Collection DIBICA Classique
Tous les articles créés ou soumis au cours des vingt premières années du projet, de 1995 à 2015.Doulé, Jean
Jean Doulé fut un des quatre premiers baptisés de l’Eglise Evangélique Luthérienne en R.C.A., pendant la fête de Noël en 1936. Les autres baptisés étaient Paul Sippison, Daniel Yongoro, et Martha Mbodi. Bien avant la création de l’école biblique, il participait aux recyclages à Meiganga pendant deux mois tous les semestres. Cette formation le prépara pour son futur ministère.
Jean Doulé passait beaucoup de temps à Abba, car il avait beaucoup de fonctions. Il était instructeur du petit catéchisme, aide-soignant, domestique, et aussi sentinelle chez les missionnaires. A cause de ces multiples rôles il n’avait pas l’occasion de beaucoup travailler dans les villages. Paul Sippison recruta les premiers volontaires pour aller à Abba pour apprendre à lire et à écrire. Ceux-ci étaient Elie Barbou, Michel Ngboko, Joseph Mouri, Nathanael Ngiré et Moïse Alaso. Jean Doulé, qui enseignait le catéchisme, prit Elie Barbou comme domestique.
Après le départ de Mademoiselle Agrimson à Meiganga, Jean Doulé, qui avait été son aide dans l’oeuvre médicale, fut envoyé comme catéchiste à Foh. Là, il habitait dans une maison achetée par Monsieur Watne. A cette époque, on exploitait le caoutchouc et les corvées étaient rigides. Chaque matin, Jean Doulé sonnait la cloche et les fidèles se rassemblaient pour le culte.
Cependant, le chef du village Foh persécutait les pionniers qui apportaient l’évangile dans son village, car il ne voulait pas entendre le nom de Jésus et considérait le christianisme comme une occasion de chute pour son pouvoir. Pour lui, Jean Doulé était un opposant à son pouvoir. Le chef l’arrêta donc car il considérait que son oeuvre d’évangélisation était un moyen d’empêcher les gens d’aller travailler.
Le chef de la sub-division de Bozoum vint à Foh pour inspecter l’exploitation du caoutchouc. Le chef de Foh le persuada d’envoyer Jean Doulé en prison parce que c’était à cause de lui que la population ne travaillait pas bien le caoutchouc. Le chef de la sub-division donna donc son accord pour envoyer Jean Doulé à la prison de Baboua. Par la suite, le pasteur Watne trouva un vélo pour se déplacer afin d’intervenir dans l’affaire en faveur de Jean Doulé.
A Ndiba, il y avait une plantation de café dirigée par Monsieur Doulliac. Cette plantation regroupait des manoeuvres de différentes éthnies. Ces ouvriers qui s’intéressaient à l’évangile et qui ne comprenaient pas la langue gbaya, envoyèrent ce message à la direction de la mission à Abba: si la direction ne leur envoyait pas quelqu’un pour les évangéliser en langue sango, ils feraient appel à la mission suédoise pour qu’elle vienne s’installer à Ndiba. Comme réponse à leur doléance, Jean Doulé fut alors envoyé à Ndiba pour y travailler comme catéchiste, car il se débrouillait en sango.
Après quelques années de travail à Nbiba, il fut envoyé à Baboua afin de poursuivre ses études à l’école biblique. Il fut parmi les étudiants de la première promotion de l’école biblique de Baboua. Cette promotion comprenait trente-six camerounais et trois centrafricains.
Après ses études, il fut reaffecté à Ndiba. Quelques années plus tard, il fut ramené à Abba où il travailla comme catéchiste jusqu’au moment où il fut nommé évangéliste. Après sa nomination, il supervisa la région Sud (le district Abba à l’époque) qui incluait Nguia-Bouar, Sagani, Nadziboro, Fambélé, Foh, et Bingué.
Les premiers catéchistes n’étaient pas seulement envoyés par des missionnaires, mais travaillaient selon leur propre initiative. Souvent, après avoir été baptisés, ils avaient apprenaient à lire, suivaient l’enseignement du petit catéchisme et apprenaient quelques versets par coeur. Puis ils voyageaient bénévolement, sans l’autorisation des missionnaires, pour évangéliser. Après leur retour, ils rapportaient le résultat aux missionnaires. C’est ainsi que l’évangile progressait de village en village. Ces catéchistes ne recevaient pas de salaire, mais ils étaient soutenus par la population qui leur donnait un champ et leur apportait des vivres.
Jean Doulé travailla longtemps à Nadziboro jusqu’au moment où il fut ordonné comme pasteur. Ensuite il fut ramené à Abba. C’est à Abba et à Mbartoua qu’il termina son ministère pastoral.
Marcus Roser
Sources:
Interview avec le Pasteur Jean Doulé, Mbartoua, le 18 février 1993.
Sources supplémentaires:
Archives de l’EEL’RCA
Archives de la Sudan Mission à Baboua :
Anderson Arthur, Rapport de la rencontre, Baboua, 1937.
Hilberth John, Lettre à la Sudan Mission, Gamboula, 4.11.1937
Karlsson, Hilberth et Almstam, Lettre à la Sudan Mission, Gamboula, 6.1.1938
Magnusson John, Lettre à la Sudan Mission, 24.3.1947
Procès-Verbal du synode constitutif à Lokoti-Bangui, 8.-11.4.1973
Procès-Verbal du deuxième à Béloko , 28.2-3.3.1974
Procès-Verbal du troisième synode à Bingué, 9.-11.4.1976
Procès-Verbal du quatrième synode à Bossabina, 14.-16.4.1978
Okland Andrew et Sand Lloyd, Lettre à la Mission Baptiste Suédoise, Abba, 21.8.1937
Okland A. et Sand L., Lettre à la Mission Baptiste Suédoise, Abba, 13.12.1937.
Okland A., Lettre à Gunderson, Meiganga, 21.2.1939
Svenson, Sundquist et Mjörnell, Lettre à la Sudan Mission, Gamboula, 25.4.1945
Watne John, Lettre à la Mission Baptiste Suédoise, Abba, 15.12.1950. Archive de la SM à Baboua.
Blanchard, Yves et Noss, Philip. Dictionnaire Gbaya - Français. Meiganga: Centre de Traduction Gbaya, 1982.
Bulletin. Sudan Mission News. Minneapolis, 1949.
Bulletin. Sudan Mission News Bulletin. No. 2. Minneapolis, 1944.
Christensen, Thomas G. An African Tree of Life. New York: Orbis Books, 1990.
Christiansen, Ruth. For the Heart of Africa. Minneapolis, 1956.
Darman, Paul. “L’histoire de Mboula.” Non publié.
Haxaire, Claudie. Phytotherapie et Medicine Familiale chez les Gbaya-Kara. Montpellier: Académie de Montpellier, 1979.
Lode, Kare. Appelés à la Liberté, Histoire de l’Eglise Evangélique Luthérienne de Cameroun. Anstelveen, Pays-Bas: IMPROCEP, 1990.
Mogens, Jensen. To Maen Dog Der Es Mission. Kristiansfeld: Forlaget Savanne, 1992.
Muedeking, George H. “After 42 Years, Harvest in a Mahagony Jungle.” The Lutheran Standard. Minneapolis, October 1974.
Nzabakomanda-Yakoma, Raphaël. L’Afrique Centrale Insurgée, La guerre du Kongo-Wara 1928-1931. Paris: Harmattan, 1986.
Cet article, extrait de l’ouvrage Ce que nous avons vu et entendu, nous vous l’annonçons - Histoire de l’Eglise Evangélique Luthérienne de la R.C.A., copyright © 1996, rédigé par Marcus Roser, publié à Baboua, République Centrafricaine. Tous droits réservés.
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