Collection DIBICA Classique
Tous les articles créés ou soumis au cours des vingt premières années du projet, de 1995 à 2015.Cotte, Vincent de Paul
Vincent de Paul Cotte naquit le 1er avril 1886 à Laudun, dans le Gard. Attiré par la vie religieuse, il entra dans l’ordre des Prémontrés dont l’abbaye Saint Michel de Frigolet se trouve dans la région. Les différentes étapes de sa formation religieuse furent marquées par les dates suivantes: 1er mai 1902, prise de l’habit blanc des fils de Saint Norbert; 24 mai 1904, premiers vœux; 24 mai 1910, vœux solennels et enfin le 26 mars 1911, ordination sacerdotale.
Pendant les premières années de sa vie religieuse, le P. Cotte fut professeur au Juvénat de l’Abbaye Saint Michel de Frigolet, mais il allait consacrer une grande partie de sa vie à des activités missionnaires. Le point de départ fut la guerre de 1914-1918 qui le mit en contact avec les militaires malgaches venus en France. Pendant toute la durée de la guerre il fut leur aumônier.
La sympathie et l’attachement qu’il avait éprouvés pour les Malgaches pendant leur présence en France allaient pouvoir se continuer dans leur propre pays. En 1920, les P.P. Chanoines réguliers de Prémontré appartenant à l’Abbaye de Frigolet offrirent leurs services à Mgr de Saune, Vicaire apostolique de Madagascar. Ce dernier accueillit leur proposition avec joie car il avait besoin de personnel missionnaire. Il mit à disposition des Prémontrés un vaste territoire qu’un seul père Jésuite avait du mal à desservir jusque là. C’est ainsi que fut créé le “prieuré de Vatomandry”. Le P. Vincent de Paul Cotte et un autre religieux arrivèrent à Tamatave les premiers jours de Décembre 1920 pour en prendre possession. Le P. Cotte fut ainsi nommé Supérieur de la Mission de Vatomandry qu’il dirigea pendant quinze ans, de 1920 à 1935.
L’Abbaye Saint Michel de Frigolet ne put malheureusement pas envoyer par la suite tout le renfort de personnel souhaitable. Les Prémontrés furent tout au plus quatre ou cinq sur le terrain, mais ils firent un travail remarquable. Quand ils durent se retirer faute de renfort et céder la place aux Montfortains, ils laissaient trois districts en bonne voie d’organisation, deux postes centraux prospères: Vatomandry et Mahanoro, d’assez nombreuses écoles et diverses autres œuvres déjà bien lancées.
Le P. Cotte dut quitter Madagascar bien à regret mais son expérience missionnaire trouva un autre terrain d’application sur le continent africain, au Congo.
Le déclenchement de la seconde guerre mondiale donna au P. Cotte l’occasion de reprendre contact avec les Malgaches. Il fut à nouveau leur aumônier militaire en France pendant la guerre de 1939-40.
Retenu en zone Nord au moment de l’armistice de 1940, le P. Cote se trouva séparé de son Abbaye de Frigolet par la ligne de démarcation. Il se mit à la disposition du diocèse de Versailles et fut curé de plusieurs paroisses dont celle de Chars, en Seine et Oise. Il a consacré une brochure historique très appréciée sur la belle église de cette localité.
Il se rendit plus tard dans le midi de la France et le diocèse de Nice le recevra pendant 15 ans, d’abord comme prêtre auxiliaire à Grasse, ensuite comme aumônier chez les Petites Sœurs des Pauvres de cette ville.
A la fin de sa vie, il se retira chez les Petites Sœurs des Pauvres de Nice où il mourut le 23 février 1972.
Esprit curieux et doué d’une vaste culture, le P. Cotte voulait connaître de façon approfondie les populations auprès desquelles il exerçait son apostolat: il voulait connaître leur langue, leurs coutumes, leurs croyances religieuses. Les quinze années qu’il a passées auprès des Betsimisaraka lui ont donné l’occasion d’écrire un ouvrage remarquable: Regardons vivre une tribu malgache qui fut publié en 1946, avec une préface de Marius et Ary Leblond.
Il a exposé lui-même les circonstances qui l’ont amené à écrire ce livre:
Au début de notre carrière coloniale–qui fut longue–parmi les Betsimisaraka nous aurions acheté à prix d’or un livre offrant, serait-ce en raccourci, une documentation sérieuse sur la religion et les coutumes des indigènes.
Il nous semblait que, aidés par lui, nous aurions brûlé les bien trop longues étapes pour arriver à comprendre et par conséquent à aimer mieux et à éduquer plus sûrement l’âme de l’indigène.
Ne l’ayant trouvé nulle part, ni alors ni bien tard après, ce livre, nous-mêmes, par bribes et morceaux, patiemment, nous l’avons composé, et le voici.
Ainsi, ce livre de 236 pages basé sur des faits précis et contrôlés relevés sur le terrain constitue un document de première importance pour la connaissance des Betsimisaraka, cette tribu qui, jusque-là, n’avait fait l’objet d’aucun travail d’ensemble.
Cet ouvrage obtint une certaine renommée et permit à son auteur de devenir membre de l’A.D.E.L.F. (Association des Écrivains de Langue Française - Mer et Outre-mer).
Raymond Delval
Bibliographie
R. P. Vincent Cotte, Regardons vivre une tribu malgache, les Betsimisaraka, Paris, 1947, La Nouvelle Edition.
A. Boudou, Madagascar. La mission de Tananarive. Tananarive, 1941.
Cet article, réimprîmé ici avec permission, est tiré d’Hommes et Destins: Dictionnaire biographique d’Outre-Mer, tome 3, publié en 1977 par l’Académie des Sciences d’Outre-Mer (15, rue la Pérouse, 75116 Paris, France). Tous droits réservés.