Collection DIBICA Classique
Tous les articles créés ou soumis au cours des vingt premières années du projet, de 1995 à 2015.Braide, Garrick Sokari Marian (A)
Le prophète Garrick Sokari Marian Braide, guérisseur et prophète important, était un des fondateurs du mouvement des églises indépendantes en Afrique. Braide est devenu catéchiste anglican (missionnaire) au cours des années mouvementées qui ont suivi la renvoi de l’évêque Samuel Crowther de son poste de leader des pasteurs du Delta du Niger. L’église anglicane nigériane a obtenu un statut partiellement autonome en 1892, sous la direction de l’évêque James Johnson. Même si Johnson travaillait indépendamment, il n’a jamais coupé ses liens avec la Church Missionary Society (La Société Missionnaire de l’Église - CMS), qui le soutenait.
Braide avait le don de guérison, et à partir de 1908, les gens venaient à lui pour les guérisons et les prophéties. On disait qu’il était capable de prévoir les difficultés personnelles et d’accorder la bonne fortune. Johnson continua de le soutenir parce que ses guérisons, quoique inhabituelles, n’étaient pas très différentes des expériences vécues par la CMS (SME) évangélique. Un autre facteur qui contribuait à cette tolérance : le fait que Braide réussissait souvent à persuader les nouveaux croyants de rejeter leurs fétiches et leurs idoles. Il a défié les prêtres traditionnels dans un concours pour faire la pluie et a triomphé d’eux en invoquant le Dieu chrétien. Il passait des nuits entières dans la prière, exigeait que l’on observe le dimanche, et prêchait la paix et la réconciliation. Il a aussi dénoncé toute consommation d’alcool, au point où celle-ci s’est réduite de façon dramatique. La perte de ce revenu (créé par l’impôt sur la vente de l’alcool), était si importante que les Britanniques, qui ont porté plainte contre lui par peur de la croissance de son influence, ont cité cette baisse de revenu comme une des accusations portées contre lui.
Vers 1915, Braide avait déjà attiré un groupe d’adhérents qui était plus attaché à lui qu’au ministère du Delta ou à la CMS (SME). Le nombre de ses adhérents à l’époque a été évalué à plus d’un million de personnes. On lui a rendu l’honneur qui revient à un prophète, et il a commencé à utiliser ce titre, se donnant le nom d’Élie II. En fait, une secte s’était créée autour de lui. Plus de deux tiers de l’assemblée du Delta a quitté l’évêque Johnson pour suivre Braide, et Johnson s’est retourné contre son protégé. Après avoir interdit le mouvement pour cause d’hérésie, Johnson a demandé aux autorités coloniales britanniques de faire une enquête, et ces derniers ont vite répondu à l’appel. Lorsqu’on a rapporté que Braide avait dit que le pouvoir était en train de passer des blancs aux noirs pendant la première guerre mondiale, les britanniques l’ont mis en prison pour cause de sédition. Sans lui, les derniers liens précaires avec la SME ont été coupés, et ses disciples ont fondé une nouvelle confession, l’Église de l’Armée du Christ. C’était une des premières églises indépendantes à être fondées en Afrique par réaction à la domination étrangère. Braide est mort dans un accident en 1918, et son mouvement s’est divisé en de nombreux groupes. Certains ont continué à pratiquer sa moralité chrétienne rigoureuse, et d’autres ont adapté le christianisme aux coutumes africaines.
Norbert C. Brockman
Bibliographie
Ewechue, Ralph (éd.). Makers of Modern Africa [Les créateurs de l’Afrique moderne] 2ème édition. London: Africa Books, 1991.
Cet article est reproduit, avec permission, de An African Biographical Dictionary [Un dictionnaire de biographies africaines], copyright © 1994, édité par Norbert C. Brockman, Santa Barbara, California. Tous droits réservés.
Lien externe:
Encyclopaedia Britannica (article complet en anglais): Braide movement [mouvement Braide].