Collection DIBICA Classique
Tous les articles créés ou soumis au cours des vingt premières années du projet, de 1995 à 2015.Bhileti, Sila
Sila Bhileti est né à Adjinga/Aru en 1933. Son père, Afeku, et sa mère, Aziru, vivaient de l’agriculture. Bhileti était le seul garçon et ses parents croyaient qu’il allait mourir comme tous ceux qui étaient nés avant lui, d’où son nom Bhileti qui signifie “à côté du trou.” Sa sœur jumelle reçut le nom Asa qui signifie “j’ai enterré.” Les parents avaient la même idée pour les deux enfants: ils ne pouvaient pas survivre.
Bhileti était beaucoup aimé par ses parents puisque c’était le seul garçon et l’héritier de la famille. Pendant sa jeunesse, Bhileti était un grand buveur d’alcool et préparait lui-même la boisson. Un jour, il tomba en montant dans un arbre pour couper des branches sèches pour préparer la boisson et fut grièvement blessé. Pour lui c’était le “fouet de Dieu.” Après ce jour-là, il cessa définitivement la boisson.
Bhileti ne fit que la deuxième année de l’école primaire. Il abandonna les études pour deux raisons. Ses parents pensaient que les blancs allaient lui faire du mal et sa mère ne voulait pas que son unique garçon aille loin d’elle de peur qu’il ne meurt.
Il se rendit à Bunyoro, Ouganda, pour chercher un emploi et devint cultivateur de tabac. En même temps, il était catéchiste d’une chapelle. Un jour, les prédicateurs du groupe “Wokovu,” le groupe de réveil au sein de Church of Uganda, lui dirent que la culture du tabac était un péché. Il fut touché par cette prédication et dès lors il cessa la culture du tabac et se consacra au service du Seigneur. Il fut baptisé le 31 octobre 1956 à Bunyoro. Il continua à fêter cette date chaque année jusqu’à la fin de sa vie.
Bhileti épousa la maman Oya Salome en 1953. Ils eurent sept garçons et une fille. Bhileti faisait partie du groupe des “Wokovu” en Ouganda. En 1978, lors de la chute du dictateur Idi Amin, il dut rentrer dans son village natal au Congo. En 1980, il commença une Église anglicane dans son village de Leri. Le culte se faisait sous un arbre.
Il était l’un des pionniers de l’Église anglicane dans la région à l’extrême nord-est de la République Démocratique du Congo. Bhileti et ses collègues partirent voir l’évêque du diocèse anglican de Boga pour qu’il étende son diocèse jusqu’à Aru.
De 1981 à 1990, il servit comme évangéliste dans la sous-paroisse de Leri. De 1991 à 1997, il était président des laïcs au niveau de l’archidiaconé d’Aru et en même temps leader du groupe des “Wokovu” dans son milieu.
En 1997, lorsqu’il se rendit à Boga pour le synode diocésain, il tomba malade et on découvrit qu’il était diabétique. Étant maintenant sûr de sa mort prochaine, il donna un montant symbolique de 5000 Ug. shillings (US $2,5) pour le projet d’ouverture du futur diocèse d’Aru. Il est mort le 21 juillet 2000 dans son village de Leri. Lorsque tout le monde se souvient de Bhileti, ils pensent à son courage, sa sagesse, son amour du travail pour le Seigneur, et son esprit de sacrifice.
Kambale Cyrille
Source:
Alio Samuel, pasteur et fils de Bhileti, interview du 12 juin 2004 à Leri.
Cet article, reçu en 2005, est le produit des recherches de Kambale Cyrille, étudiant en théologie sous la direction du Révérend Yossa Way. Ce dernier est professeur de théologie et coordinateur de liaison du DIBICA à l’Institut Supérieur Théologique Anglican (Bunia, Rép. Dém. du Congo) ainsi que récipiendaire de la bourse du Projet Luc en 2001.