Mveng, Engelbert (B)
Notes biographiques
Le Père Engelbert Mveng est né à Enam-Ngal au Sud du Cameroun, le 09 Mai 1930. [1] Il est né de parents Presbytériens, mais sera baptisé dans la foi catholique romaine en 1935. Il fait ses études secondaires dans l’enseignement catholique, successivement à Efok (1943-44) et au Petit Séminaire d’Akono (1944-49), dans le centre du Cameroun oriental, alors sous-mandat français. Attiré par une certaine radicalité évangélique, il quitte le grand séminaire et ne sera dissuadé de devenir Trappiste que sur l’insistance de son évêque, Mgr René Graffin, qui semble discerner que ce jeune intellectuellement très doué s’épanouirait davantage au sein de la Compagnie de Jésus, alors absente au Cameroun. C’est ainsi que le jeune Engelbert Mveng se rendra au Congo Zaïre en 1951 pour y commencer son noviciat, à Djuma, en pleine forêt équatoriale. Après deux ans passés au noviciat, Mveng, devenu jeune scolastique (i.e. Jésuite aux études) après ses vœux perpétuels et privés, est envoyé par ses supérieurs à Wépion en Belgique (1954-1958), pour des études de philosophie.
Au Cameroun, depuis 1955, l’UPC, premier parti politique jamais créé dans le pays en 1948 est interdit et contraint au maquis par l’administration coloniale. Deux ans plus tard, en 1957, le pays accède au statut d’autonomie interne, avec un premier gouvernement autochtone dirigé par le catholique et ancien séminariste André-Marie Mbida. En 1958, outre la dissolution du gouvernement Mbida et l’arrivée au pouvoir de Ahmadou Ahidjo (musulman) comme Premier Ministre chef du gouvernement, le leader de l’UPC, Ruben Um Nyobè est assassiné à Bumnyebel (Centre du Pays). La guerre civile bat sont plein, principalement dans les régions du Mungo, du Littoral, de l’Ouest et du Centre. C’est donc dans ce même contexte tendu qu’Engelbert Mveng retourne au Cameroun comme stagiaire au Collège Libermann à Douala (1958-1960). Mveng est avide de redécouvrir le Cameroun profond. Il profite de ce retour au pays pour étudier à fond les cultures de l’Ouest, celles notamment des Bamiléké (l’un des plus grands et influents groupes du pays) et des Bamoun leurs voisins. C’est de cette période que naît également son intérêt pour l’art.
Au terme de son stage, il retourne à Lyon-Fourvière (France) pour ses études de théologie (1960), par ailleurs date de l’indépendance du Cameroun Oriental. Mveng y est ordonné prêtre le 07 septembre 1963. En 1964, il soutient une thèse de troisième cycle en France sous le titre : Paganisme face au christianisme dans la correspondance de Saint Augustin. Puis, en 1970, Mveng défend sa thèse d’Etat sur : Les sources grecques de l’histoire négro-africaine depuis Homère jusqu’à Strabon. Mais Mveng n’aura pas attendu ce temps pour faire son chemin dans l’intelligentsia camerounaise. En 1962, il publia un chemin de croix africain. En 1963, il publiait la première histoire du Cameroun jamais écrite par un camerounais. Trois ans plus tard, en 1966, il participa au Festival des Arts à Dakar. Mveng participe aussi dans plusieurs organisations d’intellectuels africains et est l’un des pères de l’œcuménisme au Cameroun.
Le 23 avril 1995, deux mois après qu’il a organisé un Congrès International à Yaoundé sur « Moïse l’Africain », le Père Engelbert Mveng est retrouvé mort à Nkol-Afeme (Yaoundé), dans sa chambre de la nouvelle congrégation religieuse qu’il avait contribué à fonder: Les Béatitudes. Tout près du cadavre se trouve une importante somme d’argent qui laissa penser que les assassins n’avaient rien à voir avec des chasseurs de primes, mais que les raisons de sa mort pouvaient bel et bien être préméditées.[2] Jusqu’à ce jour, les causes officielles de sa mort ne sont pas connues.[3] Mveng, premier Jésuite Camerounais est cependant rentré dans l’histoire comme l’un des plus grands intellectuels africains du siècle dernier. Le combat intellectuel d’Engelbert Mveng sera marqué par un ardent désir de restituer à l’Afrique la place qui lui est due dans l’histoire universelle, en renvoyant dos au mur ceux qui lui niait toute forme d’historicité.
Le projet historiographique d’Engelbert Mveng tel que rapporté par son œuvre
L’historiographie d’Engelbert Mveng réagit contre une approche négationniste, celle de Hegel pour qui « L’Afrique n’est pas intéressant du point de vue de sa propre histoire… [Et où] nous voyons l’homme dans un état de barbarie et de sauvagerie qui l’empêche encore de faire partie intégrante de la civilisation… »[4] Aussi Mveng vise-t-il avant tout à « réhabiliter le passé de l’Afrique. Mieux, réhabiliter le passé de l’humanité en tant que telle. Car une histoire tronquée est néfaste à l’humanité toute entière.» [5] Au Congrès International des Historiens de l’Afrique en 1965 à Dar-es-Salam, Mveng rapportait l’ultime but du faire histoire en Afrique : « L’étude de l’histoire africaine suppose que le peuple africain est maître de son histoire : il lui appartient de dire qui il était, qui il est et qui il veut devenir ! Le devoir de l’Afrique, face à son histoire, est d’affirmer son authenticité, non en vertu de l’image que les observateurs étrangers se sont façonnés de son visage, mais en vertu de la vérité de son devenir historique vécu, saisi et exprimé par elle-même.» [6]
Engelbert Mveng essaya de balayer tout soupçon éventuel de l’historien patriote en reprenant à son compte le paradigme de la critique historique. Pour lui donc, les sources constituent la matière première avec laquelle on fait l’histoire. Elles doivent être recueillies et traitées scientifiquement. Cette recherche doit aussi être interdisciplinaire. Pour Mveng, « les sources constituent à la fois la condition de possibilité et le test de crédibilité du travail de l’historien. » [7] Seulement, il faudrait encore que les historiens s’accordent sur la nature de ces sources et sur l’idée de scientificité. Jusqu’à une époque récente en effet, l’histoire se définissait comme « la connaissance du passé basée sur les écrits ». Un continent à qui le don d’écrire a été nié à dessein ne trouve donc pas son compte dans le concert de l’histoire. L’écriture n’est-elle pas alors le critère de légitimité de toute science historique ? Mveng ne précise nullement dans le texte sus-cité de quelles sources il s’agit dans le faire histoire, mais déjà, il éclate les sources en ouvrant l’histoire à d’autres disciplines au rang desquelles l’art s’imposera comme un domaine majeur de son historiographie.
Les sources de Mveng
Mveng n’aime pas la facilité. Il ne voudrait donc pas contourner le paradigme de l’écriture de peur de ne pas être écouté. Voilà pourquoi sa thèse porte avant tout sur les sources écrites. Il s’agit des Sources grecques de l’histoire négro-africaine depuis Homère jusqu’à Strabon. Cette thèse, défendue à l’Université de Lyon et publiée en 1972, traverse haut la main tous les préjugés des écoles historiques dominantes. Mveng s’inspire des Grecs (preuve qu’il peut les lire dans leur langue), renvoyant les négationnistes à leur ignorance de leur propre trésor culturel. Il propose ainsi une histoire négro-africaine à partir des sources de ceux qui l’ont niée. Par cette démarche, il ne marche plus fidèlement sur les pas de son prédécesseur Cheikh Anta Diop ; il marche désormais à ses côtés. Pour Ntima Nkanza, l’un de ses commentateurs, « alors que Cheikh Anta Diop, Théophile Obenga et d’autres s’efforcent de démontrer l’origine négro-africaine de la pensée occidentale, Mveng, lui, prend le chemin contraire. Il ne démontre pas l’origine, il rappelle à l’Occident que ses propres sources et sa propre histoire contiennent des vérités non encore prises au sérieux ». [8]
Dans sa recherche interdisciplinaire, Mveng s’appuie d’abord sur l’anthropologie, convaincu qu’une approche épistémologique africaine authentique et originale doit avoir pour point de départ l’anthropologie, c’est-à-dire « l’homme comme sujet et objet de la pensée créatrice… [Car] les concepts de vie, de mort ou de paupérisation anthropologique rendent mieux compte de nos réalités. » [9] Devenu chef du département d’histoire de l’université de Yaoundé, Mveng sera également l’un des pionniers de l’archéologie camerounaise, laquelle va, en plus de la tradition orale, fournir à l’histoire africaine ses plus beaux textes à savoir les œuvres artistiques. Pour Engelbert Mveng, « l’art traditionnel africain est un véritable livre qui raconte les aspects de la vie africaine. Sa place doit être prépondérante dans la recherche historique en Afrique » .[10] Il aborde la question de l’interdisciplinarité pour recentrer la critique historique sur l’érudition que cette discipline attend de ses acteurs. En effet, l’érudition est indispensable à la synthèse et à la créativité historique, sans quoi, « les sources demeurent muettes et inaccessibles ».[11] Il semble indispensable à Engelbert Mveng de former les jeunes historiens à la paléontologie, à l’archéologie et à la préhistoire, et l’étudiant en première année d’histoire à l’université de Yaoundé continue de jouir de l’initiation aux deux dernières disciplines.
On découvre peu à peu l’historien qui décroche d’une critique historique positiviste vers une plus grande considération des structures et mentalités locales traduites dans l’art traditionnel et l’oralité, seuls capables de rendre compte, au mieux, des réalités africaines. D’après Mveng, la recherche historique en Afrique n’aboutira que lorsque l’Africain sera capable d’amorcer une réponse personnelle à la question (kantienne) du « Qui suis-je ? », laquelle réponse sera pour lui source de libération. Libération des chaînes de la paupérisation anthropologique que cultivent des régimes politiques immoraux, libération aussi, et surtout, du joug d’une histoire douloureuse résultant des tentatives répétées d’annihiler l’homme africain aussi bien par la traite que par la colonisation. Cette histoire douloureuse et paralysante, le prophétisme historiographique des idéalistes l’écrase frontalement ; et les structures sans vie, les élans positivistes et machinistes ne parviennent pas à l’apaiser et à la fertiliser. Cette histoire qui se contente de relater les faits, d’énumérer des dates ou d’aligner des statistiques, sans rapprocher les deux bords, les forces de la vie et les forces du mal, ni refaire le tissu social déchiré par l’annihilation et la paupérisation anthropologiques, Mveng ne s’en satisfait pas ; son génie poétique va assouvir cette soif.
Méditation sur la portée épistémologique de Balafon dans l’historiographie de Mveng
L’approche de Mveng semble reconnaître que la rationalité mathématique n’est pas l’unique. Il peut parfois faire ombrage au sentir fondamental, cela même qui permet à l’homme d’entrer en relation avec autrui et d’approcher le réel d’une certaine manière. Nous avons vu les limites du positivisme historique en ce sens qu’il occulte l’affect dont est pourtant marqué tout homme, acteur et victime de l’histoire. Ainsi, la poétisation de l’histoire par Engelbert Mveng dans son œuvre Balafon semble répondre à une double préoccupation : le traitement historien des évènements limites comme les traumatismes collectifs (traite, colonisation, génocides…) et le sens de l’histoire en tant que tel.
Le traitement des évènements-limites. La neutralité dans le cas des évènements limites est difficile et complique le faire histoire. On est en effet victime ou bourreau et donc plus susceptible d’une lecture partisane, ou alors on est un observateur extérieur, et le traitement des sources, dans son objectité, risque d’ignorer la profondeur des lésions humaines et sociales, et se livrer à un structuralisme sec et infertile. Mveng de la forêt, habitué au son des balafons, des tam-tams et aux veillées autour du feu ou lors des funérailles sait combien ces histoires réelles des familles que les femmes chantent, des clans que les vieillards racontent, mises en musique, touchent et éduquent. Il emprunte donc à la Poétique d’Aristote le double objectif esthétique et éthique qu’il assigne à la poésie, plaire en touchant (les cœurs) et éduquer (l’esprit). La découverte des sources grecques pour sa thèse en histoire favorise ce climat et s’il écrit les deux œuvres en même temps, c’est certainement parce que l’exigence académique de l’école française ne lui permet pas de faire le pas de la mise en intrigue de l’histoire dans sa thèse, cette mise en intrigue, associant esthétique (plaire et toucher) et éthique (éduquer) qui rapprocherait l’histoire enseignée et l’histoire vécue et donnerait une meilleure portée à la formation des consciences. La poésie garde donc tous ses attributs formels. Mais le fond, en donnant une grande part à l’histoire des relations nord-sud pour une fraternité universelle, n’a pour seul dessein que d’exorciser l’aigreur d’une histoire humiliante, une histoire lourde à porter et qui ronge notre quotidien en vue de lui donner un autre sens. Car l’histoire n’est-elle pas cette connaissance du passé qui nous permet de mieux appréhender le présent pour préparer le futur ? Aristote le souligne à merveille dans sa Poétique, en accordant à la Catharsis, la purgation, une place de choix. Quant aux moyens devant conduire à cette exorcisation, Mveng, tout en choisissant le dialogue (les lettres à ses amis) prône aussi la voie transcendantale en laquelle culmine le sens de l’histoire.
Sens de l’histoire. Une place importante est déjà accordée au christianisme par l’idéalisme allemand comme ultime manifestation de l’esprit. Seulement, là où Kant ou Hegel ne voient que pur humanisme, Mveng voit l’œuvre divine d’un Dieu qui a pris corps avec l’humanité, non pas pour mettre fin à l’Histoire, mais pour la conduire à sa perfection en lui proposant un sens toujours nouveau fondé sur l’amour et la réconciliation entre tous les hommes. Dans sa poésie religieuse, notamment avec Si quelqu’un… [12] Mveng annonce les thèmes historiques de Balafon [13] en dénonçant la dimension douloureuse de notre histoire de sorte que, s’appuyant sur l’expérience de la croix du Christ, l’humanité renonce à la haine, à l’injustice et à la violence en vivant la véritable catharsis qui produit la paix au-delà des traités. Balafon, en rapport à cette première, devient donc une poésie apaisée d’une humanité qui, sans nier les blessures de l’histoire, est purgée de ses rancœurs et s’achemine vers plus de dialogue, de réconciliation, de fraternisation. Dans la première station de son chemin de Croix, Mveng évoque « les Juifs des fours crématoires, les nègres de l’Apartheid, et les pauvres chrétiens derrières tous les rideaux… ». Il reprend le cri des foules qui demandent en « rançon » la mort de Jésus, comme « une cargaison de pièces d’Indes pour racheter notre servitude ; sur les côtes sans fin de notre histoire humaine, comme aux comptoirs de Guinée, de Calabar et de Manicongo… ». Il demande alors que le sang du Seigneur retombe sur l’humanité comme un « océan de miséricorde » et l’irrigue d’un esprit nouveau. A la quatrième station, ce sont les larmes des mères d’Afrique qui pleurent, inconsolables, leurs enfants « qui s’en sont allés, sans Adieu… » et ces pleurs sur l’Afrique souffrante se poursuivent jusqu’à la quatorzième station. Dans cette poésie religieuse, Si quelqu’un… est une avance complémentaire de Balafon qui, dès 1961, inaugure la même œuvre, unique, de Mveng dont le souci n’était pas de faire de la poésie pour la poésie. En fait, La poésie de Mveng, loin d’être une élégie, est une tragédie dont le héros est le Christ qui se charge des souffrances de l’humanité une fois pour toutes. Il ne pratique pas non plus de la religion pour la religion, de l’histoire pour de l’histoire ; ses écrits visent avant tout à libérer l’homme des chaînes de la servitude reconnue ici dans l’apartheid, la colonisation et toute forme de sous humanisation des individus, et de lui communiquer la loi d’amour et de pardon qui seule construit l’humanité et donne un sens heureux à l’histoire.
Le visiteur de la cathédrale de Mbalmayo, « Ville cruelle » d’après le romancier camerounais Eza Boto, [14] s’inclinera, à l’entrée de l’église, sur la tombe de Monseigneur Paul Etoga, premier évêque catholique de l’Afrique noire francophone et fondateur de ce diocèse. Tout près de l’autel, se trouve au centre de la chaire épiscopale de plus récent successeur d’Etoga, Monseigneur Joseph-Marie Ndi Okala, une fresque eucharistique de Mveng. Etoga, Mveng, Eza Boto (aussi connu sous le pseudonyme de Mongo Beti) représentent ensemble le projet d’africanisation du christianisme et de la politique camerounaise dans ses aspirations et son irréductible esprit de rébellion contre l’injustice et l’oppression. Mveng est certainement mort, assassiné par des mains toujours anonymes dans l’obscurité de sa chambre á Yaoundé. Mais son projet d’africanisation de l’église africaine se poursuit, luisant et glorieux à l’image de sa fresque de la résurrection à Hekima à Nairobi. Son humanisme aussi est plus que jamais apprécié par des africains et des camerounais en proie aux virus de la division et de la violence qui paupérisent.
C’est cette même violence, pauvre par sa gratuité et l’immédiateté de ses aspirations, qui arracha Mveng à la vie dans la nuit du 23 avril 1995, au moment même où ses collègues historiens étaient réunis à Aix-en-Provence en France pour un congrès sur l’enseignement de l’histoire en Afrique francophone. [15] D’après l’historien Jean-Paul Messina, Mveng n’y a pas été invité ; il aurait, de fait, été désinvité, l’on ne sait par qui. [16] Tout semble donc indiquer que les forces obscures de l’histoire auraient voulu réduire au silence, et à jamais, celui qui ne cessa jamais de parler. Et pourtant, Mveng et son esprit restent têtus. Au moment même où l’unité nationale de son pays est mise à mal, le monument de la Réunification dont Mveng fut l’un des concepteurs et artisans reste solidement planté sur la colline de Ngoa-Ékélé, par ailleurs le centre universitaire, politique et militaire de la capitale camerounaise. Les chrétiens qui se rendent à la messe tous les jours dans les cathédrale de Yaoundé et Mbalmayo, la chapelle du collège Libermann à Douala, celle de l’université jésuite Hekima College de Nairobi au Kenya, et bien d’autres lieux de culte continuent de prier au pied de l’art de Mveng, portés par celui-là qui lutta inlassablement pour donner à leurs églises et liturgies une image et identité africaine, et qui a su peindre sur les murs leur espérance et le cri, jamais interrompus, de leur souffrance. Les jeunes camerounais continuent d’apprendre l’histoire de leur pays et de s’initier aux lettres en lisant Mveng. Face au flou des enquêtes officielle sur son lâche assassinat, cette enquête est menée dans une fiction, un roman écrit de la main de l’un de ses plus célèbres contemporains, le même Mongo Beti de « ville cruelle », qui était, comme Mveng, excellent dans son art mais objet de contradiction dans son pays. [17] Mveng reste têtu, admiré et polémique, toujours contradictoirement en mouvement dans la reprise et réinterprétation de son œuvre. C’est cette contradiction, ce clair-obscur du personnage et de son œuvre qui l’établirent comme une figure de l’histoire du christianisme africain et font la richesse de son œuvre. L’historien jésuite belge Léon de Saint Moulin vit en Mveng le plus grand jésuite du 20ième siècle. [18]
Jean Luc Enyegue, SJ
Notes:
- Cf. « Engelbert Mveng: historiographie et humanisme ». Interview accordée à Iwele Gode publiée dans Congo Afrique (Kinshasa: 1999), 340: 603.
- Voir: Camille Nodjita Manyenan : « Comprendre le meurtre de Nkol Afeme (Yaoundé). Une lecture de la vie et de l’œuvre du Père Mveng » in Père Engelbert Mveng, SJ : Un pionnier. Kimwenza : Loyola Edition, 2005 : 13.
- Jean Luc Enyegue, “Terre d’émergence de la pensée d’Engelbert Mveng. Et si le Cameroun était tout simplement infanticide ?’’ in Engelbert Mveng, SJ : Un Pionnier (Kimwenza: Loyola éd., 2005), 21.
- Friedrich Hegel, La raison dans l’histoire. Trad. Papaioannou (Paris: UGE, 1965), 247-250.
- Cf. Interview accordée à Iwele Gode publiée dans Congo Afrique (Kinshasa: 1999), 340: 603-609.
- Cf. Rapport du Congrès International des Historiens de l’Afrique (Dar-es-Salam: Prés. Afr., 1971), 604.
- Interview à Iwele Gode, 604.
- Ntima Nkanza, “Engelbert Mveng: La poésie comme antidote contre la domination de l’homme par la machine” in Telema (Kinshasa: ed. Telema, 2005), 120: 28.
- Engelbert Mveng; B. L. Lipawing, Libération et cultures africaines. Dialogue sur l’anthropologie négro-africaine (Yaoundé: Prés. Africaine/Clé, 1996), 90-91.
- Rapport du Congrès de Dar-es-Salam, 18.
- Interview à Iwele Gode, 604.
- Engelbert Mveng, Si quelqu’un… (Paris: Mame, 1961). Il s’agit en fait d’un Chemin de Croix chrétien.
- Engelbert Mveng, Balafon (Yaoundé: Clé, 1972). Http://fr.wikipedia.org/wiki/Engelbert_Mveng
- Eza Boto, Ville Cruelle (Paris: Présence Africaine, 1954).
- La recherche en histoire et l’enseignement de l’histoire en Afrique centrale francophone : actes du colloque international (Aix-en-Provence, 24-25 et 26 avril 1995) (Aix-en-Provence: Publications de l’Université de Provence, 1997).
- Jean-Paul Messina, Engelbert Mveng : La Plume et Le Pinceau : Un Message Pour l’Afrique Du IIIème Millénaire, 1930-1995 (Yaoundé: Presses de l’Université Catholique d’Afrique Centrale, 2003).
- Mongo Beti, Trop de soleil tue l’amour (Paris: Julliard, 1999).
- Léon de Saint Moulin, Histoire Des Jésuites En Afrique: Du XVIe Siècle à Nos Jours (Namur: Éd. Jésuites, 2016).
Publications d’Engelbert Mveng
L’art et l’artisanat africains, Yaoundé, Clé, 1980.
Les sources grecques de l’histoire négro-africaine depuis Homère jusqu’à Strabon, Paris, Présence Africaine, 1972.
Balafons : Poèmes, Yaoundé, Clé, 1972.
Ouvrages théologiques
L’Art d’Afrique noire. Liturgie cosmique et langage religieux, Paris Mame,1964, 159 p.
L’Afrique dans l’Eglise. Paroles d’un croyant, Paris, L’Harmattan, 1985, 228 p.
Spiritualité et libération en Afrique, (dir.), Paris, L’Harmattan, 1987, 123 p.
En collaboration avec Lipawing (B.L.), Théologie libération et cultures africaines. Dialogue sur l’anthropologie négro-africaine, Yaoundé/ Paris, Clé/ Présence Africaine, 1996, 232 p.
The Jerusalem Congress on Black Africa and the Bible, April 24-30 : proceedings/edited by E. Mveng, R. J. Z., Weblosky.
Colloquium on civilization and Education, Lagos, 17th-31st january, 1977, Editors, A.U. Iwara, E. Mveng.
Articles
« L’art camerounais », Abbia, n. 3, septembre 1963, p. 3-24.
« Signification du premier Festival Mondial des Arts Nègres », Abbia n. 12-13, p. 7-11.
« Les sources de l’histoire du Cameroun », Abbia n. 21, p. 38-42.
« Archéologie Camerounaise, découverte des Poteries à Mimetala », Bulletin de l’Association Française pour les Recherches et Etudes Camerounaises, Bordeaux, 1968, tome 3, p. 39-41
« Les survivances traditionnelles dans les sectes chrétiennes africaines » in Cahiers des Religions Africaines, (7/13), 1973, p. 63-74.
« Christianity and the religious Culture of Africa » in Kenneth Y. Best (ed.), African Challenge, Nairobi, Transafrica Publishers, 1975, p. 1-24.
« A la recherche d’un nouveau dialogue entre le christianisme, le génie culturel et les religions africaines actuelles » in Présence Africaine, (95), 1975, p. 443-466.
« De la sous-mission à la succession » in Civilisation noire et Eglise Catholique, Colloque d’Abidjan, 12-17 septembre 1977, Paris/ Abidjan/Dakar, Présence Africaine/ Les Nouvelles Éditions Africaines, 1978. p. 267-276.
« Essai d’anthropologie négro-africaine : la personnalité humaine… » in Cahier des religions africaines, (12), 1978, p. 85-96.
« L’art d’Afrique noire, liturgie cosmique et langage religieux » in Bulletin de Théologie Africaine, (1), 1979, p. 99-103.
« Christ, Liturgie et culture » in Bulletin de Théologie Africaine, (2/4),1980, p. 247-255.
«Théologie et langages» in Revue africaine de théologie, (10/20), octobre1986, p. 191-208.
« Religion, paix et idéologie » in Cahier des Religions africaines, (18/36),juillet 1984, p. 167-177.
« La théologie africaine de la libération » in Concilium (219), 1988, p. 31-51.
« Engelbert Mveng : Pauvreté anthropologique et christianisme » in Golias, (36), 1994, p. 149-151.
« Un concile Africain est-il opportun ? » in Golias (35), 1994, p. 80-87.
« De la mission à l’inculturation » in Inculturation et conversion.
Africains et Européens face au synode des Eglises d’Afrique (NDI-OKALA, J., dir.), Paris, Karthala, 1994, p. 11-19.
« African theology. A methodological approach » in Voices from the Third World, (XVIII/1), 1995, p. 106-115.
«Moïse l’Africain» in Cameroon Tribune, 06 Février 1995.
Cette biographie, soumise en 2018, est le fruit des recherches de Jean Luc Enyegue, SJ, directeur associé du Jesuit Historical Institute in Africa (Hekima College) à Nairobi, Kenya.