Collection DIBICA Classique

Tous les articles créés ou soumis au cours des vingt premières années du projet, de 1995 à 2015.

Comboni, Anthony Daniel (D)

1831-1887
Église Catholique
Soudan

Daniele Comboni

Né le 15 mars 1831 à Limone (diocèse de Brescia), sur les bords du lac de Garde, dans une famille paysanne très pauvre, Daniele Comboni, tout enfant, sentit s’éveiller une vocation missionnaire, à la lecture probablement des Annales de la Propagation de la Foi. Après l’école primaire de Limone, il entrait le 23 février 1843 à l’Institut missionnaire de Don Mazza, à Verone alors occupée par l’Autriche, où il fit ses études secondaires et théologiques. Ordonné prêtre le 31 décembre 1854, après avoir d’abord songé au Japon, il partit en mission en Afrique centrale pour le première fois en 1857, avec cinq compagnons, à destination du pays Denka au Sud de Khartoum. A la fin de 1859, Don Mazza, devant les décès successifs, rappela ses missionnaires.

Vice-recteur de l’Institut africain de Vérone en 1860, Daniele Comboni parcourut de 1862 à 1864 l’Italie, l’Autriche, l’Allemagne, la Suisse, la France, en vue de faire de la propagande pour la mission de l’Afrique centrale. En 1864, il rédigea en quelques jours un Plan de Régénération de l’Afrique, qu’il avait conçu comme en une illumination. Obsédé par les décès et les maladies qui affectaient les européens en Afrique, il reprenait à son compte une idée qui traverse toute la pensée missionnaire de cette époque, à savoir la création d’un clergé indigène, mais en préconisant une base très large par la formation d’ouvriers et d’artisans, de maîtres d’écoles et de catéchistes, et chez les femmes de bonnes ménagères et d’institutrices. Son plan fut approuvé par la S.C. de la Propagande, qui l’imprima, et par Pie IX, qui lui conseilla de gagner à ses vues les sociétés et congrégations missionnaires, et tout particulièrement la Propagation de la Foi.

Il fut mal reçu à Lyon à l’instigation du P. Planque, supérieur général des Missions Africaines de Lyon, qui avait son propre plan missionnaire, adapté tant bien que mal à l’Afrique de l’Ouest, alors que l’expérience de Comboni, bien qu’il voulut l’étendre à toute l’Afrique, était essentiellement nilotique. Appelé à Paris par Mgr Massaia, l’apôtre de l’Ethiopie, il y resta six mois, y noua de nombreuses relations: A. Cochin, les frères Ratisbonne…, et sut intéresser les milieux chrétiens de la capitale, notamment les bureaux parisiens de la Propagation de la Foi, et l’impératrice elle-même, aux Missions d’Afrique.

En 1865, il repartit en Afrique et s’y retrouva bientôt seul à la mort de ses compagnons. Le cardinal Barnabo, préfet de la Propagande, lui proposa de créer un Séminaire pour l’Afrique centrale qu’il établira [avec] plusieurs œuvres au Caire, essentiellement deux Instituts d’éducation pour de jeunes africains et africaines. La même année, Mgr di Carrossa, évêque de Vérone, crée une association du Bon Pasteur, destinée à mettre en œuvre le Plan de Comboni et à faire vivre le séminaire. Celui-ci, fondé en même temps, sera officiellement reconnu le 8 décembre 1871 par l’évêque de Vérone sous la dénomination d’Institut des Missions pour la Nigritie.

Comboni prépara ensuite pour le Concile de Vatican I un postulatum précédé d’une circulaire destinée à susciter un intérêt tout nouveau et une véritable croisade en faveur des missions d’Afrique. Le postulatum recueillit plus de deux cents signatures, et la Pape lui-même, le 1er juillet 1870, ordonna qu’il fût mis dans la liste des questions à traiter. L’entrée des troupes italiennes à Rome fit que la discussion n’eût pas lieu.

En 1871, Comboni présenta à la Propagande un plan de rétablissement du Vicariat apostolique de l’Afrique centrale que la Propagande lui confia en 1872 avec le titre de pro-vicaire apostolique, vicariat énorme qui s’étendait de l’Egypte au Tanganyika, de l’Ethiopie au centre de l’Afrique. (La région des Grands Lacs lui fut ultérieurement enlevée pour être confiée au cardinal Lavigerie). Il n’y avait pas là de quoi effrayer cet homme, étonnamment robuste et d’une extraordinaire vitalité, tout entière tournée vers la conversion de l’Afrique, sous la bannière romaine, en faisant abstraction des péropéties coloniales. En 1877 Rome le nomma vicaire apostolique. Sacré dans la Ville éternelle, il retourna à Khartoum en 1878; un séjour en Italie en 1879-80 ne parvint pas à rétablir sa santé brusquement altérée, et il mourut à Khartoum le 10 octobre 1881, en pleine révolte du Mahdi.

Paule Brasseur


Bibliographie:

Le Plan de Régénération eut 3 éditions italiennes : Turin, 1864 ; Vérone, 1865 ; Rome, 1867 ; une édition allemande. L’édition française date de 1868 : Œuvre de la Régénération de l’Afrique par l’Afrique elle-même, exposée par M. l’Abbé Daniel Comboni, missionnaire apostolique de l’Afrique centrale, supérieur des Instituts des Nègres en Egypte. Paris, Typographie Walder, 1868–32 p.

Comboni, M. Daniel, L’Afrique centrale. Aperçu histoire et état actuel du Vicariat.

—, Missions catholiques, 1877, 9, 193-95, 505-06, 530-32-542-44, 568-69, 593-94, 6-18-620 ; 1878, 10, 15-17, 30-33, 45-46, 58-59.

Grancelli, Michelangelo. Mons. Daniel Comboni e la Missione dell’Africa Centrale. Verona, 1923.

Galti, M. Luomo che afido un Continente. Verona, 1957.

—. Documents du Procès de Béatification. Verona, 1947.


Cet article, réimprîmé ici avec permission, est tiré d’Hommes et Destins : Dictionnaire biographique d’Outre-Mer, tome 2, volume 1, publié en 1977 par l’Académie des Sciences d’Outre-Mer (15, rue la Pérouse, 75116 Paris, France). Tous droits réservés.