Collection DIBICA Classique
Tous les articles créés ou soumis au cours des vingt premières années du projet, de 1995 à 2015.Alexandre, Ayidini Abala
Ayidini Abala naquit le 15 juillet 1927 à Ngibi, collectivité des Kaliko-Omi, territoire d’Aru, province de l’Ituri en République Démocratique du Congo. Son père s’appelait Abala et sa mère Odjia. Ses parents étaient tous païens.
Le père d’Ayidini avait trois dont Odjia, la mère d’Ayidini, était la première. Avec ses deux dernières Abala avait sept enfants. Un jour, pendant que ses deux dernières , avec leurs enfants respectifs, étaient aux champs, un feu de brousse les consuma tous. Cet incident terrifia tout le village, y compris Abala lui-même. Il resta alors avec Odjia, sa première femme qui n’avait pas d’enfants.
Curieusement, maman Odjia devint enceinte et enfanta un fils. Tous les vieux du village vinrent voir le nouveau-né. Ils l’oignirent d’huile, de la tête aux pieds et prononcèrent la prière suivante: “Dieu Créateur, nous te demandons de garder cet enfant que tu viens de donner à notre frère Abala, après la mort de ses autres enfants. Nous prions pour qu’il grandisse et reste en vie.” Après la cérémonie ils donnèrent le nom d’Ayidini à l’enfant, ce qui signifie Dieu-Merci.
Ayidini commença ses études primaires à l’age de quinze ans à l’école primaire protestante d’Adja. Alors que la plupart des enfants de son milieu était hostiles à l’école, Ayidini s’y intéressa. Son but principal était de connaître le français et l’anglais. L’école était organisée par les missionnaires de la Communauté Evangélique au Centre de l’Afrique ( C.E.C.A-20 ), une église fondée par Africa Inland Mission (A.I.M). (Le nombre 20 indique le numéro de cette église au sein de l’Eglise du Christ au Congo ou E.C.C. Cette dernière est une union de toutes les églises protestantes en République Démocratique du Congo.)
L’école distribuait de petits extraits bibliques sous forme de traités aux élèves. Ayidini reçut un traité, en langue bangala, intitulé “Nzela na kondima,” ce qui signifie “la voie de la foi.” En lisant le traité Ayidini fut attiré par le passage de Marc 16:15-18 qui dit: “…Et voici les signes qui accompagneront ceux qui auront cru: en mon nom ils chasseront des démons, ils parleront en langues nouvelles, ils saisiront des serpents, et s’ils boivent quelque poison mortel, il ne leur fera pas de mal; ils imposeront les mains aux infirmes et ceux-ci seront guéris.” Un jour Ayidini demanda à ses autorités scolaires, qui étaient aussi des autorités ecclésiastiques, pourquoi les promesses de ces versets ne se réalisaient pas maintenant. On lui répondit que cela s’était passé uniquement à l’époque de l’église primitive. Insatisfait, Ayidini continua toujours à poser des questions embarrassantes aux enseignants et il finit par être renvoyé de l’école. Rentré dans son village natal des Kaliko-Omi, Ayidini déchira sa Bible et devint en même temps un opposant juré de tous ceux qui prêchaient la bonne nouvelle de Jésus-Christ. Il considéra que la Bible était un livre de mensonge et que, par conséquent, il fallait contrecarrer le travail des évangélistes par tous les moyens, y compris la violence. Avec le groupe qu’il avait formé, il n’hésitait pas à jeter des pierres sur les prédicateurs de l’évangile.
A 18 ans, Ayidini quitta son village pour chercher un emploi. A Watsa il devint le cuisinier de Mr. Van Dolmer, un belge qui travaillait à la Kilo-Moto, une société de mines d’or dans la région nord-est de la République Démocratique du Congo. Pendant la deuxième guerre mondiale, son patron quitta le Congo pour la Belgique et Ayidini perdit son emploi. Après la guerre, il se décida d’aller en Ouganda pour chercher un nouvel emploi.
Arrivé à Kampala, il croisa son ancien patron qui travaillait désormais à l’ambassade de la Belgique à Kampala. Van Dolmer reprit Ayidini pour être son chauffeur.
A Kampala, Ayidini était toujours ennemi des prédicateurs de l’évangile. Un jour il vit une affiche indiquant que T. L. Osborn allait faire une campagne d’évangélisation à Mombassa (Kenya). Le communiqué citait Marc 16:15-18 et précisait que la campagne serait accompagnée de guérisons. Ayidini se décida d’aller perturber cette campagne. Il quitta Kampala le 3 février 1957 avec douze compagnons qui avaient accepté de l’aider à exécuter son plan pour perturber la campagne d’Osborn.
En quittant Kampala, ils avaient pris avec eux la maman Tsibuka, qui était aveugle, pour vérifier si Osborn pouvait la guérir. Maman Tsibuka était la soeur de l’un de ses compagnons. Lorsqu’ils étaient proches du lieu, Ayidini entendit une voix qui dit: “Ayidini, ne combats pas ton Dieu.” Quand il entendit la voix pour la première fois il ne s’en rendit pas compte. Quand il l’entendit pour la deuxième fois, il répondit: “Si c’est toi Seigneur, fais que cette maman recouvre la vue, alors je croirai en toi.” Effectivement, le 10 février 1957, maman Tsibuka recouvra la vue après la prière faite par Osborn. Alors Ayidini fut converti puis baptisé le 22 février 1957 par Osborn dans l’océan indien. Cette date marqua alors le début de son ministère.
De retour à Kampala, il écrivit une lettre de démission à son patron Van Dolmer qui lui coûta huit jours d’emprisonnement. Mais ceci n’eut aucun effet sur Ayidini puisqu’il s’était déjà décidé à servir son nouveau patron, Jésus-Christ.
Ayidini se maria religieusement à la maman Amvuko à Kampala le 4 avril 1966. Ils eurent neuf enfants.
Ayidini prêcha la bonne nouvelle en Afrique, en Europe et en Asie. En République Démocratique du Congo, il fonda une Eglise dénommée “Nzambe Malamu” (Dieu est bon).*
Il mourut en Afrique du Sud en 1997, après une longue maladie.
Yossa Way
*Pour plus de détails sur la fin de sa vie, voir ci-dessous.
Bibliographie
Rev. Pasteur Boloko Tangasa, Ayidini Abala Alexandre yo ozali nani? (Kinshasa: B.E.P.E., 1995).
Cet article, reçu en 2001, est le produit des recherches du Révérend Yossa Way. Celui-ci est professeur de théologie à l’Institut Supérieur Théologique Anglican (Bunia, Rép. Dém. du Congo) et récipiendaire de la bourse du Projet Luc.
Appendice: Ministère et Fin de sa Vie
Après sa conversion, Ayidini commença son ministère directement après son baptême.
Son message se fondait essentiellement sur le salut de l’âme ainsi que la guerison physique. Après le Kenya, il travailla en Ouganda où il implanta trois mille églises locales. Il amena la bonne nouvelle de Jésus-Christ dans d’autres pays tels que le Rwanda, le Burundi, la Tanzanie, l’Ethiopie et le Madagascar. En 1967, il pénétra en République Démocratique du Congo et implanta son église à Kinshasa. Après quelques années, son église se répandit sur toute l’étendue du pays.
Ayidini était un homme de foi et il s’adonnait à la vie de prière avec une forte conviction.
Ayidini est mort en novembre 1996 en Afrique du Sud des suites d’une complication relative à la diabète.
Awachango Unen Bernard
Sources:
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Fala Obiale, cousin d’Ayidini, interview du 20/11/2002 à Bunia.
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Henoc Kabengela, pasteur responsable de la FEPACO à Bunia, interview du 20/11/2002 à Bunia.
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Butchu Thenyi, collaborateur de service d’Ayidini, interview du 25/11/2002 à Bunia.
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Mayalibu Ligili, collaborateur de service d’Ayidini, interview du 28/11/2002 à Bunia.
Ce passage est extrait d’un article, reçu en 2003, d’Awachango Unen Bernard, étudiant en théologie sous la direction du Révérend Yossa Way. Ce dernier est professeur de théologie et coordinateur de liaison du DIBICA à l’Institut Supérieur Théologique Anglican (Bunia, Rép. Dém. du Congo) ainsi que récipiendaire de la bourse du Projet Luc en 2001.