Collection DIBICA Classique
Tous les articles créés ou soumis au cours des vingt premières années du projet, de 1995 à 2015.Bonganga Mosamboko, Alex
Bonganga Mosamboko Alex naquit le 15 janvier 1936 à Yamatumbi, dans le territoire de Bumba, en République Démocratique du Congo. Ses parents, Joseph Bonganga et Marie Matembe, avaient huit enfants, Bonganga étant le quatrième. Avec l’idéologie politique du recours à l’authenticité prônée par le président Mobutu qui exigeait l’abandon des noms occidentaux, Bonganga prit le nom de Mosamboko Momi Wa Likongo dont le sens s’explique par l’anecdote suivante: A l’époque où les Belges soumettaient les villageois aux travaux forcés, en particulier la construction des routes, le plus brave parmi eux était désigné pour diriger les travaux. Celui-ci tenait un bâton dont il se servait pour dégager la rosée matinale afin de frayer le chemin aux autres. Ces travaux qui commençaient de très bonne heure, souvent vers quatre heures du matin, nécessitaient une telle stratégie. Mosamboko Momi Wa Likongo signifie “le brave homme qui dégage la rosée afin que d’autres gens passent sans se faire mouiller.” De même, Dieu se servit de Bonganga pour dégager les obstacles et frayer le chemin pour les différents ministères de l’église.
Tout commença dans sa famille. Bonganga était le seul enfant parmi ses frères et soeurs à réussir dans ses études. Après ses études primaires (1958), d’abord dans une école catholique puis chez les protestants, il poursuivit ses études secondaires dans une école interdénominationnelle des moniteurs à Bolenge, près de Mbandaka, le chef-lieu de la province de l’Equateur. L’Institut Chrétien Congolais de Bolenge était la seule école secondaire de niveau avancé initiée par les missions protestantes pour préparer les futurs enseignants. Les boursiers devaient d’abord être des chrétiens baptisés. Aucun étudiant ne pouvait y avoir accès sans une récommandation spéciale des missionnaires. Bonganga eut le privilège d’être admis en 1958. Son épouse Celestine Tinda l’y accompagna. Pendant ce séjour de quatre ans ils eurent leur premier fils, Bonganga Georges, qui devint, lui aussi, pasteur dans la même dénomination, la Communauté Evangélique de l’Ubangi-Mongala.
Avec cette formation, Bonganga était un des rares chrétiens protestants issus de sa tribu Mbudja de son temps à servir l’église dans des postes importants. Il fut tour à tour enseignant, conseiller, et directeur d’écoles au milieu d’autres tribus (Ngbandi et Ngbaka). A ce titre, il participait activement aux activités de l’église. Bonganga était donc un missionnaire laïc auprès des peuples Ngbandi de la région de Wasolo et Ngbaka de la région de Karawa. Cette partie nord ouest de la République Démocratique du Congo est habitée par au moins vingt groupes ethniques différents avec des traits culturels spécifiques à chaque groupe.
Quand son épouse mourut en 1962, Bonganga se remaria à Léonnie Mongele en 1964. Bonganga fut alors récommandé pour les études pastorales à l’Institut Supérieur de Théologie de Kinshasa (1972-1974). A l’issue de cette formation, il travailla comme pasteur, administrateur d’église, et évangéliste dans plusieurs villages et villes de la région nord-ouest du Congo.
Sa prouesse, son éloquence, et son courage firent de lui un représentant respectable de l’église auprès des autorités de l’état au sein desquelles il devait servir tantôt comme délegué, tantôt comme conseiller, tantôt comme aumônier. De cette manière, beaucoup de fonctionnaires de l’état reçurent l’Evangile. Bonganga avait aussi le privilège d’être la “voix des sans voix.” En effet, beaucoup de prisonniers furent relâchés et spirituellement transformés par suite à ses interventions.
A plusieurs reprises, Bonganga fut la personne indiquée pour défendre la cause de l’église. A l’époque où la dictature battait son plein au Congo et où les partisans du président Mobutu spoliaient les propriétés privées, Bonganga plaida la cause de l’église pour récupérer les concessions, et les biens mobiliers et immobiliers appartenant aux communautés chrétiennes.
En tant qu’évangéliste, Bonganga était un des rares prédicateurs de sa dénomination qui pouvaient prêcher directement en français. Cela lui permit de jouer un rôle de plus en plus important sur le plan national et international. Il fut plusieurs fois délégué aux grandes assises nationales de l’Eglise du Christ au Congo. Il fut également sélectionné pour participer à la conférence annuelle de Evangelical Covenant Church en Amérique en 1984, et au congrès international des évangélistes organisé par Billy Graham à Amsterdam en 1986. Après une formation de neuf mois à l’Ecole Internationale d’Evangélisation à Kinshasa en 1990, Bonganga fraya le chemin pour l’évangélisation des Pygmées de la région de Mombesa, dans la province Orientale. Il fut parmi les délégués de sa dénomination pour explorer la possibilité d’implanter des églises au Congo-Brazzaville en 1988.
Bonganga mourut le 10 Octobre 2001 à l’hôpital de Karawa où il avait servi plusieurs années auparavant comme enseignant (1970-1972) et pasteur (1976-1978). Il laissa un héritage dont les fruits demeurent.
L’héritage de Bonganga Mosamboko
Bonganga était connu pour sa capacité à dégager les obstacles pour frayer le chemin à ceux qui perdaient l’espoir. Dans les relations entre église et état, l’enseignement primaire et secondaire, l’administration de l’église et l’évangélisation des peuples non-atteints, Bonganga allait au devant de ses pairs pour montrer le chemin. Son nom fut attribué à une école professionnelle de menuiserie dans une région où les églises locales souffraient énormément de carence dans le domaine du mobilier (bancs, chaises, tables, etc). Bonganga était le co-fondateur de cette école.
En 1987, un événement horrible se produisit lors d’une campagne d’évangélisation animée par l’évangéliste Bonganga au village Bosende, dans le territoire de Bumba. L’objectif de la campagne était de libérer ce village de l’oppression du fétichisme. Bonganga était assisté par Gordon Christensen, un missionnaire de Covenant Church. En pleine séance d’évangélisation, qui attira des centaines de gens venus de plusieurs villages, un coup de foudre s’abattit sur le lieu. En criant au nom de Jésus, Bonganga se releva et se mit à transporter les quelques blessés à l’hôpital. Cet incident incita beaucoup de personnes à se convertir ou bien à se réengager dans la foi. Certains continuent de servir le Seigneur à plein temps dans différentes églises.
L’évangélisation des marginalisés comme les Pygmées, par exemple, a retrouvé sa place au sein de la Commaunauté Evangélique de l’Ubangi-Mongala et dans d’autres dénominations inspirées par ce dévoué serviteur de Dieu. L’auteur du présent article fut récommandé aux études théologiques par Bonganga, et a travaillé sous sa supervision pendant plusieurs années dans le domaine pastoral et administratif ainsi que dans celui de l’évangélisation.
Fohle Lygunda li-M
Bibliographie
Georges M. Bonganga, réponse au questionnaire, le 10 janvier 2005. Pasteur Georges M. Bonganga est le fils aîné du Rév. Bonganga Mosamboko Alex.
Cet article, reçu en 2005, est le produit des recherches du Révérend Fohle Lygunda li-M. Récipiendaire de la bourse du Projet Luc en 2004–2005, directeur exécutif du Centre Missionnaire au Coeur d’Afrique (www.cemica.org) à Kinshasa (Rép. Dém. du Congo) et coordinateur régional du DIBICA pour l’Afrique francophone.