Collection DIBICA Classique

Tous les articles créés ou soumis au cours des vingt premières années du projet, de 1995 à 2015.

Sawyerr, Harry Alphonso Ebun

1909-1986
Communion Anglicane
Sierra Leone

Harry Alphonso Ebun Sawyerr [1] est Né à Freetown, Sierra Leone, le 16 octobre, 1909. Fils de missionnaires envoyés au cœur du pays Mende, Harry a grandi en Afrique traditionnelle et n’a jamais perdu l’amour et l’émerveillement qu’il ressentait pour la langue et les traditions Mende [2]. Son père, le rév. Obrien A.D. Sawyerr, a servi comme missionnaire et pasteur à Boma Sakrim. Mais, comme Krio de Sierra Leone, la perspective de Sawyerr comprenait une longue histoire d’identité chrétienne et d’activité missionnaire. La langue anglaise et les institutions britanniques avaient été incorporées à une culture cosmopolite qui avait une langue qui lui était particulière. Ajouté à son expérience du point de vue traditionnel africain - c’était un des rares Krio qui parlaient couramment le Mende - Sawyerr était dans une position unique: il pouvait voir les points forts d’une théologie chrétienne africaine réellement indigène ainsi que les solutions possibles aux problèmes qui pourraient se développer.

Dans ses années formatives, Harry était élève à l’école secondaire Prince of Wales à Freetown. C’est là que l’évêque T.S. Johnson a découvert en lui un jeune homme intelligent et disposé à la formation d’instituteur. Quand Johnson a commencé à enseigner à Fourah Bay College, il a amené Harry avec lui. Johnson a fait comprendre à Harry Sawyerr sa vision d’une éducation compréhensive: elle comprenait la science, la théologie, l’économie et le grec. Il considérait que la science ou l’économie à elles seules ne permettraient pas que la Sierra Leone prenne la place qui lui revenait dans le monde. L’ignorance des courants intellectuels européens nuirait encore plus au développement intellectuel africain que l’idée selon laquelle certaines formes d’études pareilles n’avaient aucun rapport à l’Afrique. Après, toujours dans le sillon de la vision de Johnson, Sawyerr aussi insistait sur la nécessité du grec, de la théologie classique et des études bibliques pour l’étudiant africain.

Pendant plus d’un siècle, Fourah Bay College, qui avait été fondé par la CMS en 1827, avait été la meilleure institution éducative en Afrique de l’ouest. A partir de 1876, elle avait été affiliée à l’université de Durham et préparait les élèves pour l’obtention des diplômes à Durham. En 1970, Fourah Bay College a été affilié à l’université de Sierra Leone. Sawyerr a obtenu sa licence à Fourah Bay College en 1934, sa maîtrise des arts en 1936, et sa maîtrise de l’éducation en 1940, toujours à Fourah Bay. [3] En 1943, il a été ordonné dans l’église anglicane. Il est devenu tuteur en 1933, ensuite conférencier à Fourah bay College, ensuite professeur en 1961, et directeur de la faculté de théologie. En 1972, il a été nommé vice chancelier de l’université de Sierra Leone.

Sawyerr a aussi fait des études dans la faculté supérieure de théologie de St. John’s College à Durham, en Angleterre, de 1945 à 1948. Il a appris les langues de la Bible, a fait l’étude des pères latins et grecs de l’église, et s’est plongé dans la tradition anglicane de l’école. Rentré à Fourah Bay, il a continué à poursuivre la vision de Johnson, selon laquelle il fallait incorporer la théologie à l’université. Johnson avait assumé, “…la pertinence universelle de la théologie pour tous les domaines de l’activité humaine, ainsi que la responsabilité qu’avait l’église de faire sa contribution à chaque domaine.” [4] Michael Ramsey, l’archevêque de Canterbury (1961-1974) a écrit: “Quand [Sawyerr] est rentré à Fourah Bay et a entamé sa longue carrière d’enseignant et d’écrivain, c’était très intéressant de voir l’interaction des intérêts ouest africains et ceux de Durham dans les sujets qu’il a abordés. Il savait que le christianisme est plus grand que toutes ses formes culturelles.” [5]

Eventuellement, Fourah Bay n’était plus sous la juridiction de l’église, qui est passée par des crises financières et une restructuration conséquente, et elle a pris sa place à l’université de Sierra Leone. Le département de la théologie a développé un programme de ministère oecuménique, un programme de licence, un programme de stages qui servait le clergé en période de vacances, et diverses publications. Sawyerr faisait surtout l’étude et l’enseignement du Nouveau Testament, et il est devenu “un personnage que l’on remarque dans les réunions de la société internationale (mais à l’époque presque entièrement occidentale) d’érudits du Nouveau Testament , la Studiorum Novi Testamenti Societas.” [6] Il était éditeur du Sierra Leone Bulletin of Religion, membre du comité éditorial du Journal of African Religion, ainsi qu’éditeur et auteur des “opuscules Aureol” pendant quatorze ans. [7] En raison de son éminence dans les domaines de la théologie et de l’éducation, et aussi parce que le lien qui unissait Fourah Bay College et l’université de Durham arrivait à sa fin, un doctorat en théologie lui a été conféré par l’université de Durham en 1970, [8] marquant une vie passée au service de la théologie et de l’éducation supérieure.

Sawyerr insistait sur l’excellence académique pour les africains ainsi que sur la nécessité de l’éducation dans son jeune pays, afin que l’Afrique puisse prendre sa place dans le monde. Sawyerr a aussi été président de Milton Margai Teacher Training College [collège pour éducateurs] de 1960 à 1969, membre de la Commission du Service Public de la Sierra Leone (1968-1969) et président du Comité sur l’Education de la Sierra Leone (1969-1974). En plus de nombreux autres honneurs, Le Libéria lui a décerné le Grand Commandant, Ordre de l’Etoile d’Afrique en 1971. [9] Il était membre du Comité sur la Foi et l’Ordre du Conseil Mondial des Eglises de 1962 jusqu’à 1975. Après avoir pris sa retraite du domaine de l’enseignement, il a continué à servir l’église et a quitté la Sierra Leone seulement parce qu’il a continué à enseigner à Codrington College, à la Barbade. [10]

Sa vivacité intellectuelle et sa gentillesse lui ont valu l’amour et le respect de tous. Sa femme Edith, qu’il a épousé en 1935, était considérée par leurs amis comme “une femme aimable qui était son égal,” [11] et qui avec lui “rayonnait le contentement au sein d’un grand cercle d’amis.” [12] Il est mort à Freetown, Sierra Leone, au mois d’août, en 1986, âgé de 76 ans. [13]

L.M. Miles


Notes:

  1. L’information biographique vient surtout de Andrew F. Walls, “The Significance of Harry Sawyerr” [La signification de Harry Sawyerr] dans The Cross-Cultural Process in Christian History [Le processus interculturel dans l’histoire chrétienne] (New York: Orbis Books, 2002), 165-173, et de Mark E. Glasswell and E. W. Fasholé-Luke, éds., “Introduction” dans New Testament Christianity for Africa and the World: Essays in Honour of Harry Sawyerr [Le christianisme du nouveau testament pour l’Afrique et pour le monde: essais en honneur de Harry Sawyerr] (London: SPCK, 1974), 3-7.

  2. Walls, 166. “One of his earliest scholarly publications was an article on Mende grammar.” [Un de ses premiers textes académiques publiés était un article sur la grammaire Mende.]

  3. De “Honorary Degrees: Speeches of Presentation” [Diplômes honoris causa: textes de présentation] donné par Prof. d’oraison publique W. B. Fisher, Castle Durham, le 2 juillet, 1970, et aussi de “Harry Alphonse Ebun Sawyerr” dans Contemporary Authors Online [auteurs contemporains en ligne], 2003 éd.; accès le 9 mai, 2005; disponible sur www.ebscohost.com.

  4. Walls, 169.

  5. Michael Ramsey, “An Appreciation” [Une appréciation] dans Glasswell et Fasholé-Luke, 1.

  6. Walls, 171.

  7. Contemporary Authors Online. [voir no. 3 ci-dessus]

  8. Dr. M. M. N. Stansfield, assistant pour les archives et les collections spéciales, Durham University Library, Palace Green, Durham UK, e-mail à l’auteur, le 8 juin, 2005.

  9. Contemporary Authors Online. [voir no.3 ci-dessus]

  10. Walls, 171, 173.

  11. “Introduction” dans Glasswell et Fasholé-Luke, 5.

  12. Ramsey dans Glasswell et Fasholé-Luke, 1.

  13. “Obituary” [Décès] The Times, London. Le 3 septembre, 1986.


Bibliographie sélectionnée des œuvres de Harry Sawyerr:

Sawyerr, Harry. Creative Evangelism. [l’évangélisation créative] London: Lutterworth, 1968.

——–. “The Earth-Goddess” [La déesse de la terre] dans Founders of Religions: Christianity and Other Religions. [Les fondateurs des religions: le christianisme et les autres religions] Rome: Gregorian University Press, 1984.

——–. The Practice of Presence: Shorter Writings of Harry Sawyerr. [La pratique de la présence: les textes brefs de Harry Sawyerr] éd. John Parratt. Grand Rapids: Eerdmans, 1996.

——–. “Sacrifice” dans Biblical Revelation and African Beliefs. [La révélation biblique et les croyances en Afrique] éd. Kwesi Dickson et Paul Ellingworth, 57-82. London: Lutterworth Press, 1969.

——– et W. T. Harris. The Springs of Mende Belief and Conduct. [Les sources des croyances et des comportements Mende] Freetown: Sierra Leone Univ. Press, 1968.

——–. “Traditions in Transit” dans Religion in a Pluralistic Society [La religion dans une société pluraliste] éd. J. S. Pobee, 85-96. Leiden: E. J. Brill, 1976.


Ce récit, reçu en 2005, a été recherché et rédigé par L.M. Miles alors qu’elle faisait des études de maîtrise à Palmer Theological Seminary, 6 Wynnewood Avenue, Philadelphia, PA. Elle commencera un programme de doctorat à l’université d’Aberdeen, en Ecosse, en 2006.