogo Naomi, deuxième fille du pasteur Ouédraogo Tiga Pierre. Interview par Bagré Michel le 6 mai 2021 à Yako, dans la province du Passoré, Burkina Faso.


Cet article, reçu en 2021, est le produit des recherches de Bagre Michel, étudiant en licence à l’Université chrétienne LOGOS de Ouagadougou au Burkina Faso, sous la direction de Dre Anicka Fast.