Fontaine, Adrien
Adrien Fontaine est né le 22 décembre 1916 à Saint-Philémon de Bellechasse au Québec. Il est le troisième d’une famille de dix enfants. Peu de temps après sa naissance, ses parents déménagent dans le village voisin de Buckland où il a fait ses études primaires à l’école rurale jusqu’à la 5e année. En raison de son jeune âge, il doit attendre un an, avant d’entrer au collège de Lévis pour ses études secondaires. Lorsqu’il rejoint enfin le collège, les responsables de l’établissement l’obligent à faire des cours de mise à jour à l’issue desquels il put finalement entreprendre la formation classique qu’il termine par les deux dernières années de philosophie au mois de juin 1938.
Animé par le désir d’être missionnaire
Depuis son jeune âge, Adrien Fontaine lisait régulièrement le bulletin des Pères blancs par lequel il a pris connaissance de la vie et du travail des missionnaires en Afrique. C’est alors qu’il manifeste le désir d’entrer dans la congrégation des Pères blancs. Il est accepté et fit son entrée au postulat d’Éverell, près de Québec, le 2 septembre 1938.[1] Il y fera sa première année de théologie avant de rejoindre ensuite le noviciat à Saint-Martin l’année suivante, près de Montréal. Il sera finalement admis au scolasticat d’Eastview près d’Ottawa en avril 1940 pour les trois dernières années de théologie.
De santé fragile, il prit un long repos à l’issue duquel il a pu se remettre sur pieds. Ses supérieurs, convaincus qu’il serait un bon missionnaire, l’acceptèrent définitivement dans la congrégation et il put ainsi prononcer son serment missionnaire le 19 mars 1943. Trois mois plus tard, le 19 juin de la même année, il fut ordonné prêtre à Ottawa. Après son ordination à la prêtrise, il fut affecté un temps à la procure de sa congrégation à Québec où il est secrétaire du Supérieur provincial, en attendant son départ pour l’Afrique.
Es-tu prêt à partir pour l’Afrique ?[2]
C’est la question que lui a posée son supérieur provincial le 22 mai 1944 et à laquelle il a répondu « oui » sans la moindre hésitation. Le lendemain, ce fut le grand départ pour l’Afrique. Il apprendra en cours de route qu’il est envoyé en Afrique de l’Est. Il entreprit un long voyage de plus de trois mois qui le conduisit à New York aux États-Unis, à Trinité-et-Tobago aux Caraïbes, en Afrique du Sud, au Tanganyika, au Kenya et finalement en Ouganda, son pays d’affectation. Ce voyage était périlleux puisqu’il a été effectué en pleine deuxième guerre mondiale.[3]
Missionnaire en Ouganda
Adrien Fontaine arrive donc au mois de septembre 1944 en Ouganda où il est nommé. Dès son arrivée, il commence à apprendre la langue locale pour lui permettre de mener à bien son ministère missionnaire. Il sera vicaire à plusieurs endroits successivement à Kitabi, à Nyakibale, à Ibanda, à Kabale. Plus tard, il sera fondateur et supérieur de la mission de Rubanda pendant quatre ans. Ses supérieurs apprécient positivement son travail puisqu’il se montre très attentif aux besoins des Ougandais auprès desquels il est envoyé comme missionnaire. Ceux-ci l’avaient d’ailleurs affublé du surnom de Ndabigorora.[4] Il avait aussi la charge de la gestion des écoles de la mission. Il en fit bâtir plusieurs pour, dit-il, donner la chance à tous les jeunes ougandais qui le désiraient d’apprendre au moins à lire, à écrire et à compter.[5]
Ce séjour dans ce pays d’Afrique de l’Est prendra fin en 1954 année de son retour au Canada pour son premier congé. À cette époque, les missionnaires de la congrégation des pères blancs partaient pour 10 ans, à l’issue desquels ils devaient retourner dans leur pays d’origine. Ce retour leur permettait de prendre du repos et de se préparer à repartir en mission vers la destination décidée par les supérieurs. Adrien Fontaine raconte lui-même qu’à son arrivée pour les congés au Canada, le 24 décembre 1954, sa mère a prédit qu’il ne retournerait plus en mission en Afrique. Et lui de rappeler à celle-ci qu’un Père blanc est un missionnaire qui doit justement passer sa vie en Afrique.[6] À la fin de son congé, les choses ne se déroulèrent pas comme prévu puisque ses supérieurs ont décidé qu’il devait rester au Canada pour un temps indéterminé. La prédiction de sa mère s’était donc avérée.
Poursuite de la mission depuis le Canada pour l’Afrique
Au Canada, il est chargé de l’animation missionnaire et par la suite il est désigné comme maître des candidats à la vie missionnaire au noviciat de Saint-Martin. Plus tard, il s’occupera de la rédaction du bulletin des Pères blancs au Canada pendant 16 ans.[7] Il en fera un magazine attrayant. Parallèlement, il organise de nombreux voyages de groupes à la rencontre de l’Afrique, de sa population et des missionnaires sur place. Après des années de travail au Canada pour aider les missions en Afrique, la santé d’Adrien Fontaine a commencé à se détériorer vers la fin de l’année 2002. Malgré tout, il continue à s’occuper de l’animation des jeunes. Hospitalisé au début de l’année 2007 pour de nombreuses complications, il décède le 3 avril de la même année à l’Hôtel-Dieu de Sherbrooke. Il a été inhumé le 12 avril au cimetière Belmont à Québec, dans le lot des Missionnaires d’Afrique.
Raphaël Lambal
Notes :
- Éverell n’existe plus aujourd’hui parce que fondu dans la ville de Québec, au Canada.
- Adrien Fontaine, Coup de foudre pour le Christ… Coup de foudre pour l’Afrique (Québec : Missions d’Afrique, 1994), 93.
- Le Tanganyika est aujourd’hui la Tanzanie en Afrique orientale.
- “Celui qui règle tout.”
- Adrien Fontaine, Coup de foudre pour le Christ… Coup de foudre pour l’Afrique (Québec : Missions d’Afrique, 1994), 149.
- Fontaine, Coup de foudre pour le Christ… Coup de foudre pour l’Afrique (Québec : Missions d’Afrique, 1994), 203.
- Il s’agit du mensuel “Missions d’Afrique” publié alors par la Province canadienne des Pères blancs.
Bibliographie
Fontaine, Adrien. Coup de foudre pour le Christ… Coup de foudre pour l’Afrique. Québec : Missions d’Afrique, 1994.
Cet article est rédigé par Raphaël Lambal, coordonnateur à la gestion des études à l’Université TÉLUQ (teluq.ca) au Canada. Il est titulaire d’une licence en journalisme, d’une Maitrise et d’un DESS en sciences de l’information et de la communication obtenus à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar au Sénégal. Il a également obtenu une maîtrise en administration publique à l’École nationale d’administration publique de Québec (enap.ca), après avoir terminé sa scolarité doctorale en communication publique à l’Université Laval à Québec. Il a été récipiendaire de la bourse de la fondation FORD (2007-2010) pour les études universitaires.