Collection DIBICA Classique
Tous les articles créés ou soumis au cours des vingt premières années du projet, de 1995 à 2015.Atido Kunde-Dong, Tito William
Enfance, famille, et études faites
Atido Tito est né le 25 octobre 1935 à Mwenda, une localité située aux pieds du Mont Rwenzori dans la région est de la République Démocratique du Congo. Ses parents, qui s’appelaient Nyabong’o Matayo et Thokanu Miryem, étaient originaires du Territoire de Mahagi. Ils étaient en perpétuel déplacement aux cotés des missionnaires pionniers de l’Africa Inland Mission (AIM) qui sillonnaient la contrée pour établir des postes missionnaires et poser les jalons des églises naissantes au nord-est de la RD Congo.
Atido Tito est donc né à plus de 400 km au sud de sa localité (village) d’origine Jupasonga, qui est près de la Mission protestante de Kasengu (Territoire de Mahagi, District de l’Ituri, Province Orientale, RD Congo). Etant le troisième enfant en ordre de naissance, il était le seul garçon de la famille et avait six sœurs, hormis deux enfants (une fille et un garçon) morts à bas âge.
A l’âge de dix ans, précisément le 25 décembre 1944, Atido Tito a reçu Jésus comme son Sauveur mais n’a été baptisé que neuf ans plus tard, le 03 janvier 1954, à l’âge de 19 ans. Sa conversion lui a permis d’approfondir des enseignements qui lui ont donné, par la suite, la notion de responsabilité et le désir d’enseigner la parole de Dieu.
De 1949 à 1950, il a reçu une formation théorique et pratique en musique dans l’école de musique dirigée par un certain Rév. Ubimo Ezéchiel à la Mission Protestante de Kasengu, la première station missionnaire de l’AIM en RD Congo. Il est devenu par la suite un trompettiste de talent et a joué sans répit de la trompette et des autres instruments de la famille (trombone, Barton) de 1950 à sa mort.
Le 18 août 1956, il a épousé Uvonji Julienne à Kasengu dans une cérémonie religieuse. De ce mariage, sont nés sept enfants dont cinq garçons et deux filles (celles-ci occupent la deuxième et la quatrième position dans l’ordre de naissance). Tous sont des fidèles fervents et actifs dans l’église.
Entre 1952 et 1959, il a fini ses études primaires, fait l’école préparatoire, puis les études secondaires de l’époque (trois ans, c’est-à-dire D3) en 1959. Plus tard il a ajouté d’autres formations telles que la formation biblique à Aungba (de 1980 à 1985) d’où il obtint le diplôme de D6 en théologie. En 1987-1988, il a fait sa spécialisation en évangélisation à l’Ecole Internationale de l’Evangélisation de Kinshasa.
Services rendus
Atido Tito a œuvré dans différents postes à partir de 1959. Il a été successivement enseignant à l’Ecole Primaire de Kasengu (1959-1962), puis à l’Institut d’Aungba de 1962 à 1963, ensuite directeur d’internat à l’Institut de Blukwa de 1963 à 1965. Apres, la rébellion muléliste de 1964, il a été retiré de Blukwa pour la Mission de Kasengu où il a travaillé une année comme enseignant (1965-1966). Ensuite il a pris la direction de l’Ecole Primaire de Kasengu (de 1966 à 1971).
A coté de lui, son épouse Julienne, travaillait seule comme infirmière la journée et accoucheuse la nuit dans le dispensaire de la Mission de Kasengu, qui était l’unique dispensaire viable après la rébellion, dans un rayon d’à peu près 50 km. L’intensité du travail et la fréquence très élevé d’accouchements l’a rendu névrosée jusqu’à ce jour.
Il a été appelé au milieu de 1971 pour assumer les fonctions de comptable de la Coordination Protestante de l’Enseignement Primaire et Secondaire de la CECA-20, à Bogoro dans le Territoire d’Irumu (Ituri, RD Congo), tâche qu’il a assumée de 1971 à 1975.
En 1974, malgré le fait qu’il n’était que comptable, il a été choisi pour participer au premier Congrès International de Lausanne sur l’évangélisation organisé par le Dr. Billy Graham, ce qui a aiguisé davantage sa soif pour la recherche des âmes perdues.
Pendant qu’il s’occupait de la comptabilité dans la Coordination Protestante de l’Enseignement Primaire et Secondaire de la CECA-20, à Bogoro, il était aussi directeur de l’école primaire de Bogoro et des écoles primaires des alentours (Kasenyi, Tchomia, Nyamavi, Kagoro et Nyakeru) de 1976 à 1981.
Au moment de l’étatisation des écoles primaires et secondaires par l’état zaïrois/congolais en 1975, il a été nommé comptable de la Coordination Sous Régionale de l’Enseignement Primaire et Secondaire de l’Ituri à Bunia. Mais, respectueux des principes de la Bible, il a refusé de travailler dans le milieu corrompu de la Coordination Sous Régionale de l’époque. Il a donc démissionné pour aller s’occuper du Département de l’Evangélisation de la CECA-20 en 1975, qu’il a créé lui-même et dont il a été le coordinateur et évangéliste communautaire de 1976 à 2001, avec interruption entre 1980 et 1985 pour raison d’études.
Il a largement contribué à l’établissement de la Die Gute Nachricht (c’est-a-dire La Bonne Nouvelle) dans la Communauté de la CECA-20 à Bogoro en 1981. La Die Gute Nachricht -ou DIGUNA-est une organisation non gouvernementale allemande et une société missionnaire dont le principal but est l’évangélisation. De ce fait, il a travaillé étroitement avec DIGUNA et a été son collaborateur le plus proche pour programmer et exécuter des campagnes d’évangélisation.
Atido Tito a usé de tous les moyens logistiques et technologiques possibles dans ses campagnes d’évangélisation. Il était infatigable. Lui et ses équipes se déplaçaient à vélo, à moto, en véhicules armés de lance-voix, en avion, en barques à moteur sur le lac Albert, en hélicoptère d’évangélisation dans les régions enclavées et les clairières de la forêt de la RD Congo, et à pied dans les escarpements des Monts-Bleus et du Mont Ruwenzori à l’est du Congo. Pour l’évangélisation ils se servaient de cassettes, de films, de littérature, de presses, de la radio. Ils appelaient les gens et animaient les réunions avec une fanfare de trompettes, un orchestre de guitares, des accordéons, ou des instruments de musique traditionnelle locale.
Pendant la période de guerres successives dites de “libération” en RD Congo dont le commencement en Ituri a été annoncé par l’entrée de l’Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération du Congo-Zaïre (AFDL) en novembre 1996, suivie des conflits inter-ethniques sanglants dans la région, Atido Tito a pris la direction de DIGUNA, après le retrait des missionnaires allemands de Bogoro. En même moment il s’occupait du Département de l’Evangélisation de la CECA-20 et de son église. Il a dirigé bénévolement DIGUNA jusqu’à la fin de sa vie, en collaboration avec ses missionnaires repliés en Ouganda et au Kenya.
Atido a eu un ministère positif, fructueux, et apprécié. C’était un personnage important, visionnaire et charismatique au sein de son église. Il a donné au Département de l’Évangélisation et Vie de l’église de la CECA-20 une allure impressionnante et une vivacité fort remarquable, impliquant toutes les couches de l’église dans le rouage et visant toutes les catégories. Son évangélisation ne se limitait pas seulement au niveau de son église car il exerçait son ministère dans d’autres communautés et aussi en dehors de la RD Congo. Avec des équipes composées d’évangélistes de talent et de grands musiciens trompettistes et guitaristes, il a voyagé plus d’une fois à l’étranger pour l’évangélisation : notamment en Ouganda, au Kenya, au Rwanda, au Soudan, en République Centrafricaine et une fois en Allemagne en 1994.
Il a joué également un grand rôle dans la mise sur pied de la RTK (Radio Tangazeni Kristo, traduit “Radio pour Annoncer Christ”) à Bunia en 1995, avec le concours de DIGUNA.
Il a été ordonné pasteur le 21 mai 1995 à Bogoro après avoir obtenu sa licence pastorale en août 1987. Ensuite il a été pasteur responsable de l’église locale de Dody (Bogoro) tout en continuant ses tâches de coordonnateur communautaire de l’évangélisation de la CECA-20.
Entre 1978 et 1990, la CECA-20 a connu une crise dont les origines étaient complexes. Gérée avec passion, la crise a produit une première scission entre 1990 et 2000, suivie d’une série d’autres scissions dans le groupe dissident entre 2000 et 2010. Pendant ce temps, Atido Tito a su garder l’équilibre spirituel et affectif ainsi que la neutralité dans le conflit. Il a continué à œuvrer avec sérénité de cœur et à garder l’évangélisation en dehors du circuit où régnait la tension. Cette attitude a valu qu’on lui confie, avec un collège de trois pasteurs, la direction de l’église locale de Bogoro, un des points chauds de la tension. Et puis, il a confié la maison de sa parcelle de Kasengu comme local de culte à l’église pour permettre la continuité des activités de la communauté CECA-20 dans ce village. Même après sa mort, ses enfants ont laissé ce patrimoine à la disposition de la CECA-20 jusqu’à ce que la CECA puisse acquérir une chapelle en 2010.
Un autre élément qui a fait d’Atido Tito un serviteur de Dieu illustre était sa vie conjugale. En effet, son épouse connaissait des insuffisances mentales depuis 1967. Cette crise a atteint son apogée entre 1970 et 1980. Mais Dieu lui fait grâce de survivre jusqu’aujourd’hui (2011). Les multiples soins médicaux administrés se sont avérés inefficaces ; même les prières ferventes de plusieurs hommes de prière n’ont pas arrêté le mal. Alors, en 1980, Atido Tito a demandé que le contenu de prière soit modifié : au lieu de prier pour la guérison, qu’on prie pour la force de vivre dans cet état. Et il a continué de faire l’œuvre de Dieu normalement, comme si rien n’était, d’organiser des sorties d’évangélisation avec des absences à domicile prolongées. Il faisait les travaux de ménage de ses propres mains et a donné l’exemple à ses enfants sur la façon dont ils devaient vivre avec leur mère. Grâce à cette formation, les enfants continuent à vivre avec leur mère maintenant, plus de dix ans après la mort d’Atido, sans éprouver de difficultés majeures.
Pour ce qui est de la fin de sa vie, Atido Tito est tombé évanoui le 2 février 2001 à onze heures dans son bureau du Département de l’Evangélisation de la CECA-20 à Bunia, pendant qu’il planifiait l’organisation de la campagne d’évangélisation pour le nord de la RD Congo. Amené dans un hôpital local (Rwakole), il est mort le jour suivant, le 3 février 2001, vers la même heure (11h20), d’une crise de cirrhose de foie, des suites d’une complication relative au cancer de foie. Il était âgé de 65 ans.
Abeka Unim, (version originelle, 2003)
Ung’i Atido, en collaboration avec Guillaume Atido, Nyabong’o Atido, Georges Atido, Uyirwoth Atido (version révisée, décembre 2011)
Sources:
1.Ung’i-I-Lembe Atido, fils de Atido, interview.
2.Ufoyuru ———–, collegue de service de Atido, interview.
3.Nya o Atido, fils de Atido, interview.
4.Atido Kunde, lettre No. EV/20/CECA/0027/81 du 20/08/1981 adressée aux églises de la CECA-20.
La version originelle de cet article, reçu en 2003, est le produit des recherches d’Abeka Unim, étudiant en théologie sous la direction du Révérend Yossa Way. Ce dernier était professeur de théologie et coordinateur de liaison du DIBICA à l’Institut Supérieur Théologique Anglican (Bunia, Rép. Dém. du Congo) ainsi que récipiendaire de la bourse du Projet Luc en 2001. L’article a été révisé en décembre 2011 par Ung’i Atido en collaboration avec Guillaume Atido, Nyabong’o Atido, Georges Atido, Uyirwoth Atido ; présenté par Georges Pirwoth Atido, étudiant en Intercultural Studies-World Christianity, Africa International University/NEGST (Nairobi, Kenya).