Collection DIBICA Classique
Tous les articles créés ou soumis au cours des vingt premières années du projet, de 1995 à 2015.Barbou, Elie
Le premier président de l’église.
Elie Barbou est né vers 1923. A cette époque, comme on ne connaissait pas les pagnes ou les tissus, on couvrait les enfants avec des peaux d’animaux. On tua un cabri pour le commandant français, nommé Barbier, et la peau fut donnée aux parents d’Elie Barbou pour couvrir le bébé. Par conséquent, le commandant dit aux parents d’Elie Barbou que leur fils porterait son nom. Puis, les gens ont transformé son nom Barbier en Barbou en langue gbaya.
En 1936, deux pionniers africains, Paul Sippison et Daniel Yongoro furent envoyés par les missionnaires qui se trouvaient à Abba pour commencer une oeuvre d’évangélisation à Baboua. A leur arrivée à Baboua, ils recrutèrent des jeunes pour leur apprendre le petit catéchisme. Peu de temps après, ces pionniers autochtones étaient suivis par les missionnaires Trygstad et Sand. Quand les missionnaires effectuaient des tournés, Elie Barbou sortait avec eux pour leur préparer la nourriture.
Barbou fut baptisé le 26 décembre 1946 par le Pasteur Trygstad.
En 1947, le Pasteur Trygstad eut une vision qui indiqua qu’Elie Barbou devait commencer l’oeuvre d’évangélisation à Béloko-Gana. Barbou, qui objecta dans un premier temps, finit par accepter cette proposition comme un appel de Dieu. Le 4 mars 1948, il arriva à Béloko. Là, il travailla jusqu’en 1951, quand il revint à Baboua pour aller à l’école biblique. Le Pasteur Jergensen et le Pasteur Watne commencèrent l’enseignement à l’école biblique. Puis arriva le Pasteur Bredfeldt.
En 1953, Elie Barbou repartit de nouveau à Béloko-Gana comme catéchiste. En 1954, au cours d’une conférence tenue à Béka, au Cameroun, le conseil décida que Paul Sippison, Paul Darman, et André Garba devaient se préparer pour étudier à Tcholliré pour devenir pasteurs. La même année, un conseil qui eut lieu à Baboua décida qu’Elie Barbou travaillerait comme catéchiste à Koundé.
A cette même période, tous les missionnaires qui se trouvaient à Baboua étaient partis en vacances en Amérique. La station missionnaire était gardée par Paul Sippison. Ce dernier reçut une lettre qui l’invita à aller chercher les épreuves préparatoires pour rentrer à l’école de Tcholliré. Ces épreuves se trouvaient entre les mains du Pasteur Trobisch, un missionnaire allemand à Garoua-Boulai. Paul Sippison quitta Baboua un jeudi et passa la nuit à Béloko-Gana chez le catéchiste Elie Barbou qui l’informa de son affectation à Koundé. Le jour suivant, Paul Sippison partit mais il fut tué au cours de ce voyage par la foudre. Il fut enterré à Garoua-Boulai.
Après le retour des missionnaires, ils envoyèrent Barbou comme catéchiste à Koundé où il travailla pendant presque deux ans. Un dimanche, le Pasteur Sand arriva à Koundé et, après la célébration du culte, il ordonna au catéchiste Elie Barbou de faire ses valises, car le conseil avait décidé de le faire revenir à Baboua comme catéchiste à la place du défunt Sippison.
Après son retour à Baboua, il suivit le reste du programme de ses études à l’école biblique et en même temps il exerça la fonction de catéchiste à Baboua. En 1959, le Pasteur Jergensen fut nommé directeur de la nouvelle école de théologie à Meiganga et le Pasteur Follesoy fut nommé professeur. Le conseil de l’église décida qu’Elie Barbou et Timothée Demotar seraient retenus pour suivre une formation à Meiganga. Le Pasteur Jergensen qui avait aussi pris part à ce conseil, revint et rapporta la nouvelle à Barbou en le félicitant. Comme Jergensen était missionnaire en R.C.A. et que deux centrafricains étaient retenus à Meiganga, ils allaient former une belle équipe.
Elie Barbou et Timothée Demotar arrivèrent à Meiganga en 1959. Cette année-là, les étudiants étaient logés dans les quartiers en attendant la construction de leurs maisons. L’enseignement était donné en français parce qu’il y avait non seulement les étudiants gbayas, mais aussi les Mboums et les Durus. La durée de la formation était de trois ans.
Après leur sortie en 1963, Elie Barbou et Timothée Demotar furent ordonnés comme pasteurs. Le Pasteur Barbou fut placé à Baboua où il travaille dans la région entre Koundé et Bingué. Quand au Pasteur Timothée Demotar, il fut installé à Abba et travailla dans le territoire entre Nguia et Nadziboro. La limite géographique de l’administration politique de la sous-préfecture de Baboua était liée à l’église. Mais il y eut un conflit à cause du village de Nguia-Bouar, qui faisait partie de la commune de Baboua. Ce village était supervisé par le Pasteur Demotar qui se trouvait à Abba. Pour régler ce conflit, on décida que les villages entre Nguia-Bouar et Béra-Yérima feraient partie de la commune de Baboua et seraient dirigés par le Pasteur Barbou et non par le Pasteur Demotar. A partir de ce moment, le conseil de l’église décida que les villages dans lesquels se trouvaient un maire seraent érigés en paroisses. Il s’agissait des villages de Koundé, Besson, Foh, Bingué et Nadziboro.
Selon le Pasteur Barbou, durant tout son ministère, il mena une lutte quotidienne avec sa conscience, car après son mariage avec Madame Ruth Pendo, ils eurent des jumeaux comme premiers enfants, mais qui sont morts aussitôt après la naissance. A partir de ce jour, sa femme devint stérile. Beaucoup des parents et amis du Pasteur Elie Barbou faisaient pression sur lui pour qu’il répudie sa femme pour en épouser une autre qui puisse lui donner une descendance. Mais ce qui l’aida énormément, c’était sa vocation et l’amour qu’il avait pour sa femme, et ces choses étaient plus importantes que la pression des gens. Selon lui, c’était une joie d’avoir gardé sa femme durant tout son ministère. Elle est morte après qu’il a pris sa retraite.
Après sa sortie de l’école de théologie en 1963, le Pasteur Barbou commença le ministère pastoral à Baboua. Il fut affecté à Garoua-Boulai de 1969 à 1973. En 1973 il rentra à Baboua. Cette année-là, il fut élu président du premier synode général. En tant que président, il faisait des démarches favorables auprès du gouvernement pour que les ouvriers de l’église soient inscrits dans la sécurité sociale. Le Pasteur Smith était chargé de prélever les 4% des salaires des ouvriers pour les verser dans la caisse de la sécurité sociale.
Le Pasteur Elie Barbou fut ordonné par le président de l’église du Cameroun et de la R.C.A., le Pasteur Halfdan Endresen, un norvégien. Après son ordination, il travailla beaucoup avec le Pasteur Bredfeldt. Ils faisaient des tournées ensemble. Monsieur Bredfeldt écrivit à une paroisse aux Etats-Unis pour demander un don de 50 000 francs pour acheter une mobylette pour le Pasteur Barbou.
Dans sa fonction de président de l’Eglise Evangélique Luthérienne de la R.C.A., le Pasteur Elie Barbou fit un voyage aux Etats-Unis. Ce qui l’impressionna, c’est que les Américains vivent dans une liberté totale. Dans les différents états qu’il traversa, il n’y avait pas de barrières ou de policiers qui arrêtaient les voyageurs comme cela se fait en Afrique. Ce qui le frappa aussi, c’était sa visite au palais du gouverneur. Il fut surpris de voir que le palais du gouverneur était ouvert à tout le monde pour prendre des informations. Ce sont des choses qui ne se pratiquent pas dans la plupart des états africains. Les rencontres qu’il a eues avec 400 paroisses et leur dirigeants lui ont permis d’expliquer les difficultés concernant le paiement des ouvriers de l’église. Beaucoup de paroisses ont contribué de l’argent pour acheter des mobylettes pour les pasteurs.
Marcus Roser
Sources:
Interview avec le Pasteur Elie Barbou, Baboua, le 4 juin 1993.
Sources supplémentaires:
Archives de l’EEL’RCA
Archives de la Sudan Mission à Baboua :
Anderson Arthur, Rapport de la rencontre, Baboua, 1937.
Hilberth John, Lettre à la Sudan Mission, Gamboula, 4.11.1937
Karlsson, Hilberth et Almstam, Lettre à la Sudan Mission, Gamboula, 6.1.1938
Magnusson John, Lettre à la Sudan Mission, 24.3.1947
Procès-Verbal du synode constitutif à Lokoti-Bangui, 8.-11.4.1973
Procès-Verbal du deuxième à Béloko , 28.2-3.3.1974
Procès-Verbal du troisième synode à Bingué, 9.-11.4.1976
Procès-Verbal du quatrième synode à Bossabina, 14.-16.4.1978
Okland Andrew et Sand Lloyd, Lettre à la Mission Baptiste Suédoise, Abba, 21.8.1937
Okland A. et Sand L., Lettre à la Mission Baptiste Suédoise, Abba, 13.12.1937.
Okland A., Lettre à Gunderson, Meiganga, 21.2.1939
Svenson, Sundquist et Mjörnell, Lettre à la Sudan Mission, Gamboula, 25.4.1945
Watne John, Lettre à la Mission Baptiste Suédoise, Abba, 15.12.1950. Archive de la SM à Baboua.
Blanchard, Yves et Noss, Philip. Dictionnaire Gbaya - Français. Meiganga: Centre de Traduction Gbaya, 1982.
Bulletin. Sudan Mission News. Minneapolis, 1949.
Bulletin. Sudan Mission News Bulletin. No. 2. Minneapolis, 1944.
Christensen, Thomas G. An African Tree of Life. New York: Orbis Books, 1990.
Christiansen, Ruth. For the Heart of Africa. Minneapolis, 1956.
Darman, Paul. “L’histoire de Mboula.” Non publié.
Haxaire, Claudie. Phytotherapie et Medicine Familiale chez les Gbaya-Kara. Montpellier: Académie de Montpellier, 1979.
Lode, Kare. Appelés à la Liberté, Histoire de l’Eglise Evangélique Luthérienne de Cameroun. Anstelveen, Pays-Bas: IMPROCEP, 1990.
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Muedeking, George H. “After 42 Years, Harvest in a Mahagony Jungle.” The Lutheran Standard. Minneapolis, October 1974.
Nzabakomanda-Yakoma, Raphaël. L’Afrique Centrale Insurgée, La guerre du Kongo-Wara 1928-1931. Paris: Harmattan, 1986.
Cet article, extrait de l’ouvrage Ce que nous avons vu et entendu, nous vous l’annonçons - Histoire de l’Eglise Evangélique Luthérienne de la R.C.A., copyright © 1996, rédigé par Marcus Roser, publié à Baboua, République Centrafricaine. Tous droits réservés.
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