Collection DIBICA Classique

Tous les articles créés ou soumis au cours des vingt premières années du projet, de 1995 à 2015.

Khama Boikano (B)

Noms alternatifs: khama iii
1840-1920
Indépendant
Botswana

J’essaie de diriger mon peuple selon la Parole de Dieu que nous avons reçue de votre part, vous les blancs - et cependant, vous faites preuve de méchanceté.

  • Khama Boikano

Khama Boikano, ou “Khama le Bon,” était un des chefs les plus importants des Bamangwato, une tribu sud africaine qui parlait le Bantu. Son royaume faisait cinq fois l’ensemble de l’Angleterre et de l’Ecosse, et il a régné pendant plus de cinquante ans. Il a été baptisé en 1858, et de ce fait est entré en conflit avec son père. Celui-ci pensait que la religion chrétienne était acceptable pour les blancs, mais qu’elle n’était pas adaptée au caractère des africains. [1] En plus, Khama rejetait le pouvoir des devins et des guérisseurs traditionnels, le mettant en conflit avec les chefs de tribus. Cependant, ses capacités de guerrier et de chasseur l’ont bien servi, et son peuple a gagné plusieurs victoires militaires importantes grâce à sa direction.

Comme bien des convertis chrétiens, Khama était obligé de trouver un juste milieu entre ses activités de chef tribal et les exigences de sa nouvelle foi. Il a rejeté l’exigence de la circoncision pour les mâles, causant ainsi une controverse vis-à-vis des anciens dans les tribus. De même, il s’opposa aux mariages arrangés qui profitaient aux lignées et qui ne représentaient pas un engagement durable entre un homme et une femme. “Compte tenu de la Parole de Dieu, je refuse de prendre une deuxième femme,” a-t-il dit à un autre chef. En réponse, ce chef a brûlé les huttes de deux fils de Khama.

Khama soutenait le travail des missionnaires. Quand une école était inoccupée pendant trois ans parce que le missionnaire enseignant était en congé, Khama a dirigé l’école en son absence. Il a aussi remplacé les rituels traditionnels animistes par des prières chétiennes - la cérémonie annuelle des plantations, par exemple. Il permettait aux gens de tenir leur culte traditionnel, mais il demandait aussi aux missionnaires de bénir les plantes.

Ce leader des Bamangwato faisait aussi la critique des chefs traditionnels qui encourageaient la vente de cognac bon marché, (qui était souvent fortifiée au jus de tabac) et qui profitaient de cette vente. Une fois, ayant trouvé des marchands blancs enivrés, il les a amenés devant la cour indigène et leur a dit, “Vous pensez pouvoir ignorer mes lois parce que je suis noir. Prenez tout ce qui vous appartient, enlevez la ferraille des toitures, rassemblez tout ce que vous possédez et allez-vous-en! J’essaie de diriger mon peuple selon la Parole de Dieu que nous avons reçue de votre part, vous les blancs - et cependant, vous faites preuve de méchanceté.”

Le Chef commençait chaque jour dans la prière, accompagné de son entourage immédiat, après quoi il s’assoyait sous un palabrer pour servir de juge, pour donner des ordres et pour prendre des décisions, alors que les coureurs arrivaient avec les nouvelles. Parfois les marchands européens se présentaient à sa cour pour demander la permission d’établir un commerce sur son territoire. Aussi, les devins et chamans traditionnels venaient parfois discuter la conduite de leurs cérémonies, car Khama les permettait tant qu’ils n’entraient pas en conflit avec l’enseignement du nouveau Dieu chrétien. Une fois, lors d’une sécheresse qui se prolongeait, les gens sont venus vers leur leader pour le supplier de réintroduire les pratiques traditionnelles des faiseurs de pluie. Khama leur a répondu qu’il voyait mal comment un dieu traditionnel qui mangeait une bouillie de graines pouvait aider les gens en circonstances difficiles.

Les dernières décennies de sa vie ont été remplies d’activité. Le chef sud africain est allé jusqu’en Angleterre pour opposer la division de son royaume entre la Colonie du Cap et une compagnie à charte. Les missionnaires l’ont soutenu dans cette position, et elle a prévalu. En 1914, Khama a fait bâtir une grande église en pierre et une école avoisinante. Pour éviter la compétition entre les diverses missions dans le territoire qu’il gouvernait, il a approuvé la présence d’un seul groupe missionnaire, la London Missionary Society, dans son royaume. Aussi, il encourageait l’œuvre chrétienne missionnaire de son propre peuple auprès des groupes ethniques de la région.

Khama Boikano était un leader africain important qui faisait avancer la religion chrétienne auprès de son peuple. Les conflits devant lui étaient semblables à ceux de milliers d’autres leaders africains: devenir membre de l’église, mais aliéner son père; savoir négocier la compétition intense parmi les missionnaires; décider du degré de liberté à accorder aux devins, aux faiseurs de pluie et aux autres pratiquants des rituels traditionnels; se retrouver au centre de la lutte entre un gouvernement colonial européen et une compagnie à charte.

O Seigneur, nous faisons route pour Zion, mais le chemin est rocailleux, les fils sont contre les pères, les filles contre les mères, les catholiques contre les protestants, les européens contre les africains, les guérisseurs traditionnels contre les convertis. Aide nous à trouver la bonne voie dans les conflits comme l’a fait Khama Boikano, afin que nous puissions être dignes, avec les rachetés de l’Afrique et d’ailleurs, de nous tenir debout devant toi dans la nouvelle Jérusalem dont tu fais partie, toi qui es pour toujours notre Seigneur Jésus Christ. Amen.

Frederick Quinn


Notes:

  1. “Khama Boikano,” dans Horton Davies, Great South African Christians [Les grands chrétiens de l’Afrique du Sud] (New York: Oxford University Press, Geoffrey Cumberlege, 1951), 101-111.

Cet article est reproduit, avec permission, de* African Saints: Saints, Martyrs, and Holy People from the Continent of Africa* [Saints africains: saints, martyres, et autres personnes saintes du continent africain], copyright © 2002 par Frederick Quinn, Crossroads Publishing Company, New York, New York. Tous droits réservés.