Collection DIBICA Classique
Tous les articles créés ou soumis au cours des vingt premières années du projet, de 1995 à 2015.De Marion Brésillac, Melchior-Marie-Joseph (B)
Melchior-Marie-Joseph de Marion Brésillac naquit le 2 décembre 1813 à Castelnaudary dans une vieille famille du Lauraguais. Il fit son éducation près de ses parents, dont les ressources avaient été fort diminuées par la Révolution, et n’alla au petit séminaire – collège de Carcassonne – qu’en rhétorique. En 1836, après avoir enseigné pendant deux ans au petit séminaire, il entra au grand séminaire. Ordonné prêtre le 22 décembre 1838, il resta trois ans vicaire dans une paroisse de Castelnaudary. En 1841, malgré l’opposition de sa famille, il entra au Séminaire des Missions Etrangères. En 1842, c’est enfin le départ pour l’Inde, pour Pondichéry plus précisément. Il y étudie le tamoul et, dès 1844, prend la direction du séminaire-collège. Il participe alors au Synode de Pondichéry, présidé par Mgr Bonnand, qui devait rester trente ans évêque de Pondichéry. Le Synode revêtit une particulière importance pour la création d’un clergé indigène, cause que Marion Brésillac et surtout son ami Jean Luquet, bientôt nommé évêque par Rome, soutenaient de toute leur énergie. L’année suivante le jeune missionnaire était lui-même nommé pro-vicaire apostolique du Coïmbatour et sacré à Carumattampatty le 4 octobre 1846. Il administrait le diocèse jusqu’en 1854, apportant tous ses soins notamment à la création d’un séminaire. En 1850 il refusait de revenir à Pondichéry comme coadjuteur, et sa mission de Coïmbatour était érigée la même année en vicariat apostolique. En 1853, pour des raisons complexes, il quittait Coïmbatour pour Rome où il allait expliquer les difficultés auxquelles il se heurtait: problème épineux des castes et des rites syro-malabares, sur lequel les missionnaires s’opposaient depuis longtemps; conscient de la trop grande rigidité du système en vigueur, il ne voulait pas le modifier dans la pratique sans l’assentiment de la S.C. de la Propagande; difficultés pour promouvoir le clergé indigène, hostilité personnelle d’une partie des missionnaires, crise d’autorité enfin au sein même de la Société des Missions Etrangères, où le pouvoir se partageait entre les directeurs du Séminaire de Paris et les vicaires apostoliques.
A Rome où il arriva en avril 1854, il fut reçu par Pie IX et exposa son point de vue sur les questions en litige. Le Pape lui demanda un rapport sur les missions en Inde et il rédigea de son propre chef un mémoire sur les Missions Etrangères. Sans prise de position très nette de Rome, en porte à faux avec sa Société, il finit par donner sa démission de vicaire apostolique que le Saint-Siège accepta en mars 1855. Il se retira alors chez les Capucins de Versailles.
En août 1855, un de ceux-ci faisait la connaissance aux Eaux-Bonnes de Régis aîné, négociant marseillais qui avait fondé un comptoir au Dahomey. Depuis longtemps celui-ci souhaitait l’installation de missionnaires et avait contacté sans succès le P. Libermann. Mgr de Brésillac le rencontrait à Marseille à la mi-décembre et le 4 janvier 1856 il soumettait à la Propagande un rapport au sujet d’une nouvelle mission à établir dans le royaume de Dahomey. Le Pape l’encourageait alors à fonder une société missionnaire. Il entreprit dans le midi de la France une grande tournée de prédication et de quête et s’établit à Lyon en juin. Il y fut rejoint en novembre par ses premiers compagnons, notamment A. Planque, et le 8 décembre naissait la Société des Missions Africaines de Lyon. Il continua à parcourir la France pour assurer la vie matérielle de la nouvelle Société. Le 27 avril 1857, la Propagande lui proposait le vicariat apostolique de Sierra Leone qu’il acceptait. Nommé vicaire apostolique en juin 1858, il préparait le départ des premiers missionnaires qui quittèrent la France en octobre. Lui-même les rejoignit à Freetown le 14 mai 1859. Le 25 du même mois Mgr de Brésillac mourait de la fièvre jaune ainsi que ses compagnons. Son œuvre, qu’il avait confiée au P. Planque, devait lui survivre, grâce à l’obstination et à la ténacité de ce dernier.
Bibliographie :
Paule Brasseur
Bibliographie
Lettres et manuscrits. Archives de la Société des Missions Africaines de Lyon. Rome.
Mgr de Marion Brésillac. Notice sur la Société des Missions Africaines. Lyon, 1858.
Idem. Une octave prêchée à l’église Notre-Dame des Victoires. Paris 1855.
Idem. “Rapport à Mgr Barnabo, Sur la chrétienté syro-malabare,” publié par le P. Grafin. L’Orient syrien, 1960, 5, 197-224.
Idem. Retraite missionnaire. Lyon, 1942.
L. Le Gallen. Vie de Mgr de Marion Brésillac, évêque de Pruse, Fondateur de la Société des Missions Africaines de Lyon d’après ses mémoires. Lyon 1910.
Jean Bonfils. L’œuvre de Mgr de Marion Brésillac en faveur du clergé local dans les Missions de l’Inde au XIXe siècle. Lyon, 1959.
Mgr de Marion Brésillac. Notice biographique. Doctrine missionnaire. Textes. Paris, 1961.
A. Launay. Histoire des Missions de l’Inde, tome II. Paris, 1898.
Mémorial de la Société des Missions Etrangères, tome II. Paris, 1912-1916.
L. Bechu. History of the Coïmbatore Mission. Bangalore, 1948.
Lucien Reyser. “Mgr de Marion Brésillac et le clergé indigène dans l’Inde.” Les Missions catholiques, juin-août 1957, 178-187.
Cet article, réimprîmé ici avec permission, est tiré d’Hommes et Destins: Dictionnaire biographique d’Outre-Mer, tome 2, volume 2, publié en 1977 par l’Académie des Sciences d’Outre-Mer (15, rue la Pérouse, 75116 Paris, France). Tous droits réservés.