Collection DIBICA Classique
Tous les articles créés ou soumis au cours des vingt premières années du projet, de 1995 à 2015.Banderembako, Wilo
Wilo Banderembako est né le 28 mai 1937 à Bugendana. Le jeune Wilo était très zélé. C’est pour cela qu’il fut contacté pour être catéchiste à la succursale de Kirimbi. Pendant la crise provoquée par le régime de Bagaza il était responsable de la paroisse.
Parmi ses nombreuses qualités, on signalait sa forte personnalité, son sens aigu de la vérité, de la justice et du devoir. “Je me sens dans l’obligation de dire toujours la vérité même s’il m’en coûtait la vie,” aimait-il à répéter.
Ces vertus sont apparues au grand jour quand le moment est venu pour lui de mourir comme martyr de la foi. Le dimanche 19 juillet 1998, Wilo était prêt à diriger la célébration de la parole. Des militaires sont arrivés à ce moment-là. L’un d’entre eux lui dit: “Je t’interdis absolument de faire cette célébration. Envoie plutôt tout le monde aux cérémonies de Bugendana.” Il parlait de la commémoration de l’anniversaire de la mort de centaines de déplacés Tutsi deux ans auparavant. Wilo ne refusa pas directement d’obtempérer mais il demanda de célébrer une célébration pour les malades qui ne pouvaient pas aller à Bugendana. Comme le militaire ne répondait pas, Wilo prit son silence pour un oui. Mais quand il s’apprêta à célébrer, le militaire éclata de colère: “Tu m’énerves, je peux même verser le sang.” Alors Wilo enleva les ornements en disant, “Que le sang de ces chrétiens ne me soit pas imputé. C’est vous qui en porterez la responsabilité.” Ces paroles n’ont pas du tout plu aux militaires.
Une semaine plus tard des policiers l’arrêtèrent et le conduisirent à Bugendana. Arrivé là, on le mit directement au cachot. Après cela, personne n’a jamais su exactement ce qui s’est passé. En effet, ni les autorités administratives et militaires ni les gardiens de la prison n’ont jamais révélé les circonstances de sa mort. Selon certains témoignages, Wilo est mort le 26 juillet suite aux coups de matraque et aux tortures que lui ont infligé des militaires de Bugendana.
Après une messe de requiem il fut inhumé à Kirimbi, près de l’église.
Marc Nsanzurwimo, M.Afr.
Bibliographie
N. Contran et G. Kadjemenje, *Cibles: 235 Prêtres Africains Tués *(Kinshasa: Afriquespoir, 2002).
Cet article, reçu en 2004, est le produit des recherches du Père Marc Nsanzurwimo, M.Afr., étudiant sous la direction du Père Francis Oborji. Ce dernier est professeur à la Facoltà di Missiologia, Pontificia Università Urbaniana à Rome, secrétaire général de l’Association Internationale des Missiologues Catholiques (International Association of Catholic Missiologists–IACM), et membre du conseil consultatif du DIBICA.