Collection DIBICA Classique
Tous les articles créés ou soumis au cours des vingt premières années du projet, de 1995 à 2015.Benignus, Pierre (B)
Né le 25 janvier 1912 à Nouméa où son père était missionnaire, Pierre Benignus passe son enfance en Nouvelle-Calédonie et y fait ses études primaires et secondaires.
Arrivé en France en 1925 il achève ses études secondaires et entre à la Faculté de Théologie protestante de Paris en 1929 alors que son frère ainé y achevait sa formation.
De 1930 à 1934 il est au Temple de l’Oratoire l’un des animateurs des Éclaireurs unionistes et routiers.
Après son service militaire (1934-1935) il passe ses vacances comme proposant de la paroisse de Pompidoa, au bord de la corniche des Cévennes, entre Vallée-Borgne et Vallée-Française, non loin de Monoblet où notre confrère Max Olivier-Lacamp le vit arriver et l’accompagna au cours de sa première tournée pastorale. Il entre en novembre suivant à l’École des Missions évangéliques. En juin 1937 il est consacré au Temple de l’Oratoire. Le mois suivant il épouse Marianne Hoeppfner à Strasbourg.
En septembre le jeune ménage part en Nouvelle-Calédonie. C’est à Lifou (= îles Loyauté) qu’il est affecté. Mobilisé en 1939, démobilisé en 1940, il reprend ses activités pastorales à Do Neva. Il est rappelé à nouveau pour être affecté au quartier général du Général MacArthur à Melbourne. Démobilisé en 1943 il reprend son activité pastorale à Do Néva Houaïlou.
Durant ce premier séjour calédonien trois filles étaient nées: Claire à Lifou (I938), Anne-Rose à Nouméa (I94I) Éliane en 1945 à Ponérihouen sur la côte est de la Grande Terre.
Tournée aux Etats-unis et congé en Europe
La présence de l’armée américaine en Nouvelle-Calédonie avait amené de nombreux aumôniers au foyer de Pierre et de ces rencontres était née une série d’invitations à venir faire des conférences dans les paroisses américaines. Les Benignus, après sept ans de séjour, rentrent par les États-Unis où, cinq mois durant, Pierre fera, avec son humour habituel d’innombrables conférences sur la mission et la Nouvelle-Calédonie.
Arrivé en France en 1947, Pierre s’installe à Strasbourg où les parents de Marianne les accueillent. Il fait alors une série de conférences dans les églises de France.
Madagascar
Pierre Benignus repart en 1948 alors que de graves événements ont endeuillé la Grande Ile; il est affecté à Majunga à la tête d’un très beau district.
Hermann Ravelomanana, qui fut Secrétaire général de l’Enseignement protestant à Madagascar écrivait :
Un jour du mois d’août mille neuf-cent quarante-huit nous avons été accueillir M. le Pasteur Benignus et sa famille sur le bateau, au port de Majunga. Il devait rester parmi nous un an et demi. Un an et demi, c’était bien bref; mais cela avait suffi pour laisser dans la région du Boina et dans la Mission Protestante Française de Madagascar le souvenir inoubliable de ce que fut le pasteur Pierre Benignus.
Car il était bien le chrétien blanc, porteur du message de l’Évangile dont avaient besoin nos Églises à cette époque. Depuis le 27 mars 1947, le Malgache en général, ne savait plus guère s’il fallait aimer ou haïr ou respecter le Blanc. Le caractère universel de l’Église chrétienne était alors mis en cause: le christianisme était considéré par certains comme un article d’importation de l’Occident.
Il fallait donc apaiser les passions, réconcilier les esprits, rapprocher les cœurs.
Monsieur Pierre Benignus était remarquable dans les contacts humains. Il pouvait parler avec autorité devant n’importe qui, dans l’Administration comme devant l’Église; mais si besoin était il savait aussi vaincre les difficultés par sa bonté naturelle.
Il partait en brousse, organisait des cultes, réunissait des comités, savait alors être simple ou être chef. Son langage et son allant habituels donnaient du courage à ceux qui hésitaient ou avaient quelque crainte cachée dans le fond d’eux-mêmes. Il prêchait l’Évangile de son Seigneur.
Dieu a béni son travail. Et au cours de son ministère de réconciliation, il a essayé de montrer simplement à chacun que les hommes blancs ou bruns, noirs ou jaunes étaient tous des enfants de Dieu.
Après dix-huit mois de Majunga il rentre en France où l’on pense à lui de nouveau pour la Nouvelle-Calédonie. Il réside à Pornic (1950).
Dakar et l’A.O.F.
Il est alors appelé à Dakar où sa connaissance de l’anglais lui permet une action remarquablement efficace auprès de missionnaires américains dont le sens psychologique n’était pas toujours à la hauteur de la Foi.
Il est Secrétaire général de la Fédération des Missions évangéliques en A.O.F. et au Togo. Il mène de front ses tournées et la charge d’aumônier des troupes stationnées dans la Fédération d’A.O.F.
Ambassadeur de la SME
De retour en France, il est affecté à Nîmes. Mais dès 1958 la Société les Missions évangéliques de Paris le délègue pour participer aux grandes conférences internationales. A partir de 1960 il prend une part active dans l’organisation Islam in Africa dont il est Secrétaire général.
Il effectue de nombreux voyages en Afrique, en Europe et aux États-Unis.
C’est au cours de l’une de ces missions qu’il devait trouver la mort le 4 mai 1963 dans l’accident d’avion du Mont Cameroun.
On ne sait ce qui frappait le plus en lui de sa foi rayonnante et souriante ou de son efficacité au service de tous.
Robert Cornevin
Bibliographie
De très nombreux articles dans les revues missionnaires, et dans Réforme mériteraient sans doute d’être rassemblés.
Sur Pierre Benignus une brochure imprimée à Tours, 64 p., comportant une préface du pasteur Marc Boegner, le texte des allocutions de Charles Westphal, Charles Bonzon, les témoignages de pasteurs français et étrangers, du R.P. Le Guillou et de quelques amis.
*Note : L’AOF était une confédération regroupant la Mauritanie, le Sénégal, le Mali, la Côte d’Ivoire, le Niger, le Burkina Faso, le Bénin, et la Guinée.
Cet article, réimprîmé ici avec permission, est tiré d’Hommes et Destins: Dictionnaire biographique d’Outre-Mer, tome 3, publié en 1977 par l’Académie des Sciences d’Outre-Mer (15, rue la Pérouse, 75116 Paris, France). Tous droits réservés.