Collection DIBICA Classique

Tous les articles créés ou soumis au cours des vingt premières années du projet, de 1995 à 2015.

Mokone, Mangena Maake (A)

1851-1931
L'Église Éthiopienne
Afrique Du Sud

C’est Mokone qui a fondé l’église éthiopienne en 1892. Son déplacement de l’église méthodiste vers sa propre église africaine pluri tribale a éventuellement donné lieu à la formation de nombreuses autres églises indépendantes. Mokone a pris comme mot d’ordre le Psaume 68 :31 - “Kush [l’Ethiopie] tendra les mains vers Dieu.”

Mokone est né à Sekhkuniland en 1851, et il était membre de la tribu des Bogaga. Son père, un chef secondaire, a été tué lors de la guerre Swazi de 1863. Accompagné d’un ami, le jeune Mokone avait fui jusqu’à Durban, où Mokone a trouvé du travail chez une certaine Mme. Steele, qui était dans l’église méthodiste. Elle lui a appris à lire, et elle l’a encouragé à prendre des cours du soir. Mokone voyait la Bible près du lit de Mme. Steele, et désirait fort pouvoir la lire, ce qui a fait de lui un élève assidu. Mme. Steele l’a aussi encouragé à aller à l’école du dimanche à la chapelle d’Aliwal Street.

En 1870, Mokone est allé s’installer à Pietermaritzburg et a trouvé du travail dans une plantation de sucre. Cependant, six mois après, il est rentré à Durban. Un jour Mokone a entendu un prédicateur local, M. Fine, prêcher sur les ruses du diable, et il s’est converti. En 1874, Mokone a été baptisé par le rév. Damon Hlongwana et il est rentré à Pietermaritzburg pour s’inscrire à Edendale College.

Mokone est devenu prédicateur local lui-même, travaillant le jour comme menuisier, et prêchant la nuit dans des réunions de renouveau. Un jour, son assemblée était tellement émue que les gens étaient en larmes et faisaient du bruit. Un voisin blanc leur a dit de “vuka” (se lever) et a demandé que Mokone soit remplacé par un prédicateur plus modéré.

En 1880, au synode de l’église méthodiste à Pietermaritzburg, l’église a décidé de nommer des ministres de probation, et Mokone était du groupe sélectionné. Plus tard, il est devenu “missionnaire indigène assistant.” Après avoir passé deux ans à Newstead, il a été affecté à Pretoria.

A Pretoria, Mokone a commencé une école et a établi une assemblée. Suite à sa probation, il a été ordonné en 1887. L’année suivante, il a été envoyé au district de Waterberg, au nord de Pretoria. Pendant qu’il habitait là, sa femme est morte de la tuberculose, le laissant seul avec deux fillettes.

Ensuite, il est allé à Johannesburg, où il a rencontré des gens comme J.Z. Tantsi, qui l’a rejoint dans l’église Ethiopienne plus tard. A l’époque ou Mokone travaillait au Transvaal, la ségrégation raciale était appliquée lors des réunions de district, et cette pratique était devenue la norme pour le gouvernement des églises. Mokone était indigné par cette pratique, et il a mentionné la ségrégation raciale comme une des raisons pour lesquelles il avait quitté l’église méthodiste. Aux soi disantes “réunions d’indigènes,” le travail des évangélistes et des “missionnaires indigènes assistants” était discuté et on accordait alors l’argent à ceux qui étaient en train d’être ainsi jugés. Mokone pensait que certains évangélistes avaient été jugés injustement. Un d’entre eux s’appelait Samuel Mathabathe, et on lui a dit, après la démission de Mokone, qu’il n’était pas assez fin, sur le plan intellectuel, pour être ordonné, et qu’il devait continuer à travailler comme évangéliste (Compte-rendu, 1895). Quand il a démissionné, Mokone travaillait comme tuteur à Kilnerton College.

Mokone a attendu que son ami, le rév. Owen Watkins, prenne sa retraite avant de donner sa démission. En 1892, il a écrit au surintendant du district, George Weavind, en disant, “Par cette lettre je vous informe qu’à la fin du mois, j’ai l’intention de quitter l’église wesleyenne et de servir Dieu comme je l’entends.” Il leur a donné de nombreuses raisons pour avoir pris cette décision, y compris : les réunions de district séparées, le manque de compréhension de la part des pasteurs blancs, le fait que les pasteurs africains ne recevaient pas d’allocation familiale, et la paie insuffisante (Compte-rendu, 1892).

En novembre 1892, Mokone et vingt autres ont organisé le culte qui a marqué l’établissement de l’église éthiopienne. Samuel Brander était parmi ceux qui ont rejoint Mokone, et par la suite de nombreuses personnes telles que J.Z. Tantsi, J.G. Xaba et Marcus Gabashane sont aussi devenus membres de l’église. Plus tard, Dwane et Goduka sont aussi devenus membres.

Ayant appris dans les lettres de Charlotte Manye comment l’église africaine méthodiste épiscopalienne aux Etats-Unis avait des leaders noirs et suffisamment d’argent pour éduquer leurs propres membres, Mokone et les autres éthiopiens ont décidé de les inviter à s’amalgamer et à former une branche sud africaine. Dwane a été envoyé aux Etats-Unis et il est rentré pour “ré obliger” (refaire l’ordination) des ministres de l’église éthiopienne.

En 1889, l’évêque Turner, de l’AMEC, est venu en Afrique du Sud. Il a été accueilli par les éthiopiens et a ordonné de nombreux ministres. Mokone est devenu ancien de l’AMEC.

L’année suivante, Dwane était déjà impatient, et lors d’un congrès à Queenstown, lui et d’autres ont décidé de quitter l’AMEC. Mokone est resté loyal, et il s’est réuni avec les ministres qui étaient aussi restés pour éviter que les troubles ne s’empirent.

Mokone a pris un rôle de leader dans les congrès de l’AMEC, mais il ne pouvait pas être évêque, car ce poste était réservé aux américains. Il a servi dans plusieurs comités, et c’était souvent lui qui faisait les méditations spirituelles.

En 1903, les membres du congrès voulaient célébrer un “jour Mokone” mais il leur a demandé de ne pas le faire pendant qu’il était encore en vie. Trois ans plus tard, il a été envoyé aux Etats-Unis comme délégué au congrès général. Il a continué à servir l’AMEC et a fait figure de père respecté jusqu’à sa mort en 1931.

J.A. Millard


Bibliographie

Comptes-rendus des réunions du district (synodal) du Transvaal et du district de eswatini de l’église méthodiste 1883, 1885, 1890, 1892, 1895.

MS 15 432. Papiers missionnaires du Transvaal. Bibliothèque de Cory, Grahamstown.

Notices de la société missionnaire méthodiste wesleyenne 1888, 1891.

Interview avec Mangena Mokone. The South African Methodist, (16 décembre, 1885).

Roux, E. Time Longer Than Rope: A History of the Black Man’s Struggle for Freedom in South Africa [Plus de temps que de corde: une histoire de la lutte de l’homme noir pour la liberté en Afrique du Sud]. Madison: The University of Wisconsin Press, 1964.

Skota, T.D.M. The African Yearly Register: Being an Illustrated National Biographical Dictionary (Who’s Who) of Black Folks in Africa [Le bottin annuel africain: un dictionnaire national biographique illustré des noirs en Afrique]. Johannesburg: R. Esson, 1933.

Résolutions supplémentaires du synode du Natal, 1879.


Cet article est reproduit, avec permission, de Malihambe - Let the Word Spread, copyright © 1999, par J.A. Millard, Unisa Press, Pretoria, South Africa, Tous droits réservés.