Guillebaud, Rosemary

1915-2004
Communion Anglicane (Société Missionnaire de l'Église)
Burundi

Rosemary Guillebaud travailla comme traductrice de la Bible au Ruanda-Urundi (l’actuel Burundi) où elle a complété la traduction de la Bible Urundi en langue Rundi (l’actuel Kirundi). Elle est née le 4 juin 1915 à Somerset, dans le sud-ouest de l’Angleterre [1]. Elle était la fille du révérend Harold Ernest Guillebaud (dates : 29 septembre 1888-1941) [2], né à Upton, dans le Worcestershire, et de Margaret Lindesay Gamul Guillebaud, née Edwards (dates : 8 octobre 1888-1961), à Epsom, dans le Surrey, au sud-ouest de Londres [3]. Harold et Margaret se marièrent en 1912 à Bath, dans le Somerset, et servirent comme missionnaires dans la Church Missionary Society (CMS), une organisation anglicane [4]. Ils étaient missionnaires au Ruanda-Urundi [5] de 1925 à 1956 [6]. Rosemary avait un frère et trois sœurs. Celles-ci étaient Margaret Lindesay (dates : 16 novembre 1916-1971), Philippa Frances (dates : 13 décembre 1918-2000) et Mary Marshall (dates : 15 juin 1921-1999) [7]. Leur frère aîné, Peter D., est né en 1914. Tous sont nés à Bath, dans le Somerset [8]. En 1925, les parents de Rosemary et ses trois sœurs partent pour l’Ouganda en tant que missionnaires du CMS [9]. Le père de Rosemary, Harold, fut ordonné en 1916-1917 et, en plus de son rôle de prêtre, c’était un linguiste accompli qui avait étudié le grec à Cambridge [10]. Il était chargé de déterminer si les langues ruanda et rundi [11] étaient suffisamment différentes pour mériter une traduction distincte de la Bible en rundi [12]. Il découvre rapidement qu’une traduction distincte en rundi est plus que justifiée, d’autant plus que certains mots identiques dans les deux langues ont non seulement des significations complètement différentes mais parfois tout à fait opposées [13].

On découvrit le don naturel de Rosemary pour la traduction au cours de la première année où elle arriva en Afrique, à l’âge de dix ans, et ses proches le remarquèrent [14]. Elle commence à aspirer à faire de la traduction dès l’âge de treize ans, car elle avait un penchant naturel pour les langues [15]. Pendant leur enfance, Rosemary et ses sœurs recevaient des cours particuliers à la maison et, en 1939 [16], elle avait commencé ses études à Newnham College [17] à Cambridge, où elle obtient une licence et une maîtrise [18]. Après ses deux premières années à l’université, elle passe des langues modernes à la théologie afin d’apprendre le grec et de se préparer à la traduction de la Bible au cas où l’occasion se présenterait [19].

C’est en effet ce qui s’est produit. Rosemary retourne en Afrique en 1940 où elle travaille comme conseillère en traduction pour la British and Foreign Bible Society [20]. Elle est chargée de superviser plusieurs traductions, parfois jusqu’à onze simultanément [21]. Après la mort de son père en 1941, le secrétaire de la mission, le Dr A. C. Stanley Smith, lui demande d’envisager de terminer le Nouveau Testament en rundi que son père avait commencé [22]. À l’époque, elle connaîssait le ruanda (l’actuel rwandais), qu’elle avait appris pendant son enfance, mais ne connaissait que quelques mots en rundi [23]. Néanmoins elle accepta la tâche et a travailla en étroite collaboration avec des traducteurs et des conseillers autochtones, dont Stephano Ndimubandi [24]. Outre la présence de la CMS et des missionnaires baptistes danois avec lesquels sa mission était affiliée, d’autres organisations missionnaires travaillaient en rundi, notamment les Quakers et les méthodistes, ainsi qu’une branche de la Worldwide Grace Testimony Mission [25]. Elle s’efforça d’effectuer son travail de traduction avec une sensibilité œcuménique parce qu’elle envoyait ses traductions à chaque organisation pour obtenir leurs commentaires et recevait leurs critiques, utilisant leur connaissance de la région pour retravailler méticuleusement ses traductions afin de garantir un message compréhensible dans toutes les régions [26]. Il semble que la contextualisation était sa priorité absolue, car elle délibérait sur l’équivalence dynamique de chaque mot et de chaque phrase [27].

En novembre 1951, vingt ans après l’arrivée du Nouveau Testament en ruanda, la traduction du Nouveau Testament en rundi est imprimée par la British and Foreign Bible Society et arrive à Urundi [28]. De plus, en 1961, Rosemary complète la traduction de l’Ancien Testament en rundi, achevant ainsi une traduction complète de la Bible en rundi, terminant la tâche pour laquelle son père avait été mandaté dans les années 1920 [29]. Rosemary ne se maria jamais et consacra trente-neuf ans de sa vie à enseigner et à travailler à la traduction de la Bible au Burundi [30]. En 1979, Rosemary et sa sœur Philippa retournèrent à Cambridge où elles devinrent célèbres au sein de la communauté chrétienne grâce au récit de leurs expériences missionnaires [31]. Rosemary se rendit occasionnellement en Afrique jusqu’à sa mort, vingt ans plus tard [32]. Elle s’éteint paisiblement à l’hôpital Addenbrooke de Cambridge le 25 juin 2002 [33] et fut enterrée à Trumpington [34].

Dans les jours qui ont précédé la mort de Rosemary, son petit-neveu, Simon Guillebaud, nota le 24 avril 2002 que son travail de traduction avait eu un impact sur des centaines de milliers de personnes [35]. L’héritage de Rosemary Guillebaud continue de la survivre. Outre la traduction de la Bible en rundi, Rosemary écrivit l’article “Problems of Related Dialects : A Study from Experience in the Ruanda and Rundi Languages” (Les problèmes de dialectes associés : Une étude basée sur l’expérience dans les langues ruanda et rundi), elle aida Joel Abekyamweli à traduire The Book of A Thousand Tongues (Le livre de mille langues), et elle rédigea un chapitre sur “La doctrine de Dieu au Ruanda-Urundi” (”The Doctrine of God in Ruanda-Urundi”) dans African Ideas of God : a Symposium in 1950 (Les idées africaines de Dieu : Un symposium en 1950) d’Edwin W. Smith [36]. On la cita également dans divers articles scientifiques sur le travail de traduction et la compréhension de Dieu au Rwanda et dans la culture africaine.

L’héritage de Rosemary est également évident dans les descendants de sa famille. Simon fonda Great Lakes Outreach (L’évangélisation dans la région des Grands Lacs) en 2003, qui vise à s’engager dans une mission holistique en s’associant à des dirigeants locaux au Burundi pour en transformer les communautés [37]. Le 16 décembre 2018, Simon annonça qu’une traduction actualisée de la Bible en kirundi avait été lancée au Burundi, la traduction de Rosemary étant devenue obsolète [38]. Il écrivit que sa grand-tante serait extrêmement favorable à la mise à jour, car c’était dans l’esprit même de ses méthodes de contextualisation pour rendre le message clair pour la communauté au fur et à mesure que la langue évoluait [39]. On peut trouver d’autres contributions missionnaires de la famille Guillebaud et leur héritage collectif dans A Grain of Mustard Seed : The Growth of The Ruanda Mission of C.M.S. (Un grain de moutarde : la croissance de la mission du Ruanda de la C.M.S.) Lindesay Guillebaud, Fire in the Hills (Le feu dans les collines) de Herbert Osborn, Quest for the Highest de J. E. Church, et Rwanda : The Land God Forgot (Le Rwanda: Le pays que Dieu oublia) de Margaret (Meg) Guillebaud [40].

Katelyn Brooke Hannan


Notes

Cambridge Centre for Christianity Worldwide (Anciennement connu sous le nom de Henry Martyn Centre): Guillebaud Papers.” Consulté le 25 February 2020. http://www.mundus.ac.uk/cats/17/275.htm & https://www.cccw.cam.ac.uk/wp-content/uploads/2017/08/GUI-Guillebaud.pdf.

  1. “Harold Ernest Guillebaud - Margaret Lindesay Gamul Edwards.” Consulté le 25 February 2020. http://slatters.org.uk/Trumpington/f3388.htm.
  2. “Tabularjon - Rosemary Guillebaud (1915).” Consulté le 25 February 2020.
  3. “Harold Ernest Guillebaud - Margaret Lindesay Gamul Edwards.”
  4. Le Ruanda-Urundi était une colonie européenne dirigée par les Allemands et les Belges jusqu’en 1962, date à laquelle les pays distincts du Rwanda et du Burundi ont été créés.
  5. “Guillebaud Papers,” 1.
  6. Ibid.
  7. “Rosemary Guillebaud (1915).”
  8. “Guillebaud Papers,” 1.
  9. Ibid.,1.
  10. Le rundi et le kirundi sont la même langue et peuvent être utilisés indifféremment; le kirundi est plus couramment utilisé dans les écrits plus récents.
  11. Rosemary Guillebaud. “A Study from Experience in the Ruanda and Rundi Languages.” The Bible Translator 1, no. 1 (1950): 15–21. https://doi.org/10.1177/000608445000100105, 16.
  12. Ibid.
  13. “Harold Ernest Guillebaud - Margaret Lindesay Gamul Edwards.”
  14. Rosemary Guillebaud, 17.
  15. “Harold Ernest Guillebaud - Margaret Lindesay Gamul Edwards.”
  16. “Guillebaud Papers,” 2.
  17. Guillebaud, Rosemary - Praise! Consulté le 25 February 2020. https://www.praise.org.uk/hymnauthor/guillebaud-rosemary/.
  18. Rosemary Guillebaud, 17.
  19. “Guillebaud Papers.”
  20. Ibid.
  21. Rosemary Guillebaud, 17.
  22. Ibid.
  23. Ibid.
  24. Ibid., 20.
  25. Ibid.
  26. Ibid., 16-20.
  27. Lindesay Guillebaud. A Grain of Mustard Seed: The Growth of the Ruanda Mission of C.M.S. (London: Ruanda Mission C.M.S.), 1956. https://missiology.org.uk/pdf/e-books/guillebaud_lindsay/grain-of-mustard-seed_guillebaud.pdf, 81.
  28. “Guillebaud Papers.”
  29. Guillebaud, Rosemary - Praise!
  30. “Guillebaud Papers,” 2.
  31. Ibid., 3.
  32. Guillebaud, Rosemary - Praise!
  33. “Harold Ernest Guillebaud - Margaret Lindesay Gamul Edwards.”
  34. Simon Guillebaud. Dangerously Alive: African Adventures of Faith Under Fire (UK: Monarch Books), 2011, 93.
  35. “Guillebaud Papers,” 3.
  36. “GLO - Simon Guillebaud - Author, Speaker, Social Entrepreneur, Family Man, Cyclist and Charity Founder.” Consulté le 25 February 2020. https://www.greatlakesoutreach.org/about-us/simon-guillebaud/.
  37. “The New Kirundi Bible! - Simon Guillebaud.” Consulté le 25 February 2020. https://www.simonguillebaud.com/new-kirundi-bible/.
  38. Ibid.
  39. “Guillebaud Papers,” 3.

Bibliography

“Cambridge Centre for Christianity Worldwide (Anciennement connu sous le nom de Henry Martyn Centre): Guillebaud Papers” consulté le 25 February 2020. http://www.mundus.ac.uk/cats/17/275.htm & https://www.cccw.cam.ac.uk/wp-content/uploads/2017/08/GUI-Guillebaud.pdf.

“Church’s History - Anglican Church of Burundi.” Consulté le 25 February 2020. http://www.anglicanburundi.org/history/.

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Guillebaud, Lindesay. A Grain of Mustard Seed: The Growth of the Ruanda Mission of C.M.S. London: Ruanda Mission C.M.S., 1956. https://missiology.org.uk/pdf/e-books/guillebaud_lindsay/grain-of-mustard-seed_guillebaud.pdf.

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Guillebaud, Simon. Dangerously Alive: African Adventures of Faith Under Fire. United Kingdom: Monarch Books, 2011.

“Harold Ernest Guillebaud - Margaret Lindesay Gamul Edwards.” Consulté le 25 February 2020. http://slatters.org.uk/Trumpington/f3388.htm.

Pettersson, Olof. 1967. “Divinity and Destiny in the Religion of Ruanda-Urundi”. Scripta Instituti Donneriani Aboensis 2 (January), 158-71. https://doi.org/10.30674/scripta.67015.

“Tabularjon - Rosemary Guillebaud (1915).” Consulté le 25 February 2020. http://www.tabularjon.co.uk/tree/person.php?person_id=2484.

“The New Kirundi Bible! - Simon Guillebaud.” Consulté le 25 February 2020. https://www.simonguillebaud.com/new-kirundi-bible/.


Cet article, soumis en août 2020, a été recherché et rédigé par Katelyn Brooke Hannan, étudiante en master de religion au Gordon Conwell Theological Seminary à South Hamilton, Massachusetts. Il a été soumis à l’origine dans le cadre du cours “Women in World Christianity” (Les femmes dans le christianisme mondial) dispensé sur le campus de Gordon Conwell à Hamilton par le Dr Gina Zurlo, codirectrice du Center for the Study of Global Christianity (Centre d’étude du christianisme mondial). Traduction de Luke B. Donner, assistant de recherche du DACB et doctorant à Boston University au Center for Global Christianity and Mission.