Melchior, Bivanda
Né le 15 septembre 1942, dans la Commune de Munanira, Province de Muramvya, d’Artémon et de Françoise. Ayant complété ses études de philosophie et une année de théologie au Grand Séminaire de Bujumbura, il fut envoyé à Rome. Le 23 juin 1969, il obtient son diplôme de Baccalauréat en Théologie avec “Très grande distinction,” à l’Université Urbanienne; et deux ans plus tard, sa licence. Ordonné prêtre le 22 août 1971, il était nommé curé à la Paroisse de Musigati. Il a été tué à Bubanza avec Joseph Nikoyagize et Donatien Nzeyimana.
Voici le récit de sa mort. Le 15 mai 1972, après la messe, le vicaire Joseph Nikoyagize dit aux religieuses qu’il avait reçu un message du commandant militaire lui demandant de se rendre à Bubanza pour y régler quelque affaire. Les sœurs tentèrent de le persuader de ne pas y aller; elles avaient le pressentiment que quelque chose allait tourner mal.
Un peu plus tard, une voiture s’arrêta devant le couvent des sœurs. Les occupants (peut-être des soldats en habits civils) se dirigèrent vers la maison des professeurs; ils dirent aux enseignants qu’ils devaient aller chercher leur laissez-passer à Bubanza (le jour suivant commençaient les vacances). Les professeurs partirent, à l’exception de l’un d’eux qui se déclarait être malade et qui, lorsque les autres furent partis, s’enfuit.
Dans l’après-midi, des militaires revinrent avec la voiture de l’abbé Joseph Nikoyangizo pour chercher les autres prêtres de la paroisse, Donatien et Melchior. Ils leur dirent que l’abbé Joseph (déjà mort!) les envoyait les chercher.
Vers 19h00, des militaires arrivèrent de Bubanza, disant qu’ils devaient fouiller la cure. La sœur supérieure leur dit qu’ils devaient d’abord informer l’évêque, puisqu’il n’y avait personne à la cure. Le jour suivant, un soldat vint demander si les prêtres de la paroisse étaient revenus. “Nous les avons libérés,” dit-il. Au cours de la journée, le lieutenant-colonel de Bubanza se rendit au marché de Musigati, où il annonça que les prêtres avaient fui au Zaïre et que l’évêque était parti les chercher.
En réalité, après avoir massacré les abbés à coups de bâtons et de marteaux, les mêmes militaires avaient conduit la Volkswagen bleue, appartenant au vicaire de la paroisse, dans la direction de la frontière zaïroise, près de la rivière Ruzizi. Puis ils avaient fait courir la rumeur que les trois prêtres s’étaient sauvés de l’autre côté de la frontière.
On crut à l’histoire et l’évêque envoya quelqu’un jusqu’à Bukavu pour prendre des informations à la procure S. Jean Bosco. Mais à Bukavu personne n’avait vu les trois abbés.
Quelques jours plus tard, une vieille femme partie chercher du bois dans la forêt, aperçut des corps. C’étaient les corps des trois victimes, en décomposition.
P. Neno Contran et Abbé Gilbert Kadjemenje
Cet article est reproduit de Cibles: 235 prêtres africains tués (copyright © 2002), avec la permission des éditeurs et de P. Neno Contran et de l’Abbé Gilbert Kadjemenje (Afriquespoir, B.P. 724 Limete - Kinshasa, RDC). Tous droits réservés.