Collection DIBICA Classique

Tous les articles créés ou soumis au cours des vingt premières années du projet, de 1995 à 2015.

Gahebe, Charles

1912-1992
Église Catholique
Burundi

Ce prêtre catholique Tutsi est né dans une famille nombreuse de la paroisse de Bukeye dans le diocèse de Bujumbura. Baptisé à l’age de dix ans, il a été ordonné prêtre fin

  1. Il a occupé diverses fonctions, mais il est surtout connu comme curé de Makebuko où il a passé vingt-cinq ans.

Certaines qualités poussent à le considérer comme un prêtre exemplaire et une personnalité marquante du Burundi. D’abord, c’était un homme de Dieu, complètement dévoué à son ministère et à ses ouailles. Homme de prière dans sa vie personnelle, il savait former et entraîner les autres dans la prière privée et publique. Il s’oubliait lui-même pour servir les autres. De santé fragile, il n’hésitait pas à faire des transports de malades à n’importe quelle heure quand il y avait urgence. Il ne quittait jamais son malade avant d’avoir trouvé quelqu’un pour le prendre en charge.

Ayant vécu une période dramatique dans l’histoire du Burundi entre avril et juin 1972, il a montré comment un vrai prêtre transcende les rivalités ethniques et se situe au-dessus de la mêlée pour servir tout le monde et combattre toute injustice. Par exemple, il y avait dans sa paroisse un Hutu, directeur d’école primaire, en qui il avait pleine confiance et qu’il connaissait depuis des années. Il avait obtenu du gouverneur de la province l’assurance que cet homme ne serait pas inquiété, vu son comportement exemplaire. Voilà qu’une nuit on est venu prendre ce directeur pour le conduire à la prison centrale de Giga où les prisonniers étaient condamnés en peu de jours à une mort certaine. L’abbé Gahebe a sauté dans la voiture dès le matin pour aller à Giga où il a demandé à voir le gouverneur. Celui-ci a fait une enquête rapide, et, constatant les faits, a rendu la liberté au directeur. Le curé l’a ramené à la maison, à la joie de tous. Cet homme est actuellement (2003) député à l’Assemblée Nationale, et garde une vénération inexprimable pour celui qui l’a sauvé de la mort.

“Padri Karoli,” comme on l’avait surnommé, s’occupait à la fois de ses activités pastorales et de développement. L’expression amasaka n’amasakaramentu qui veut dire “le sorgho et les sacrements” en Kirundi, exprime l’unité entre les préoccupations spirituelles et temporelles. L’abbé Gahebe a vécu cette double dimension avec une grande aisance, s’occupant de nombreuses constructions et animant une dynamique des coopératives pour la vente des produits locaux, veillant à l’éducation de nombreux jeunes, s’occupant des malades et en particulier de ceux qui exigeaient un traitement spécial.

“Padri Karoli” a quitté la paroisse de Makebuko en 1990, laissant une population bien attristée de son départ. Il a rendu l’âme le 5 novembre 1992, à l’hôpital de Bubanza, dans la sérénité et la paix.

Marc Nsanzurwimo, M.Afr.


Bibliographie

N. Contran et G. Kadjemenje, *Cibles: 235 Prêtres Africains Tués *(Kinshasa: Afriquespoir, 2002).


Cet article, reçu en 2004, est le produit des recherches du Père Marc Nsanzurwimo, M.Afr., étudiant sous la direction du Père Francis Oborji. Ce dernier est professeur à la Facoltà di Missiologia, Pontificia Università Urbaniana à Rome, secrétaire général de l’Association Internationale des Missiologues Catholiques (International Association of Catholic Missiologists–IACM), et membre du conseil consultatif du DIBICA.