Collection DIBICA Classique
Tous les articles créés ou soumis au cours des vingt premières années du projet, de 1995 à 2015.Kanku Wankuba Mubensha, Athanase
Kanku Wankuba Mubensha Athanase naquit le 10 octobre 1939 à Luluabourg (aujourd’hui Kananga), au Kasai Occidental, en République Démocratique du Congo. Ses parents Evariste Kuba Mukole et Luluwa Kabuluku eurent sept enfants. Kanku était l’aîné de la famille.
Kanku épousa Mupanga Kasele et leur union produisit cinq garçons et trois filles.
Kanku avait fait ses études primaires et secondaires dans des écoles appartenant à l’église Catholique à Lubumbashi. Malheureusement, il les arrêta en cours de route pour s’occuper du reste de sa famille dont les parents n’étaient plus capables de tenir le coup. Il fut employé dans un magasin géré par les Belges, puis dans une banque.
Il consommait des boissons alcooliques et menait une vie immorale au point qu’on lui donna le sobriquet de “Maître Kangourou.” Devenu populaire dans le milieu des amoureux, Kanku fut désigné président et chef de l’orchestre GECOKE, un groupe musical profane. Plus tard, il fut muté à Kinshasa dans le cadre de sa fonction au sein de la Banque du Congo où il expérimenta des moments difficiles. Impliqué dans un problème financier qui le conduisit jusqu’en prison, Kanku vit sa vie tourner autrement. C’est pendant son séjour en prison qu’il perdit trois de ses enfants.
Il importe cependant de relever que Dieu avait déjà commencé à appeler Kanku dès sa jeunesse, même si, par moments, cet appel s’était quelque peu évanoui dans les méandres de son parcours. A l’âge de cinq ans, Kanku avait eu le songe d’un homme pendu sur la croix ayant les mains et pieds liés et couverts du sang. À sa grande surprise, cette personne eut quand même la force de lui adresser la parole en disant : “Tu seras mon serviteur !” En se réveillant, Kanku trouva du sang sur son propre corps. Sa mère, puis son père, le constatèrent également mais l’enfant n’avait aucune blessure. Ils appelèrent leurs voisins pour qu’ils soient témoins du mystère. Malheureusement les voisins ne furent pas capables de voir le sang sur le corps de l’enfant car il n’y en avait plus. A ce moment-là ni Kanku ni ses parents ne purent saisir ce mystère.
Au cours des années, alors que Kanku vaquait à ses activités professionnelles et culturelles, le Seigneur continuait de préparer un cadre approprié à travers lequel il serait “repêché.” Lors d’un voyage d’affaires au Bénin, en 1967, il fut saisi par une force invisible lors de la grande croisade évangélique animée par l’évangéliste américain Osborne. Il intégra aussitôt un groupe de prière et commença une nouvelle vie vouée à la prière. Trois ans plus tard, Osborne lui demanda de l’accompagner à une autre croisade qu’il voulait tenir à Lubumbashi. La présence de Kanku à cette occasion ne fut pas appréciée par certains en raison de son ancien témoignage connu dans cette ville. Cela rappelle l’expérience de Paul après sa rencontre avec Christ sur le chemin de Damas. Les apôtres de Jérusalem eurent de la peine à l’accepter.
Revenu à Kinshasa, Kanku s’affilia à l’église pentecôtiste conduite par le père du mouvement pentecôtiste au Congo, l’Apôtre Adine Abala. Cette église, connue sous le nom de Nzambe Malamu (Dieu est bon) ou encore par celui de FEPACO (Fédération des Eglises Pentecôtistes en Afrique et au Congo), a utilisé Kanku pendant cinq ans comme le traducteur de l’Apôtre lors de ses prédications. Peu à peu, Dieu se servit de Kanku pour apporter le salut aux incroyants et des guérisons aux malades. Il finit malheureusement par être chassé de cette église par l’Apôtre lui-même. Les raisons de cette expulsion sont liées au rapport que les collègues de Kanku donnèrent sur l’accident subi par l’Apôtre au cours duquel il a failli trouver la mort. Il lui fut rapporté que Kanku en était l’auteur mais soupçon n’a pas été prouvé.
Kanku s’affilia donc à l’église des Assemblées de Dieu conduite par un missionnaire Suisse, Jacques Vernaud. Il fut nommé responsable d’une des églises locales des Assemblées de Dieu. En raison de son charisme et de sa prestation, Kanku fut à l’origine de plusieurs autres églises locales implantées dans la capitale du pays, à Kinshasa. Les trois églises locales des Assemblées de Dieu fonctionnant dans la seule commune de Kinshasa existent grâce à l’initiative évangélique de Kanku. Plus tard, il fut encore victime d’un cas d’accusation selon laquelle il exerçait son ministère sous une force maléfique. Une fois de plus, ce soupçon non prouvé, aux dires de Kanku à ce temps là, lui valut une excommunication sans autre forme de procès.
C’est finalement en 1975 qu’il eut la conviction de commencer sa propre église sous le nom d’Elim. Ce fut une étape très décisive de son ministère. Il entreprit plusieurs voyages missionnaires à travers le pays, prêchant l’Evangile de Christ et guérissant les malades. L’influence d’autres serviteurs de Dieu tels que Osborne, Adine Abala, et Jacques Vernaud marqua la vie de Kanku. Il faut tout de même dire que Kanku avait, dans une certaine mesure, de l’originalité dans ses pensées et actions évangéliques. Son thème-clé s’inspira du songe qu’il eut à l’âge de cinq ans : “L’homme pendu sur la croix, Jésus Christ est vivant et réel.” Son message principal porta sur la personne et l’œuvre de Jésus ainsi que sur l’abondance de la vie chrétienne. Pour lui, celui qui est racheté par Christ devrait jouir du bonheur sur cette terre avant même d’accéder au paradis.
Après sa mort en 1993, il fut succédé à la tête de l’église par son fils aîné Juba Mubengasha qui céda la responsabilité deux ans plus tard à son cadet Révérend Etienne Mubengasha.
Bijou Bontula Mboolo
Sources:
Etienne Mubengasha, interview par l’auteur le 10 décembre 2005 à Kinshasa. Révérend Etienne Mubengasha, actuel représentant légal de l’église Elim, est le fils de Kanku.
Cet article, reçu en 2006, est le produit des recherches de Bijou Bontula Mboolo sous la direction du Révérend Fohle Lygunda li-M, coordinateur régional de DIBICA pour l’Afrique francophone. Mademoiselle Bijou Bontula Mboolo a participé à l’un des séminaires du DIBICA pour le compte de son église.