Collection DIBICA Classique
Tous les articles créés ou soumis au cours des vingt premières années du projet, de 1995 à 2015.Dubalä, Biru
Biru Dubalä est né en 1899 à Dawro/Bobo, Kulo Konta. Son père est mort avant sa naissance, donc, selon la coutume éthiopienne, le frère de son père a hérité de sa femme. Cependant, son beau-père ne voulait pas de lui, et il a ordonné à un serviteur d’enterrer l’enfant après sa naissance. A l’époque, l’infanticide était pratique courante à Kulo Konta. Un membre de la famille s’est interposé, et la vie de Biru a été épargnée. Comme on lui avait sauvé la vie dès sa naissance, il pensait souvent à sa vie en rétrospective et la comparait à celle de l’enfance de Moïse, car ils avaient tous les deux été sauvés de manière miraculeuse. A cause de cette expérience, Biru sentait dès un jeune âge que Dieu l’avait choisi pour accomplir une tâche spéciale. [1]
En 1909, Menelik II a souffert d’une crise cardiaque débilitante, et de 1909 à 1916, l’Ethiopie était instable et connaissait des troubles politiques. Lij Iyasu, petit-fils de Menelik, a enfin été déposé, et en 1916, l’impératrice Zauditu et le régent Däjazmach Täfäri Mäkonän ont partagé les responsabilités de la direction de l’Ethiopie. En mai de 1910, on a demandé à Ras Wäldä Giorgis, beau-frère de Menelik, de quitter Käfa pour assumer “le contrôle absolu de l’Ethiopie du nord.” [2] Selon la coutume courante de l’époque, lorsqu’un homme puissant s’installait dans une autre province, ses commandants militaires et ses soldats, ainsi qu’un bon nombre “d’esclaves domestiques,” étaient obligés de faire le déménagement avec lui. Biru, qui avait onze ans à l’époque, a rejoint cet entourage et a vécu pendant à peu près deux ans à Gondat [3] avant d’aller vers le sud à Addis Ababa avec quelques prêtres.
En 1916, Biru et beaucoup d’autres personnes vivant à la capitale ont été recrutés pour une campagne militaire qui allait lutter contre le père de Lij Iyasu, Ras Michael, à Sagale, dans les plaines de Sandafa, à environ 80 kilomètres au nord d’Addis Ababa. [4] Biru est rentré sain et sauf de cette bataille sanglante et décisive qui a mis Ras Täfäri Mäkonän au pouvoir. Il s’est provisoirement inscrit dans l’école anglaise du “docteur” Cederquist, qui était dans l’ancien bâtiment de l’église Mekene Yesus à Amist Kilo. [5] À cause d’une réduction de l’aide financière suédoise, l’école anglaise de Cederquist n’a pas pu sponsoriser les nouveaux élèves comme Biru, et il a fallu qu’il retourne au travail manuel.
Les possibilités de travail étaient meilleures au centre ferroviaire de Dire Dawa. Biru a travaillé dans des postes différents pendant six ans dans cette ville commerciale, et il a été exposé à beaucoup de langues et de cultures éthiopiennes et étrangères. En 1922 il est devenu jardinier fiable chez un certain M. Anton de la Mission Evangélique Suédoise Harar. Il a pris des cours à mi-temps, et sa compréhension de la foi chrétienne a grandi. Un jour, un de ses collègues étudiants est mort subitement, et après l’enterrement, Biru a commencé à penser aux “valeurs ultimes” et à ses racines à Kulo Konta. Il est rentré à Addis Ababa (probablement en train) et grâce à ses amis à la Mission Evangélique Suédoise, il a pu contacter le dr. Lambie et le groupe de la SIM [Mission vers l’intérieur du Soudan]. Ils étaient justement en train d’acheter 66 mulets de somme, 20 ânes et 9 chevaux en préparation du voyage initial vers le sud. [6] Biru a été engagé comme un des guides chefs et comme premier muletier. [7] Le fait qu’il parlait anglais l’a rendu très valable à la partie missionnaire, parce que seuls les Lambie étaient déjà venus en Ethiopie.
Clarence Buff a décrit Biru dans une lettre à ses parents datée du 27 février, 1928:
Je suis sûr que certains hommes que nous engageons pour le voyage sont de vrais chrétiens. Certains d’entre eux sont très heureux de nous accueillir et d’aller avec nous pour amener la Lumière dans leur propre pays - Wolamo, Kulo, etc… Hier soir, j’ai été très encouragé et très impressionné par le sérieux d’un homme qui s’appelle Biru. Il est venu à notre tente pour obtenir un Nouveau Testament en anglais, et il a commencé à me parler de son pays, Wolamo [Kula Konta].
Il y a bien des années qu’il a quitté son pays, mais il est très anxieux d’y rentrer et d’aider à créer une langue écrite pour son peuple afin de leur faire connaître le Christ. Il prend des cours dans une des écoles missionnaires suédoises depuis trois ans. Il connaît l’amharic, le galla, un peu d’anglais, et dit qu’il pourrait traduire le wolamo à partir de l’amharic ou du galla. Il dit qu’il aimerait amener quelques frères (c.à.d. compatriotes) aux écoles missionnaires suédoises, mais comme il a eu vent de notre arrivée et de notre intention d’aller vers son pays (Kulo est au sud de Jimma), il est venu vers nous pour faire un travail associé à la caravane. Il pense que Dieu l’a amené jusqu’à nous, et moi aussi, je le crois. Il m’a dit que son oncle est un chef dans son pays…Il m’a dit que si nous allons dans la province de Jimma, les gens ne nous recevront pas car ils ont le livre des musulmans, mais que les gens dans son pays seront heureux de nous accueillir.[8]
Il y a eu une discussion continue parmi les missionnaires pionniers sur le fait d’avoir “perdu le sentier” peu après avoir quitté Addis Ababa. [9] Il est entièrement possible que Biru voulait aller à Jimma en passant par son pays natal de Dawro-Dobo à Kulo Konta. La route qui part d’Addis Ababa les aurait amenés vers le sud en passant par Hosanna et Soddo, pour continuer vers l’ouest jusqu’à Jimma. Dans l’interview de 1979 avec le dr. Eshetu Abatä, Biru déclare par erreur: “Ceux qui avaient les bagages sont allés à Jimma. Le dr. Lambie est passé par Kambatta.” [10] Aucun document de la SIM ne fait la moindre allusion à une division de la caravane - certains allant à Jimma et d’autres à Wälayta. Il est possible que Biru ait voulu diriger et attirer ce premier groupe missionnaire vers sa région natale de Kulo Konta - en passant par Wälayta. En 1965 il a enfin réussi à persuader la mission suédoise BV d’ouvrir une clinique et une école à Kulo-Konta-Bobo. [11] Après, environ une douzaine d’églises luthériennes ont été établies dans ce district.
Bien avant cette époque, les italiens ont expulsé les membres de la SIM de Wälayta en avril 1937. Biru avait donné une aide précieuse aux évangélistes de la SIM comme traducteur et comme guide lors des sorties d’évangélisation à Kulo Konta, Quch’a, dans beaucoup de localités à Wälayta, et jusque dans la capitale de l’Ethiopie, Addis Ababa. Quand les anciens Dayésa, Ch’oramo, et Dästa ont été choisis pour diriger la nouvelle église à Otona peu avant le départ du personnel de la SIM, Biru a dit qu’à l’époque, il prêchait dans le district de Wédé, à quelque distance d’Otona.
En 1931, Biru était en train d’aider George Rhoad à Addis Ababa. Il semble que Rhoad dépendait beaucoup sur Biru comme traducteur et assistant. [12] Du 19 mars au 22 juin, 1931, Biru a accompagné le groupe de George Rhoad d’Addis Ababa à Jimma, à travers les montagnes de Kullo Konta jusqu’à Soddu, et ensuite sur le chemin du retour jusqu’à Addis Ababa. [13] Lors de ce voyage en particulier, Bidu a amené le groupe de Rhoad jusqu’à son village de “Wara” le 18 avril, 1931. Quelques mois avant cela, Biru avait rendu visite à son village natal, mais il n’avait pas été bien reçu. Mais aujourd’hui, tout était différent. Selon Rhoad, Biru était “extrêmement heureux” parce qu’il avait amené ses enseignants. [14]
Biru ne faisait pas partie de la classe d’études bibliques que les missionnaires donnaient trois fois par semaine à Otana, en préparation au baptême. [15] Il semble souligner qu’il a été baptisé avec le groupe initial de dix personnes en décembre 1933 à Otana pour une raison seulement: comme il était leur leader et leur enseignant, il fallait qu’il leur donne l’exemple.
Les gens ont dit, “Nous ne savons pas [comment] entrer dans l’eau. Nous ne serons pas baptisés si Ato Biru, notre enseignant, n’est pas baptisé, lui aussi.” Le missionnaire a décrit la situation en disant [à Biru] “Pourquoi ne pas leur montrer comment faire, en étant baptisé?” Biru a dit: Malgré le fait que j’étais déjà chrétien baptisé, quoique ce soit par l’église orthodoxe, j’ai dit d’accord, et j’ai été baptisé par les missionnaires. [16]
Earl Lewis, un des pionniers de la SIM à Wälayta, a confirmé le fait que Biru “avait déjà fait profession de foi avant de venir ici.” [17] Cependant, Biru n’a pas été choisi comme un des leaders de la nouvelle église, une semaine après le premier baptême. C’était plutôt Desta, Godana et Galcia Awa qui avaient été choisis comme anciens pour diriger la nouvelle communauté. [18] Parmi les trois qui ont été choisis, c’était Desta qui avait le don de la prédication.
Le dr. Percy et Vi Roberts ont rapporté en mai 1934 que lors d’un culte du dimanche matin ou il y avait environ une centaine de personnes présentes, “Biru a fait la prédication à partir du premier chapitre de l’évangile de Jean, versets un à douze, et Percy a dit qu’il s’était très bien débrouillé, pas très long, mais direct et bien appliqué.” [19]
Biru a aidé Walter Ohman à formuler la grammaire de la langue Wälayta. En 1934, il a aidé Earl Lewis et Selma Bergsten à traduire certains textes de la Bible en Wälayta, des textes qu’on a appelés YiMirt’ Qalat. La Scripture Gift Mission, en Angleterre, avait d’abord imprimé un groupe de textes sélectionnés qui s’appelait “Dieu a parlé,” et ils en avaient imprimé cinq cent en Wälayta à Addis Ababa, pour qu’ils soient distribués. [20] En 1933, Biru a aussi passé du temps à Addis Ababa pour aider George Rhoad. Par comparaison avec les éthiopiens dans le sud, il avait probablement passé le plus de temps avec les missionnaires et avait acquis des capacités de leadership valables. Il ne faut pas oublier, non plus, que Biru avait passé plusieurs années dans les écoles missionnaires suédoises, à Addis Ababa et à Dire Dawa. C’était donc un homme bien éduqué, à l’époque!
La machine militaire italienne est arrivée à Soddu le 19 janvier, 1937. [21] Les missionnaires de la SIM ont utilisé la maison de Biru comme centre pour les études bibliques et les réunions de prière. [22]
Les missionnaires de la SIM ont quitté Soddu le 19 avril, 1937, à bord des “camios” italiens, et la situation de Bidu est devenue plutôt incertaine. [23] Avant leur départ, on lui avait donné la responsabilité de garder la station de la SIM à Otona, mais tout cela s’est terminé quand les italiens ont saisi la station. Dayésa et d’autres chrétiens ont encouragé Biru commencer à cultiver un terrain au sud d’Otona. C’est aussi Dayésa qui a arrangé son mariage, à une belle jeune femme. [24] Biru, agissant en “ancien aux portes” respectable, a finalisé les arrangements du mariage de Godana et Beramie en juin 1934. [25] D’autres avaient vu en Biru un leader potentiel de la jeune église Wälayta, qui comptait seulement 49 croyants baptisés. Même si ses racines familiales étaient à Kulo Konta, sa famille spirituelle se trouvait à Wälayta. Juste avant le départ du personnel de la SIM, en avril 1937, Biru a été nommé leader de la nouvelle église par vote unanime. [26] Accompagné d’autres personnes, il a commencé un ministère itinérant très intensif. C’était pendant cette période de gouvernement en transition que Biru et d’autres ont commencé à planifier la construction d’une grande église en pierre près de sa maison à Anka Bosa. [27]
Après l’arrivée de l’armée italienne à Soddu en avril 1937, Biru a continué comme gardien de la propriété de la mission à Otona, et éventuellement, il a été employé par les italiens qui ont emménagé. On ne sait pas combien de temps il a passé dans l’emploi des italiens, mais Wändaro et les autres leaders étaient troublés:
Nous avions régulièrement des baptêmes, et quand nous demandions à Biru de venir nous aider, il ne pouvait jamais venir à cause de son travail. Nous lui avions souvent demandé de nous aider à faire toutes sortes de travail ministériel, mais il n’était jamais disponible à cause de ses responsabilités de travail avec les italiens. Nous avons donc continué à conduire les baptêmes tout seuls. Plus tard, il a arrêté de travailler pour les italiens et nous avons fait le travail de l’évangile avec lui. [28]
Jusqu’en 1939, les italiens ont fait peu attention au nouveau mouvement religieux, mais après le défilé de force militaire dans la ville de Soddu en 1939, les envahisseurs étrangers ont fait une proclamation: “Attention à celui qui rassemble les gens et qui prêche aux gens dans les [domaines du] royaume de l’Italie.” [30] Alors que Biru était dans le district Wälayta lointain de Soré en train de baptiser un groupe de 30 nouveaux croyants dans l’Omo, il a entendu qu’on avait mis le feu à sa maison, que ses Ecritures avaient été confisquées et que sa femme avait été enlevée et mise en prison. Sa tête a été mise à prix, vivant ou mort, pour la somme de 9.000 lires. Biru était dans une situation difficile. Les leaders chrétiens l’aidaient à se cacher, et il allait d’une maison de croyant à une autre chaque nuit. Irbale Goda T’ona, un qalicha renommé qui s’était récemment converti, lui a dit, “Si tu meurs, la foi mourra.” [31] Autrement dit, on l’a encouragé à rester en cachette. Biru a vécu comme un fugitif pendant environ trois mois. De toute apparence, les italiens considéraient que le “mouvement des nouvelles églises” était une force politique qui était contre le gouvernement et qu’il fallait l’arrêter.
C’est à cause de la conjonction de deux événements que Biru s’est finalement rendu aux fascistes. Alors qu’il était toujours en cachette, il a entendu parler d’un autre croyant, Täbo Godata, qui fuyait lui aussi le filet des italiens. Comme Biru, cet homme lui aussi, changeait de cachette chaque nuit. [32] Subitement, cet homme est mort, et Biru a pensé que c’était là un avertissement. Il s’est dit: “ Beaucoup de personnes dans le Nouveau Testament ont été décapitées pour raison de leur foi, et d’autres encore ont été persécutés. Si je meurs, c’est pour Dieu. Jésus est mort pour moi à la croix. Si je vis ou si je meurs, c’est pour le Seigneur.” [33] L’autre événement important, c’est que sa femme avait été mise en prison pendant sa cachette. C’est par crainte pour elle et pour sa vie qu’il a décidé de se rendre aux autorités italiennes dans la ville de Soddo. Alors qu’il entrait à Soddo un prêtre orthodoxe l’a gentiment averti: “Que fais-tu ici en public? Ne sais-tu pas que tu seras tué si on te trouve?” [34] Biru est allé directement au centre administratif italien, prêt à mourir, est s’est rendu. On l’a amené devant le major Bozé, mais celui-ci se sentait quelque peu intimidé par Biru, qui le regardait droit dans les yeux. Il a ordonné à Biru de regarder dans une autre direction. Biru lui a donc tourné le dos et lui a demandé: “Vous voulez que je vous parle ainsi?” [35] Le major s’est mis en colère et a donné l’ordre aux soldats de le gifler et de lui donner des coups de pied. On a soudainement appelé ce major italien à aller rejoindre le combat contre des résistants dans la région de Boloso. [36] Le major Bozé n’est jamais revenu de cette sortie, car il a été tué par une balle des résistants, et c’est ainsi que toute la cruauté qu’il avait infligée à Biru et à ses confrères chrétiens a été vengée.
Pendant la plupart de 1940 et une partie de 1941, Biru et sa femme étaient emprisonnés. [37] Pendant cette période, ils ont connu la maladie, la solitude et la faim. Biru a cependant eu beaucoup d’occasions d’exercer son ministère, parce que “les italiens amenaient des centaines de prisonniers à la prison.” [38] Tous les prisonniers ont trouvé la liberté quand les italiens ont capitulé devant les forces britanniques et les combattants patriotiques éthiopiens.
Quand les croyants Wälayta ont entendu que Laurie et Lily Davison étaient de retour à Addis Ababa, un groupe de quatre personnes est allé voir les conseillers le 4 juillet 1942. [39] Apparemment, un bureau du gouvernement éthiopien délivrait un document officiel qui donnait la liberté de circulation à Kambatta et à Wälayta aux pasteurs et aux enseignants des nouvelles églises. On avait donné à Ato Shäguté une de ces “lettres de permission.” [40] Ato Biru, le leader du groupe de Wälayta, demandait une lettre semblable. Wändaro a rapporté que la question de ces “lettres de permission gouvernementale” était devenue un sujet délicat parmi les croyants Wälayta. Les leaders comme Wändaro et Toro disaient qu’une lettre de permission donnée à Biru n’aurait pour effet que de “provoquer un différend entre l’église Wälayta et la SIM lors de leur retour.” [41]
Selon une note de Lily Davison, le séjour de Biru à Addis Ababa n’était pas simplement consacré à la liberté religieuse. Biru aimerait obtenir plus d’évangiles ou de traités pour son peuple, parce que tout ce que nous y avions laissé à été vendu. Les gens paient quatre birr pour une copie manuscrite de God Hath Spoken [Dieu a parlé], alors qu’avant, elles se vendaient à deux timoons. [42]
Laurie Davison a aidé à faire réimprimer Dieu a parlé ainsi que l’évangile de Marc en gofa, parce que Biru a confirmé que:
…les Walamo ont l’habitude de lire l’évangile gofa comme ils étaient obligés de le faire avant, mais il nous a aussi dit qu’il y a un mouvement assez important parmi les Gamo à présent, et que les Gamo lisent le gofa encore mieux que les Walamo. [43]
Apparemment, l’évangile de Jean qui avait été traduit par Walter Ohman en Wälayta d’après la version en amharic, vers fin 1935, n’était pas acceptable aux italiens. [44] Par conséquent, ils n’ont été ni publiés ni distribués parmi les croyants Wälayta. [45] Biru a été obligé à faire une translittération de l’évangile de Jean à partir de l’écriture amharic vers l’écriture romane. Mais comme l’évangile de Jean en écriture romane avait d’abord été distribuée parmi les étudiants de l’école catholique de Soddu, les croyants associés à la SIM n’avaient pas le courage de le lire. En 1943, Laurie Davis a pu faire envoyer 900 copies imprimées de l’évangile de Jean en Wälayta. Ces évangiles ont été transportés par paquets de vingt-cinq kilos chacun, sur les têtes des transporteurs, jusqu’à Wälayta. [46]
En 1942, Laurie Davison a rejoint son mari Laurie à Addis Ababa. Plusieurs croyants Wälayta, en compagnie de Biru, sont allés leur rendre visite à Gulele.
Je ne pourrais jamais te raconter tout ce que Biru nous a dit à propos du travail. Il est venu ici avec trois autres croyants Walamo qui confirment tout ce qu’il dit, et y ajoutent encore plus de choses. Il n’y a aucun doute que l’œuvre accomplie par Biru est merveilleuse … et il a certainement vieilli en faisant le travail du Seigneur. Il passe tout son temps à traverser la province à pied, à prêcher l’évangile, et à enseigner les jeunes chrétiens. Si quelqu’un n’a pas passé plus d’une année à apprendre les choses du Seigneur, il refuse de les baptiser - ceci dit, un jour il a baptisé cinq cent personnes! Il a des leaders dans la province entière. Ils disent que quand nous sommes partis, il n’y avait qu’une dizaine de chrétiens qui étaient vraiment pratiquants, mais maintenant il y en a dix mille! [47]
D’autres croyants Wälayta avaient rapporté à ces conseillers sympathiques qu’une division était entrée dans l’église parce que Biru insistait sur le jeûne et la prière les vendredis. [48] On avait donc arrangé qu’un groupe de leaders évangéliques comme Qés Mamo Chorka (œuvre presbytérienne à Wollega), Ato Emmanuel Gebre Selassie, de l’église (Suédoise) de Mekane Yesus à Addis Ababa, Ato Shäguté de Kambatta, M. Henry et les Davison puisse se réunir avec les hommes de Wälayta pour tenter d’arriver à une compréhension biblique de la question.
Ils ont discuté le sujet pendant deux heures et ont trouvé que le problème remontait à l’emprisonnement de Biru, lorsque les italiens leur donnaient beaucoup de soucis. Les autres chrétiens avaient décidé de faire du vendredi un jour de jeûne et de prière, de la part de l’œuvre du Seigneur à Walamo. Selon eux, comme le Seigneur avait souffert pour eux le vendredi, c’était maintenant à eux de souffrir pour le Seigneur, et ils trouvaient que c’était très convenable. Selon Biru, il n’avait jamais enseigné que le jeûne était nécessaire au salut, mais tous les chrétiens avaient commencé à le croire, sauf ceux qui s’étaient séparés. [49]
Selon les Davison, cette réunion avait été “d’importance capitale,” parce qu’on y avait ressenti l’unité et l’entente parmi tous ceux qui s’étaient réunis, “et nous avions ressenti que la semence d’une église éthiopienne unie avait été semée.” [50]
Vers novembre 1941, le mouvement avait déjà presque pénétré l’ensemble du territoire Wälayta. En octobre 1941, Shiguté et Sabiru de Hadiya avaient rendu visite aux églises de Wälayta. Ils ont dit qu’il a fallu quinze jours pour pouvoir aller dans toutes les églises et pour voir tout le travail chrétien qui s’y passait. Ils avaient compté soixante-sept églises lors de leur tournée dans les églises Wälayta! Selon eux, certaines assemblées “comptaient plus d’une centaine de personnes, et avaient besoin de cinq à sept lanternes pour les éclairer la nuit.” Ces deux hommes Haliya ont conclu leur rapport élogieux ainsi: “Auparavant, on avait du mal à trouver des croyants, mais maintenant, on a du mal à trouver des incrédules.” [51]
Les deux hommes Hakiya, Shiguté et Sabiru, avaient énormément d’estime pour Biru Dubalä. Laurie Davison rapporte qu’ils ont dit: “Les gens viennent de Maraqo (une tribu anciennement très hostile aux Wälayta) et de Gofa pour recevoir une instruction spirituelle de la part d’Ato Biru, le leader de l’œuvre Walamo. Ils restent de cinq à quinze jours, et rentrent chez eux le cœur rayonnant.” [52]
Dans une interview avec Dana Mäja en septembre 1987, il a confirmé que Biru était un leader capable et efficace de l’église Kale Heywet de Wälayta (KHC). Biru conduisait les cérémonies de mariage, les baptêmes, et donnait même des noms aux bébés. C’était seulement pendant la période de l’emprisonnement de Biru à Soddu, de 1940 à 1941, que Dana Mäja avait conduit quatre cérémonies de baptême, et celles-ci avaient eu lieu dans la nuit. [53] C’était à cause d’une surcharge de travail pendant la période post italienne de 1941 à 1943 que M. Playfair avait recommandé aux anciens de Wälayta de partager le fardeau du leadership avec d’autres personnes. [54]
En juillet 1942, lorsque Lily Davison avait rejoint son mari à Addis Ababa depuis une semaine, un groupe de croyants Wälayta est venu leur rendre visite. Biru était des leurs, et il a fait un rapport sur tout ce qui se passait dans les églises Wälayta.
Dans la période post italienne, Laurie Davison était mieux placé que la plupart des autres membres de la SIM vis-à-vis de Biru, et il a pu mieux faire connaissance. [55] Après 1941, les anglais avaient demandé à Davison de rapatrier l’armée éthiopienne dans leurs régions ethniques. Plusieurs leaders Wälayta du sud qui avaient entendu qu’un ancien membre de la SIM était revenu au pays s’étaient rendus à Addis Ababa pour trouver des conseils spirituels et autres. Parmi ceux qui sont venus trouver la communion fraternelle et les conseils spirituels, il y avait Biru. Les lettres et les rapports des Davison parlent des discussions et de cette communion fraternelle avec Biru. [56]
En 1949, Laurie et Lily Davison ont quitté Addis Ababa pour s’installer à Soddu. Ils ont rédigé le rapport descriptif qui suit sur Biru, le leader de l’église Wälayta, dans les “Notes sur la situation à Walamo”:
Aussi, un rapport comme celui-ci serait incomplet s’il ne mentionnait pas Biru, qui est sans aucun doute le leader de l’église Walamo. Un jour, j’écrirai un rapport plus détaillé, où encore une histoire de l’église Walamo, mais maintenant, je dois résumer. Le caractère de Biru est celui d’un homme irréprochable. Quand on s’oppose à lui, il s’adresse au public de manière dynamique et fanatique, mais ses sermons normaux sont plutôt errants et manquent de pensée claire et de nourriture spirituelle. En général, il s’agit de platitudes et de contre indications. C’est là sa faiblesse principale, et beaucoup de ses contemporains, y compris ceux qui se sont convertis grâce à son témoignage, ont beaucoup plus avancé dans le domaine du leadership spirituel. Ceci dit, on ne peut pas contester le fait que l’église Walamo a grandi autour de Biru et par conséquent, il est vénéré par tout le monde. Dans les réunions de conseil et même dans les réunions publiques, il fait preuve, normalement, d’un esprit dominateur et il insiste absolument à toujours avoir le dernier mot. Il est évident qu’il se soucie du maintien de son prestige. Il chérit l’espoir, un jour, de faire bâtir un “temple” en pierre, avec un toit en tôle ondulée, sur l’emplacement de son église présente, afin de faire mieux que toute autre église Walamo. Dès la défaite des italiens, alors que sa renommée était en plein essor, il a encouragé les croyants à commencer à bâtir ce temple. Les autorités Amharic [Amhara], de manière providentielle, ont mis fin à tout cela avant même que les fondements ne soient posés! Cependant, c’est assez impressionnant de voir le matériel qui a été rassemblé et qui est toujours là, devant l’église présente. Jeudi passé, il nous a supplié de collaborer avec lui pour relancer ce projet. Avant la période pendant laquelle monsieur Playfair et monsieur Roke ont nommé quinze anciens pour lui venir en aide [ils ont imposé les mains sur ceux qui avaient été sélectionnés et Playfair a prononcé une prière particulière pour chacun], Biru avait été obligé de prendre beaucoup de décisions importantes tout seul, et pour ma part, je considère qu’il faut faire son éloge par rapport à la manière dont il a guidé et formé l’église naissante dans ces années de croissance rapide. Je crois qu’en raison de cela, même si nous pouvons déplorer certains traits de caractère chez lui, nous devons soutenir son leadership et son autorité, cherchant toutefois à laisser le dernier mot, petit à petit, au conseil des anciens. En vue de ce que j’ai dit par rapport à son esprit dominateur, il est évident que quelqu’un comme lui aura beaucoup d’ennemis, même parmi les croyants. Par conséquent, je crois que la direction de l’église en général devrait être placée entre les mains de ces hommes honorables que nous avons à présent au conseil des anciens. Il existe une division assez importante dans l’église, et plusieurs petites. J’ai l’impression qu’elles sont surtout fondées sur des disputes privées avec Biru, qui croit à l’unité de l’église - si l’église veut simplement s’unir à lui. Pour m’informer, j’ai beaucoup cherché à trouver pourquoi ces divisions existent, et d’essayer de trouver pourquoi les anciens ne peuvent pas amener les gens à la réconciliation. J’ai conclu que c’est la grande crainte de Biru qui empêche les anciens de parler librement sur les questions concernant celui qui, pour eux, est “l’oint du Seigneur.” Tant que les questions n’ont rien à faire avec lui, même si elles sont difficiles, les anciens semblent pouvoir les résoudre rapidement. Je crois donc qu’on devrait introduire le vote secret aux réunions d’anciens. Je connais leur mentalité, et je crois que ce système leur serait acceptable. Néanmoins, c’est là un problème de fond qu’il faudra laisser à mon successeur. [57]
Il faut se demander si le missionnaire Davison (qui agissait peut-être plus dans sa capacité d’officier militaire anglais?) allait au-delà de l’autorité de ses prérogatives dans sa recommandation de limiter certaines activités de Biru. Pourtant, il semble qu’il existe une certaine autorité spirituelle que l’on accorde à quelqu’un qui est en dehors de l’église, et que cette autorité peut s’exercer de manière légitime auprès d’une jeune église. Cela semble s’accorder à ce qu’a fait l’apôtre Paul dans le rôle qu’il exerçait parmi les nouvelles églises en Asie mineure. Eventuellement, l’église Kale Heywat de Wälayta (KHC) a adopté et a mis en pratique les changements que Davison avait recommandés. En tout cas, le conseil des anciens de la KHC est à la tête des affaires de l’église présente. Il semblerait donc que les remarques de Davison vis-à-vis de Biru étaient justes et objectives, et que ses paroles s’accordaient avec ce que l’église Wälayta KHC vivait.
Il fait aussi aborder la question suivante: pourquoi donc Biru n’a-t-il pas continué à diriger l’église Wälayta KHC après le retour des missionnaires de la SIM à Wälayta en 1945? Quand on a demandé à Wändaro pourquoi Biru avait quitté le groupe principal de l’église Wälayta KHC pour commencer à s’intéresser à la mission suédoise BV, il a répondu que Biru n’était pas content [du niveau] de la permission par laquelle l’église Wälayta pouvait opérer. Quand les Ohman sont revenus à Wälayta en juillet 1945, des centaines de croyants Wälayta sont venus à la maison qu’ils louaient à Soddu. [58] On a dit à Walter Ohman que Biru était en train de négocier une espèce de lettre de permission avec le gouverneur Wälayta, Däjazmach Bahole. Les quinze anciens t’ärap’éza n’étaient pas heureux de ne pas avoir été consultés. Selon Ohman, “Les quinze [anciens] et moi avons dit à Biru très fermement que nous ne voulions pas casser avec lui, mais que nous ne pouvions pas l’accompagner dans cette autre affaire.” [59] Deux semaines après, lors de la réunion mensuelle des anciens, Biru a tenté une fois de plus d’obtenir de la part de ses collègues l’approbation de continuer de fonctionner, avec l’église, comme entité reconnue. Les anciens ont complètement refusé de le soutenir. [60] Apparemment, la question était devenue urgente vers février 1946, lorsque les quinze anciens t’ärap’éza ont décidé “qu’ils ne pouvaient plus travailler avec lui.” [61] Peu après, il a établi son rapport avec la mission suédoise BV, ses anciens amis, ceux qui l’avaient amené à la foi chrétienne quelque vingt ans auparavant. L’argument de Wändaro et d’autres anciens Wälayta était que l’église Wälayta KHC avait l’intention de travailler avec la mission pour faire le travail de l’évangile, mais pas avec le gouvernement. [62] C’est après tous ces événements que Dana Mäja a été élu dirigeant de l’église Wälayta KHC.
Biru a continué à avoir un rapport amical et cordial avec l’église Wälayta KHC et plusieurs missionnaires de la SIM, même s’il était en communion avec les luthériens suédois. Sa fille a épousé le fils de Dana Mäja, et les deux leaders d’église ont ainsi été unis pour faire partie de la même famille. Pour montrer son respect et l’appréciation qu’il avait pour la SIM, Ed et Edna Ratzliff ont été invités à faire une élocution dans l’église en pierre de Biru à Anka en mai 1959, et ils ont dit, “L’église était pleine et les gens s’assoyaient aussi dehors. On a eu un très bon culte.” [63]
Biru Dubalä est mort en avril 1991. L’héritage qu’il a laissé à l’église Wälayta est celui d’un leadership discipliné. Même si ses racines n’étaient pas à Wälayta, il a suivi la tradition bien établie du leadership qui vient de l’extérieur, comme celui de la dynastie Tigrai. Il a bien servi sa propre génération, et il l’a fait aussi bien que possible. Il avait des conflits avec des hommes plus jeunes à Wälayta, et avec le leadership de la SIM. Apparemment, sans le savoir, les missionnaires de la SIM ont sapé son autorité lors de leur retour au pays suite à l’occupation italienne. Etait-ce la faute du personnel de la SIM ou simplement la réalité du paradigme de changement de leadership? La réponse n’est pas évidente. On sait que certains districts de Wälayta n’étaient pas d’accord avec la politique stricte et dictatoriale de Biru. Le changement était inévitable.
En dépit de cela, Biru Dubalä a agi comme un vrai berger du troupeau lors de la période difficile de l’occupation italienne. Arébo, un des dix premiers croyants à être baptisé en 1933, a écrit cette lettre bienheureuse aux Ohman, qui avaient été obligés de quitter l’Ethiopie pour le Soudan, vers la fin de 1937. La lettre décrit bien Biru, un leader charismatique:
Réunis chez Biru, nous avons tous passé un Noël heureux ensemble. La maison était toute décorée de fleurs. Biru avait écrit sur un grand papier: ‘C’est un jour heureux: c’est l’anniversaire de Jésus.’ Nous étions quarante-cinq croyants réunis, et on a mangé ensemble, chanté, prié, prêché. Les femmes avaient toutes fait du pain et des petits gâteaux et les avaient amenés, et ensuite, dans la matinée de Noël, elles avaient fait du wat’ (un plat indigène, de viande). Deux hommes avaient contribué les moutons pour le wat’ et un autre avait amené du sucre de la ville. Le café était tellement bon, sucré. Chacun a fait quelque chose, et c’était un jour très, très heureux. Tout le monde était tellement heureux que Jésus les avait sauvés et qu’il était mort pour leurs péchés. [64]
E. Paul Balisky
Notes:
-
Eshetu Abaté, “Ato Birru Dubbale,” interview conduit par Eshetu Abaté, le 20 août 1979, p.1. Biru pense qu’il a été sauvé de l’infanticide “comme Moïse.”
-
Harold G. Marcus, The Life and Times of Menelik II: Ethiopia 1844-1913 [L’ère de Menelik II: l’Ethiopie 1844-1913] (Londres, 1975) pp. 246-247.
-
Eshetu Abaté, “Birru,” p.1. Selon l’interview, Birru avait “à peu près sept ans” quand il a fait le voyage jusqu’à Gojam.
-
Marcus, Menelik, p. 280; Eshetu Abaté, “Birru,” p.?
-
Gustav Arén, Evangelical Pioneers in Ethiopia: Origins of the Evangelical Church Mekene Yesus [Les pionniers évangéliques en Ethiopie: les origines de l’église évangélique Mekene Yesus], (Uppsala, 1978) p. 437. Selon la note 349, 50 étudiants étaient inscrits entre 1916 et 1918.
-
Helen H. Wilmott, The Doors Were Opened [On a ouvert les portes], (Londres, c. 1960) p.35. Voir aussi Eshetu Abaté, “Birru,” p.3.
-
Eshetu Abaté, “L’origine et la croissance du christianisme évangélique à Wollaytta.” Thèse de fin de cycle d’études présenté à la faculté de théologie Mekene Yesus, Addis Ababa, 1980. La p. 9 indique que Desta aussi était un des guides, et qu’il avait un document officiel en provenance du bureau du Ministre des Affaires Etrangères, Belata Géta Hirur.
-
Clarence W. Duff, Cords of Love [Liens d’amour], (Phillipsburg, 1980) p. 31. A.G.H. Quinton, Ethiopia and Evangel [L’Ethiopie et l’évangile] (Londres, 1949), Biru y est décrit comme étant “pas très vif, borné” mais “l’instrument choisi de Dieu” p. 46.
-
F. Peter Cottrell, Born at Midnight [Né à minuit], (Chicago: Moody Press, 1973) p. 24. Mais il faut aussi voir Clarence Duff (ci-dessus) pp. 39, 40, 49. Walter Ohman, un des “garçons COD [paiement à la livraison]” de ce voyage initial, a dit, dans une lettre datée du 15 février, 1961 à Raymond Davis: “Le chef de la caravane servait aussi de guide pour le groupe, et il avait juré qu’il n’y avait pas une seule route dans le pays qu’il ne connaissait pas. Cependant, seulement quelques jours après, le dr. Lambie était conscient du fait que nous n’étions pas sur la route de Jimma.” Etait-ce un choix pris par les guides? Probablement. Voir Quinton, ci-dessus, p. 49, où il cite le guide principal, Biru, “Je prie depuis longtemps que vous puissiez venir chez mon peuple avec l’évangile, et je craignais que vous iriez vers l’ouest [Jimma] et que vous n’iriez pas chez eux.” Après être arrivé à Jimma en avril 1939, George Rhoad, enthousiaste, a écrit: “C’est le jour que nous attendons depuis plus de quatre ans. Avant que la Mission des frontières de l’Abyssinie [Abyssinian Frontiers Mission] ne soit fondée, le dr. Lambie avait son besoin à cœur et avait lutté [dans la prière] avec Dieu pour qu’elle soit occupée pour le Christ…Jimma, en raison de son besoin particulier (étant très populeuse et rapidement en voie de devenir Islamique) et aussi en raison de sa position stratégique par rapport à la vaste région vierge vers le sud ouest, avait toujours été mise en avant lors de la planification.” Dans “To the Uttermost Parts,” [Jusqu’aux régions les plus lointaines] The Evangelical Christian, décembre 1931, p. 702.
-
Eshetu Abaté, “Birru,” p.3.
-
Département [de la] MYS-TEE, 1989, “L’histoire du Christianisme en Ethiopie,” (Addis Ababa, 1989) p. 137.
-
Earl Lewis parle d’un certain Hapte Wolde, qu’on avait donné à George Rhoad, qui était “interprète très fin. On l’avait donné au dr. Lambie à cause de cela.” Hapte Wolde était à Wälayta jusqu’à mi 1929. Selma Bergsten, Earl Lewis, Raymond Davis, transcription d’une interview, p.24. Voir aussi Eshetu Abaté, “Origine et croissance,” p.18.
-
Voir le récit dans George W. Rhoad, “Wayside Jottings,” [Notes au bord de la route] un témoignage de la “Deuxième poussée vers les frontières sur la route direction sud ouest à travers la province de Jimma, mars-juin 1931.” Photocopie dans les Archives de la SIM, Toronto, p.17.
-
Ibid.
-
Selma Bergsten, Raymond Davis et Earl Lewis, “Interview” 1961, Soddu (Archives de la SIM) p.20. Biru a du rentrer à Wälayta début 1933.
-
Eshetu Abaté, “Birru” p.5. Voir aussi Davis, Fire on the Mountains [Le feu dans les montagnes] p.73, et Cotterell, (voir titre à la note no.9), p.69.
-
Selma Bergsten, Raymond Davis et Earl Lewis, interview transcrit, p.16.
-
Op. cit. p.13.
-
Violet et Percy Roberts, “Soddu News, First Edition” [Nouvelles de Soddu, première édition] lettre de prière envoyée par les Roberts, le 20 mai 1934.
-
Bergsten, Davis, Lewis, “Interview” pp. 27,28.
-
Dr. Percy et Vi Roberts, “Soddu Diary” [Journal de Soddu], p.? Eshetu Abaté, “Origine et croissance,” p.20.
-
Ibid. Voir aussi la lettre aux Ohman sur une fête de Noël.
-
Roberts, “Journal” p.?
-
Elle figurait parmi les candidats de la première classe de baptême de 1933. Elle a été reléguée, avec environ 13 autres personnes, au baptême suivant, qui a eu lieu en juillet 1935. Voir la lettre de dr. Percy et de Vi Roberts à leur famille, le 25 juillet 1935.
-
Vi Roberts, “Nouvelles de Soddu, troisième édition,” le 13 juin 1934, p.2.
-
Eshetu Abaté, “ Origine et croissance,” p.22.
-
(…?) Markina Mäja se souvient d’avoir gardé la maison de Biru Dubale la nuit, et d’avoir porté des pierres tous les mardis pour la construction de cette grande église. Cela a du se passer vers 1942 ou 1943. Markina Mäja, Autobiographie p.98.
-
Wändaro Däbäro, interview avec l’auteur, le 10 septembre 1987, (collection privée de l’auteur), Vol. IV, p.248.
-
Cotterell, p.112.
-
Eshetu Abaté, “ Birru,” p.5.
-
Op. Cit. p.6.
-
Op. Cit. p.9.
-
Ibid.
-
Ibid.
-
Eshetu Abaté, “ Birru,” p.7.
-
Markina Mäja affirme que l’insurrection rebelle était dans la région de Boloso. Eshetu Abaté, “ Birru,” p.5, la place au mont Damota.
-
Eshetu Abaté, “ Origine et croissance,” p.21, 22 dit que Biru était le seul et unique leader qui avait été élu avant que les missionnaires ne quittent Soddu le 17 avril 1937. Selon Davis, (voir réf. Note no. 13), pp.73, 115, c’était les autres comme Dästa, Diésa et Godana qui étaient les premiers leaders en 1933. Il semblerait que Biru a eu un rôle de leadership plus fort après 1935. Dans la lettre du 12 septembre 1961, de Lewis à Raymond Davis (p.11), le nom de Biru ne figure pas parmi la liste des leaders Wälayta qui sont restés à Addis Ababa pendant six semaines avant le départ de l’équipe de la SIM en 1938. Mais, voir aussi Davis (réf. Note no. 13), p.107, ou il dit que Biru était élu leader par “le choix unanime” du vote secret qui a été fait par les croyants de Soddu juste avant le départ des missionnaires en avril 1937. Biru n’a jamais connu les corrections sévères qui ont été infligées à ses collègues Wändaro, Loliso, Lolamo et aux autres. Eshetu Abaté devait être mal informé quand il a dit que Biru et sa femme, Ebamé Ando, “avaient reçu des corrections sévères.” “Origine et croissance,” p. 37.
-
Eshetu Abaté, “ Birru,” p.8.
-
Lt. L.A. Davison à Eric et Sylvia Horn, le 18 décembre [date illisible] “J’ai rencontré beaucoup de nos anciens amis [illisible] …de Dieu va très bien partout, sauf à Marako.” Laurie Davison, nommé lieutenant, a été affecté à la commande de l’est de l’Afrique et au poste d’Addis Ababa en septembre 1941.
-
Lily Davison, lettre à Eric et Sylvia Horn, le 5 juillet 1942 (Archives de la SIM, Toronto), p.2.
-
Wändaro Däbäro, interview avec l’auteur, le 10 septembre 1987, Vol. IV, (collection de l’auteur), p. 232.
-
Lily Davison, lettre à Eric et Sylvia Horn, le 5 juillet 1942 (Archives de la SIM, Toronto), p.2.
-
Ibid.
-
Le dr. Percy et Vi Roberts, lettre aux personnes qui donnent du soutien financier, le 1 septembre 1985 (?) dit, “À présent, m. Ohman traduit l’évangile de Jean en Walamo, alors nous sommes heureux.”
-
Selma Bergsten, Raymond Davis et Earl Lewis, interview transcrit, p. 29. C’est Laurie Davison qui s’est occupé de ce transport de portions des Ecritures vers Wälayta. Voir aussi Lily Davison, (lettre réf. Note no. 40) p.3.
-
Selma Bergsten, Raymond Davis et Earl Lewis, interview transcrit, p. 29. Marcella et Walter Ohman, dans une lettre adressée à ceux qui prient pour eux, le 17 septembre 1943, p.2, fait savoir à ceux-ci que “L’évangile de Jean en Walamo, qu’on nous a permis de traduire, est maintenant sur le chemin de Walamo.”
-
Lily Davison, lettre à Eric et Sylvia Horn, le 5 juillet 1942 (Archives de la SIM, Toronto), p.2.
-
Lily Davison, lettre de nouvelles, le 11 décembre 1941, confirme que les croyants Wälayta étaient troublés par l’enseignement de Biru sur le jeûne. “Ils disent aussi qu’il interdit à ses adhérents de dire ‘asham’ aux gens qui travaillent. Il enseigne plusieurs autres choses bêtes…néanmoins, il fait du bon travail, et beaucoup de gens s’orientent à Dieu grâce à lui.” Mais pendant la persécution à Wälayta en 1989, “l’église avait déclaré que tous les vendredis, les églises doivent conduire des réunions de prière qui vont du lever du soleil jusqu’à 14 heures, dans le jeûne et la prière.” Le dr. Bruce Adams au dr. Ian Hay, le 21 août 1989.
-
Lettre de nouvelles de Lily Davison, le 11 décembre 1941, p.3. Voir aussi Guy W. Playfair, Trials and Triumphs in Ethiopia [Les épreuves et les triomphes en Ethiopie] (Toronto, 1943) p. 24, où il fait allusion au même incident de la prière et du jeûne. Le prophète Esa avait déjà encouragé le jeûne du vendredi en 1920. Voir aussi le compte-rendu complet de cette discussion dans le “Rapport du congrès tenu à Addis Ababa le 5 juillet, 1942, présidence de L.A. Davison.”
-
Lettre de nouvelles de Lily Davison, le 11 décembre 1941. Voir aussi Olav Saeveräs, On Church-Mission Relations in Ethiopia 1944-1969 [Sur les rapports mission-église en Ethiopie 1944-1969] (Uppsala, 1974) p. 39, où on cite Ato Emmanuel Gebre Selassie: “Les troubles [autrement dit, le refus de la coopération] ont commencé quand les missions sont arrivées.”
-
Laurie Davison, “Gleanings” [Glanures] dans News from Ethiopia [Nouvelles de l’Ethiopie], 26 novembre 1941 (Archives de la SIM).
-
Ibid.
-
Dana Mäja Mädäro, interview avec l’auteur le 8 septembre 1987, au centre KHC de Wälayta (collection de l’auteur) pp. 148,149.
-
L.A. Davison, “Notes sur la situation à Walamo,” mai 1945, p.5.
-
Lily Davison, lettre à Eric et Sylvia Horn, le 5 juillet 1942, p.3. Cependant, Biru a baptisé Gafato Koysha, qui avait été converti grâce à Toro, trois mois après sa confession de foi. On disait à propos de Gafato, “Pour lui, pas besoin d’attendre plus longtemps. Il connaît le Seigneur. Il est vraiment croyant!” Selma Bergsten, transcription d’un enregistrement, p. 79.
-
Op. Cit., p. 2.
-
L.A. Davison, “Notes sur la situation à Walamo,” 1945, (Archives de la SIM, Toronto) pp. 4,5.
-
Walter et Marcella Ohman, à “nos amis et ceux qui prient pour nous,” 15 août 1945.
-
Lettre de Walter Ohman à Alfred Roke, 1 décembre 1945.
-
Lettre de Walter Ohman à Alfred Roke, 15 décembre 1945.
-
Lettre de Walter Ohman à Alfred Roke, 9 février 1946.
-
Collection privée de l’auteur, Vol. IV, p. 232.
-
Ed et Edna Ratzliff, Letters from the Uttermost Parts of the Earth, [Lettres en provenance des régions les plus lointaines de la terre] publication privée, Canada, 1987, p. 324.
-
Walter et Marcella Ohman, “Lettre aux amis et aux partenaires dans la prière,” 5 novembre 1937.
Cet article, qui a été reçu en 1995, fait partie de la thèse de Doctorat du dr. E. Paul Balisky, reproduite avec permission de l’auteur. Le dr. Balisky était Coordinateur de Liaison du Collège Evangélique de Théologie à Addis Ababa. Il est membre du Comité Consultatif du DIBICA.