Collection DIBICA Classique
Tous les articles créés ou soumis au cours des vingt premières années du projet, de 1995 à 2015.Batiot, Jean
Jean Batiot naquit le 3 octobre 1898, à Chantonnay en Vendée; il resta toujours très attaché à son pays natal. Ce n’est qu’à l’âge de 22 ans (après avoir terminé comme prisonnier la Grande Guerre 1914-1918), qu’il se décida à donner suite à sa vocation sacerdotale et missionnaire. Malgré ce retard, ses études furent brillantes: il les termina à Rome, où en 1927 il fut ordonné prêtre. Il écrivait alors au Supérieur Général de la Congrégation du Saint Esprit: “Durant les longues années d’attente, la perspective des Missions était mon réconfort le meilleur, au milieu des nombreuses épreuves que j’ai dû traverser pour suivre ma vocation. Cet attrait, dépouillé du pittoresque de l’adolescence, n’a fait que s’affermir, plus réfléchi, plus réel.”
Il fut donc envoyé à Madagascar, tout d’abord à Port-Bergé au Nord-Ouest de la Grande île et là il s’occupa spécialement de la population Tsimihety. Malheureusement sa santé ne put résister au climat très humide de Port-Bergé dont les environs sont souvent inondés aux hautes eaux.
Après un passage en différents postes missionnaires et un séjour de repos en France, il fut affecté en 1939 à Majunga, où il devait faire preuve de toute sa valeur d’homme et d’apôtre.
Il fut non seulement le bâtisseur de la cathédrale de Majunga mais il devait en devenir le chef de la chrétienté. En effet, le 13 février 1947, Rome désigna Mgr Jean Batiot comme Vicaire Apostolique, c’est-à-dire Évêque, de Majunga et c’est à ce titre qu’il put consacrer sa cathédrale le 5 octobre 1948.
Comme évêque, grâce au rayonnement de sa charge et de sa personnalité, Mgr Batiot put se dépenser sans compter dans son vaste diocèse mais plus particulièrement dans sa chère ville de Majunga, accueillant avec le même sourire sympathique et la même finesse d’esprit aussi bien les Malgaches que les Européens. Dès 1949, le Gouvernement Français lui décerna la Croix de Chevalier de la Légion d’Honneur.
Pourquoi faut-il que des hommes remarquables ne puissent parfois longtemps demeurer parmi nous et nous faire bénéficier de leur expérience et de leurs mérites? Après six courtes années d’épiscopat, Mgr Batiot fut emporté brusquement, des suites de typho-malaria, le 31 août 1953.
Deux Évêques, les autorités civiles, la chambre de Commerce, les notabilités, des représentants des cultes protestant et musulman, une foule compacte assistèrent à ses obsèques. M. l’administrateur en chef Henrion tint à retracer, en lui rendant hommage, un vivant portrait de Mgr Batiot: “Esprit brillant, au raisonnement impeccable, il est écouté dans les plus hautes sphères … Mais il est aussi et surtout l’Évêque des humbles et des faibles, quelles que soient leur origine, leur race, leurs opinions. Pour tous, il était un guide et un ami!”
Augustin Berger
Cet article, réimprîmé ici avec permission, est tiré d’Hommes et Destins: Dictionnaire biographique d’Outre-Mer, tome 3, publié en 1977 par l’Académie des Sciences d’Outre-Mer (15, rue la Pérouse, 75116 Paris, France). Tous droits réservés.