Ouédraogo, Nobila

1931-2021
Assemblées de Dieu
Burkina Faso

Ouédraogo, Nobila

Ouédraogo Nobila est né en 1931 à Di-Intigué, village à deux kilomètres à l’est de Boussé, chef-lieu de la province du Kourwéogo dans le Plateau central du Burkina Faso. Son nom Nobila veut dire « poulet ». Il était fils de Ouédraogo Rayimi et de Kabré Panomnimba. Il n’a pas été scolarisé, n’a pas été recruté dans l’armée, et n’a jamais été condamné par aucun tribunal.

Comme tous les enfants de son époque, Nobila est passé par la garde du bétail. Il a appris la lutte, dont il était un champion malgré sa petite corpulence, la chasse, le tir à l’arc et la flute. En 1957, il s’est rendu en Côte d’Ivoire pour gagner de l’argent dans les champs de café et de cacao. Il est revenu en Haute-Volta, l’actuel Burkina Faso en 1959.

Nobila s’est marié à trois femmes. La première qu’il avait ravie à son mari légitime a été restituée à ce dernier après avoir accouché d’un garçon qui est resté chez Nobila comme son premier fils. La deuxième, Sawadogo Missom, est née le 1er janvier 1948 à Kikilma. Elle a accouché de huit enfants, et est demeurée avec Nobila jusqu’à sa mort. La troisième a accouché de huit enfants aussi, mais plus tard Nobila l’a répudiée, car elle pratiquait la sorcellerie et Nobila a compris qu’elle était déterminée à l’éliminer. En tout, Nobila a été père de 21 enfants (dont quatre sont décédés) : six filles et quinze garçons. Parmi ces enfants, trois sont des pasteurs. Il a eu 54 petits-enfants et 3 arrières-petits-enfants.

Conversion

La conversion de Nobila a été motivée, d’une part, par la maladie de son premier fils, et de l’autre, par sa volonté de se rendre invincible. Il possédait un cyclomoteur Camico avec lequel il se rendait chez les féticheurs, guérisseurs, charlatans et autres, pour se blinder par des gris-gris et obtenir la guérison de l’enfant. Pendant 17 ans, sur un rayon de 200 kilomètres environ, cette recherche constituait son objectif. Ne voyant aucun changement positif ni sur la santé de l’enfant, ni sur sa soif d’être exceptionnel, il prit la résolution de se donner à Jésus-Christ en 1985, devant le Pasteur Somdebda Tarbagdo de l’Église des Assemblées de Dieu de Boussé. Il fut baptisé d’eau le 3 décembre 1989. Devenu chrétien, il a été rempli du Saint Esprit et a reçu comme don la prophétie. Son premier fils fut effectivement guéri et vécut jusqu’à l’âge adulte. Il est décédé en 2019 d’une autre maladie.

Nobila fut un homme vif, exigeant et respectueux. Attaché à la droiture et à la justice, il fut travailleur et a inculqué à ses enfants les mêmes qualités. L’école étant venue un peu tard dans la région, ses premiers enfants n’ont pu être scolarisés. Cependant la plupart de ses enfants ont été scolarisés et certains ont fait des études universitaires. Missom, son épouse qui lui est restée fidèle et soumise, était l’une de ses meilleurs conseillers. Le défaut qui apparaissait le plus chez Nobila était son impatience. Il voulait que ce qu’il demandait soit fait le plus rapidement possible.

Premières révélations et naissance de l’église de Di-intigué

Nobila a reçu des révélations qui ont conduit à l’implantation d’une église dans son quartier nommé Di-intigué. Les dimanches, après le culte du matin à l’église de Boussé, les chrétiens restaient sur place, pour attendre celui du soir. Un jour, pendant qu’ils y étaient, Nobila a reçu du Seigneur une parole destinée au pasteur Tarbagdo, afin que ce dernier prie pour son épouse. Nobila voulait résister mais la voix lui disait que s’il ne transmettait pas le message, et si quelque chose arrivait à la femme du pasteur, le Seigneur lui demanderait des comptes. Alors il a demandé au pasteur de prier pour son épouse. Le pasteur, incrédule, a prié du bout des lèvres après l’insistance de Nobila. La femme du pasteur devait se rendre dans un quartier voisin. À son retour, elle a été victime d’un accident corporel de la circulation routière, et avait des écorchures aux coudes et aux genoux. Le pasteur s’est rendu à l’évidence qu’il s’agissait bel et bien d’une prophétie.

Le Seigneur a révélé à Nobila que grâce à son action, une église sera implantée dans son quartier nommé Di-intigué. Un chrétien plus ancien dans la foi que Nobila a affirmé que cette implantation ne verrait jamais le jour parce que le quartier était dur et rempli de génies. Pourtant, quelques années plus tard, pendant que l’incrédule était en déplacement à Bobo, l’église est née dans le quartier. Nobila et quelques membres de l’église de Boussé qui habitaient le quartier Di-intigué, ont commencé l’église avec un enclos en seccos, puis en briques en banco couvert de tôles. C’est le même chrétien incrédule qui, étant maçon de profession, a construit le bâtiment. Nobila a eu la révélation que le bâtiment en banco serait remplacé par un plus grand en ciment et que les dépenses seraient prises en charge par des personnes hors de leur église. Actuellement, ce grand bâtiment moderne disposant de toutes les commodités est dressé, conformément à la prophétie reçue.

Ensuite, Dieu a révélé à Nobila qu’il enverrait un pasteur pour l’église de Di-intigué. Le signe en était que l’enfant du nouveau pasteur serait le premier à pénétrer dans la cour de Nobila pour s’abriter d’une pluie. En effet, un jour pendant qu’il pleuvait, un jeune garçon d’environ sept ans s’est abrité dans la cour de Nobila, suivi de sa mère et du reste de sa famille. Après les salutations d’usage, Nobila a reconnu qu’il s’agissait du pasteur Paul Taonsa, venant du village de Goabega et envoyé par la hiérarchie des Assemblées de Dieu pour servir dans l’église de Di-intigué. Après son installation à Di-intigué, les fidèles s’organisèrent pour recevoir les candidats au baptême les samedis et les dimanches après-midi.

Dieu révéla aussi à Nobila que s’il demeurait fidèle au Seigneur, il ne mourrait pas sans posséder une maison en ciment. Or, au moment où il a reçu cette révélation, posséder une maison en banco couverte de tôles ondulées constituait une exception, et une maison en ciment encore plus. Un jour, Nobila a reçu un instituteur qui lui amenait un inconnu, venu avec sa requête. C’était pendant la saison des pluies (hivernage – saison de pluies qui dure de mai à septembre environ) et il y avait beaucoup d’eau sous le hangar. Alors il invita ses visiteurs à rentrer dans sa maison poussiéreuse. À l’issue de la prière, l’inconnu lui promit de cimenter le sol de la maison. Bientôt cette personne envoya six sacs de ciment qui servirent au travail demandé. Mieux encore, la même personne revint plus tard et affirma que Dieu lui ordonnait de lui construire un bâtiment en ciment. Dans un premier temps, il envoya 500 000 francs qui servirent à confectionner 900 briques. Par la suite, avec l’aide d’autres chrétiens volontaires, le bâtiment a vu le jour.

L’accomplissement des prophéties

Lorsque le Seigneur a attribué à Nobila le don de la prophétie, il lui a en même temps donné la capacité de prier du matin au soir sans ressentir aucune fatigue. C’est ainsi que tous les jours, l’église était prise d’assaut par des personnes demandeuses de prière.

Un El Hadj (musulman qui a fait le pèlerinage à la Mecque) atteint d’une maladie qui était à son dernier stade, n’attendait que la mort. Son chauffeur réussit à le convaincre et le conduisit à l’église. Après la prière, Nobila lui affirma qu’il était guéri et qu’il ne devait plus s’inquiéter. Pour lever toute incertitude, il n’avait qu’à se faire examiner. Les résultats furent négatifs. Ses médecins traitants vinrent voir le prophète à propos de ses prières qui guérissaient miraculeusement.

Sur la révélation de Nobila, Traoré Esaïe, admis à un stage en Allemagne, reçut son passeport muni de son visa en rentrant dans l’avion, sans avoir effectué aucune démarche. En Allemagne, un fou l’aida à transporter ses bagages et le conduisit à l’aérogare désiré. Voulant le récompenser, Traoré Esaïe se retourna et constata que le fou (l’ange) avait disparu.

Un pasteur cherchait une parcelle pour bâtir son église. Nobila lui dit, « Il y a deux parcelles : l’une à gauche et l’autre à droite de la voie. Mais l’Eternel te donne celle de droite. » Or cette parcelle coûtait trente millions de francs, tandis que le pasteur ne disposait que de cinq millions. Finalement, on lui donna la parcelle de droite à zéro franc.

Une fois un habitant de Bobo-Dioulasso a fait voyager Nobila et le pasteur Taonsa en avion. C’était la première fois qu’il mettait le pied dans un avion. Après trois jours d’intercession, ils sont revenus à Ouagadougou. En rendant témoignage de ce fait, Nobila affirma que si ce n’était grâce à Jésus Christ, lui un illettré ne pourrait voyager en avion. Cela provoqua des rires au sein de l’assemblée.

Une directrice d’un hôpital de Ouagadougou vint le voir à propos de sa fille qui ne trouvait pas de mari. Le Seigneur lui révéla que cette fille se marierait, et aurait trois garçons successivement. Cela s’accomplit et mieux, elle enfanta une fille à sa quatrième grossesse.

Des femmes stériles enfantèrent, des chômeurs trouvèrent du travail, des célibataires trouvèrent leur âme sœur, des travailleurs du public comme du privé connurent une ascension, bref des miracles et des prodiges se réalisèrent pour la gloire du nom du Seigneur Jésus Christ. Les sollicitations devinrent nombreuses de la part de pasteurs et même de particuliers. En compagnie du Pasteur Paul Taonsa, Nobila a parcouru toutes les villes du Burkina Faso et tous les secteurs de la ville de Ouagadougou. Mais l’ennemi n’aimait pas ce qui se passait. Opposition

L’œuvre s’étant répandu à travers le Burkina Faso, le diable entreprit de le supprimer si possible. Mais l’Éternel Dieu veillait sur son serviteur. Une nuit pendant que Nobila se reposait, il entendit des coups sur le toit de sa maison. Il interrompit son sommeil, se leva et se mit à invoquer le Seigneur, car il sentait que cette agitation venait du malin. Quelques instants plus tard, l’indésirable cessa ses coups et disparut. Le lendemain il reçut une femme et sa fille. Sous prétexte de demander un service, elles sont venues le voir. Le Seigneur lui révéla que la fille était la visiteuse nocturne. Sous un interrogatoire intense, la fille affirma être une sorcière envoyée par une tierce personne. Suite à la prière, elle tomba, roula dans tous les sens, se dénuda sauf de son slip, cria et le supplia de ne plus lui imposer les mains d’où sortaient du feu. Elle s’endormit un moment et se réveilla. Après sa toilette, elle s’enfui et n’a plus mit pied chez Nobila.

Un matin, Nobila s’entretenait avec son ami Traoré Esaïe devant sa cour. Une voiture vint s’immobiliser. Trois personnes y descendirent et demandèrent à voir le vieux Nobila. Lorsqu’il les a dits « C’est moi », ils sont tous tombés. Durant environ vingt minutes ils sont demeurés inertes. Dès qu’ils se sont levés, ils sont rentrés dans leur véhicule et ont démarré en trompe. Selon la révélation reçue, ils étaient des Rosicruciens. Il en fut de même pour un couple de Francs-maçons qui faillirent abandonner leur véhicule devant sa cour, après avoir été humilié par la puissance du Seigneur.

Maladie, décès et obsèques

Ouédraogo Nobila a eu la grâce de connaitre le moment de son retour à Dieu. Il me l’a révélé le 28 septembre 2021 lors de mon entretien avec lui. Il a même demandé une prolongation afin que sa mort ne survienne pas pendant l’hivernage. Dès que le mil qui entourait sa concession est arrivé à maturité, il a demandé de le récolter et de couper les tiges afin de faciliter le déplacement de la foule qui viendrait pour ses obsèques. Le 30 octobre 2021, il convoqua tous ses enfants. Il ordonna de tuer deux poules pour améliorer le repas du jour. Après les avoir prodigués ses conseils, il les informa que son séjour sur terre était fini et les renvoya à leurs occupations. Quelques jours avant son décès, après que son épouse l’a aidé à rejoindre son lit, il imposa ses mains sur les épaules de celle-ci et la bénit. Etonnée par ce geste rare et bienfaisant, son épouse eut l’intention de lui demander la signification, mais ne put le faire. Le 4 novembre 2021, ses enfants apprirent que son mal s’est aggravé et descendirent à son chevet. Au matin du 5 novembre, il feignit bien se porter et permit à ses enfants de retourner à leurs travaux. Pendant que ceux-ci étaient à mi-chemin, ils reçurent un coup de fil de leur mère, les informant que leur papa s’en était allé. Ils firent demi-tour et emportèrent le corps dans la clinique Souka pour sa conservation au frais.

La triste nouvelle parcourut rapidement la région. Les chrétiens ne se firent pas prier pour organiser à son honneur deux nuits mémorables de réjouissances, au cours desquelles les troupes de musique traditionnelle et moderne se disputaient la couronne.

Le dimanche 7 novembre 2021, le corps arriva à 10 heures à domicile et fut exposé pour ceux qui voulaient le voir pour la dernière fois. Une foule immense couvrait la cour et ses environs. Il fallait jouer des coudes pour se frayer un passage vers le corps. Certaines personnes durent s’abstenir au regard de la bousculade provoquée par la foule. Vers 11 heures, le corps fut conduit à l’église de Di-intigué. Des troupes de musiciens, ses enfants et petits-enfants et toutes les personnes présentes louèrent et adorèrent Dieu pour ses bienfaits. Sa biographie fut lue par le pasteur Paul Taonsa qui dirige cette assemblée. Après le culte et en respect à sa volonté, son corps fut transporté par les mains des chrétiens, suivi d’une fanfare, sur les six cents mètres environ qui sépare l’église de son domicile. À 15h20, le cercueil descendait dans la tombe, laissant la foule perplexe, tantôt satisfaite pour son âge avancé, tantôt se demandant à qui se confierait-elle désormais. Six mois après son décès, malgré les communiqués réalisés, des personnes continuent de venir pour consulter Nobila le prophète.

Zongo Sibiri Samuel


Sources:

Ouédraogo Nobila, cultivateur, prophète, ayant demeuré à Di-intigué. Interview réalisé par l’auteur le samedi 28 août 2021 à Di-intigué, département de Boussé, Province du Kourwéogo, Région du Plateau Centrale, Burkina Faso.

Ouédraogo Salomon, pasteur en service à l’Eglise des Assemblées de Dieu de Nonsin 1 à Ouagadougou, un des fils de Nobila. Interview réalisé par l’auteur le 8 décembre 2021 à Ouagadougou, Burkina Faso.

Ouédraogo (née Sawadogo) Missom, ménagère, veuve de Ouédraogo Nobila. Interview réalisé par l’auteur le lundi 11 avril 2022 à Di-intigué, Burkina Faso.

Ouédraogo Valentin, pasteur et soudeur, intercesseur avec Nobila. Interview réalisé par l’auteur le lundi 11 avril 2022 à Di-intigué, Burkina Faso.

Traoré Esaïe, professeur certifié d’éducation physique, ami de Nobila. Interviewé réalisé par l’auteur le samedi 2 juillet 2022 à Ouagadougou, Secteur 14, Arrondissement n° 03, Burkina Faso.


Cet article, reçu en 2022, est le produit des recherches de Zongo Sibiri Samuel, étudiant en licence à l’Université chrétienne LOGOS de Ouagadougou au Burkina Faso, sous la direction de la Dre Anicka Fast.


Galerie Photos

Ouédraogo, Nobila

(1) Ouédraogo, Nobila, le 9 septempbre 2021.

Ancienne église Di-intingué

(2) L’ancienne église de Di-intingué en 2021.

Nouvelle église Di-intingué

(3) La nouvelle église de Di-intingué en 2021.