Comme premier évêque indigène dans l’histoire de l’église en Namibie, le professeur Léonard Nangolo Auala est une figure permanente dans tout texte sur l’histoire de l’église en Namibie. Auala est né en 1908 dans une famille chrétienne. Après avoir été travailleur contractuel dans les mines de diamants, il a reçu une formation d’enseignant à Oniipa de 1931 à 1932. Il a été instituteur pendant deux ans avant de continuer sa formation d’éducateur à Augustineum en 1934. Suite à cette formation, il a enseigné pendant six ans dans l’institut de formation d’Oniipa.

En 1941 il a reçu une formation d’évangéliste à Paulinum et a été ordonné en 1942. Il a été pasteur dans la paroisse d’Oniipa tout en enseignant dans l’institut de formation. En 1949, ayant fini sa formation pastorale, il est devenu secrétaire du comité de direction de l’Église évangélique luthérienne de Namibie (l’EELN). En 1958, il a été nommé chef du secteur Ondonga de l’EELN. Plus tard, il a continué ses études théologiques en Afrique du Sud, et peu après, il a commencé à aller aux congrès d’église de niveau international en Afrique et en Europe.

En 1960, Auala a été élu modérateur du synode de l’EELN, et en 1963, il est devenu le premier évêque dans l’histoire de cette église. C’est dans cette fonction qu’il est devenu membre du conseil de la direction de la FML (Fédération Luthérienne Mondiale). En 1967, l’université de Helsinki lui a décerné un doctorat en théologie honoris causa (Shejavali 1970:206-109, Kritzinger 1972:56-59). En 1971, Auala a écrit la fameuse “lettre ouverte” à l’intention du premier ministre de l’Afrique du Sud, rédigée conjointement avec le pasteur Gowaseb de l’ELCRN [EELRN].

En 1979, Auala a pris sa retraite et a été succédé par le pasteur Kleopas Dumeni, qui était directeur de l’œuvre parmi les jeunes dans l’EELN. Par la suite, le pasteur Dumeni est devenu le deuxième évêque de l’EELN. Auala est mort le 4 décembre 1983.

Auala a été honoré par toutes les églises indigènes et par le peuple Ovambo en général comme père de leur peuple et comme leader national distingué (Immanuel jan. 1984:9, Kritzinger 1972:295-296). Il faut comprendre son rôle paternel dans le contexte de l’EELN, qui a toujours été l’église d’un peuple homogène et qui a toujours formé une communauté unie sur le plan social et culturel. Depuis le siècle précédent, les membres de l’EELN venaient presque à cent pour cent des peuples qui parlaient l’Ovambo, dans le nord de la Namibie. Le caractère homogène des tribus Ovambo avait toujours été manifeste parmi les membres de l’EELN. La région Ovambo n’avait jamais vraiment été troublée par les événements politiques externes, comme les deux guerres mondiales. Comme évêque de cette confession, qui était la seule “mère” spirituelle des tribus Ovambo, Auala faisait figure de père spirituel, de leader de son peuple. Sa direction a été établie pendant une période où beaucoup d’autorités traditionnelles dans les tribus (les chefs ou les rois) collaboraient avec les gouvernements colonialistes. Ces autorités traditionnelles ne jouissaient donc pas de la pleine confiance du peuple. C’était pendant cette époque que les partis politiques sont devenus la nouvelle “voix du peuple.”

Auala avait souvent des délibérations avec le gouvernement d’Afrique du Sud, et il a représenté son peuple à partir de 1963. En 1963, après l’annonce du plan Odendaal, qui mettait en place le système de l’apartheid, Auala a écrit deux textes brefs adressés au gouvernement sud africain, un en 1964 et un en 1967. Il était souvent en discussion avec les commissaires généraux sur les questions sociales comme le travail contractuel, ainsi que sur d’autres problèmes de la communauté. Auala, la “conscience des souverains,” allait souvent à Prétoria pour sonner l’alarme sur les conséquences de l’apartheid (voir la déclaration du 18 août 1971, du premier ministre de l’Afrique du Sud, Hellberg 1979:176, Buys 1983:304-307).

Auala avait gagné la confiance de son peuple et se considérait le “berger de son peuple,” quelqu’un qui était responsable de leur bien-être spirituel et matériel. Il a décrit son poste au premier ministre sud africain ainsi : “Je suis une sentinelle pour la maison d’Israel” (Ezéchiel ch. 33), qui était obligé d’avertir le gouvernement des injustices souffertes par son peuple.

Auala était un leader très charismatique. C’était un prophète qui témoignait prudemment, avec une grande sensibilité, et un amour de la vérité. Son enterrement s’est déroulé avec les honneurs qui lui revenaient, le 10 décembre 1983, à Oniipa. Des milliers de personnes sont venues au culte oecuménique pour lui rendre hommage le 4 février 1984, à l’église de l’EELN à Katutura, Windhoek (Immanuel jan.-mars 1984:9). [1]

Notes :

Gerhard Buys et Shekutaamba Nambala

Notes:

1. Ce récit vient de Buys et Nambala p. 230-231.

Bibliographie

Source principale

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CCN Information, journal mensuel du conseil des églises de la Namibie, publié dans la décennie 1980.

Entrevues et questionnaires

Christians, N. C. 2002. Unpublished notes forwarded on request to Buys, on 22 May 2002. [Notes non publiées, fournies à Buys le 22 mai 2002, sur demande] Le révérend Nicholas Christians était pasteur de l’église africaine méthodiste Trinity AME à Keetmanshoop de 1953 à 1997, (pendant 43 ans sans interruption). En 1998, l’Institut Wilberforce de l’AMEC, aux Etats-Unis, lui a décerné un doctorat honoris causa.

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Tjijombo, P. 2002. Interview of Buys with Bishop Petrus Tjijombo on 18 January 2002 at his house. [Entrevue de Buys avec l’évêque Petrus Tjijombo le 18 janvier 2002 chez lui] L’évêque Tjijombo était le fondateur (et était toujours directeur) de l’église AFM de St. John’s en Namibie à la date de cette entrevue, suite à un ministère qui avait commencé en 1953. La photo de son ministère, qui datait de cette même année dans ‘l’ancien local’ n’était malheureusement pas de bonne qualité, et n’a pas pu être utilisée dans cette publication.

Witbooi, H. 2002. Interview of Buys with the honourable Dr. Hendrik Witbooi, in Windhoek, on the history of Evangelists Petrus Jod and Marcus Witbooi. [Entrevue de Buys avec l’honorable dr. Hendrik Witbooi, à Windhoek, sur l’histoire des évangélistes Petrus Jod et Marcus Witbooi] Le professeur Witbooi est le fils du pasteur Marcus Witbooi, qui était membre fondateur de l’AMEC (Église africaine méthodiste épiscopalienne) en Namibie. L’entrevue a eu lieu quand le dr. Witbooi était premier ministre adjoint du gouvernement de la Namibie, et directeur de l’AMEC pour la Namibie.

Cet article est reproduit, avec permission, de History of the Church in Namibia, an Introduction - 1805-1990, [Introduction à l’histoire de l’église en Namibie 1805-1990] Gamsberg Macmillan, Windhoek, Namibia, copyright © novembre 2003 par les professeurs Gerhard Buys et Shekutaamba Nambala. Tous droits réservés.