Une histoire abrégée de l'église au Rouanda

Kevin Ward


Le Rouanda était une des dernières régions de l’Afrique à accueillir des missionnaires chrétiens. Les Pères Blancs catholiques y ont établi leur première station missionnaire en 1900, lors de l’époque coloniale allemande. Les luthériens allemands ont commencé à y travailler en 1908, mais ont été expulsés pendant la Première Guerre Mondiale, suite à laquelle le Rouanda est devenu mandat belge de la Ligue des Nations. Une société missionnaire belge a occupé les stations missionnaires allemandes, et de nouvelles sociétés sont entrées, dont les adventistes du septième jour et les anglicans (la “mission rouandaise”) en particulier. Toutes ces missions ont cherché des adhérents parmi la classe Tutsi règnante, assumant les idées stéréotypées européennes sur l’ethnicité Hutu-Tutsi. Ce sont les catholiques qui ont le plus profité du soutien officiel de Mwami Musinga, le roi du Rouanda, et des autorités coloniales belges.

La croissance des adhérents dans toutes les missions était typique : il s’agissait largement de cultivateurs paysans Hutu qui formaient la grande majorité de la population. Ces derniers étaient dirigés par un petit groupe de leaders qui était surtout de composition Tutsi. Dans les années 1930, un renouveau, qui a commencé à Gahini (la première mission anglicane), est devenu un des plus grands mouvements de renouveau spirituel parmi les protestants en Afrique de l’est. Dans les années 1950, l’église catholique a commencé à soutenir activement les demandes qui visaient à mettre fin aux rapports inégaux qui existaient entre Tutsi et Hutu. Ce soutien a beaucoup contribué à la révolution de 1959, à l’abolition de la monarchie et du monopole du pouvoir Tutsi, et à la fin du règne colonial belge. Les revivalistes anglicans ont refusé de participer aux attaques sur les anciens chefs Tutsi, et ils favorisaient plutôt un transfert de pouvoir plus modéré. De nombreux revivalistes, à la fois Tutsi et Hutu, ont par conséquent été pris pour des contre-rebelles, et sont devenus des réfugiés. Les gouvernements successifs Hutu ont cultivé une bonne entente avec toutes les églises, et celles-ci ont petit à petit été associées aux régimes successifs du Rouanda indépendant. Cette alliance a eu tendance à amoindrir le témoignage de l’ensemble des églises à l’époque du génocide de 1994, et a aussi permis qu’on les accuse d’incitation et de participation au génocide.

Au Rouanda présent, les églises sont toujours des institutions puissantes. Elles jouent un rôle important dans la promotion de la guérison et de la réconciliation au sein de la population rwandaise, dans la question des traumatismes et de la culpabilité du génocide, et dans la création de structures qui peuvent servir à surmonter le fardeau de la division ethnique. L’église Catholique est toujours l’église de la majorité des rwandais. Les anglicans ont néanmoins profité du nouveau régime anglophone : ses leaders ont reçu leur éducation en Ouganda et ont dans bien des cas été membres de l’Église de l’Ouganda, qui est anglicane. Cependant, les nouvelles églises pentecôtistes grandissent rapidement, et elles sont aussi en train de transformer la louange et la spiritualité des autres églises plus anciennes.


Cet article, reçu en 2008, a été écrit par le d. Kevin Ward pour le DIBICA.

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