Oubda, Kiswende

1925-2017
Assemblées de Dieu
Burkina Faso

Oubda Kiswende

Sa naissance

Oubda Kiswende est née le premier janvier 1925 d’un père qui était chef traditionnel de son village situé à une dizaine de kilomètres de Tenkodogo, chef-lieu de la Province du Boulgou au Burkina Faso. Son père étant chef de village, il avait de nombreuses femmes. Tous étaient animistes et vivaient selon la tradition.

Avant la naissance de Kiswende, sa mère avait accouché plusieurs fois sans que les bébés ne parviennent à survivre. À cause de cette situation, le père de Kiswende a confié le bébé aux Peulhs dès sa naissance afin qu’ils la baptisent selon leur rite en lui donnant un nom, car selon la tradition c’était ainsi que ce bébé pourrait échapper à la mort. Mais ce nom qu’elle a eu des Peulhs a été oublié. Le nom de Kiswende qu’elle portait officiellement est celui qu’elle a pris à sa conversion et signifie en langue mooré « donnée à Dieu ». Après elle, tous les autres enfants dont sa mère accouchait sont restés en vie.

Sa jeunesse et sa conversion

Kiswende a connu le Seigneur Jésus-Christ grâce à son père qui a aussi accepté Jésus comme son Sauveur. Après sa conversion, le père de Kiswende a fait connaitre à ses nombreuses épouses qu’il avait changé de vie. Par conséquent, celles qui désiraient rester avec lui étaient libres de le faire, et celles qui voulaient partir à cause de sa foi pouvaient également s’en aller sans problème. C’est ainsi que la mère de Kiswende a quitté son père. Kiswende était obligée de vivre avec les autres femmes qui restaient. Par la suite elle s’est rendue chez ses parents maternels dans le village de Loanga à quelques kilomètres de Tenkodogo où elle a passé quelques années de son enfance auprès de sa grand-mère. Ensuite elle a été envoyée par son père au foyer des jeunes filles à Ouagadougou, la capitale, géré par des femmes missionnaires blanches des Assemblées de Dieu. Elle resta dans ce foyer pendant plusieurs années et y appris à lire en langue Moore afin d’étudier également la Bible dans ce même foyer. C’est de ce foyer qu’elle partira pour son mariage dans son village en 1947. Pendant son enfance, Kiswende a connu et accepté le Seigneur Jésus comme son Sauveur et Seigneur.

Sa vie mariée

Kiswende a épousé Minoungou Tingandé en 1948. De leur union, ils ont eu un seul enfant du nom de Joseph qui est malheureusement décédé comme adolescent. Mais cet enfant avait planté un manguier dans la cour de l’église qui existe encore aujourd’hui. Lorsqu’il avait planté l’arbre, il avait dit à ses parents qu’il ne mangerait pas de ses fruits mais que plusieurs en mangeraient après lui. Un an plus tard, il a quitté le monde. Cette parole a donné beaucoup de peine à sa mère quand elle y pensait. Par la suite, elle a adopté plusieurs enfants de ses proches.

Comme activité commerciale, Kiswende vendait du riz et d’autres articles. Cela lui fournissait des ressources financières. Elle aidait son époux dans son élevage de poules, de cochons, et des petits ruminants, et l’assistait dans son champ pour l’agriculture. Son mari avait un jardin qu’il exploitait tout au long de l’année, mais quand il était absent c’est elle qui prenait soin des activités de la famille jusqu’à son retour.

Son ministère

Quelques jours après la célébration de leur mariage en 1948, sans quelconque lune de miel, Kiswende et son mari sont partis s’installer comme missionnaires à Nama, un village qui se trouve à quinze kilomètres de Tenkodogo. Leur préoccupation était d’aller le plus vite possible apporter la bonne nouvelle aux pauvres. Le père de Kere Wendbé les a accueillis, et ils ont vécu un an chez lui avant d’avoir leur propre cour dans le domaine de la mission qui était déjà attribuée avant leur arrivée. À leur arrivée il n’y avait que trois chrétiens dans le village.

Kiswende était la maman de l’église. À l’époque, plusieurs prenaient le petit déjeuner, le déjeuner et souvent même le diner chaque dimanche chez eux. Kiswende faisait en sorte que chacun puisse manger. Dès le samedi soir, elle s’activait toujours au niveau de la cuisine pour préparer de la nourriture pour les fidèles le dimanche.

Kiswende exerçait un don de révélation, de guérison, et de délivrance. Après son mariage elle a signalé à son mari que Dieu lui avait dit qu’elle allait exercer un don de guérison. Elle a demandé à Dieu de donner aussi à son époux ce don pour qu’ils pussent l’exercer ensemble. Cette demande a eu un écho favorable de la part de Dieu. Plusieurs possédés et démoniaques ont reçu la guérison grâce aux prières du couple. Un jour, elle et son mari ont assisté à une scène d’attaque démoniaque. Plus tôt le même soir ils avaient fait une délivrance à l’église. Le démon, étant sorti de l’homme, s’est transformé en bélier noir et est allé sous leur lit. Quand son mari est entré pour se coucher, le démon lui a dit qu’il avait été chassé à l’église mais qu’il était maintenant là avec eux dans leur chambre. Il fallait que le mari fasse appel à Kiswende pour chasser ce démon définitivement par un combat dans la prière qui a duré toute la nuit.

Kiswende donnait des visions claires sur certains évènements qui s’accomplissait toujours comme elle avait prédit. Quand elle disait que telle ou telle chose arriverait, il était toujours ainsi. Dieu l’utilisait vraiment pour éclairer l’église de Nama. Lorsqu’un malade devait venir pour la prière, elle et son mari recevaient en avance une révélation à son sujet et commençaient à prier pour lui avant qu’il n’arrive. Dès son arrivée, lorsqu’ils priaient pour lui, il recevait instantanément la guérison. Les gens venaient de près et de loin avec leurs malades pour que ce couple prie pour eux. Certains malades restaient avec eux pendant près d’une semaine afin de recevoir la guérison. La plupart des malades étaient possédés par des esprits impurs.

En plus de ses actions charismatiques, Kiswende était la mobilisatrice principale des femmes de l’église. Elle donnait beaucoup de conseils aux femmes comme une mère conseillère. Toute personne abattue qui venait la voir était remontée par les conseils que le Saint-Esprit lui inspirait. Elle terminait toujours par la prière, qui était généralement exaucée par Dieu.

Kiswende avait un talent d’accoucheuse. Elle avait ce don particulier d’assister les femmes pour qu’elles accouchent vite. Quelle que soit la complication, quand elle arrivait et priait, le bébé ne tardait plus pour sortir. Pour les cas d’accouchement elle était sollicitée dans tout le village. Dans les centres de santé, elle intervenait souvent même dans les cas difficiles. Quand elle intervenait, la situation devenait facile.

Kiswende a aussi rencontré certaines difficultés dans le ministère. Par exemple, il y avait un problème financier par rapport à la construction du temple. Certains habitants du village se sont aussi opposés au ministère du couple. Suite à la conversion de certains enfants, leurs parents se sont plaints chez le chef coutumier, en disant que Kiswende et son mari avaient amené une nouvelle doctrine qui désorientait leurs enfants. Mais après avoir écouté la plainte, le chef a répondu simplement qu’il ne jugerait point les affaires de croyances. Cette réponse du chef a libéré Kiswende et son époux de cette plainte, et de nos jours il y a toujours des chrétiens dans cette famille.

Le décès brusque de son époux en 1998 fut un coup dur pour Kiswende. Elle était obligée de quitter le village missionnaire pour venir à son domicile dans la ville de Tenkodogo, où elle est restée jusqu’à son dernier souffle. Malgré cette séparation avec l’église de Nama, le lien d’attachement était si solide qu’elle continuait à envoyer des gens de temps en temps pour rendre visite à cette église. L’église ne l’a pas oubliée non plus, et ses membres sont venus régulièrement lui rendre visite et lui apporter du soutien.

Son décès

Quelques mois avant sa mort, Kiswende a révélé à Oubda Rasmata, une de ses filles adoptives, qu’elle ne terminerait pas l’année en cours. Elle a même donné une indication sur le temps de son départ céleste. Elle a donné cette révélation à Rasmata au début de la saison hivernale, au temps des semences, et elle lui a dit que les récoltes de cette saison qui débutait ne se termineraient pas sans qu’elle ne quitte ce monde. Les évènements se sont déroulés comme elle avait prédit. Le 9 septembre 2017, à l’âge de 82 ans elle a quitté définitivement ce monde pour une promotion céleste. Elle a été inhumée à son domicile à Tenkodogo au secteur 6, avec tous les honneurs des parents, des proches, et de l’ensemble des églises de Tenkodogo et ailleurs.

Zombra Issef


Note:

La photo est d’Oubda Kiswende en 2017, quelques mois avant sa mort.

Sources:

Kere Wendbé, ancien fidèle de l’église de Nama. Interview par Zombra Issef le 7 décembre 2021 à Nama, Boulgou, au Burkina Faso.

Oubda Rasmata, fille adoptive de Kiswende, interview par ZOMBRA Issef le 19 décembre 2021 à Gourgou, Boulgou, au Burkina Faso.

Oubda Marie, fille adoptive de Kiswende, interview par Zombra Issef le 19 décembre 2021 à Sebretenga, Boulgou, au Burkina Faso.


Cet article, reçu en 2022, est le produit des recherches de Zombra Issef, étudiant en Master à l’Université chrétienne LOGOS de Ouagadougou au Burkina Faso, sous la direction de la Dre Anicka Fast.