Collection DIBICA Classique
Tous les articles créés ou soumis au cours des vingt premières années du projet, de 1995 à 2015.Molombo Sitdo, Pierre
Molombo Sitdo Pierre naquit en 1917 dans un campement des pêcheurs près de la rivière Mbari, en territoire de Gemena, en République Démocratique du Congo. Ses parents, Kotea et Ivone, étaient de la tribu Ngbaka. Molombo était l’unique garçon parmi ses soeurs. Malheureusement, son père mourut quand Molombo avait moins de trois ans. Sa mère fut prise en mariage par Ngana qui devint le père adoptif de Molombo.
Molombo grandit ainsi dans un contexte d’incertitude de la vie. Conformément à la coutume Ngbaka, il subit le gaza, un rite de circoncision qui durait de six à douze mois et qui servait à initier les jeunes garçons aux responsabilités des hommes. Les parents encourageaient les jeunes à participer à ce rite qui se déroulait dans la brousse. En plus des métiers de la pêche, de la chasse et de l’agriculture, Molombo fut aussi initié aux pratiques de protection contre les esprits maléfiques et on lui apprit les rites pouvant lui permettre d’augmenter la force de protection. Dans sa vie de païen, Molombo était donc très attaché au fétichisme.
Il accepta Christ en 1935 grâce au ministère de Bwande, un évangéliste local qui travaillait aussi comme instituteur. La stratégie de cet évangéliste consistait à enseigner l’alphabet le matin, et à prêcher l’évangile le soir, avec un message qui mettait en évidence la toute puissance de Dieu. La conversion de Molombo, qui étonna plus d’une personne, fut également accompagnée d’un appel à servir Dieu à plein temps. Molombo commença à prêcher avant même de suivre une formation formelle pour le ministère. Avant ses études pastorales, il implanta l’église à Bokuda, un village connu pour ses pratiques mystiques, non loin de la ville de Gemena. Il étendit ses initiatives à Gemena, le siège du district du Nord-Ubangi, où il forma des cellules de prière auxquelles participaient les travailleurs de la société cotonnière et les infirmiers. Ces cellules facilitèrent l’implantation de la première église protestante à Gemena. Molombo rencontra cependant une opposition farouche de la part de l’église catholique et il passa deux jours en prison pour la simple raison d’avoir implanté une église protestante dans un milieu catholique. Son emprisonnement fit cependant croître l’intérêt en la foi chrétienne protestante.
À cause de son dévouement pour la proclamation de l’évangile, Molombo fut recommandé par son église locale pour une formation pastorale d’abord à l’école biblique à Tandala et ensuite à l’institut biblique à Goyongo. Molombo ne resta pas inactif pendant cette période de formation qui était entrecoupée par des stages pratiques pendant lesquels Molombo et à ses collègues proclamaient l’évangile avec un élan spirituel qui libéra beaucoup d’âmes. Par exemple, entre 1951 et 1953, alors qu’il était étudiant à l’institut biblique, Molombo entreprit l’évangélisation des peuples animistes de la région de Badza-Gbaya. N’ayant aucun soutien bien organisé pour son aventure missionnaire, il connut des moments difficiles. Après une période de prière de sept jours à jeûn en préparation pour sa campagne d’évangélisation dans plusieurs villages de la région, Molombo fut surpris par une aide matérielle de la part de Richard Anderson, un missionnaire de Evangelical Free Church. Pour lui, cette assistance était la réponse directe de Dieu à ses requêtes, et donc à son plan d’évangélisation. Sa mission parmi ces peuples animistes fut richement bénie et beaucoup furent libérés des esprits maléfiques ainsi que de leurs fétiches. Des églises furent implantées dans plusieurs villages.
Après sa formation pastorale, Molombo servit l’église d’abord comme pasteur dans plusieurs églises locales et ensuite comme enseignant à l’institut biblique. Son intention était de former des églises locales vouées à l’expansion du royaume de Dieu et de préparer les serviteurs de Dieu marqués par un zèle visible pour l’évangélisation en puissance. Son talent linguistique en six langues lui permit de prêcher l’évangile directement en Lingala, Ngbaka, Ngbandi, Mono, Mbanza, et Lobala. Comme il était attaché aux principes de la spiritualité, Molombo insistait sur la soumission au commandements de Dieu et sur la vie de prière. Toutes les églises locales implantées ou dirigées par Molombo avaient des lieux de prière connus sous le nom de “Gethsémané.” Vis-à-vis des autres serviteurs de Dieu, jamais il ne cessa d’insister sur l’obligation de se garder du péché sexuel.
Molombo épousa Apenge en 1935. Malheureusement, celle-ci mourut de la tuberculose en 1962, et il épousa Deade Florence l’année suivante. Molombo eut au total vingt-deux enfants. Il mourut le 31 mars 2001 à l’hôpital de Tandala à l’âge de quatre-vingt-quatre ans, laissant plusieurs petits-enfants.
Bien que certains le traitaient de légaliste, beaucoup considèrent que Molombo est un des pères de l’église de l’Ubangi-Mongala qui ont su garder le dépôt de la foi chrétienne dans le contexte de libéralisme qui caractérisait l’église après l’indépendance du pays en 1960.
Fohle Lygunda li-M
Sources:
Lonzeke Eyombi, réponse au questionnaire, avril 2005. Pasteur Lonzeke est l’un des pasteurs de la même dénomination que Molombo et le directeur du Centre Missionnaire au Coeur d’Afrique à Gemena.
Molombo azwi mobateli (Molombo reçoit un protecteur), inédit.
Cet article, reçu en 2005, est le produit des recherches du Révérend Fohle Lygunda li-M. Récipiendaire de la bourse du Projet Luc en 2004–2005, directeur exécutif du Centre Missionnaire au Coeur d’Afrique (www.cemica.org) à Kinshasa (Rép. Dém. du Congo) et coordinateur régional du DIBICA pour l’Afrique francophone.