Collection DIBICA Classique

Tous les articles créés ou soumis au cours des vingt premières années du projet, de 1995 à 2015.

Tamalet, Dominique

Noms alternatifs: Sr. Dominique
1886-1977
Église Catholique
Madagascar

Née le 7 avril 1886, à Goutrens (Aveyron), décédée à Androhibe (Tananarive), le 6 février 1977. A fait Profession à Paris le 19 mars 1910.

Elle arriva à Madagascar le 17 mai 1910.

Toute sa vie a été celle d’une éducatrice de la jeunesse malgache. De 1910 à 1922, elle fait la classe dans les diverses écoles privées de la Capitale.

En 1922, elle ouvre un Cours Supérieur d’études féminines, à Andohalo. “C’était une innovation aussi marquante pour la promotion féminine malgache de ce temps-là que l’ouverture de l’Université en 1963” dira le Père Ralibera, Jésuite. Puis, en 1924, ce fut l’ouverture du premier Cours Normal pour la formation d’institutrices, aussi bien pour l’enseignement public que privé. Le Cours Supérieur commença avec 12 élèves - nombre symbolique. Par ces 12 femmes-apôtres, l’Evangile pénétra en divers points de l’île. De 1922 à 1966, plusieurs centaines de jeunes filles vinrent des Hauts-Plateaux et de la Côte se former à Andohalo. Il en est sorti des institutrices, des sages-femmes, des infirmières, des hôtesses de l’air, etc. Beaucoup de ces mères de famille ont assumé et assument encore des responsabilités dans la Cité et dans la vie politique du pays. L’Eglise de Madagascar y a trouvé des militantes de l’Action Catholique et des vocations religieuses. Pour ses noces d’or, la Présidente de l’Amicale des Anciennes Élèves, Germaine Raharison, terminait ainsi son kabary: “Mère Dominique a fait de nous des mères de famille heureuses. Nous sommes fières de la formation virile qu’elle nous a donnée. Par elle, nous avons connu la véritable image de la France”.

Ses éminents mérites, tant dans le domaine de la formation que sur le plan de l’action humanitaire lui ont valu les plus hautes distinctions malgaches et françaises. L’Église a reconnu aussi son action missionnaire, en lui décernant la médaille Pro Deo et Ecclesia, le 8 novembre 1959. Le 27 janvier 1960, le Président de la République Malgache, Tsiranana, lui remettait la Croix de 1re classe du Mérite malgache, en disant: “Je ne trouve pas assez de mots pour remercier celle qui a tant œuvré pour notre Nation, qui a formé des jeunes filles qui seraient dignes de notre pays, car un pays libre doit avoir des femmes évoluées”. L’épouse du Président Tsiranana assistait à cette cérémonie accompagnée de ses deux filles qui furent élèves de “Mère Dom” ainsi que l’appelaient toutes ses élèves.

Le 28 juillet 1961, la France la faisait Chevalier dans l’Ordre de la Légion d’Honneur, et le 26 juin 1970, Madagascar l’élevait à celui de chevalier de l’Ordre National malgache. Enfin, le 14 mai 1971, alors que Sœur Dominique était en retraite à Androhibe depuis 1968, l’Ambassadeur de France, assisté du Consul Général, lui remettait les insignes de Commandeur de l’Ordre National du Mérite, cet Ordre créé par le Général de Gaulle pour souligner les mérites des meilleurs parmi les Français.

M. l’Ambassadeur Alain Plantey fit remarquer en cette circonstance, que Sœur Dominique était le seul Commandeur de cet Ordre, à Madagascar.

“Avec compétence, avec cœur, avec un inlassable dévouement, vous avez éduqué des générations de jeunes filles malgaches. Vous l’avez fait en chrétienne, en religieuse, en fille de la Mère Javouhey, en vraie fille de France”.

Et le Cardinal Jérôme Rakotomalala, Archevêque de Tananarive, qui avait assisté à la cérémonie toute familiale ajoutait, “Je vous remercie d’avoir tant et si bien travaillé pour l’Église de Madagascar; je vous remercie d’avoir élevé mes sœurs”.

Parallèlement à cette vie toute donnée à l’éducation de la jeunesse malgache, Sœur Dominique a, pendant plus de 60 ans, réalisé une très grande œuvre charitable.

Sœur Marcienne Fabre


Bibliographie

Bulletin de la Congrégation de Saint-Joseph de Cluny, XIX 2, 1959-1962, p. 1113.

Journal “Madagascar Matin” nº 1422 du mercredi 9 février 1977.


Cet article, réimprîmé ici avec permission, est tiré d’Hommes et Destins: Dictionnaire biographique d’Outre-Mer, tome 3, publié en 1977 par l’Académie des Sciences d’Outre-Mer (15, rue la Pérouse, 75116 Paris, France). Tous droits réservés.