Collection DIBICA Classique
Tous les articles créés ou soumis au cours des vingt premières années du projet, de 1995 à 2015.Corbet, François-Xavier
Mgr Corbet fut le premier Évêque de Madagascar-Nord. Il y a laissé un grand renom de bonté et de dévouement et c’est grâce à son activité pastorale que toute la zone septentrionale de Madagascar s’est ouverte au catholicisme au début de ce vingtième siècle.
François-Xavier Corbet naquit en Alsace, à Hochfelden (Bas-Rhin), le 6 juillet 1836. Après ses études dans la Congrégation du St Esprit il fut ordonné prêtre, à Paris, le 12 juin 1859 et désigné comme professeur pour le petit-Séminaire des Colonies, alors situé à Cellule (Puy-de-Dôme). Ses réelles qualités de pédagogue et sa grande autorité le firent choisir comme Supérieur du Collège Ste Marie à Port of Spain (Trinidad) en 1865. La situation y était difficile tant sur le plan matériel que sur le plan légal. Le P. Corbet s’en tira si bien qu’on l’estima capable de fonder, ou plutôt de ressusciter, un autre collège à Saint Denis de la Réunion en 1874. Mais il n’y fut pas soutenu par l’évêque, Mgr Soulé, qui remercia le P. Corbet en 1877. Après un court passage à l’île Maurice, nous le retrouvons en 1879 à Pondichéry, chargé du Collège Colonial. Mieux encore on lui confia, l’année suivante, la mission délicate de diriger la Préfecture Apostolique de l’Inde Française à laquelle ressortissaient les Européens de Pondichéry et de Chandernagor. En 1887, la Préfecture fort contestée et par Rome et par le Gouvernement français fut supprimée. Le P. Corbet très fatigué par tant de charges successives, dans un climat difficile tant au point de vue physique que moral (on en était aux premières escarmouches de la lutte anticléricale), demanda à rentrer en France. Pour ne pas le changer, on lui confia la direction d’un Collège à Castelnaudary (Aude). Mais en 1892 il fut nommé Supérieur du Séminaire des Colonies, rue Lhomond à Paris et participa dès lors à la direction de la Congrégation du Saint Esprit comme Conseiller puis comme Assistant Général.
En 1898, le P. Corbet avait 62 ans, presque l’âge de la retraite pour bien des gens, mais pour lui l’âge du plein rendement, il fut proposé et agréé comme premier Vicaire Apostolique (Évêque) de Madagascar-Nord.
La Congrégation du Saint Esprit avait primitivement accepté, en 1894, la mission de Madagascar-Sud qu’elle fut heureuse de céder par la suite aux Lazaristes français expulsés d’Erythrée. Le Saint Siège, aussi bien que le Ministre des Colonies, André Lebon et le Gouverneur Général Galliéni, multiplièrent leurs instances pour que les Spiritains puissent occuper la partie de l’île située au Nord du 18e parallèle et c’est ainsi que fut créé, le 5 juillet 1898, le Vicariat Apostolique de Madagascar-Nord avec Diego-Suarez comme résidence de l’évêque.
Mgr Corbet reçut le titre d’évêque titulaire d’Obba et fut sacré à Paris, le 2 octobre 1898, par le Nonce Apostolique, Mgr Clari. Après quelques semaines passées en Alsace, le nouveau prélat débarquait le 9 janvier 1899 à Antsirane, dans la magnifique rade de Diego-Suarez. C’était alors la première et seule fondation de mission dans le Nord de la Grande Ile, en plus des paroisses situées dans les différentes autres îles (Sainte Marie, Mayotte, Nossi-Bé). Quelques mois plus tard, sans perdre de temps, Mgr Corbet fondait la mission de Majunga qu’il dédiait à son patron: Saint François-Xavier.
Dès le début de son épiscopat, Mgr Corbet s’appliqua à entretenir les meilleures relations avec les autorités; le Général Galliéni lui témoigna une grande sympathie et les différents commandants de la Division navale lui rendirent à l’occasion d’appréciables services. Cela ne put empêcher, hélas, de pénibles mesures de laïcisation d’écoles ou d’hôpitaux tenus par des Religieuses, mesures qui se multiplièrent après 1905, M. Victor Augagneur étant alors Gouverneur Général.
Mgr Corbet effectua de nombreuses visites pastorales dans son vaste diocèse.
Il fit même naufrage sur le lac de la Loza, près d’Analalava. En quinze années il aura fondé douze postes de missions, aussi bien dans les environs de Diego-Suarez que sur la côte ouest et dans la vallée de la Betsiboka où nous citerons spécialement Marovoay, Madirovalo, Ambato-Boeni et Maevatanana. Au sud-est: Fénérive et plus à l’intérieur, Ambatondrazaka, vers le lac Alaotra.
L’église de Diego-Suarez n’était qu’une misérable masure en planches. Mgr Corbet voulut d’abord s’occuper des missions en fondation, mais en 1909 il fallut bien songer à bâtir une cathédrale plus digne et plus vaste. Les nombreux dons: ceux des habitants de Diego, spécialement les commerçants, et ceux en provenance d’Alsace complétèrent une subvention de 12 000 francs de la municipalité. De 1909 à 1911, s’éleva un bel édifice, fort simple de style, d’une longueur de 45 mètres avec une tour de 26 mètres dominant la ville et la rade. Mgr Corbet en fut légitimement fier.
Le 6 juillet 1914, on avait fêté son 78ème anniversaire. En ce jour faste, Mgr Corbet refit son testament et fit savoir qu’il avait demandé un coadjuteur: Mgr Fortineau. Deux semaines plus tard, il tombait gravement malade et s’endormait dans le Seigneur le jeudi 23 juillet 1914, après avoir édifié jusqu’au bout son entourage.
En 1912, une fois la cathédrale achevée, Mgr F.-X. Corbet avait sollicité la faveur d’y être inhumé après sa mort: cela lui fut alors refusé. Ce n’est qu’en 1925 que cette autorisation fut accordée et depuis le 22 avril 1925 Mgr Corbet repose dans sa cathédrale, sur cette terre de Madagascar qu’il a tant aimée et si bien servie.
Augustin Berger
Bibliographie
Aucune notice biographique ne fut publiée sur Mgr F.X. Corbet. Cela s’explique par le fait de la première guerre mondiale qui éclata quelques jours après le décès de l’Evêque de Diego-Suarez.
Le journal L’Impartial de Diego-Suarez (N°s des 28 et 31 juillet 1914) consacre plusieurs colonnes à l’œuvre de Mgr Corbet.
Archives de la Congrégation du Saint Esprit.
Cet article, réimprîmé ici avec permission, est tiré d’Hommes et Destins: Dictionnaire biographique d’Outre-Mer, tome 3, publié en 1977 par l’Académie des Sciences d’Outre-Mer (15, rue la Pérouse, 75116 Paris, France). Tous droits réservés.