Collection DIBICA Classique
Tous les articles créés ou soumis au cours des vingt premières années du projet, de 1995 à 2015.Ntsama, Charles Atangana (A)
Charles Atangana Ntsama est né vers 1876 à Ongola (le Yaoundé actuel). Son père, Atangana Essomba, était le chef traditionnel des Ewondo et des Bene. Vers 1897, Atangana a été envoyé à Kribi pour son éducation primaire, et c’est là qu’il a rencontré un prêtre allemand, un certain Vietter, missionnaire pallotin, et le premier prêtre catholique au Cameroun. Une appréciation mutuelle se développa entre les deux jeunes hommes, sûrement grâce à la grande intelligence d’Atangana, et leur amitié a porté fruit par la suite.
Vers 1900, Atangana Ntsama, qui était toujours à l’école allemande à Kribi, a recommandé le père Vietter à son père. Par conséquent, les palottins ont pu élargir leur champ de mission dans cette nouvelle région. Dès leur arrivée à Yaoundé, Vietter et ses compagnons ont été chaleureusement reçus, et intégrés aux Elig-Belibi, (un des groupes ethniques du peuple Ewondo) avant qu’on leur donne un site permanent à Mvolye. Ce site était resté inhabité par les indigènes parce qu’ils ne pouvaient pas grimper l’immense rocher qui s’y trouvait. Mvolye est devenu le point de départ pour l’évangélisation du centre et de l’est du Cameroun.
Après avoir obtenu son diplôme, Ntsama, qui était infirmier par profession, est nommé infirmier auxiliaire de l’administration allemande à Buea, au sud-ouest du Cameroun. Quelques années plus tard, suite à la demande expresse de Mvog-Ateemengue, Atanga Ntsama est rentré à Ongola pour hériter du trône de son père défunt. Il a continué, néanmoins, à travailler avec l’adminstrateur allemand Hans Dominik, en qualité de traducteur et de fonctionnaire. En 1911, Atangana est officiellement intronisé, et devient le chef traditionnel des Ewondo et des Bene.
Ntsama avait deux femmes : la première, Marie Biloa, surnommée Ngon Ongola, a donné naissance à Catherine Edzimbi et à Atangana Essomba Jean ; la deuxième, Marie Ngo Noah, a aussi eu deux enfants, Atangana René Grégoire, et Atangana Marie Thérèse.
Dès le début de la première guerre mondiale, les missionnaires et les adminstrateurs allemands ont quitté le pays. Atangana, accompagné de sa famille et d’autres dignitaires, est aussi allé en Europe, où il a rencontré le Pape Pie X à Rome, et Alphonse XIII, qui était le roi d’Espagne à l’époque. Dans l’intervalle, les pères du Saint-Esprit ont pris la place des palottins. Après la guerre, quand Atangana est rentré chez lui, il a été arrêté par le maître colonial français à Douala, et envoyé aux travaux forcés à Dschand (dans l’ouest du Cameroun). C’est là qu’il a rencontré, et qu’il a aidé, le sultan du royaume des Bamoun. Grâce à ses qualités diplomatiques, Atangana a regagné la confiance du maître colonial français, et il a pu regagner son fief à Yaoundé où il est mort en 1945.
Malgré le départ des missionnaires palottins, la graine semée par Vietter a été préservée par Atangana et son peuple. En fait, même en l’absence de missionnaires, l’église catholique a continué à obtenir et à gagner des territoires de mission, grâce aux efforts d’Atangana et d’autres catéchistes comme Grégoire Mebe.
Paul Nde
Source:
Le témoignage d’Etienne Nomo Onguene, dignitaire traditionel de Nsimeyong, et érudit de l’histoire allemande au Cameroun.
Cet article, soumis en 2003, a été recherché et rédigé par Paul Nde ([email protected]) sous la surveillance du prof. Protus O. Kemdirim, coordinateur de liaison à l’université de Port Harcourt, et coordinateur régional du DIBICA pour le Nigéria.