Zoungrana, Michel Nonraogo
Michel Nonraogo Zoungrana est né vers 1945 dans le village de Imasgo à 30 km au nord de Koudougou, dans la province du Boulkiemdé à 100 km de la capitale du Burkina Faso. Il n’est pas allé à l’école parce qu’il n’y avait pas d’école en ce moment dans la localité. En effet, les parents ne considéraient pas l’école comme une chose importante car ils y voyaient en quelque sorte une servitude voire un esclavage. Alors, si les agents du gouvernement venaient pour inscrire les enfants, les parents disaient à leur enfant d’aller se cacher.
Il s’est marié à Yelyaoré Pousregma Marie. Le couple a eu sept enfants (quatre garçons et trois filles), 24 petits-enfants, et dix arrière-petits-enfants.
Avant sa conversion, Zoungrana était un homme qui aimait montrer sa bravoure par les querelles. Zoungrana s’est converti en 1952 en Côte-d’Ivoire dans le village de Génula et il a été baptisé d’eau par immersion dans un tonneau dans ce même village.
Son appel au ministère a eu lieu dans un champ de plantation à Vavoua, toujours en Côte-d’Ivoire, en 1953. Une nuit, il a eu un songe où quelqu’un est venu lui dire: « Tu dois aller à l’école biblique. Tu dois aller à l’école biblique. Tu dois aller à l’école biblique. » Ce jour-là, il ne pouvait plus rien faire autre que de pleurer toute la journée aux champs, car la parole résonnait dans son cœur sans arrêt.
Ce même jour, son patron Samuel est venu par surprise pour voir comment il travaillait dans cette plantation. A son arrivée, il ne voyait pas Zoungrana et il s’est mis à le chercher partout. Lorsqu’il est monté sur un tronc d’arbre tombé pour mieux voir, il a entendu quelqu’un qui pleurait à côté de ce tronc d’arbre. Il l’appela en lui disant « Michel, que fais-tu là ? » Zoungrana lui répondit : « Quelqu’un m’a parlé et cette parole continue de résonner en moi que je dois aller à l’école biblique, mais je ne sais pas quoi faire, vu que vous n’êtes pas à côté. Voilà pourquoi je pleure. » Son patron lui dit, « Tu n’as pas besoin de pleurer. Je vais te ramener au Burkina Faso pour que tu puisses aller à l’école biblique des Assemblées de Dieu qui est à Koudougou (Nagbangré). » Ce fut ainsi que son patron le ramena au Burkina Faso. Zoungrana a fait trois ans de formation à Nagbangre, de 1956 à 1959. Son ordination a eu lieu trois ans après sa sortie de l’école biblique en 1962.
Pour commencer son ministère, il est allé premièrement dans un village appelé Poéce dans la commune de Imasgo. Dans cette localité, seulement deux personnes se sont données au Seigneur. Deuxièmement il a été affecté à Rakalo pour une nouvelle œuvre et il eut une foule de plus de 200 membres. Troisièmement, il est allé à Keigo, commune de Koudougou, pour une nouvelle œuvre où il a eu plusieurs membres également.
En général, sa vision concernant l’église était axée sur le salut des âmes et la guérison des possédés de l’esprit de folie. Parmi les témoins de ces guérisons se trouvent le frère Zi Luc de Koudougou, guéri de la folie et devenu chrétien; le frère Zoungrana Hermann à Ouagadougou, guéri de la folie et devenu chrétien et le frère Nakelese Michel à Ouagadougou, guéri de la folie et devenu pasteur chantre. On peut aussi mentionner la sœur Naomie Pousga Kombasré, convertie en 1956, guérie de la folie et devenue chrétienne. Cette sœur vit à Rihalo. À travers sa conversion, tous les gens de sa maison sont venus à Christ et dix-huit personnes sont pasteurs aujourd’hui.
Zoungrana a fait face à plusieurs difficultés dans son ministère. D’abord, dans sa lutte contre le mariage forcé des jeunes filles qui se donnaient au Seigneur, il devait se présenter devant les autorités et aussi affronter souvent la colère des parents. Ensuite, il vivait dans la pauvreté. Puisqu’il manquait de moyens de déplacement pour les longs voyages, il devait partir aux réunions pastorales la plupart du temps à vélo ou à pied. Certains de ses enfants se sont rebellés à cause de la pauvreté, certains ont fui la maison paternelle, et d’autres n’ont pas pu continuer leurs études à cause du manque de moyens financiers.
Comme réalisations, Zoungrana a pu mettre en place trois églises. Dans ces trois églises, soixante-quinze des fidèles sont devenus des pasteurs. Il a aussi creusé un puits tout seul. Quand le puits devenait de plus en plus profond, son épouse l’aidait pour faire sortir la terre de ce puits profond avec une corde et un seau. Ce puits existe toujours de nos jours et contient toujours de l’eau.
Zoungrana aimait toute personne travailleuse et la nourriture faite à base de céréales. Il n’aimait pas qu’on lui dise que quelque chose n’était pas possible, et il n’aimait pas non plus la paresse. Son chant préféré avait les paroles suivantes :
Satan tisse une amitié avec moi, mais je ne veux pas de son amitié
Même s’il me donne un poulet, je ne veux pas de son amitié
S’il me donne une pintade, je ne veux pas de son amitié
Mais si j’entends parler de Jésus-Christ je me seins la ceinture
Chrétiens, efforçons-nous jusqu’à voir Dieu.
Son verset préféré était Psaume 14 :4 : « Tous ceux qui commettent l’iniquité ont-ils perdu le sens? Ils dévorent mon peuple, ils le prennent pour nourriture; ils n’invoquent point l’Éternel. » Zoungrana était parmi les premiers pasteurs à être admis à la retraite en 1995 à Koudougou. Sa vie s’est bien terminé parce qu’il est mort dans le Seigneur Jésus-Christ. Il est décédé en 2009 suite à une maladie que les médecins ont nommée comme la fatigue. Dans sa maladie, si son épouse lui parlait des mauvaises conduites des enfants ou des membres de l’église, il lui disait tout le temps de ne pas parler mais de prier. Il disait à son épouse, « Dieu peut les changer et les ramener sur le droit chemin. Moi je partirai, mais ce que je veux, c’est que tu viennes là où je pars. » Il savait certainement où il partait.
Il a aussi dit : « Moi je m’en vais, mais ne soyez pas tristes, car je rentre chez moi. » En lien avec la foi de ses enfants qui ne semblait pas conforme, il disait, « Ne parlez pas mais priez, car les paroles ne pourront rien changer. Pour mes enfants et petits-enfants j’aimerais qu’ils soient des serviteurs de Dieu. »
Moi-même, je lui ai demandé où est-ce qu’il allait. Il a répondu que la mort est surprenante. Il m’a chargé, si la mort le surprenait, de m’occuper de ceux qui restaient et de prier pour eux, mais de m’efforcer de venir là où il allait. Il a aussi demandé à tous ceux qui priaient pour sa guérison d’arrêter de le faire, en disant, « Dieu a envoyé deux anges qui sont suspendus à cause de la prière et aussi de la mission qu’ils ont reçu de Dieu, car il est grand temps de rentrer à la maison. Et il y a un de mes neveux du nom de Dieudonné Ouédraogo que Dieu va beaucoup plus utiliser que moi. Ce que je voudrais ajouter c’est que vous qui m’écoutez, vous veniez aussi là où nous serons, qui est le paradis de Dieu. »
Ouedraogo Dieudonné
Sources :
Zoungrana Gédéon, pasteur des Assemblées de Dieu à la retraite à Ouagadougou, frère du pasteur Zoungrana Nonraogo Michel. Interviewé par Ouédraogo Dieudonné le 20 mai 2021 à Ouagadougou (Sonré) province du Kadiogo, Burkina Faso.
Yelyaoré Pousregma Marie, veuve du pasteur Michel Nonraogo Zoungrana, reçue dans un centre des retraités des Assemblées de Dieu à Ramongo (12 km de la ville de Koudougou). Interviewé par Ouédraogo Dieudonné le 15 juin 2021 à Ramongo, province de Boulkiemdé, Burkina Faso.
Photos (permissions):
Photo d’entête : Michel Nonraogo Zoungrana, le jour de sa retraite à Koudougou le 27 juillet 2006. Utilisée avec permission de la veuve Yelyaoré Pousregma Marie.
Ci-dessous : Yelyaoré Pousregma Marie. Photo prise par Ouédraogo Dieudonné le 15 juin 2021. Utilisée avec permission de Mme. Yelyaoré Pousregma Marie.
Cet article, reçu en 2021, est le produit des recherches de Ouédraogo Dieudonné, étudiant en licence à l’Université chrétienne LOGOS de Ouagadougou au Burkina Faso, sous la direction de la Dre Anicka Fast.
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