Collection DIBICA Classique
Tous les articles créés ou soumis au cours des vingt premières années du projet, de 1995 à 2015.Lwanga, Charles (A)
Charles Lwanga était un Ganda du clan des cerfs sauvages (ngabi). Cependant, les membres de ce clan, de coutume, sont interdits de la présence royale, et quand Lwanga est rentré au service de la cour, il s’est fait passer pour un membre du clan des singes colobe, le clan de son ancien maître et patron. On dit que son père et sa mère s’appelaient Musazi et Meme, et certains ont aussi dit qu’il est né dans le Compté de Ssingo, et qu’il était le frère cadet de son compagnon dans le martyre, Noé Mawaggali. Quoiqu’il en soit, il est certain qu’à un très jeune âge, il a été envoyé à Buddu, dans le sud-ouest, pour être élevé par Kaddu. Certains pensent que Kaddu aurait pu être son père biologique, mais il est aussi possible qu’il ait été son oncle. Comme Kaddu, il était de teint châtain.
Vers le mois d’août, en 1878, Kaddu a mis Lwanga, qui avait alors à peu près dix-huit ans, au service de Mawulugungu, le chef de Kirwanyi qui est mentionné par l’explorateur H.M. Stanley. Dans l’année suivante, accompagné de Lwanga, le chef a été assigné au Compté de Ssingo. Lors d’une visite à la capitale en 1880, Lwanga s’est intéressé à l’enseignement des missionnaires catholiques, et a commencé à aller aux leçons de catéchisme. Quand Mawugungu est mort en 1882, son escorte a été dispersée, et Lwanga a rejoint un groupe de chrétiens qui venaient d’être baptisés, dans le Compté de Bulemezi.
Quand le roi Mwanga a accédé au pouvoir en 1884, Lwanga est allé à la cour et il est entré au service royal. Comme son caractère était tellement approprié à la tâche, il a de suite été mis à la tête des pages du roi dans la grande salle d’audiences, et il a tout de suite gagné la confiance et l’affection de ses charges. Lwanga était aussi excellent lutteur, le sport préféré au palais. Son supérieur immédiat, le futur martyr Joseph Mukasa, lui a fait de plus en plus confiance pour l’instruction et la direction des pages royaux, ainsi que pour leur protection par rapport aux influences néfastes de la cour. Lwanga a aussi été fait superviseur du creusement du soi-disant site du lac Kabaka (du roi), au pied de la colline de Rubaga.
Le 15 novembre, 1885, jour du martyre de Joseph Mukasa, Lwanga et quelques autres serviteurs royaux qui étaient en danger de mort à cause du fait qu’ils étaient catéchumènes, sont allés à la mission catholique et ont été baptisés par le père Siméon Lourdel. Le jour suivant, le roi a convoqué tous les pages et sous peine de mort, leur a demandé de confesser leur allégeance chrétienne. Tous les pages, catholiques ou anglicans, sauf trois, ont confessé leur foi. Mwanga a été déconcerté par la solidarité et par la constance des jeunes chrétiens, mais il hésitait devant l’exécution de sa menace de les mettre à mort. Plusieurs fois en décembre, le roi avait tenté d’intimider ses pages, et il avait fait cela en dépit des visites de la part des missionnaires anglicans et catholiques. Une fois, Lwanga s’était écrié qu’il était prêt à donner sa vie pour le roi, et qu’il ne voulait en rien aider les hommes blancs à saisir le royaume.
Après l’incendie au palais royal le 22 février, 1886, Mwanga a provisoirement installé la cour dans son pavillon de chasse à Munyonyo, aux rives du lac Victoria. Lwanga a continué à protéger les pages des avances homosexuelles du roi et de les préparer à la possibilité du martyre. En attendant, Mwanga avait obtenu le consentement de ses chefs par rapport au massacre des chrétiens. Pendant ce temps, Lwanga a lui même baptisé les cinq catéchumènes les plus prometteurs. Le 26 mai, sous les yeux de Lourdel, les pages sont entrés dans la cour royale pour recevoir le jugement. Une fois de plus, on leur a dit de confesser leur foi. Ils ont tous confessé leur foi, et ont déclaré qu’ils étaient prêts à mourir plutôt que de la renier. Mwanga a donné l’ordre qu’ils soient tous brûlés vifs, les seize catholiques et les dix anglicans, à Namugongo. Une fois de plus, ils sont passés devant Lourdel, qui était désolé, et qui attendait en vain une audience avec le roi. Il a noté qu’ils étaient tous très fortement liés les uns aux autres, mais il a surtout noté combien leur disposition était calme, voire joyeuse, devant la mort.
Les martyrs ont été amenés de Munyoyo à Mengo, et ont ensuite fait le trajet d’une dizaine de kilomètres jusqu’au site des exécutions à Namugongo. Une fois arrivés, ils ont été mis en garde à vue pendant une semaine. Les préparations du bûcher funéraire ont pris jusqu’au 2 juin. Pendant ce temps les martyrs ont prié et chanté ensemble alors que les missionnaires catholiques et anglicans se réunissaient entre eux et allaient devant le roi en vain pour plaider la cause des jeunes néophytes. Le 3 juin, avant de tuer l’ensemble des prisonniers, les bourreaux ont mis Charles Lwanga à mort sur un petit bûcher funéraire en haut d’une colline qui surmontait le site des exécutions. On lui a permis d’arranger le bûcher lui-même, et ensuite, il a été enveloppé d’une paillasse de roseaux, et on lui a mis un joug d’esclave au cou. Afin de le faire souffrir davantage, on a d’abord allumé le feu sous ses pieds et ses jambes. Ces membres de son corps ont été brûlés jusqu’aux cendres avant qu’on ne permette aux flammes d’atteindre le reste de son corps. Raillé par le bourreau, Charles a répondu, “Vous me brûlez, mais c’est comme si vous étiez en train de verser de l’eau sur moi.” Ensuite, il est resté doucement dans la prière. Juste avant la fin, il s’est écrié d’une voix forte “Katonda,” – “Mon Dieu.” Après sa mort, l’holocauste principal a eu lieu en bas de la colline.
Charles Lwanga, ainsi que les vingt-et-un autres martyrs, a été déclaré “béni” par le Pape Bénédicte XV en 1920. Ils ont tous les deux été proclamés saints canonisés par le Pape Paul VI en 1964. En 1969, Paul VI a posé la première pierre du mémorial catholique à Namugongo, à l’endroit même du martyre de Saint Charles Lwanga. Ce mémorial a été dédié le 3 juin, 1975, par un légat nommé spécialement par le pape, le cardinal Sergio Pignedoli.
Aylward Shorter M. Afr.
Bibliographie
J.F. Faupel, African Holocaust [Holocauste africain] (Nairobi, St. Paul’s Publications Africa, 1984 [1962]).
J.P. Thoonen, Black Martyrs [Martyres noirs] (London: Sheed and Ward, 1941).
Cet article, soumis en 2003, a été recherché et rédigé par le dr. Aylward Shorter M. Afr., directeur émerite de Tangaza College Nairobi, université catholique de l’ Afrique de l’Est.