Collection DIBICA Classique
Tous les articles créés ou soumis au cours des vingt premières années du projet, de 1995 à 2015.Bavon, Semopa
Semopa Bavon (né vers 1885 et décédé le 1er mars, 1933) est connu comme «l’apôtre noir» de la région de la rivière Giri. Pendant vingt-cinq ans il était le catéchiste catholique le plus important dans la région à l’ouest de Nouvelle-Anvers (qui s’appelle maintenant Mankanza). C’est là qu’il a fait de l’évangélisation, a enseigné, et a œuvré pour organiser l’église, car celle-ci souffrait d’une pénurie de travailleurs européens.
Semopa Bavon est né à Nioki, un village aux bords de la Fumi, situé à environ 50 km à l’ouest du lac Mai Ndombe (l’ancien lac Léopold II). Comme ses parents sont morts, il était parmi ceux que les européens considéraient être des enfants abandonnés, ou encore «orphelins». C’est donc peu avant 1900 qu’un agent qui travaillait pour un commerce à Nioki l’a emmené à l’école coloniale de Nouvelle-Anvers, où on supposait qu’il ferait le service militaire et qu’il apprendrait quelques métiers utiles. Cependant, comme il était extrêmement intelligent et de très bon caractère, le père E. de Boeck l’a retiré de l’école après trois ans de travail exceptionnel. Bien que Semopa ait d’abord travaillé avec le père de Boeck, et qu’il n’avait pas encore atteint ses vingt ans, il a par la suite été envoyé à Bogbonga, à l’est du Congo, pour y servir de moniteur catéchiste.
Peu après, Semopa a été muté à l’ouest du Congo dans la vallée de la rivière Giri, où l’influence des missions protestantes était considérable. Ces missions se trouvaient à Bolenge (à quelques kilomètres au sud-ouest de Mbandaka, sur les rives de l’Ikelemba), à Lulonga (au confluent de la Lulonga et du Congo), et à Bonsambo (à quelques kilomètres au nord de Nouvelle-Anvers).
Les missionnaires catholiques à Nouvelle-Anvers avaient besoin d’un homme intelligent et énergique qui puisse servir de surveillant des catéchistes africains, mais aussi d’un homme capable de contrer l’influence protestante. Pour accomplir cette tâche, c’est vers 1913 que le père supérieur de Nouvelle-Anvers envoya Semopa à Bomana, la ville principale du bas-Giri située au sud-ouest de Nouvelle-Anvers. Semopa était censé en premier lieu établir des catéchistes le long de la Giri, allant de Musa et de Bomboma jusqu’à son embouchure, et en second lieu sur les bancs du bas-Ubangi jusqu’à Irebu. Semopa se déplaça continuellement dans la grande région qu’on lui avait confiée. Il y encourageait et guidait les catéchistes, et notait le progrès tout en gardant le contact avec la mission à Nouvelle-Anvers. Dans l’espace de quelques années il avait pu regagner pour la foi catholique une bonne partie de la population du territoire du bas-Giri, et dès 1922 les catholiques contrôlaient pratiquement quatre-vingts pourcent des villages de la région.
Avant 1910, pendant les premières années de la pénétration européenne, les pratiques coloniales avaient favorisé et intensifié la traite d’esclaves qui était pratiquée par les premiers chefs imposés par l’État Indépendant du Congo. Avec l’aide de l’administration belge, Semopa a pu libérer un grand nombre de ces captifs. Par la suite, il leur a donné de l’enseignement et il les a baptisés.
Grâce à son éducation, Semopa a pu maintenir des liens étroits non seulement avec les esclavagistes portugais mais aussi avec les autorités administratives à Bomana. C’est aussi à Bomana qu’il a servi comme «employé de l’état» chargé des troupes africaines et des catéchumènes. On avait aussi recours à lui pour résoudre les palabres (disputes) entre les divers groupes ethniques à la station [missionnaire].
Comme c’était un homme sociable, Semopa a su intégrer la gentillesse et la fermeté : c’est ainsi qu’il a gagné non seulement le respect mais aussi l’affection des Européens et des Africains. Éventuellement, tous les chefs de village le long de la Giri sont devenus ses compagnons unis par le sang. Son prestige a tellement augmenté que, lorsqu’il se déplaçait à Nouvelle-Anvers pour les grandes fêtes, il était toujours accompagné, comme un grand chef, par plus d’une centaine de bateaux équipés par des catéchistes et des chrétiens venant de l’ensemble de la région de Ngiri. Lorsqu’il arrivait à Nouvelle-Anvers, il était reçu avec faste par son éminence E. de Boeck, par les missionnaires, et par la congrégation chrétienne de la mission-mère.
Quoiqu’il ait donné sa vie pour la propagation de la foi chrétienne, Semopa Bavon a néanmoins pu tirer des biens matériaux considérables de sa position. Il a reçu de nombreux cadeaux non seulement de la part des Africains, mais aussi de la part des Européens : missionnaires, marchands, et représentants de états. En 1925 il possédait, entre autres, un fusil de chasse à calibre 12, chose rare pour un Africain. Il avait accumulé une somme de 30.000 francs avant sa mort, en 1933.
En 1931, à la demande des révérends pères Charles Varhenyen et Dieudonné Brisebois, Semopa a quitté Bomana avec 140 catéchumènes et anciens esclaves pour fonder un «village chrétien» non-traditionnel à Libanda, très près de Bomana. C’est de là qu’il a continué le travail de l’organisation du catéchuménat central de Giri qui avait été entamé en 1928 à Bomana.
Peu de temps après le déplacement sur Libanda, Semopa est mort le 1er mars 1933. Sa femme Moba Georgine (originaire d’Uele, et ancienne étudiante de l’école coloniale à Nouvelle-Anvers) et leurs cinq enfants lui ont survécu.
Mumbanza mwa Bawele na Nyabakombi Ensobato
Cet article est tiré de The Encyclopedia Africana Dictionary of African Biography (In 20 Volumes). Volume Two: Sierra Leone-Zaïre. [Le Dictionnaire Encyclopédie Africana de Biographies Africaines (en 20 volumes). Volume Deux : Sierra-Léone – Zaïre], éd. par L. H. Ofusu-Appiah. New York: Reference Publications, Inc., 1979. Tous droits réservés.