Collection DIBICA Classique
Tous les articles créés ou soumis au cours des vingt premières années du projet, de 1995 à 2015.Mokili Bolemba Bolema, François
La naissance de François Mokili Bolemba Bolema le 17 juillet 1937, coïncida avec l’événement du retour définitif du Révérend Millman, ancien missionnaire de la Baptist Missionary Society [Société Missionnaire Baptiste] qui avait travaillé au Congo pendant plusieurs années auparavant. Les autochtones avaient donné à ce missionnaire britannique le nom de Mokili qui signifie le monde entier, l’univers ou la terre. Ce même nom sera donc attribué à l’enfant de Kaato Ruben et Wailota en souvenir de l’illustre missionnaire. Le surnom de Bolemba Bolema signifie littéralement sorcier, génie puissant, ou celui qui ne craint pas les difficultés. Mokili était originaire du village de Yaekela, dans le secteur Yawembe, au territoire Isangi, district de la Tshopo, dans la province orientale. Le milieu socio-éducatif dans lequel Mokili a vécu contribua grandement à son caractère. Né de parents chrétiens, il fit ses études primaires à Yalikina, en territoire Isangi, de 1947 à 1953. Il reçut une formation de moniteur à l’école d’apprentissage pédagogique pendant trois ans à Yalemba, territoire de Basoko, de 1955 à 1958. Après ses études secondaires, il exerça la profession d’enseignant de 1956 à 1960.
Mokili a épousé Otakewae Jeanne le 22 décembre 1957, et ils ont eu huit enfants dont deux filles et six garçons. Son fils, John Mokili, travaille aujourd’hui aux États-Unis d’Amérique. Lorsque Mokili fut baptisé en 1960, il entendit l’appel de Dieu et retourna à Yalemba pour ses études pastorales à l’école de théologie (1961-1964). Dès la fin de ses études théologiques en 1964, il fut consacré au ministère pastoral et servit le Seigneur jusqu’à sa mort en 1996.
Fermement attaché à son église baptiste, Mokili a servi le Seigneur dans plusieurs endroits et dans divers échelons hiérarchiques. Il oeuvra d’abord comme responsable d’église locale, puis comme chef de district ecclésiastique, et enfin comme secrétaire régional (surintendant de la province). Il occupa à un certain moment le poste de président de synode provincial de l’Eglise du Christ au Congo dans la province orientale.
Il dirigea l’église locale de Yalikima de 1964 à 1966, une période pendant laquelle la partie orientale de la République Démocratique du Congo était envahie par la rébellion. En dépit de toutes les difficultés, Mokili réussit à organiser des cultes, à administrer le sacrement du baptême, et à célébrer régulièrement la Sainte Cène. Beaucoup d’églises ne pouvaient même pas réaliser ces activités durant cette période de tourments. Son nom de Bolemba Bolema (qui ne craint rien…) se voit justifié dans ces actes. Il organisa aussi la distribution des vivres et des vêtements en faveur des nécessiteux et d’autres déplacés de guerre. Bien des gens de Yalikima se convertirent ou furent raffermis dans la foi suite à son ministère.
En juillet 1966, Mokili se rendit à Kisangani où, une année plus tard, on lui confia la responsabilité de l’église locale baptiste de Kabondo–l’une des communes de Kisangani– qu’il dirigea pendant vingt-cinq ans. Il était ensuite chargé de l’église de Makiso, dans la commune voisine. Sous sa responsabilité, l’église locale de Makiso connut une croissance importante en nombre de fidèles et en patrimoine. L’ancien temple fut agrandi en longueur et en largeur, et deux grandes villas servant d’habitation ont été construites.
En tant que secrétaire régional (1972-1996), Mokili réalisa plusieurs œuvres importantes. On lui doit la construction du bâtiment servant de siège administratif de la région à Kisangani, ainsi que le bâtiment du centre de santé de référence de Kabondo.
Ses nombreux voyages à l’intérieur de sa région, son respect du calendrier établi et sa constance dans la direction des affaires de l’église lui ont valu une grande renommée. Beaucoup de leaders d’autres communautés membres de l’Église du Christ au Congo (ECC) avaient recours à lui pour demander conseil.
Mokili était le premier pasteur de la Communauté Baptiste du Fleuve Congo à introduire les projets de développement communautaire : projets agricoles, projets de construction de bâtiments, de routes et de ponts ; projets éducatifs et sanitaires.
L’influence de Mokili se ressent encore et continue de se manifester de plusieurs façons. Beaucoup de gens ont reçu non seulement l’évangile de sa bouche, mais encore du travail et l’amélioration de leur vie par le biais de multiples projets de développements conçus, exécutés et réalisés par lui. Plusieurs bâtiments tant administratifs que religieux qu’il avait construits restent en témoignage, et font parler de lui jusqu’à présent. Les rapports d’activités qu’il avait produits constituent aujourd’hui une grande source d’information de l’histoire de la communauté Baptiste du Fleuve Congo en général et de la région du Haut fleuve en particulier.
En plus des ses occupations permanentes, Mokili était membre des plusieurs associations au niveau national : comité exécutif national de l’ECC, conseil d’administration de l’Université Protestante au Congo, conseil d’administration du Centre Evangélique d’Edition et de Diffusion (CEDI), conseil d’administration des établissements d’enseignement théologique de la CBFC, Conférence Nationale Souveraine, et encore d’autres. De son vivant, il effectua plusieurs voyages à l’étranger, notamment en Suisse, en Grande Bretagne, en France, en Belgique, et en Jamaïque.
Une crise cardiaque le saisit le dimanche 27 septembre 1996 en pleine prédication, à l’occasion de l’installation d’un nouveau pasteur et de l’inauguration d’une nouvelle église locale. Il mourut trois jours plus tard. Son dernier message était tiré de Jean 3 v.16.
Dieudonné Lotika
Sources:
Jeanne Otakwwae, interview, juillet 2007. Jeanne est l’épouse de Mokili.
John Mokili, interview, juin 2007. John est le fils de Mokili.
James Bangala, interview, juillet 2007. James est le parrain de Mokili.
Archives de la Communauté Baptiste du Fleuve Congo, inédit.
Cet article, reçu en 2008, a été rédigé par le rév. Lotika Dieudonné, Directeur Général de l’Institut Supérieur de Théologie Evangélique et de Développement de Yakusu en République Démocratique du Congo. Il est le coordinateur de liaison de cette institution.