Collection DIBICA Classique
Tous les articles créés ou soumis au cours des vingt premières années du projet, de 1995 à 2015.Gasperment, Jean-Baptiste
Le Père Jean-Baptiste Gasperment a une double date de naissance: le 31 décembre 1879, selon les actes administratifs et le 1er janvier 1880, selon la tradition familiale. Il est originaire d’un terroir bien connu par son vignoble: Bourgueil en Indre et Loire.
Après d’excellentes études en Touraine, puis chez les P.P. du Saint Esprit, chez lesquels il entre en 1899, il termina à Rome en obtenant un Doctorat en théologie, ce qui lui valut de demeurer quatre ans en France comme professeur.
C’est en 1911 qu’il obtint de partir pour Madagascar, la Grande Ile, à laquelle il devait consacrer l’essentiel de son savoir et de ses forces. Placé d’abord par Mgr Corbet, Évêque de Diégo-Suarez, à la Mission de Fénérive, il s’attacha sans tarder à la région d’Ambatondrazaka (à environ 150 km dans l’intérieur des terres). C’est une région fertile et peuplée, pays des Sihanaka, tribu apparentée aux Betsimisaraka de l’Est, mais avec une assez forte proportion de Hova dans les centres. Là se trouve le lac Alaotra où les eaux se perdent dans les roseaux sur une centaine de kilomètres du pourtour.
Tout en se consacrant à sa rude tâche missionnaire, le Père Gasperment devint très vite un apôtre du développement agricole, ce qui lui valut un ascendant remarquable. Il rénova le dressage des bœufs pour le joug, améliora les conditions du travail des champs et décupla le rendement des rizières. Il n’hésitait pas à participer au “piétinage” de ces rizières, animant bêtes et gens de sa voix puissante, grâce aux chansons du folklore tourangeau traduites en malgache. Il paya d’ailleurs tout cela, par suite de la réverbération d’un soleil aveuglant, en contractant un fort accès de fièvre pernicieuse qui mit ses jours en danger et lui fit perdre la vue d’un œil.
En 1922, le P. Gasperment fut affecté à Majunga, où d’une autre façon, mais toujours très apprécié, il fit merveille dans la paroisse malgache. Très fatigué, en 1930, il rentra en France et l’Évêque de Gap qui le connaissait n’hésita pas à lui confier la direction de son Grand Séminaire. Mais allez donc arracher du cœur d’un missionnaire chevronné l’appel du grand large! Dès l’année suivante, le P. Gasperment obtint de retourner dans la Grande Ile, à Morovoay. Il y souffrit beaucoup de rhumatismes déformants et dut se retirer dans la région de Tsaratanana, au milieu d’une population qui lui était fort sympathique. De plus en plus malade, il fut transporté sur une charrette à bœufs, à la façon malgache, à Andriamena (district de Tsaratanana), où il mourut le 28 Septembre 1947, à l’âge de 68 ans.
La commune d’Ambatondrazaka a demandé qu’une rue de la ville puisse porter le nom du P. Jean-Baptiste Gasperment (surnommé là-bas Dadagasy, le grand-père) qui fut non seulement un zélé missionnaire mais aussi un véritable promoteur du progrès rural et du développement social.
Augustin Berger
Sources:
Archives de la Congrégation du Saint-Esprit.
Cet article, réimprîmé ici avec permission, est tiré d’Hommes et Destins: Dictionnaire biographique d’Outre-Mer, tome 3, publié en 1977 par l’Académie des Sciences d’Outre-Mer (15, rue la Pérouse, 75116 Paris, France). Tous droits réservés.