Collection DIBICA Classique
Tous les articles créés ou soumis au cours des vingt premières années du projet, de 1995 à 2015.Schauls, Mariechen
Mariechen Schauls est née à Mertzig (Grand Duché de Luxembourg) le 19 décembre 1875, décédée à Senlis le 18 avril 1958.
Elle fait profession à Paris, le 19 mars 1901. Quelques mois plus tard, elle débarque à Tamatave en filanzana, après 15 jours de voyage. Aussitôt, ses supérieurs l’envoient au village d’Ambohipo. Là, l’école normale des catéchistes lui est confiée. Ce sont 25 à 30 ménages vivant chacun dans une petite case en pisé. Tandis que le Père directeur s’occupe de l’instruction religieuse des hommes, Sœur Joseph travaille à la promotion de la femme. La formation religieuse se greffe sur une formation humaine: alphabétisation, leçons d’hygiène, de puériculture et morale familiale.
Les travaux pratiques étaient à l’époque une formule neuve d’éducation et de formation professionnelle. Toutes les après-midi, les femmes apprennent en plus des travaux à l’aiguille et au crochet, la fabrication de fleurs artificielles et des objets en vannerie: chapeaux tressés, nattes, soubiques [sic]. Les résultats obtenus sont si heureux qu’à l’exposition de Tananarive, en 1905, la normale d’Ambohipo présente des chaises en joncs tressés qui lui valent le premier prix d’art malgache.
La grande œuvre de Sœur Joseph fut la construction en dur de la maison de formation des aspirantes à la vie religieuse. Quand elles se présentaient, elles n’avaient pour local qu’une vieille case de 4 mètres sur 2, au sol de terre battue. Aucun mobilier. Mgr de Saune fit don du terrain à bâtir et Sœur Joseph se mit à l’œuvre. Après avoir été l’architecte, l’entrepreneur de ce noviciat, elle en devint encore le manœuvre qui entraîne ouvriers et ouvrières. Celles-ci - novices et orphelines - achevèrent de bâtir la maison lorsque la guerre de 1914 tarit les aumônes venues du Luxembourg et de France…Pendant deux ans, aspirantes et enfants de l’orphelinat assurèrent le transport des briques depuis Alasora jusqu’à Ambohipo (5 km), des poutres depuis la rivière ou le chantier de la forêt. Mère Joseph était la première à la tâche. Une quarantaine de ferventes religieuses malgaches sont sorties de ce noviciat et ont été les piliers de la Congrégation de St-Joseph de Cluny à Madagascar.
Sœur Joseph leur donnait une formation religieuse et humaine excellente. Après les instructions concernant la vie religieuse suivait la formation de base: jardinage tout les matins, cuisine à tour de rôle, coupe, couture, broderie, tricot. L’action apostolique se préparait aussi: visite des villages deux fois par semaine et deux par deux, comme les disciples de Jésus: catéchèse aux enfants, aux adultes, aux malades, travaux d’approche près des païens. Avec son modeste sac de toile bourré de fioles et des pansements, Sœur Joseph accompagnait ses Novices pour soigner et réconforter les malades qui n’avaient aucun médecin à leur service.
En 1919, Sœur Joseph fait voile vers Nossi-Bé pour exercer son dévouement auprès des fillettes Sakalava. Lorsque la Congrégation demande le retrait des Sœurs dans cette petite île, Sœur Joseph quitte définitivement Madagascar. Bien que minée par le paludisme, elle continuera ses activités de dévouement dans plusieurs communautés de la région parisienne. C’est près du tombeau de Mère Javouhey, à Senlis, qu’elle termina son existence terrestre le 18 avril 1958.
Sœur Marcienne Fabre
Bibliographie
Cluny-Mission (Annales des Sœurs de St-Joseph de Cluny), nº 171, septembre-octobre 1960.
Cet article, réimprîmé ici avec permission, est tiré d’Hommes et Destins: Dictionnaire biographique d’Outre-Mer, tome 3, publié en 1977 par l’Académie des Sciences d’Outre-Mer (15, rue la Pérouse, 75116 Paris, France). Tous droits réservés.