Collection DIBICA Classique
Tous les articles créés ou soumis au cours des vingt premières années du projet, de 1995 à 2015.Tewoflos (B)
Le patriarche Tewoflos était le deuxième patriarche éthiopien, mais le premier patriarche à être ordonné en Éthiopie. Il a servi son pays comme leader spirituel pendant vingt-huit ans. Il a été tué par le régime Dergue en 1979, et il est considéré martyr de l’église éthiopienne orthodoxe.
Meliktu est né en 1910 à Debre Elias, dans la province de Gojjam. Son père s’appelait Welde Mariam (Jemberie) Wubie et sa mère s’appelait Zertihun Adelahu. Meliktu est allé à l’école dans sa ville natale et c’est Merigegata (“Maître guide”) Aredahegn qui lui a appris à lire les Psaumes. Il a fait l’étude des chansons (Zema) avec Grageta (“Maître de gauche”) Salihu Negussie. Ensuite, il a continué ses études de Qene (poésie) et de ce qu’on appelle maintenant l’herméneutique biblique, ainsi que l’étude d’autres livres spirituels sous un memhir (“enseignant”), une autorité connue dans l’enseignement de ces sujets. Éventuellement, Meliktu a obtenu son diplôme et il est devenu memhir lui-même.
En 1927, Meliktu a quitté sa maison pour aller à Addis Ababa, où il a continué ses études de l’interprétation du Nouveau Testament et des Fitha Negest (“Chroniques des Rois”) sous l’autre autorité éthiopienne dans ces domaines, qui s’appelait Memhir Haddis Telke, et qui a été ordonné évêque Yohannes par la suite. Ayant terminé ces études, Meliktu était maintenant prêt à enseigner et à former de nombreux diplômés qui seraient utiles à l’église. En même temps, il a fait l’étude de l’anglais, de l’italien et de l’arabe.
En 1937, Meliktu est allé à Debre Libanos, où se trouve le Monastère Abuna Tekle Haimanot, et il s’est voué au service de Dieu en devenant moine. Quatre ans plus tard, Abba Meliktu était parmi les vingt candidats choisis par l’empereur Haile Selassie I pour étudier l’anglais. L’empereur voulait moderniser l’église éthiopienne orthodoxe et donner à son clergé la possibilité de communiquer avec les gens et le clergé des autres églises du monde. Abba Meliktu était un des seuls à finir ce programme d’étude de langues, car la plupart des autres candidats ont petit à petit laissé tomber. Par la suite, cette école de langues a fait partie du Ministère de l’Éducation et a été appelée l’école théologique de la trinité du monastère de la trinité. C’était le premier collège théologique en Éthiopie.
En 1942, Abba Meliktu a été nommé directeur de ce collège théologique où il était aussi enseignant. Trois ans plus tard, l’empereur a changé le nom du monastère de la trinité, qui s’appela désormais Menbere Tsebaot Qidist Sellasie Trinity (“Résidence ou Siège de la Toute-Puissante Sainte Trinité”) et Abba Meliktu, qui était directeur, a reçu le rang de Liqe Siltanat (“Autorité suprême” - peut-être équivalent au titre de professeur), un titre qui, par la suite, a toujours précédé son nom. Le jour de sa nomination, lors de la cérémonie, l’empereur lui a donné une couronne dorée et une toge.
En avril 1943, les églises d’Éthiopie et d’Alexandrie se sont mises d’accord pour ordonner des évêques qui viendraient du groupe de moines aînés de l’Éthiopie. Le 27 avril 1946, avec la permission de l’empereur, Liqe Siltanat Meliktu était du groupe des cinq personnes nommées et élues par vote unanime au rang d’évêque. Il a été envoyé en Égypte pour être ordonné en compagnie des quatre autres futurs évêques. Mais, pour diverses raisons, la nomination a été remise pour une période de deux ans, et les cinq candidats sont rentrés chez eux.
Néanmoins, le 23 juillet 1948, les cinq candidats sont retournés à Alexandrie pour recevoir l’onction d’évêque de la part du patriarche Yosab d’Alexandrie. Liqe Siltanat Meliktu a pris le nom Tewoflos et a été nommé évêque de la province de Harar, et l’église d’Alexandrie a nommé Abuna Baslewos patriarche de l’église éthiopienne. En 1950, avec la permission du synode de l’église orthodoxe éthiopienne et la bienveillance du patriarche Baslewos, Abuna Tewoflos a été nommé vice patriarche et a été délégué au patriarche Yosab d’Alexandrie selon l’accord qui avait été conclu par les autorités de ces deux églises.
Pendant son séjour à Harar, Abuna Tewoflos est arrivé à obtenir l’utilisation d’une grande salle de réunion de la part de l’empereur Haile Sellassie I, où les étudiants des sept écoles et de l’institut de formation des éducateurs à Harar pouvaient tous venir apprendre la doctrine de l’église orthodoxe éthiopienne. Ceux qui sont venus ont été éduqués par de nombreux enseignants qualifiés de la Bible. Bien des années plus tard, alors qu’il était directeur du collège de la trinité, Abuna Tewoflos a montré à quel point sa vision du service pour l’église orthodoxe éthiopienne était prévoyante, car il a formé beaucoup de personnes qui sont devenus enseignants, chercheurs, leaders d’église et ministres ordonnés dans l’église. De nombreux diplômés de ce collège ont été envoyés outre-mer pour recevoir plus d’éducation et beaucoup de ceux-ci sont maintenant au service du pays et de l’église dans des postes divers (2004).
En plus de son travail dans le domaine de l’éducation, Abuna Tewoflos a voyagé à pied et à cheval aux provinces avoisinantes pour faire de l’évangélisation pendant qu’il était évêque de Harar. Petit à petit, le nombre de croyants à Harar a augmenté et douze églises modernes ont été bâties dans cette province avec le soutien financier de l’empereur et du peuple Harar. Pour s’ajouter à cela, Abuna Tewoflos a aussi fait bâtir un nouvel institut de formation modernisé pour les moines, les prêtres et les diacres à Harar, et il a aussi entrepris la rénovation des anciennes églises de la ville. En plus, il a établi une association spirituelle qui s’appelait Kesate Berhan (“Émission de lumière”). Avec l’argent des cotisations de membres de cette association, il a ouvert une bibliothèque à Harar où les gens pouvaient venir lire et apprendre, sans payer de frais. Lors de son effort d’évangélisation dans la province de Bale, il a baptisé vingt-quatre mille personnes qui se sont converties à la foi orthodoxe, soit en quittant la foi Awama, soit les autres religions, en 1956 et en 1957.
Comme vice patriarche, il a voyagé dans divers pays pour établir de nombreuses églises éthiopiennes orthodoxes et il a accompli sa mission apostolique en amenant cette église dans de nombreux pays. Il aura voyagé, entre autres, aux Etats-Unis, au Trinidad, au Togo, en Guinée Britannique et au Soudan.
Le gouvernement lui a donné du soutien financier pour l’établissement d’une imprimerie à Harar, et il a utilisé l’argent pour faire bâtir une école élémentaire pour orphelins qui allait de la classe élémentaire jusqu’en sixième. Il a aussi ouvert deux autres nouvelles écoles - l’une à Harar et l’autre au monastère de Qulbi - pour permettre aux moines et aux jeunes d’avoir une éducation moderne. Beaucoup de personnes éduquées sont passées par ces écoles. Citons en exemple le patriarche présent, Paulos, et quatre autres évêques, qui sont le fruit vivant de l’école de formation d’éducateurs théologique de Harar.
Dans sa position de Liqe Siltanat, Abuna Tewoflos a travaillé avec diligence comme délégué éthiopien en Égypte et a entrepris de nombreux voyages à Alexandrie avec un groupe de délégués éthiopiens pour assister aux longues réunions de discussion visant à permettre à l’église éthiopienne d’obtenir la permission d’ordonner ses propres évêques et patriarches en Éthiopie. Par tradition, ces leaders spirituels avaient été nommés à Alexandrie (Égypte) dès le quatrième siècle, quand Frumentius, premier évêque de l’Éthiopie, a été ordonné par Athanase d’Alexandrie. Les négociations ont enfin réussi et Abuna Tewoflos, convenablement, a été récompensé en étant ordonné patriarche, la position la plus élevée en Éthiopie. Il a aussi été le premier à ordonner des évêques dans son propre pays.
Le 6 avril 1971, à l’âge de soixante et un ans, Abuna Tewoflos a été élu patriarche de l’église orthodoxe éthiopienne - le deuxième patriarche de l’église, mais le premier à être ordonné en Éthiopie. Cette désignation historique et très célébrée a eu lieu le 8 avril, 1971, dans la cathédrale de la Sainte Trinité en présence de sa majesté impériale Haile Selassie I, de princes et de princesses, du corps ecclésiastique de l’église orthodoxe, d’officiels de haut rang, de gens du pays, de nombreux délégués du monde entier, et des membres de sa propre famille. (Comme membre de la famille, l’auteur de cet article était aussi présente lors de cette célébration, en compagnie de son père et de son fiancé.) Selon l’écrivain de la biographie originale amharique, le jour de la célébration, à partir de onze heures du matin et jusqu’à la fin de la célébration, il y a eu une apparition miraculeuse du spectre en cercle autour du soleil, directement au dessus du sommet de la cathédrale.
Comme délégué de l’église éthiopienne orthodoxe, le Patriarche Tewoflos a parcouru le monde entier pour être présent aux diverses réunions œcuméniques. Il était présent aux réunions du Conseil Mondial des Eglises et de son comité exécutif en 1948 (Amsterdam), 1955 (Angleterre), 1971 (Ethiopie), et 1975 (Kenya). Il était présent à la première assemblée générale de leaders de l’église mondiale qui s’est tenue aux Etats-Unis en 1956, à la deuxième en Inde en 1962, et à la troisième à Uppsala, en Suède, en 1968. Il a été élu président de la prochaine assemblée générale (du C.M.E.) lors de la réunion de 1975, mais cette élection ne s’est pas réalisée, car il a été arrêté par le régime Dergue l’année suivante. Il a aussi été élu un des trois présidents régionaux des assemblées générales de l’association des églises africaines deux fois, et il a servi dans ce poste jusqu’à son arrestation par le régime Dergue. En 1959 il a présidé lors de l’assemblée générale de l’association des églises africaines qui s’est tenu à Abidjan, en Côte d’Ivoire. Il était présent à l’assemblée des leaders de l’église orthodoxe éthiopienne de l’est qui a eu lieu à Addis Ababa en 1963, comme chef de la délégation de l’église orthodoxe éthiopienne. A cette occasion, sa majesté l’empereur Haile Sellassie a prononcé un discours d’inauguration qui a plu à tout le monde, et l’assemblée lui a donné le nom honorifique de Constantin II.
Le Patriarche Tewoflos s’est opposé au régime Dergue sur plusieurs niveaux et le gouvernement lui en a voulu. Il a dit, par exemple, qu’un leader spirituel doit donner conseil et que la vie des innocents doit être défendue par son enseignement. Il a refusé de collaborer ou de soutenir le meurtre brutal de soixante-deux officiels du gouvernement impérial par le régime Dergue le 21 novembre, 1974, même quand le gouvernement lui demandait de déclarer son soutien publiquement. Il a aussi écrit un article qui a été publié dans un journal de l’église qui s’appelle Addis Heywet (Nouvelle Vie, p.20) le 8 mai, 1975, dans lequel il s’exprime sur le besoin de l’établissement stable de la loi dans le pays. Il y dit aussi que l’autorité de la loi devrait s’étendre à tous les secteurs de la nation, y compris les forces armées (le régime Dergue était dirigé par un groupe de 120 officiers des forces armées). Dans le même journal (p.16), il a dit que la colère divine serait éveillée par le fait que le régime Dergue avait injustement confisqué des propriétés (les propriétés appartenant à l’église, notamment, avaient largement été confisquées). Il a aussi écrit une lettre décrivant les sept démarches prises par le gouvernement, ainsi que celles qui se préparaient - des démarches qui violaient les droits de l’église - dans laquelle il exigeait que ces actions soient corrigées ou arrêtées (p.32).
Lorsqu’on a annoncé la mort de l’empereur, il s’est rendu aux bureaux du gouvernement Dergue accompagné de deux autres évêques pour demander le corps de l’empereur, en vue de conduire les rites d’enterrement appropriés, mais cette demande a été refusée.
Comme le ministère interne et externe de l’église orthodoxe éthiopienne grandissait, le patriarche a reconnu le besoin de faire ordonner trois autres évêques. Le synode a approuvé sa demande, et les trois évêques supplémentaires ont été ordonnés en 1976. Cependant, le régime dictatorial Dergue s’est mêlé aux affaires de l’église et a mis les trois évêques en prison. Quelques jours plus tard, le régime a aussi arrêté le patriarche à base de fausses accusations créées par un comité ad hoc composé de personnes qui s’opposaient à lui personnellement pour causes d’origine ethnique ou pour raisons de jalousie et de questions de pouvoir. Ce comité, qui s’appelait la “Commission Transitionnelle de Renouveau,” a porté plainte contre lui, disant que Tewoflos n’était pas devenu patriarche par le mérite, mais qu’il avait plutôt accédé à ce poste grâce à son amitié avec l’empereur. On l’a aussi accusé d’avoir une mentalité capitaliste parce qu’il avait bâti des maisons et avait reçu beaucoup d’argent. Le troisième coup porté contre lui était celui des comptes en banque : il y avait vingt comptes différents en son nom et beaucoup d’autres comptes sous les noms de ses amis et de ses serviteurs. Le montant géré directement ou indirectement dans tous ses comptes était d’environ 4.029.350 Birr (devise éthiopienne).
Dans le testament qu’il a écrit, Tewoflos a partiellement justifié cela en montrant qu’il s’agissait de fausses accusations qui avaient pour but de le diffamer, de l’obliger à perdre sa position d’autorité, et de le faire souffrir autant que possible. Dans le testament, il explique qu’il avait emprunté une somme d’argent à la banque pour faire construire un grand immeuble d’appartements à Addis Ababa, et qu’il avait loué ces appartements pour faire les paiements de l’emprunt logement jusqu’à ce qu’il soit remboursé. Il projetait d’utiliser le revenu de cet immeuble pour soutenir l’église Debre Elias à Gojjam (où il est né, a grandi, et a commencé son éducation spirituelle), ainsi que l’église Gofa Gebriel à Addis Ababa, qu’il avait fait bâtir avec son propre revenu. Ainsi, il y aurait un revenu suffisant pour le clergé dans ces deux églises, ainsi que pour les travaux de rénovation. Selon son testament, quand l’emprunt immobilier était remboursé, le revenu des loyers serait divisé en deux et chaque portion serait déposée dans un compte bancaire particulier à chaque église.
Le jour de son arrestation, il y ne détenait que cinq comptes bancaires. Le premier était celui d’une église orthodoxe éthiopienne qu’on bâtissait au Kenya, le deuxième avait été ouvert pour l’église Gofa Gebriel, le troisième était le compte du collège de théologie, le quatrième était le compte de l’administration du revenu du patriarche et le cinquième servait de compte pour les églises Harar locales. Les carnets de chèques avaient été distribués à ceux que les comptes concernaient, parce qu’aucun compte n’avait été ouvert en son nom. Comme c’était une période de révolution, Tewoflos surveillait les comptes car il se sentait responsable de la gestion prudente de ces fonds. Toutes les accusations étaient fausses.
On l’a aussi accusé d’avoir nommé trois évêques sans obtenir la permission du gouvernement. En plus, on l’a accusé de négliger le travail évangélique, d’être indifférent vis-à-vis de l’héritage de l’église orthodoxe éthiopienne, de détruire le ministère auprès des jeunes, et d’abolir les lois de l’église pour des raisons impies.
Dans la soirée du 17 février 1976, on a amené Tewoflos au Palais du Jubilé, et il a été mis en prison tout seul dans la maison du commandant Eskindir Desta. Un jour, dans l’après-midi, il a entendu une voix forte qui lui disait, “Que fais-tu ici ? Sors, et va vers l’est.” Comme il a entendu cette voix à plusieurs reprises, il est sorti de la prison à pied. Le garde lui a demandé où il allait, mais Tewoflos a tout simplement continué à marcher, et le garde ne l’a pas arrêté. Il a décidé de passer chez lui avant d’aller au monastère d’Asebot, pour préparer son voyage. Comme sa maison était loin et qu’il y allait à pied, il n’y est arrivé que vers 21 heures. Le garde qui avait vécu avec lui pendant longtemps a téléphoné au bureau du gouvernement, et le lendemain, vers 11 heures du matin, Tewoflos a été arrêté une fois de plus et ramené à la prison du Palais de Menelik après avoir été battu et abusé par la police. On lui a mis les fers aux mains et aux pieds pendant quatre jours. Ensuite, on l’a amené à la Prison Numéro Un, où on détenait d’autres officiers du gouvernement, et on lui a enlevé les chaînes. A partir du jour où on l’a arrêté chez lui et mis en prison, il n’a pas mangé pendant quarante jours. Il refusait de manger, se mouillant seulement les lèvres avec un peu d’eau. De nombreux officiers Dergue ont essayé de le persuader qu’il fallait manger, mais il ne s’est pas soumis à leurs demandes. Ceux qui étaient avec lui témoignent du fait qu’il était fort et en bonne santé, et qu’au long de ces jours, il parlait à tous sans donner aucun signe de fatigue. Un jour, après le dimanche de Pâques, les prisonniers âgés l’ont supplié de manger, et il y a consenti. Il a refusé d’accepter les 120 Birr par mois qu’on donnait aux familles de prisonniers pour s’alimenter, disant qu’il ne voulait rien accepter de la part de ce gouvernement. Aussi, il a dit qu’il avait grandi en mendiant et qu’il ne voulait désormais manger que du pain. Si quelqu’un voulait bien trouver du pain en mendiant et le lui envoyer, il l’accepterait. Jusqu’au jour de sa mort il a refusé d’accepter l’argent des officiers Dergue. Ils lui ont demandé ce qu’il voulait, et quand il a répondu qu’il voulait être emprisonné au monastère d’Asebot, ils ont refusé.
Pendant qu’il était en prison, un des officiers de la garde l’a maltraité et lui a enlevé la croix d’or qu’il tenait d’habitude entre les mains. Cet officier a aussi essayé de l’obliger à signer son nom Meliktu, et non Tewoflos, mais Tewoflos ne craignait aucune action prise contre lui par cet officier, et il n’a pas obéi parce qu’il refusait de reprendre son nom séculier.
Tewoflos a passé la plupart de son temps en prison à prier et à jeûner, parfois pendant des nuits entières. Le matin et le soir, il dirigeait une prière commune avec les autres prisonniers. Il passait beaucoup de temps à lire et à parler aux autres, et il essayait aussi de perfectionner son arabe et son français par l’étude. Parfois, il rassemblait les prisonniers et prêchait, leur demandant de se pardonner les uns les autres pour l’amertume, la haine et la culpabilité qu’ils avaient pour autrui. Il disait aussi à ses amis qu’il allait bientôt être tué par le régime Dergue.
Le 14 juillet 1979, un samedi, vers 11 heures du matin, les gardes l’ont emmené avec deux autres prisonniers. Pendant treize ans, personne n’a su ce qu’il leur était arrivé. Mais, après la chute du régime Dergue, on a découvert qu’il avait été étranglé avec trente-trois autres personnes, et que son corps avait été enseveli dans l’enclos de Ras Asrate Kassa à Addis Ababa. Le 29 avril 1992, treize ans après son exécution, son corps a été exhumé et enterré le jour suivant dans un lieu de sépulture qu’il avait lui-même fait bâtir et désigner à cette fin dans l’église Gofa Gebriel.
Dirshaye Menberu
Sources:
Memhir (Enseignant) Kidanemariam Getahun, False Testimony [Faux témoignage] (réfutant le livre de) “Testimony of the Living” of Abba Melke Tsedeq [Témoignage des vivants], publié par Computer Typing and Design-Ethiopia Book Center (septembre 2001), pp. 19-49.
Cet article, qui a été reçu en 2006, a été recherché et rédigé par le Dr. Dirshaye Menberu, professeur retraitée de l’université d’Addis Ababa, et récipiendaire de la bourse du Projet Luc pour 2005-2006. Elle est diplômée de la Faculté de Théologie Supérieure de l’Ethiopie (l’EGST), une institution affiliée du DIBICA.