Farma, Mapan

1950-1995
Église Apostolique
Burkina Faso

Sa Conversion

Mapan veut dire littéralement dans la langue gan « l’autre est mieux », ce qui signifie qu’une personne étrangère est un meilleur ami qu’un proche parent. Après sa naissance en 1950, Mapan a vécu dans le village de Soronkina, dans le département de Loropeni, province du Poni au Burkina Faso. Elle était mariée jusqu’au jour où elle a été victime d’une chute de mur qui a provoqué la paralysie des jambes. Mapan Farma avait deux enfants dont une fille et un garçon. La fille est décédée après quelques années de mariage et le garçon est décédé paralysé : il ne pouvait pas se tenir correctement sur ses jambes et marchait difficilement.

En plus de cet handicap, Farma tomba un jour malade, et fit appeler les chrétiens pour qu’ils prient pour elle. Après cette prière, Farma a donné sa vie au Seigneur. À ce moment, il n’y avait pas d’église dans le village. Il y avait seulement une chrétienne du nom de Tomon qui vit toujours. C’est avec cette femme qu’elle pouvait partager ses joies et ses peines en tant que chrétienne. Mais malgré toutes les épreuves qu’elle a vécues, Farma n’a jamais renoncé au Seigneur. Elle est allée jusqu’au bout.

Sa vie chrétienne

Farma aimait beaucoup le Seigneur en qui elle avait placé toute sa foi et sa confiance. En plus de cet engagement, elle avait bénéficié de la faveur de son père. Au moment où ce dernier avait un pied dans la tombe et un pied dehors, comme le dit Farma elle-même dans son témoignage, il leur a confié Farma, convaincu que les chrétiens avaient assez d’amour pour prendre soin de sa fille. Cela a sans doute confortée Farma dans sa ferme résolution de suivre le Seigneur.

Farma aimait beaucoup écouter la Parole de Dieu. Comme elle ne savait pas lire, elle s’est alphabétisée dans le but de pouvoir lire la Parole de Dieu un jour. Dieu avait aussi suscité ses serviteurs notamment un pasteur du nom de Farma Philippe, rappelé à Dieu en avril 2014, qui lui rendait visite pour assurer son encadrement spirituel. Farma accueillait chaleureusement ces hommes de Dieu. Non seulement ils lui enseignaient la Parole de Dieu, mais ils lui apportaient aussi beaucoup d’autre soutien.

Sa vie chrétienne était pleine d’épreuves. Ses proches parents l’ont éprouvée plusieurs fois, soit directement, soit à travers d’autres personnes. On lui demandait d’observer certains rituels païens ou d’offrir des sacrifices ou de prendre part à certaines cérémonies d’initiation comme elle le faisait avant sa conversion. Ainsi on a essayé plusieurs fois de la contraindre de donner de la volaille pour des sacrifices, ou on lui disait d’abandonner son Seigneur au risque de se voir attachée et amenée de force chez des féticheurs. Farma raconte elle-même dans son propre témoignage que des gens ont tenté un jour de la convaincre d’abandonner sa nouvelle religion pour aller se soigner auprès des féticheurs. Mais elle a répondu fermement en disant :« Je préfère mourir que de retourner aux idoles ». [1]

Un homme est allé chez elle un jour et lui a demandé une poule pour des sacrifices en vue d’une cérémonie d’initiation. Lorsqu’elle a refusé, cet homme décide de prendre une de ses poules par force. Farma, impuissante devant la situation, dit à l’homme qu’elle ne pouvait rien faire pour l’empêcher tout comme lui aussi ne pouvait rien faire en-dehors de la volonté de Dieu. Et l’homme sur un ton ironique lui demanda : « Sur quoi tu comptes pour me répondre ainsi ? » Mais quand il a tenté de se saisir d’une de ses poules, il a été blessé par un ergot de la poule. Farma a vite pansé la blessure de l’homme et lui a souhaité prompt rétablissement. [2] Elle a été plus d’une fois attaquée dans sa dignité avec des propos humiliants du genre :« Qu’est-ce que tu peux faire, tu n’as pas de pieds » ou « Je peux te ligoter et te soumettre à toutes sortes d’humiliations ».

Ses dernières paroles

Parmi les chants préférés de Farma étaient : « Jésus seul est mon protecteur ». Elle disait souvent : « Je suis prête pour mourir, je ne veux plus retourner en arrière ». Le deuxième chant qu’elle aimait chanter était l’expression de sa ferme résolution à suivre le Seigneur sans renoncer. Ce chant est tiré de Josué 24 v.15 qui dit : « Ma famille et moi sommes convaincus que nous n’abandonnerons pas le Seigneur, nous le servirons. » Farma chantait souvent ces chants avec ses enfants. Elle exprimait son amour envers les gens en les aidant selon ses capacités. Elle priait aussi pour les gens.

Malgré son handicap physique, et les épreuves et les humiliations qu’elle avait subies, Farma avait la paix et la joie du cœur jusqu’au jour où elle quitta cette terre. Farma Ali Henoc évoque la dernière visite chez elle qui l’a beaucoup marqué. C’était un après midi. Pendant cette visite, Farma a adressé une prière à Dieu dans laquelle elle lui demanda de lui pardonner pour toute offense qu’elle aurait commise avant d’ajouter que ce serait une joie pour elle si Dieu la rappelait. Ce même jour lorsqu’Hénoc est rentré de cette visite, quelqu’un est allé lui annoncer que Farma était mourante. Avant l’arrivée d’Hénoc, Farma avait déjà rendu l’âme. Elle a bénéficié des funérailles chrétiennes.

Farma Yao


Notes :

  1. Témoignage de Farma Mapan, raconté par elle-même et enregistré.

  2. Farma Ali Henoc, un proche parent de Farma Mapan, interview par Farma Yao le 5 avril 2021 à Soronkina, Province du Poni, au Burkina Faso.

Sources :

Farma Ali Henoc, un proche parent de Farma Mapan. Interview par Farma Yao le 5 avril 2021 à Soronkina, Province du Poni, au Burkina Faso.

Soua Albert (son épouse est une parente de Mapan). Interview par Farma Yao en avril 2021 à Loropéni, Province du Poni, au Burkina Faso.

Témoignage de Farma Mapan, raconté par elle-même et enregistré.


Cet article, reçu en 2021, est le produit des recherches de Farma Yao, étudiant en licence à l’Université chrétienne LOGOS de Ouagadougou au Burkina Faso, sous la direction de la Dre Anicka Fast.