Collection DIBICA Classique
Tous les articles créés ou soumis au cours des vingt premières années du projet, de 1995 à 2015.Saai, Joseph Elisa Isholibo (A)
Le pasteur J. E. Isholibo Saai, membre de la tribu des Tiv, a grandi dans la partie du Nigéria central qui s’appelle la Middle Belt (La “ ceinture “ centrale), plus précisément connue comme la province de Benue. L’évangile a d’abord été proclamé parmi les Tiv en 1911, l’année de la naissance du Rév. Saai. En fait, il a été proclamé dans le village appelé Saai par des missionnaires de l’église réformée néerlandaise de l’Afrique du sud. Cette année-là, la plupart de la région Tiv était toujours inaccessible aux étrangers. En 1912, la permission pour les voyages missionnaires à été accordée pour certaines parties de la région tribale. La région de Tiv était la dernière région importante du Nigéria à être mise sous le contrôle des britanniques.
Le révérend Saai a raconté qu’il ne comprenait rien au message des missionnaires dans ses premières années, parce qu’à l’origine, ils ne parlaient que le Hausa. Comme garçon, il voulait aller à l’école que les missionnaires avaient commencée, mais ses parents étaient contre et il a été battu et harcelé. Il a dit, “Ce que j’entendais à l’école me semblait merveilleux, et j’ai commencé à comprendre certaines choses vis-à-vis du Seigneur.” Mais, après un peu, les missionnaires ont quitté Saai, et il n’avait plus de vie spirituelle.
En général, les Tiv n’ont pas répondu à l’évangile avec enthousiasme. Les quatre premiers baptêmes ont été enregistrés le 30 décembre 1917, mais dans l’espace d’un an on a trouvé que ces quatre personnes vivaient dans le péché et ils ont été mis sous censure. Après dix-neuf ans de proclamation de l’évangile, il y avait six adultes baptisés.
Quand Isholibo a eu dix-sept ans, ses parents lui ont trouvé une femme. Plus tard, sa femme, Kuver, ainsi que sa mère, ont été baptisées. A l’âge de vingt-deux ans, Isholibo a commencé à tenir des cultes pour les enfants du village. De sa propre initiative, il a commencé à faire l’étude du catéchisme et il s’est remis à prier. Trois ans plus tard, avec l’aide de quelques autres personnes, il a construit un bâtiment qui a servi à la fois d’école et d’église – et tout cela a été fait sans l’encouragement ni la connaissance des missionnaires. Il a été baptisé en 1937, à l’âge de vingt-six ans.
Isholibo Saai s’est inscrit dans l’école missionnaire pour la formation des évangélistes en 1938 et a complété le programme de formation, devenant évangéliste parmi son peuple en 1943. En 1950, il a été décidé de choisir quatre hommes prometteurs et de les former pour la vocation pastorale – mais, c’était à condition qu’ils finissent d’abord la sixième année d’études [standard 6]. Isholibo était un des quatre hommes choisis. Le 6 octobre 1952, la première classe de pasteurs a été inaugurée. Le 25 juillet 1956, les quatre hommes sont passées devant le comité d’examen et ont tous été acceptés comme ayant reçu un appel au ministère. Le révérend Saai a été ordonné à Apir, le 26 janvier 1957. Par la suite, il a servi à Harga, et a terminé son ministère dans son village natal de Saai.
Le 9 janvier 1957, l’Église Tiv (la Nongo U Kristu u ken Sudan hen Tiv, la NKST, littéralement, “Ceux qui suivent le Christ au Soudan parmi les Tiv”) a officiellement été établie à Mkar, et comptait 1600 membres baptisés. Les dons du révérend Saai ont vite été reconnus dans la région, et il a été nommé éditeur du magazine confessionnel Mkaanem en 1958. Comme il parlait couramment le Hausa, il était souvent envoyé comme délégué aux congrès œcuméniques où on parlait le Hausa et l’anglais. Un événement d’importance capitale pour la NKST a eu lieu en janvier 1961, quand le manuscrit de la Bible entière en Tiv a été envoyé à la British and Foreign Bible Society [Société biblique britannique et étrangère] pour être publié.
Vers la fin de 1960, il existait treize assemblées desservies par huit pasteurs. C’est à cette époque que l’église Tiv s’est mise à grandir énormément. Cette année-là, on a enregistré 3200 membres baptisés, et l’assistance dans les réunions d’église est montée jusqu’à 47000 personnes. Au cours des six ans qui ont suivi, le nombre de paroisses a doublé et celui des pasteurs a quadruplé (32). En 1968, on comptait 14000 membres baptisés et 200000 personnes assistaient aux cultes. Il s’agissait d’un véritable mouvement populaire, et selon certains analystes, la NKST était l’église avec le plus grand taux de croissance sur le plan mondial.
Vers la fin des années 1950, des missionnaires de la Christian Reformed Church [CRC – Églises Réformées Chrétiennes de l’Amérique du Nord] ont été invités à venir au Tivland et, en 1961, la mission de l’Afrique du Sud a transféré tous ses ministères à la mission de la CRC, qui était une branche de la Sudan United Mission [Mission unie du Soudan]. Au cours de ces négociations, souvent délicates, les missions sont souvent venues demander conseil au révérend Saai. La NKST est restée réformée dans sa position confessionnelle, et sa vision “du monde et de la vie” a encouragé des ministères pratiques dans des douzaines d’écoles primaires, des cliniques médicales, un grand hôpital central, une faculté pour enseignants, une école secondaire, un refuge pour les lépreux, et un orphelinat. L’Institut Biblique Benue et la Faculté Théologique Réformée du Nigéria préparent les évangélistes et les pasteurs.
Dès le mois de décembre 1958, la NKST s’était associée à un plus grand ensemble de confessions évangéliques au Nigéria, connu parmi les Tiv comme la Tarraya la Communion des Églises du Christ au Soudan. L’acronyme TEKAS a été créé pour résumer la forme abrégée de la phrase Hausa Tarrayyar Ekklesioyoyin Kristi a Sudan. Le révérend Saai a souvent été envoyé comme délégué dans ces réunions. Il a aussi été délégué fraternel au Synode de l’Église Réformée Néerlandaise de l’Afrique du Sud, au Synode de l’Église Chrétienne Réformée en Amérique du Nord, et au Synode Œcuménique Réformé (un conseil d’églises réformées du monde entier, qui se réunit tous les quatre ans).
Un homme très digne et de nature sympathique, Isholibo Saai a souvent servi comme président du synode annuel. Dans les conseils de la mission et de l’église, ses opinions étaient très respectées et tranchaient souvent dans les décisions. Sa vie et son ministère portent encore du fruit aujourd’hui parmi les deux millions de Tiv.
Eugene F. Rubingh
Bibliographie
Casaleggio, Enrico N. 1965. Levitikus 25 :19 “En die land sal sy vrug gee”: Vyftig jaar van Sendingwerk in die Soedan. Kaapstad: Die Algemene Kommissie van die N. G. Kerk, 1965.
Traduction anglaise: The Land Will Yield Its Fruit [La terre donnera son fruit] par le rév. J. Orffer.
Rubingh, Eugene. Sons of Tiv [Fils de Tiv]. Grand Rapids, Michigan : Baker, 1969.
Ce récit, soumis en 2002, est le produit des recherches de Eugene F. Rubingh, qui a vécu parmi les Tiv pendant dix ans, et qui plus tard a servi comme secrétaire exécutif de Christian Reformed World Missions [Mission mondiale chrétienne réformée]. A présent, il exerce un ministère avec la International Bible Society [Société internationale de la Bible] à Colorado Springs, Colorado, aux Etats-Unis.