Collection DIBICA Classique
Tous les articles créés ou soumis au cours des vingt premières années du projet, de 1995 à 2015.Nkenge Mayengo, Thérèse
Thérèse Nkenge Mayengo est née en février 1925 à Nkongo Lembolo Nzulu dans le territoire de Mbanza Ngungu, province du Bas-Congo en République Démocratique du Congo. Ses parents, Nkanga Joseph et Mansanga Élisabeth étaient des chrétiens baptistes. Nkenge était la première fille d’une famille de sept enfants. Son père était enseignant à l’école baptiste de Mbanza Ngungu.
Elle se convertit très jeune et fut baptisée à l’âge de 21 ans, le 6 janvier 1946. Juste après son baptême, on la demanda en mariage et le 25 novembre 1946, elle épousa le révérend Wantuadi qui était enseignant. Elle a eu neuf enfants, dont trois filles et six garçons.
En 1953, son mari, Wantuadi a été envoyé en formation à l’école biblique de Kimpese, et après sa formation, le couple a été affecté à la paroisse de Mbanza Ngungu.
C’est à l’église baptiste de Mbanza Ngungu que Nkenge a ressenti le fardeau pour l’œuvre. En 1957, elle a décidé de regrouper les mamans de l’église pour former une chorale de femmes afin de pallier au manque dans ce domaine..
Après beaucoup d’hésitation de la part des membres de l’église pour qui l’idée n’était pas orthodoxe, quelques mamans convaincues que cela venait de Dieu, vinrent voir Nkenge pour partager l’idée. La première chorale commença avec ces huit mamans qui chantaient sans avoir reçu de formation musicale. La chorale grandit pour inclure 120 mamans après seulement deux ans.
Cette chorale a amené un grand réveil à Mbanza Ngungu. Plusieurs femmes sont devenues membres de l’église à partir de la chorale, qui était la première chorale de femmes de la Communauté Baptiste du Fleuve Congo en particulier, et des églises chrétiennes du Bas-Congo en général. Nkenge ne cessait d’exhorter les mamans de la chorale à tenir bon en disant : “Un jour nous allons partir d’ici pour aller là où le Seigneur nous enverra. Prenez donc courage. Cette œuvre est de Dieu. Dieu travaille avec les femmes qui ont la volonté de lui donner leur vie, même sans formation.”
Deux ans après le travail dans l’église baptiste de Mbanza Ngungu, le pasteur Wantuadi et son épouse ont été envoyés une fois de plus en formation à l’école biblique de Kimpese. Nkenge saisit l’occasion pour suivre des cours de musique. Après quelques mois de formation, le couple a été affecté à Kinshasa en 1958, dans la paroisse de Lisala. Là encore, Nkenge est inspirée à créer une chorale de femmes chrétiennes. Il a fallu attendre deux ans pour que cela puisse se concrétiser parce que ce n’était facile de convaincre les femmes de Kinshasa qui trouvaient également que cette idée était “hors vision”.
C’était sans compter la résolution qu’avait Nkenge à réussir son pari, son défi. La première chorale démarra en 1961 avec six mamans, après deux ans de prière pour convaincre les femmes dont les maris étaient également très réticents.
Encore à Kinshasa, le Seigneur a touché le cœur des six mamans qui s’étaient présentées à Maman Nkenge pour lui dire que le Seigneur les avait convaincues à la soutenir dans la formation de la chorale. C’est avec beaucoup de tribulations que la chorale grandit, mais elle grandit de telle manière qu’elle influença les mamans d’autres paroisses de la Communauté Baptiste du Fleuve Congo de Kinshasa à former des chorales de mamans.
La chorale des femmes de Lisala a fait beaucoup de voyages avec maman Nkenge, notamment dans les pays africains (l’Angola et le Congo Brazzaville) et occidentaux (l’Angleterre et la France). Maman Nkenge était une femme zélée et déterminée, voire autoritaire, à qui les autres femmes étaient soumises.
Elle a été consacrée diaconesse le 8 février 1974 dans l’Église Baptiste du Fleuve Congo de Lisala.
Maman Nkenge est morte le 24 octobre 1986 au cours d’un concert musical. Elle était en train d’entonner un solo et sa voix allait en s’abaissant lorsqu’elle succomba sur l’estrade. Elle fut enterrée dans le village de son époux, le révérend pasteur Wantuandi. Après sa mort, on nomma sa chorale “Chorale Maman Nkenge”, pour l’immortaliser.
Deux de ses enfants sont des pasteurs.
Mabasi Tietie Augusto
Sources:
Mayazi Alphonse, interview, mai 2007. Pasteur Mayazi est le frère cadet de Nkenge Mayengo Thérèse.
Mfulu Julienne, interview, mai 2007. Mfulu est la petite sœur de Nkenge Thérèse.
Cet article, reçu en 2008, est le produit des recherches de Mabasi Tietie Augusto, étudiant en missiologie au Centre Universitaire de Missiologie à Kinshasa-R.D. du Congo, sous la direction du Rév. Fohle Lygunda, coordinateur francophone du DIBICA.