Collection DIBICA Classique

Tous les articles créés ou soumis au cours des vingt premières années du projet, de 1995 à 2015.

Nkodo, Etienne

1911-1983
Église Catholique (Spiritan)
Cameroun

Le premier spiritain camerounais.

Arrivés à Douala (Cameroun) le 25 octobre 1890, les missionnaires catholiques s’installèrent d’abord sur la côte, ou plus exactement près de la côte, sur le bord du fleuve Sanaga, à Marienberg en 1890, à Edéa et Kribi en 1891, à Engelberg en 1894 et à Douala en 1898. Les Pères Pallotins allemands [1], car il s’agissait d’eux, commencèrent l’évangélisation de l’intérieur à partir de 1901. Yaoundé devint vite la mission la plus florissante du Vicariat. Les populations au sud du Nyong manifestèrent bientôt leur sympathie pour le christianisme. On ouvrit donc un poste à Ngovayang en 1909. Mgr. Vieter, le vicaire apostolique [2], se décida aussi à fonder au pays des Béné. C’est le P. Hennemann, de la mission de Mvolyé qui en fut chargé. Il quitta Yaoundé en janvier 1912, prospecta et, après examen de plusieurs solutions, opta pour la colline de Minlaba. [3] Le 4 février 1912, deux Pères et un Frère s’y installaient. Dès le 27 mars, ils ouvraient des classes. Le P. Hennemann se chargea des écoles de brousse et reçut de la mission de Ngovayang l’école d’Akok au kilomètre 182 sur la route Kribi-Yaoundé. Le premier grand baptême de Minlaba eut lieu le 6 juin 1912 : il rassembla 54 élèves venus de l’école d’Avundi. En août 1912, commença l’instruction pour le baptême dans les écoles satellites. A la fin du mois de septembre, Mgr. Vieter pouvait venir visiter la jeune mission de Minlaba. Le 21 septembre, on procéda au baptême de 124 élèves venus des écoles satellites, et le 22 septembre Mgr. Vieter confirmait 170 chrétiens.

Etienne, fils de Nkodo Ele, de la tribu Mvog Atangana Mbala…

Celui que nous avons connu sous le nom de Etienne Nkodo est inscrit dans le registre de baptême de la mission de Minlaba sous le nom de Etienne Abini, nom que lui avait donné son père Nkodo Ele à sa naissance, le 3 août 1911. C’était son troisième garçon. Nkodo Ele, de la tribu Mvog Atangana Mbala, était un homme courageux, qui n’aimait pas spécialement les Blancs, surtout les soldats allemands, ceux qui avaient arrêté deux de ses frères [4], Elong et Mani, et les avaient pendus à Yaoundé. Quelle était la vraie raison de cette arrestation et de cette exécution? Elong [5] collectait un impôt de capitation pour le compte des Allemands. Son secrétaire, un Mvog Essomba Ndana, le dénonça aux Allemands, car Elong avait dilapidé l’impôt. Elong fut arrêté par les soldats et battu. Mani, son frère aîné, voulut le défendre et fut arrêté à son tour. [6]

Nkodo Ele avait épousé cinq femmes, dont trois sont restées avec lui. La première, Ngono Bong, une Bassa, lui a donné sept enfants : trois garçons (Biya, Otou, et Abini) et quatre filles. La deuxième femme est une Bafia, Minfumu, mère de trois filles, dont l’une deviendra Sœur Bénédicta dans la Congrégation des Filles de Marie. [7] La troisième femme sera Ngono Enyegue, qui sera la mère de Madeleine Ngono. [8]

Les années d’enfance

A la naissance d’Abini, personne n’est chrétien dans la famille, et pourtant le P. Hennemann [9], fondateur de la mission de Minlaba, va baptiser cet enfant qui n’a qu’un an et demi, et n’est pas malade. Se rendant à cheval de Minlaba à Ngovayang et passant par Akok, tout près de la case de Nkodo, le missionnaire entendit des pleurs de bébé : c’était le petit Abini. Il se fit apporter l’enfant et proposa de le baptiser. Simon Abini fut le parrain.

Comment se fait-il que le P. Hennemann ait pu baptiser un enfant de païen, qui plus est, polygame, alors qu’il n’y avait pas de chrétien dans la famille ? Les Pères Pallotins ont justifié cette pratique pour la région de Yaoundé, et le Père Skolaster, dans son ouvrage sur les vingt-cinq années de travail missionnaire des Pallotins au Cameroun [10], s’en est expliqué :

Signalons, écrit-il, une autre activité des missionnaires de Yaoundé, c’était le baptême des enfants de païens. Dans les régions où travaillaient les missionnaires des autres églises, il n’était pas possible de baptiser les enfants avant l’âge de raison et sans catéchèse préalable, car on n’avait aucune certitude que ces enfants demeureraient catholiques et fréquenteraient nos écoles. [11]

Cette dernière situation ne concernait pas la région de Yaoundé, mais tel était bien le cas à Minlaba. Le Père Hennemann avait pu constater lui-même l’implantation presbytérienne américaine à Metet, à Elat-Ebolowa et à Olembe. Et des tiraillements se produiront effectivement entre missions pour des enfants passant d’une école catholique à une école protestante ou vice-versa. Mais le Père Hennemann crut bon de ne point suivre la règle dans cette contrée isolée de Minlaba.

A son retour à Minlaba, le 27 janvier 1913, le P. Hennemann inscrit le baptême sur le registre de la mission. L’inscription porte le n° 253. Bien plus tard, au cours de ses dernières années, le P. Etienne racontera lui-même à son neveu Hubert Noa [12] que le P. Hennemann avait prédit que ce nouveau baptisé deviendrait prêtre comme lui. Pour l’heure et dans les années qui suivent, c’est surtout sa sœur aînée, Nkala Nkodo, qui s’occupe de lui. Avec elle, il va à la plantation ; un peu plus grand, il l’accompagne à la source pour puiser de l’eau et remplir sa petite calebasse.

Quand il atteint l’âge de dix ans, Simon Ondoa, son parrain, le prend à l’école d’Akok, où il apprend les premières notions de lecture, d’écriture et de calcul. Il lui sert également de petit boy. Pour continuer les études, il faut aller à Minlaba, à 25 kilomètres d’Akok. Vu la distance, il n’est plus question de rentrer chaque soir au village. Simon Ondoa recommande aux Pères de Minlaba cet enfant courageux et honnête. A l’époque, le P. Guillet [13] est supérieur de la mission, et le P. Stoll [14], vicaire, est chargé des écoles. Tous deux sont spiritains, car, depuis 1916, la congrégation du Saint-Esprit remplace les Pères Pallotins. A la mission, Etienne devient le boy du P. Stoll.

En 1928, il passe avec succès son certificat de fin d’études primaires élémentaires. Pour lui comme pour la plupart des jeunes de cette époque, c’est la fin de l’école tout court, et la recherche d’un emploi rémunérateur. En effet, le certificat d’études est alors un diplôme susceptible d’ouvrir une carrière dans l’administration. Etienne prépare donc un concours administratif dont il sort major. Il est affecté à Douala comme agent des Travaux publics : il y rejoint son frère Marcus Biya, d’abord commis chez un commerçant et devenu maçon.

L’appel de Mgr. Vogt

Un jour où Mgr. Vogt [15] est de passage à Douala, la colonie ewondo va le rencontrer à la cathédrale. Monseigneur est frappé par le sérieux et le regard réfléchi du jeune Abini. Il l’interpelle et lui demande s’il veut devenir prêtre [16] Etienne ne repousse pas cette idée. Ses parents lui ont probablement parlé de la prophétie du P. Hennemann, le jour de son baptême, mais personne ne lui a encore posé la question aussi ouvertement que Mgr. Vogt.

Il se défend mollement, objecte qu’il a trouvé un travail. Renseignement pris, Monseigneur apprend que le jeune homme est originaire d’Akok où le P. Jean Muller [17] commence une mission. Monseigneur propose à Etienne de lui faire une lettre pour le P. Muller et lui conseille de le rejoindre au plus vite pour commencer l’étude du latin et se préparer à rentrer au séminaire d’Akono en septembre : “Va directement sans passer voir ton père.” Monseigneur craint en effet, et non sans raison, que la famille le détourne d’une vocation sacerdotale. Le P. Muller accueille Etienne, et aussitôt lui fait commencer l’étude du latin. Nous sommes au mois de mars 1930.

Episode du mariage coutumier

Dans la notice nécrologique du P. Etienne Nkodo, le Père Nicolas Gobina [18] écrit à propos du concours administratif qui donne au jeune homme une place aux Travaux publics de Douala : “C’est la porte ouverte à tous les rêves, parmi lesquels le mariage. Pourquoi pas?” [19] Il nous a paru bon d’approfondir la question et nous avons obtenu les renseignements suivants. A son arrivée à Douala, Etienne a 18 ans ; il travaille et gagne un salaire. Sa sœur aînée, qui s’est occupée de lui quand il était petit, est mariée du côté d’Olama. Elle choisit une fille pour son jeune frère dans la tribu Elega Nkodo Ele ; son père commence à verser la dot. Etienne est averti de la nouvelle : une fille l’attend du côté d’Olama, mais il ne l’a jamais vue. Quand il arrive chez le P. Muller pour y prendre des leçons de latin, celui-ci lui dit qu’il faut tirer un trait sur ce projet de mariage s’il veut devenir prêtre. Des années plus tard, son frère et ses cousins voudront réclamer le remboursement de la dot, mais Etienne refusera qu’on s’occupe de cela.

**Les années de formation du séminariste

Au petit séminaire d’Akono**

Dans le troisième cahier du Journal du Petit Séminaire d’Akono, le rédacteur note à la date du 28 septembre 1930: “Dimanche… à midi, le P. Muller arrive avec un nouveau séminariste, nommé Etienne Abini.” A cette époque, il n’y a pas de date fixe pour la rentrée et presque chaque jour des nouveaux arrivent. Le mardi 16 septembre, ce sont six nouveaux venant d’Efok [20] avec les Pères Brangers et Ritter [21]; le samedi 20, le F. Engelmar Z’graggen [22] amène en auto huit jeunes gens de Mvolyé [23] et deux de Nlong. [24] Ce même jour, mais le soir, quatre candidats arrivent de la mission de Minlaba. [25] Le vendredi 26, à midi pendant le diner deux anciens, André Tum et Luc Bel, reviennent avec neuf nouveaux. [26] Le samedi 27, pendant le travail manuel, Alexandre Alima revient de Mvolyé avec cinq nouveaux de Bafia. [27] Le même jour, arrivent d’Akono même huit nouveaux. [28]

En cette année 1930, ils sont 31 à entrer au séminaire d’Akono. Cinq d’entre eux parviendront au sacerdoce. [29]

Si nous continuons de parcourir le diaire, nous voyons le séminaire s’organiser, mais aussi quelques jeunes repartir au village.

Très rapidement, le P. Kapfer [30], directeur du séminaire d’Akono depuis 1928, demande à Etienne Abini de changer de nom. En effet, si le nom d’Abini est très répandu chez les Mvog Atangana Mbala (son parrain s’appelle Simon Abini et son grand père, Abini Mbetunu), le sens en est assez cru [31], et ce nom pourrait lui valoir quelques plaisanteries de mauvais goût. Etienne prend alors le nom de son père et sera finalement connu sous le nom de Nkodo.

Quand il entre au séminaire, Etienne a 19 ans ; il sait assez de latin pour entrer directement en troisième et suit fort bien les cours, car moins de trois ans après, le 22 août 1933, il peut entrer au grand séminaire.

En fait, il ne passe que quelques jours au grand séminaire : il manque un professeur de sixième au petit séminaire d’Akono ; c’est à lui qu’on fait appel pour remplir cette fonction.

Le diaire du petit séminaire précise :

16 octobre. Pendant le petit travail, le P. Guilbaud [32] est revenu ; il vient avec un sixième professeur, Etienne Abini. Conférence pour tout le monde. Le P. Directeur indique le nombre d’élèves de chaque classe. On forme une cinquième B à cause du grand nombre de nouveaux.

Quelques mois plus tard, le diaire mentionnera d’autres arrivées : “21 mars 1934. Aujourd’hui sont arrivés comme professeurs MM. Chamagne, Michel Bernard et André Loucheur, grands séminaristes européens.” [33]

Plus tard encore, un autre passage du diaire permet de supposer qu’Etienne, après un an de service au petit séminaire, et un temps de vacances à son village d’Akok, rejoint le grand séminaire : “Jeudi 6 septembre (1934). Etienne Abini revient d’Akok pendant le travail du matin, et le lendemain quinze élèves de la première partent pour le grand séminaire avec Etienne Abini.”

Au grand séminaire de Mvolyé

Pendant le grand séminaire, les séminaristes avaient deux années d’épreuve, en général une année après la philosophie scolastique et une année après deux ans de théologie. Ces années se faisaient comme professeurs au petit séminaire d’Akono, à celui d’Edéa, au postulat et au noviciat des Frères de Nlong, ou dans les paroisses, et n’étaient pas toujours bien vécues. Les grands séminaristes n’étaient pas traités comme les professeurs, et se considéraient comme marginalisés, d’où leur fréquentation des instituteurs, des gens du pays, et certains remettaient en cause leur vocation. Ce ne fut pas le cas d’Etienne. Il avait été envoyé au petit séminaire avant de faire sa première année de grand séminaire. Il ne remit pas pour autant sa vocation en question. Les rapports disent alors de lui : “Très bon certificat sous tous les regards ; a été très bon professeur, mais pas très calé, doux patient, mais ferme ; a très bien réussi. Dans ses rapports avec les supérieurs, a été très discret. A été pieux et sérieux. Aucun reproche à lui faire.” C’est signé : P. Bouchaud. [34]

Etienne revient donc au grand séminaire en septembre 1934. Il ne retrouve pas l’ancien directeur, le P. Eugène Keller [35], spiritain. Celui-ci a laissé la direction, en août 1933, à une équipe de trois Bénédictins, venus du couvent d’Engelberg, en Suisse. Ce sont les Pères Raphaël Meile, Charles Schmitt et Fidélis Beesler. Au cours de l’année 1933-1934, les nouveaux responsables du séminaire vont devoir affronter une crise qui éclate en décembre 1933. A la date du 5 décembre 1933, Mgr. Vogt écrit dans son journal :

Il y a une crise au séminaire. Les séminaristes ne sympathisent pas avec les Bénédictins. Ils disent que les Pères ne font que nous déprécier, gronder en classe. Le P. Fidélis nous traite parfois de nègres et nous dit qu’il n’y a rien à faire avec nous ; que Mgr. a commencé trop tôt, quoiqu’on lui ait dit qu’il fallait attendre encore dix ans. [37]

L’affaire va durer jusqu’en 1936 et même au-delà, marquée par une série de tensions et de difficiles négociations qui aboutiront, entre autres, au rappel du Père Supérieur des Bénédictins à Engelberg en juillet 1935.

Quand Etienne commence sa philosophie en septembre 1934, on peut dire que l’affaire bat son plein. Rome a accordé la permission de faire les cours en français et non en latin. Or la plupart des Bénédictins sont de langue allemande ; les séminaristes sont plus à l’aise que leurs professeurs pour le français.

Au moment où il retrouve le grand séminaire, ses premiers compagnons d’études vont faire leur deuxième année de philosophie. Le 7 juin 1935, il prend la soutane. C’est l’époque où, malgré la crise, ont lieu les premières grandes ordinations. A Pâques, Mgr. Vogt ordonnent huit sous-diacres: quatre de Yaoundé (Théodore Tsala, Tobie Atangana, André Manga et Jean Tabi) et quatre de Douala (Simon Mpecke, Jean-Oscar Awoue, Oscar Misoka, Joseph Melone). Les huit avanceront au sacerdoce le 8 décembre, quatre à Edéa et quatre à Yaoundé. [38]

A la fin de chaque année, les professeurs jugent Etienne apte à franchir l’étape suivante. Au terme de la troisième année de théologie, il est désigné pour faire son année d’épreuve au grand séminaire même, comme chef des vivres, sorte d’économe adjoint. Le P. Vincent note qu’il est “obéissant, mais peu débrouillard.”

En 1940, il entre en quatrième année de théologie. Le 21 avril 1941, il avance au sous-diaconat, le 1er août au diaconat et le 28 octobre à la prêtrise. Voici le dernier rapport que donne son directeur, le P. Barnabé :

Etienne Nkodo est partout bien apprécié jusque dans les dernières années, où, à tous les égards, il était arrivé au plafond. Suivi toujours de très près par le Père qui l’avait présenté, le P. Jean Muller d’Akok. Il était toujours sujet à deux influences, l’une du dehors, l’autre du dedans. Au confluent, on se demande parfois quelle direction les eaux vont prendre. On a lieu de croire, chez M. Etienne, que la bonne va prévaloir.

Toutes les ordinations, sacerdoce compris, lui ont été conférées par Mgr. Graffin. [39] Nul doute que le P. Muller n’a pas attendu pour l’amener célébrer une première messe à Akok. Quelle joie pour ce dernier d’accompagner Etienne à l’autel de son église, de l’initier à la tenue des cahiers des chrétiens, des registres, baptêmes, mariages, confirmations. Mais il y a encore une épreuve à passer. Après l’ordination sacerdotale, les jeunes prêtres restent encore au grand séminaire et préparent leur examen de juridiction. C’est Mgr. Graffin lui-même qui fait passer cet examen, et Monseigneur, qui connaît bien les cas posés aux curés par les mariages, sait vous préparer quelques cas bien tordus de privilège paulin ou pétrin. La réussite à cet examen vous donne le pouvoir de confesser en paroisse. On n’y réussit pas nécessairement. C’est ainsi que Pierre Mviena, de la promotion d’Etienne, dut faire quelques mois supplémentaires au grand séminaire pour revoir ses cas de morale. En fait, Pierre Mviena s’était trop occupé de musique, et on avait jugé bon de l’humilier en lui refusant l’examen de juridiction.

**Les débuts de la vie apostolique et l’entrée chez les Spiritains

Vicaire à Nsimalen**

Après avoir passé l’obstacle de ce rude examen, l’abbé Etienne Nkodo est nommé vicaire à Nsimalen, à une quinzaine de kilomètres au sud de Yaoundé. Il y rejoint le P. Isidore Perraud [40], considéré comme le fondateur de cette paroisse. [41]

En 1934, le Père Charles Hurstel [42], venant d’Omvan, avait choisi l’emplacement de la nouvelle mission, et Mgr. Graffin, au mois d’octobre, avait reconnu le terrain.

Il y avait là, dit la chronique de la mission, non pas un terrain cultivé, mais une brousse enchevêtrée, où les lianes montaient à l’assaut de grands arbres, qui seraient précieux pour la construction ; la terre se révélait bonne terre à briques, et une source abondante sortait d’une excavation naturelle. La fondation fut placée sous le patronage des saints Apôtres. A peine le terrain défriché, les constructions s’élevèrent : une église de 60 mètres de long sur 15 de large, une maison d’habitation de 5 pièces, une cuisine et une menuiserie.

Tous ces bâtiments étaient en poto-poto, couverts en nattes.

“A la première fête patronale de la nouvelle mission, le 29 juin 1935, Mgr. Graffin pouvait bénir église et maison provisoires.” Toutes les constructions avaient été exécutées par les travaux bénévoles des chrétiens et catéchumènes, hommes et femmes, qui étaient convoqués chaque mois à la mission pour le travail ekas. [43] Le P. Perraud venait d’arriver au Cameroun et avait été placé à Omvan pour s’initier au ministère. Il fut désigné pour s’occuper du nouveau secteur de Nsimalen qu’il rejoignit au mois d’octobre 1935. On lui donnera successivement comme vicaires l’abbé Tobie Atangana, au mois d’avril 1936, le P. Emile Haas [44] en octobre 1937, l’abbé Jean Tabi en octobre 1938, l’abbé Etienne Nkodo de juillet 1942 à novembre 1946.

Etienne fut bien initié au ministère, car le P. Perraud n’était pas seulement constructeur, mais il tenait bien ses comptes, et surtout ses cahiers de chrétienté. On peut en juger par les chiffres du recensement qu’il fournit en 1937 :

Pour une population de 9 000 habitants, il y a 5 973 catholiques présents, plus 971 établis ailleurs, 977 enfants non communiants, 1 051 catéchumènes, pour 35 postes de catéchistes. 235 chrétiens n’ont pas fait leurs Pâques. Dans l’année il y a eu 373 baptêmes, dont 146 enfants de chrétiens. Mgr. a donné 277 confirmations. Il y a eu 34 466 confessions. 94 373 communions ont été distribuées. 108 mariages ont été célébrés au cours de cette année.

Les comptes sont là, même si la précision et l’importance des chiffres laissent un peu à rêver.

Véronique Alima, veuve et aveugle recueillie à la mission de Nsimalen, nous a raconté en quoi consistait le ministère de l’abbé Etienne, en cette année 1942. Il avait l’avantage sur les jeunes Pères européens de bien connaître la langue. Il avait profité des conseils et des méthodes du P. Jean Muller à Akok. Il ne s’occupait pas de l’école, domaine réservé au P. Perraud, mais s’investissait beaucoup dans les tournées de brousse, visitant les villages avec le chef catéchiste, faisant l’appel des chrétiens pour remettre sur la bonne route ceux et celles qui s’égaraient, ramenant à la mission, pour les mettre au sixa [45], les jeunes filles qui devaient se préparer au mariage. Au petit matin, après avoir célébré la messe dans la case chapelle du village, avec le chef catéchiste et les porteurs de charge, il partait pour le village suivant. Toutes ces tournées se faisaient à pied.

A la mission même, l’abbé Etienne préparait les futurs mariés en leur faisant la doctrine, autrement dit en leur faisant le catéchisme. Il se servait pour cela du Katekismus ya nyebe katolik [46], du Bebela ya kom et du Kalara asu meluk. [47] Tout un groupe de jeunes filles résidaient à la mission, prenant près des sœurs des cours d’enseignement ménager. L’abbé Etienne leur donnait des cours de catéchèse, et, quand arrivait son tour, le dimanche, il assurait la prédication aux différentes messes.

Curé de Minlaba

En novembre 1946, on estime qu’Etienne a fait ses preuves. Mgr. Graffin le nomme curé de Minlaba. Limitée par Mbalmayo, Obout et Akok, Minlaba est une grosse mission, qui jusqu’alors avait été dirigée par des missionnaires européens. Il aura comme vicaire l’abbé Luc Atemengue, ordonné prêtre le 11 février 1945, et dont ce sera le premier poste. Non seulement on a jugé le P. Etienne digne d’être responsable d’une mission mais on le croit capable de former un jeune prêtre.

Pendant cette période et après l’expérience de Nsimalen, son désir de vie religieuse se précise. Il en parle à Mgr. Graffin qui le renvoie au P. Richard, supérieur religieux. L’un comme l’autre lui recommande la patience. On veut surtout éprouver sa vocation.

En attendant, le ministère continue comme à Nsimalen. Il partage avec l’abbé Luc : tournées de brousse, catéchisme à la mission, auprès des écoliers, des femme de sixa, réunions des associations (ekoan Maria pour les femmes mariées, ekoan Anna pour les veuves, ekoan Joseph pour les hommes, ekoan Agnès pour les jeunes filles) [48], et surtout les confessions. Il faut aussi s’occuper de l’école, car il n’y a pas encore de directeur laïc à cette époque. C’est en général le vicaire qui en est chargé, mais quand celui-ci est en tournée de brousse, c’est lui, l’abbé Etienne qui assure les confessions, la messe des écoliers et la bonne marche de l’école.

En 1949, un deuxième vicaire est nommé à Minlaba : l’abbé Lucien Manga, un compatriote de l’abbé Etienne puisqu’il est lui aussi originaire d’Akok. Il sera un adversaire déclaré de la vocation religieuse de l’abbé Etienne. Il lui reprochera toujours d’être entré chez les spiritains, “une famille de pauvres,” alors qu’en conjuguant leurs efforts, tous les deux auraient pu construire un collège dans leur village d’origine. Etienne, lui, voulait réaliser sa vocation de vie missionnaire dans la pauvreté.

Religieux spiritain

Le 4 mai 1951, de Minlaba, l’abbé Etienne écrit au Supérieur général de la Congrégation du Saint-Esprit, le Père Griffin. [49] Il formule ainsi sa demande d’entrée dans cet institut dont il a connu de très près plusieurs membres :

Poussé par le désir d’être religieux, je frappe enfin à votre porte, pour vous demander mon admission dans la congrégation du Saint-Esprit. C’est un désir que je nourris déjà, depuis plusieurs années. Je pensai entrer chez les Révérends Pères Bénédictins, mes anciens maîtres du Séminaire ; mais comme la fondation de leur monastère se fera, dans une date plutôt incertaine, vu que j’ai attendu cette fondation depuis plusieurs années, j’ai fini par comprendre que la divine Providence ne me veut pas bénédictin.

Ce n’est donc pas pour me soustraire à l’autorité de mon évêque, ou aux exigences de mon ministère sacerdotal, que je viens vous trouver.

Il me coûte, et très cher, de quitter mon pays, mon Evêque, ma Mission, mais je sens une poussée irrésistible en moi, vers la vie religieuse.

Je compte donc trouver dans votre congrégation, les moyens les plus aptes à favoriser mon union avec le Christ. Dès maintenant, je m’abandonne entre vos mains. Et vous, mon Très Révérend Père,

Daignez accepter, l’expression de mon humble soumission. [50]

Cette lettre passe par la voie hiérarchique, et au passage, le chef du diocèse, l’estampille d’un petit avis qui vaut la peine d’être noté : “Je ne puis que recommander l’Abbé Etienne Nkodo qui est l’un de mes meilleurs, sinon le meilleur prêtre indigène de mon Vicariat. Je le laisse partir avec regret, mais aussi avec l’espoir de le voir revenir spiritain !”

Fin 1951, l’abbé Etienne quitte donc Minlaba pour la France. Il part au noviciat de Cellule, non loin de Riom dans le Puy-de-Dôme. Il y reste une année, du 1er septembre 1951 au 8 septembre 1952. Lui qui est déjà prêtre et possède plusieurs années d’expérience pastorale se trouve immergé dans un groupe de novices âgés pour la plupart d’à peine vingt ans. Au terme de cette année d’initiation à la vie religieuse, le conseil du noviciat se prononce sur l’admission de l’abbé Nkodo à la profession et à la Consécration Apostolique et formule un avis : “Santé 9/1O; solide constitution physique ; jugement pratique bon ; capacités moyennes ; connaît le français et l’ewondo ; tenue extérieure correcte ; très bon caractère ; attraits pour le ministère. Avis du conseil de l’Œuvre : favorable.” [51] Le 8 septembre 1952, ils sont 27 à faire profession. [52] Puisqu’il est déjà prêtre, Etienne Nkodo fait en même temps sa consécration à l’apostolat qui le rend immédiatement opérationnel comme spiritain.

Missionnaire urbain à Yaoundé

Il a été prévu que le P. Hurstel, curé de la cathédrale de Yaoundé, et vicaire général, reviendra de France avec le P. Etienne Nkodo, devenu spiritain, comme vicaire. Or, depuis 1949, année de la fondation de la paroisse Notre-Dame des Victoires, l’auteur de cette notice est lui-même à ce poste. Le P. Hurstel a eu la délicatesse d’aller saluer la famille du P. Criaud en Normandie en compagnie du P. Etienne. Avant de repartir au pays natal, ce dernier a aussi le temps de faire un pèlerinage à Lourdes ; le passage à la grotte restera pour lui un grand moment. Le voyage de retour au Cameroun faillit se terminer tragiquement :

Le P. Hurstel et le P. Etienne ont eu un voyage quelque peu mouvementé. Leur avion a eu une panne après Alger et ils ont dû revenir à Alger. Et l’avion qui les a dépannés a eu, lui aussi, une panne au-dessus du mont Cameroun. Enfin, ils sont arrivés sains et saufs, avec seulement une journée de retard. [53]

De son côté, le P. Etienne écrit aux parents du P. Criaud après son retour au Cameroun:

Mes chers amis, nous voilà enfin arrivés au Cameroun, partis de Paris le 18 novembre par avion, nous avons eu beaucoup de difficultés. Nous pensons souvent à vous et nous en parlons volontiers à ceux qui veulent nous entendre, tant l’impression que nous avons eue de Magny [54] est profonde autant qu’agréable. Mille bonnes choses de ma part à tous les membres de votre famille, à M. le Curé et à tout le personnel de votre maison.

Vicaire à la cathédrale

Installé à la cathédrale, le P. Etienne Nkodo prend pratiquement toutes les occupations dont le P. Criaud était chargé, car celui-ci va devoir se consacrer davantage au ministère auprès des Européens. Pour que le P. Etienne puisse se déplacer plus facilement, puisqu’il doit s’occuper des villages qui dépendent de la cathédrale, le P. Hurstel lui achète une mobylette. Il est évident qu’en 1952, il n’y a pas autant de voitures à Yaoundé qu’aujourd’hui. Ce modeste mode de transport n’était pas trop dangereux, mais le P. Etienne n’était pas spécialement mécanicien. Heureusement, Mgr. Graffin était tout proche, et il y mit souvent sa main épiscopale.

Pendant dix ans, le P. Etienne va s’occuper de la visite des villages, qui peu à peu deviennent des quartiers : Elig Belibi sur la route de Mvolyé, Nkolbëk, Nkol Odu à Nkoabang sur l’ancienne route d’Akonolinga. Le P. Hurstel garde Mvog Mbi, Nkondongo, Kondengui ; le P. Criaud, en plus de son ministère auprès des Européens, prend en charge Mvog-Ada, Essos, Kong, ainsi que les écoles de Mvog Ada et de Nkol Ewe. Le P. Hurstel s’est réservé l’inscription des baptêmes, mais assez souvent c’est le P. Etienne qui les célèbre.

Grandes fêtes religieuses pour l’année mariale en 1954

Dans le courant de l’année 1953, Mgr. Graffin, qui prenait ses repas avec le curé, les vicaires de la cathédrale et les prêtres de passage, questionne ceux-ci sur ce qui pourrait être fait pour l’année mariale qui doit avoir lieu l’année suivante. Ceux qui, après la guerre, ont vécu le grand retour de Notre-Dame de Boulogne lui racontent le passage de la statue de la Vierge dans les paroisses de France, et son succès et le bien qui s’en suivit. Immédiatement, l’évêque et ses hôtes voient ce qui pourrait être fait au Cameroun.

Le premier janvier 1954, le départ est donné à une statue de la Vierge, celle de la grotte de Mvolyé, qui va rendre visite à toutes les missions du vicariat. Elle revient à Yaoundé le 25 mars pour visiter les trois paroisses de la ville : Sacré-Coeur de Mokolo, cathédrale Notre-Dame des Victoires et la paroisse-mère de Mvolyé. C’est absolument splendide et l’occasion de nombreux retours à Dieu, mais impose aux prêtres, au P. Etienne et à tous les autres, de longues séances de confessionnal.

Au mois d’août, tout le vicariat de Yaoundé se retrouve pour un congrès marial de trois jours, avec cinq évêques, une centaine de prêtres et près de 100 000 personnes. C’est un grand moment de piété mariale… et du travail pour les organisateurs, surtout ceux qui se trouvent sur place.

Le premier évêque camerounais, Mgr. Paul Etoga

L’année suivante, le 30 novembre, a lieu le sacre de Mgr. Paul Etoga [55], le premier évêque camerounais, un grand ami du P. Etienne. Ils avaient été au petit séminaire quasiment dans les mêmes années : Paul Etoga à partir de janvier 1927, Etienne Nkodo en septembre 1930. Pour tout le monde, pasteurs et fidèles, missionnaires européens et prêtres camerounais, pour les religieuses et pour tout le peuple, c’est une immense joie : le premier évêque autochtone était consacré en 1955 alors que la mission de Mvolyé a été fondée en 1901. Cinquante-quatre ans entre l’implantation de Yaoundé et l’aboutissement du travail missionnaire par le sacre de Mgr. Etoga, auxiliaire de Mgr. Graffin. Il faut voir la fierté du P. François Pichon qui commente en ewondo la messe du sacre : il se souvient avoir eu comme petit boy le jeune Paul Etoga.

En janvier 1956, le P. Criaud part à Ombessa pour remplacer l’abbé Jean Zoa. Le P. Etienne lui, continue son travail à la cathédrale, d’abord comme vicaire, puis comme curé, et même comme vicaire général après le départ du P. Hurstel. Au mois, d’août 1957, le P. Hurstel inscrit ses derniers baptêmes à la cathédrale. Il est remplacé par le P. Galiègue [56], puis en octobre par l’abbé Jean-Baptiste Amie, et en 1962 par l’abbé Jean-Baptiste Ama. [57] Mais le P. Etienne est toujours là et assure la continuité.

Durant ces dernières années, Mgr. Graffin et ses collaborateurs ont tout fait pour que l’église Notre-Dame des Victoires devienne une cathédrale digne de ce nom. Les travaux ont avancé assez rapidement, si bien que le 26 juillet 1956, a lieu la bénédiction de l’édifice. Il reste encore à faire, mais on peut déjà y officier et y célébrer les grandes heures diocésaines.

De Yaoundé à Bafia dans le Mbam

Au début de 1963, Mgr. Zoa, successeur de Mgr. Graffin comme évêque du diocèse de Yaoundé [58], nomme le P. Etienne Nkodo curé de la paroisse de Gondon à Bafia, faisant fonction de vicaire général pour le Mbam, région étendue au nord de la rivière du même nom et qui diffère de la région de Yaoundé par sa géographie et sa population. Il donne son premier baptême à Gondon le 24 février 1963. Il aura comme vicaires Michel Evuna, Jérôme Mbala [59] et Joseph-Henri Nama. Les témoignages de cette époque rapportent que le P. Etienne se mettait rarement en colère ; quand il s’y laissait aller, il élevait légèrement la voix, frappait de son index droit le bord de la table, en faisant tourner son cordon de la main gauche. [60] “Il aimait les gens,” nous ont confié les paroissiens de Bafia.

La mission de Bafia n’a jamais été une mission facile. Pendant trois ans, de février 1963 à février 1966, le P. Etienne avec ses vicaires vont visiter l’immense région que forment le pays Bafia, le pays Balom et le pays Tikar, c’est-à-dire faire des tournées de brousse d’une semaine pour visiter les 80 villages avec leurs catéchistes. [61]

Le 15 août 1965, le P. André Loucheur [62], alors en poste à Ngoro, est nommé préfet apostolique de Bafia. [63] Nul doute que cette nomination est une déception pour le P. Nkodo et pour le clergé camerounais qui s’étonnent que le nouvel évêque ne soit pas issu de l’Eglise locale.

De 1952, date de la profession du P. Etienne Nkodo chez les spiritains, jusqu’en 1966, l’année où se termine son mandat à Bafia, de nombreux séminaristes camerounais ont demandé à entrer chez les spiritains. Mgr. Graffin estimait qu’ils étaient de précieux auxiliaires du fait de leur disponibilité religieuse. Il demandait à la maison mère de les lui renvoyer comme Pères. Mais beaucoup se découragèrent et rentrèrent dans le clergé séculier. Ce n’est que petit à petit que l’opinion va se modifier et tourner en faveur des vocations religieuses. Des voix autorisées, comme celle de Mgr. Zoa, archevêque de Yaoundé, feront prévaloir que les religieux camerounais de quelque ordre religieux qu’ils soient sont une richesse et l’heureuse expression de toute l’Eglise camerounaise. Cette attitude favorisera désormais l’émergence de nombreuses vocations religieuses et missionnaires. Le P. Etienne a eu le mérite d’être un des pionniers de ce mouvement.

Un projet de retraite remis à plus tard

A son retour à Yaoundé, le P. Etienne obtient du supérieur religieux de prendre sa retraite à Akok. Il a atteint cinquante-cinq ans, et sa santé n’est pas des meilleures. Il rejoint donc son village natal, qui se situe maintenant dans le nouveau diocèse de Mbalmayo qu’on a confié récemment à Mgr. Paul Etoga. Ce dernier a grand besoin d’ouvriers apostoliques ; il rattrape le P. Etienne à Akok et lui propose d’aller à Medzek, mission pour laquelle il n’a pas de prêtre disponible. Pendant deux ans, le P. Etienne se dévouera dans cette mission.

Mais le supérieur religieux va récupérer le P. Etienne et l’aider à se réinsérer dans une œuvre plus directement spiritaine, la paroisse de Kong à Yaoundé. Cette paroisse a été fondée en 1967 par l’abbé Mathias Kuma, mais sans qu’y interviennent les spiritains. A cette même époque, la mairie de Yaoundé a accordé à ces derniers un terrain situé à Essos sur la paroisse de Kong pour y établir un postulat et une œuvre des vocations. En fait, c’est aussi le début d’une nouvelle paroisse. Le P. Etienne s’occupera de la mission proprement dite. Il loue une maison à côté de la chapelle et le sacristain le prend chez lui en 1970. Le Père construit alors lui-même son presbytère en bois et poto-poto, puis il aide à la construction de l’école. Celle-ci qui n’avait que cent élèves, va bientôt passer à trois cents. Heureusement, grâce au maire, M. André Fouda, la mission possède déjà une chapelle en dur. [64]

Le concile Vatican II a permis aux laïcs de s’insérer davantage dans la pastorale, mais évidemment il faut que le genre de vie de ceux qui s’investissent corresponde aux traditions de l’Eglise. Ainsi les lectures de la messe peuvent-elles être assurées par un ou une laïque. Le P. Etienne renvoie une maîtresse d’école et l’empêche de faire les lectures à la messe parce que sa vie n’est pas conforme ; cela provoque des heurts avec la direction des écoles. Pourtant à cette époque, le P. Etienne visite les villages à pied jusqu’à Abom ; pendant le carême, il célèbre le chemin de croix dans les villages.

La retraite définitive et la mort

En 1973, le Père Etienne est remplacé à la paroisse de Kong par un autre spiritain camerounais, le P. Athanase Bala. [65] Il peut donc retourner dans son village d’Akok et y prendre pour de bon sa retraite. Il s’aménage une maison d’habitation et y reçoit des enfants qui suivent les cours au lycée de Ngomedzap.

Le premier octobre 1983, le Père Etienne et son plus proche confrère spiritain, le P. Verner [66], se retrouvent pour une messe du souvenir en mémoire de Marie Bekono, de Yanda. Après son décès, on accuse le soleil ; mais il est faux d’accuser le soleil, car on a construit un abri avec des palmes. Chacun a pu voir que le P. Etienne était en bonne forme ce jour-là. Il a lu l’évangile ; son confrère a donné le sermon. La préface a été chantée en latin, et tous ont pu entendre la voix du P. Etienne. Après la réception, il est reparti vers Ngomedzap avec sa sœur, Lucien Fouda et Jean Ondigi.

Quand il monte dans la voiture, il dit à son neveu, Hubert Noa : “Reviens vite ; nous mangerons à sept heures.” Celui-ci rentre à l’heure fixée, et peu après la cuisinière le prévient : “Le Père est fatigué, il n’a pas mangé.” Quand Hubert entre dans la chambre du P. Etienne, il le trouve couché, sous une couverture. “Père, demande Hubert, qu’est-ce qu’il y a?” Le Père répond : “Merci, Seigneur; je voulais te voir, mon fils.” Il parle avec ses familiers soigneusement et longuement. Vers dix heures du soir, comme s’il était assuré de sa fin prochaine, il dit : “Si je meurs, tu m’enterreras ici, revêtu de la chasuble.” Il demande en outre à être habillé de la soutane qu’il portait lors de son pèlerinage à Lourdes, et de l’aube de son ordination sacerdotale. Ensuite, il chante un cantique à sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, et ajoute : “Je vais aujourd’hui revoir mon frère l’abbé Zacharie Atangana [67] la Vierge Marie.”

A ce moment, Hubert commence à avoir peur, car le corps du P. Etienne ruisselle de sueur comme de l’eau. Hubert demande à son frère de l’aider pour soulager le Père qui parle maintenant de façon saccadée. A une heure du matin, on appelle un prêtre et le docteur. Aussitôt, arrivent l’abbé Emile Tana et l’abbé Soter Azombo. Quand ils lui donnent les sacrements, le P. Etienne prie avec eux, sans penser, semble-t-il, à la mort. L’abbé Tana dit : “Des gens disent de l’emmener à Yaoundé, mais le docteur dit qu’il vaut mieux attendre le matin, car la route est mauvaise : il risquerait de mourir en route.” L’Abbé Emile donne au malade des conseils et des encouragements. Le P. Etienne lui répond: “Je n’ai pas peur de la mort.” Ensuite, il invoque en français le “Dieu de miséricorde.” Désormais il ne parle plus et ne fait que gémir. Il reçoit à ce moment-là la communion. A cinq heures et demie, le Seigneur prend son serviteur. C’est la fête de sainte Thérèse, patronne de la paroisse de Ngomedzap.

Le lundi 3 octobre 1983, Mgr. Paul Etoga, évêque de Mbalmayo, Mgr. Jean-Baptiste Ama, évêque de Sangmélima, Mgr. Athanase Bala, évêque de Bafia, beaucoup de Pères, de Sœurs et de chrétiens sont venus prier et rendre les derniers devoirs à leur père, le P. Etienne Nkodo. Conformément à son désir, il est enterré dans sa chapelle, la pièce principale de la maison.

Il avait souhaité avoir une œuvre spiritaine à Akok. A cet effet, il entreprit des démarches pour avoir un terrain à son nom, mais le supérieur religieux spiritain, le P. Léon Aman [68], trouva la proposition inadaptée : il aurait pensé à la rigueur à une espèce de postulat. Le P. Etienne, lui, pensait à une œuvre pour les enfants pauvres, dans le genre des Orphelins Apprentis d’Auteuil. [69]

Jean Criaud*


Notes:

  • Le P. Jean CRIAUD est né en 1922 à Magny (Calvados). Profès spiritain en 1944, il part au Cameroun en 1948. Affecté à diverses missions rurales et urbaines, il est connu pour ses publications scolaires : Histoire générale pour les écoles primaires du Cameroun, cours moyen 2e année, Yaoundé, Editions Saint-Paul, 15e édition 1979, 104 p. ; Histoire du Cameroun, de la préhistoire à nos jours, cours moyen 1ère année, Yaoundé, Editions Saint-Paul, s.d., 95 p. ; avec P. MVIENA, Géographie du Cameroun, Yaoundé, Imprimerie Saint-Paul, 1960, 111 p. ; Histoire et Géographie cours élémentaire 2e année (Classiques africains, Issy-les-Moulineaux), Géographie du Cameroun, nouvelle édition, Issy-les-Moulineaux, Les classiques africains, 1976, 104 p. Il a publié dans une collection “ Documents pour l’histoire “, le tome V : Circulaires de Mgr. François-Xavier Vogt et le tome VI : Circulaires de Mgr. René Graffin (cahiers ronéotypés, Procure de l’Archidiocèse, Yaoundé). A l’occasion du centenaire de l’évangélisation du Cameroun, il a publié : Les premiers pas de l’Eglise au Cameroun, Chronique de la Mission catholique 1890-1912, Récit de Mgr. Heinrich Wieter, Traduction (de l’allemand) et présentation de Jean Criaud, Publications du Centenaire, Mvolyé-Yaoundé, Imprimerie Saint-Paul, 1989, 180 p. ; Ils ont planté l’Eglise au Cameroun. Les Pallottins. 1890-1915, Yaoundé, Publications du Centenaire, I.M.A., 1989, 84 p. ; La geste des Spiritains. Histoire de l’Eglise au Cameroun, 1916-1990, Yaoundé, Publications du Centenaire, Imprimerie Saint-Paul, , 1990, 339 p. Il a pris sa retraite à Chevilly-Larue (Val-de-Marne).
  1. Société missionnaire fondée à Rome par un italien, le Père Vincent Pallotti (1795-1850).

  2. Mgr. Heinrich Vieter, né à Coppenberg en Westphalie (Allemagne), après être entré chez les Pères Pallotins, est missionnaire au Brésil. Nommé préfet apostolique au Cameroun, le 20 juillet 1890, il devient vicaire apostolique le 22 décembre 1904. Il meurt le 7 novembre 1914 à Yaoundé.

  3. Sur les anciens Beti et tout particulièrement sur Minlaba, se reporter aux importants travaux de Philippe LABURTHE-TOLRA : Les seigneurs de la forêt, Minlaaba I, Essai sur le passé historique, l’organisation sociale et les normes éthiques des anciens Bëti du Cameroun, Paris, Publications de la Sorbonne, 1981, 491 p. ; Initiations et sociétés secrètes au Cameroun : les mystères de la nuit, Essai sur la religion beti, Minlaaba II, Paris, Karthala, 1985, 448 p., en attendant : Minlaaba III : Vers la lumière? ou la conversion des Beti au christianisme.

  4. Frères, dans le sens africain, signifie parents assez proches, tels les cousins.

  5. Ces renseignements proviennent en bonne part de M. Pascal Elong, ancien maître à l’école Notre-Dame des Victoires de Mvog Ada, à Yaoundé, de 1952 à 1962; il est le petit-fils de Elong Atangana Aboa.

  6. Sur les relations entre les Bëti et les Allemands, voir : Frederik QUINN, “Rencontres dans la forêt dense : les Bëti et les Allemands, 1887-1916,” in M. Z. NJEUMA, Histoire du Cameroun (XIXe s.-début du XXe s.), traduit de l’anglais, Paris, L’Harmattan, 1989, p. 135-161.

  7. A la mort de son père, Otou prendra cette femme chez lui, ce qui causera palabre et scandale; en effet chez les Ewondo on a le droit d’épouser la veuve de son frère, mais absolument pas celle de son père. En 1926, Mgr. Vogt, arrivé du Zanguebar en 1922 pour être vicaire apostolique de Yaoundé, présenta à Sœur Benoît Clément, spiritaine, arrivée depuis peu au Cameroun, cinq jeunes filles camerounaises et lui dit : Faites-en des religieuses. Ce fut l’origine de la Congrégation des Filles de Marie de Yaoundé. cf. Mémoire spiritaine n° 5 , l’article sur la Sœur Isabelle Joantéguy.

  8. Madeleine Ngono, mariée dans un village près de Ngomedzap, est encore vivante, mais paralysée.

  9. Mgr. Franz Hennemann, missionnaire à Mvolyé (Yaoundé), fut le fondateur de Minlaba, en 1912. Nommé coadjuteur de Mgr. Vieter le 26 juillet 1913 ; sacré à Douala le 26 avril 1914 ; rentre en Allemagne en mai 1914; succède à Mgr. Vieter à la mort de celui-ci, le 7 novembre 1914 ; mais ne peut prendre ses fonctions à cause de la guerre.

  10. Hermann SKOLASTER, Les Pallotins au Cameroun. Vingt-cinq années de travail missionnaire, 1890-1915, traduction du P. Albert-Marie Schmitt et du P. Jean Criaud, Yaoundé, 1993.

  11. SKOLASTER, op. cit., p. 235-236.

  12. Hubert Noa, fils de Jacques Otou, de la tribu Etudi, et de Thérèse Abui, du clan Mvog Atangana Mbala. Thérèse Abui est la fille de Tungui Obama, frère de Nkodo Ele, qui sont de même père.

  13. P. Henri Guillet (1878-1950) : Notice Biographique (NB) : Bulletin de la Province de France (BPF) (Congrégation du Saint Esprit), n° 53, p. 366 à 374.

  14. P. Antoine Stoll (1889-1973) né à Gingsheim (Bas-Rhin); entré chez les spiritains de la Province d’Allemagne; affecté au Cameroun : vicaire à Minlaba (1919-1923) d’où il fonde dès 1921 la mission d’Akono; supérieur et curé d’Akono (1923-1943); convalescence (1943-1946); Etudi (1946-1949); rentre en France: aumônier à Saverne (1950-1957) retraite et mort en Alsace (cf. NB : Arch., CSSp, BH 3).

  15. Mgr. François-Xavier Vogt, est né à Marlenheim (Alsace) le 3 décembre 1870; études à Beauvais ; prêtre en 1899; professeur, maître des novices à Knechtsteden (Allemagne); vicaire apostolique du Zanguebar central en 1906; en 1922, administrateur apostolique au Cameroun; en 1923, vicaire apostolique de Yaoundé; meurt à Yaoundé le 4 mars 1993. Cf. NB : Bulletin Général de la Congrégation du Saint-Esprit (BG), t. 42, p. 38 à 63; Roger DUSSERCLE, Du Kilima-Ndjaro au Cameroun, Monseigneur F.-X. Vogt (1870-1943), Paris, La Colombe, 1954; Nicolas OSSAMA, Monseigneur François-Xavier Vogt. Cinquante ans après, Imprimerie Saint-Paul, Yaoundé, 1993.

  16. Il n’y a pas encore de prêtre camerounais.

  17. P. Jean Muller (1887-1948) : NB : Arch. CSSp, BA 9.

  18. Le P. Nicolas Gobina, spiritain camerounais, né en 1924 à Bouangango (Edea Cameroun) est actuellement missionnaire au Gabon.

  19. Province et Mission (PM), n° 105, mai 1984.

  20. Raymond Afanda, Joseph Eba, Mathieu Elundu, André Mbida, Benoît Nzana, Sylvestre Onana.

  21. P. Louis Brangers (1878-1958) : NB : BPF, n° 96, p. 718 à 723. P. Emile Ritter (1892-1968) : NB : Arch. CSSp, dossier personnel non référencé.

  22. F. Engelmar Z’graggen (1870-1939) : NB : Arch. CSSp, CD 2.

  23. Vincent Ahanda, Henri Atangana, Pierre Ehongo, Frédéric Esomba, Marc Esono, Joseph Eyebe, Jean Ndugu, Charles Tsungui.

  24. Rodolphe Ebode, Dominique Melon.

  25. Luc Bekono, Luc Esomba, Gaston Manga, Pierre Seme.

  26. François Bakal, Etienne Biyaga, Gabriel Kaldjob, François Manyenge, Alexandre Mbua, Félix Mbondo, Joseph Mongo, Jean Nkondjok, Etienne Timba.

  27. Gabriel Undafe, Charles Olama, Joseph Basilakin, Jean Okolon, Simon Munda.

  28. Henri Bala, Joseph Olama, Jean Ondoa, Aloys Dzu, Pierre Alu, Léon Kpama, Vincent Fuda, Antoine Tsala.

  29. Etienne sera le premier ordonné, le 28 octobre 1941 ; après lui, viendront Alexandre Mbua d’Eséka, ordonné le 24 février 1943 ; Benoît Nzana d’Efok, Frédéric Esomba de Yaoundé, Joseph Mongo d’Edéa, ordonnés le 11 février 1944.

  30. P. Joseph Kapfer (1899-1981), né à Schweihouse sur Moder (diocèse de Strasbourg); études à Saverne et Knechtsteden ; professeur à Saverne (1923-1924) ; prêtre en 1925 ; envoyé au Cameroun : à Nden, puis Minlaba (1926-1927) ; professeur à Nlong et Akono (1927-1932), à Medzek (1933-1936), directeur au petit séminaire d’Akono (1936-1946) ; Etudi (1947-1950) ; en France (1950-1953), puis en Guadeloupe :(1954-1971) ; retraite et mort en Alsace (cf. Province et Mission, n° 80, novembre 1981).

  31. Abini ou Abina signifie testicule ou plus vulgairement couille. Joseph Ndzinga qui est parmi les plus anciens (inscrit à Akono le 22 mars 1926), et les autres séminaristes, ont immédiatement protesté contre ce nom, mais il fallut l’intervention du directeur du séminaire, ou peut-être de Mgr. Graffin pour faire changer l’état-civil. Malgré cela, au grand séminaire, on trouve encore une fois le nom d’Abini.

  32. Le P. Joseph Guilbaud, né en 1903 à Givrand (diocèse de Luçon), est actuellement en retraite dans la maison spiritaine de Piré-sur-Seiche (Ille-et-Vilaine).

  33. Jean CRIAUD, La geste des spiritains. Histoire de l’Eglise au Cameroun, 1916-1990, Publications du Centenaire, Yaoundé, Saint-Paul, 1990, p. 155 : “ De nombreux Pères du Saint-Esprit ont été consacrés à l’œuvre du petit séminaire pendant de nombreuses années. Ils seront secondés par les grands séminaristes quand il y en aura. A une certaine époque, la Province de France enverra trois scolastiques, on dirait à présent, en coopération. C’étaient messieurs Bernard, Chamagne et Loucheur. Après leur ordination et leur consécration à l’apostolat, deux d’entre eux reviendront au Cameroun. Le premier deviendra Mgr. Michel Bernard, vicaire apostolique de Conakry, puis archevêque de Brazzaville; le dernier, Mgr. André Loucheur, sera nommé préfet apostolique puis évêque de Bafia.” Le P. Chamagne opta pour la Guinée.

  34. Joseph Bouchaud (1905-1981), vendéen, sera professeur puis directeur (en 1931) au petit séminaire d’Akono (1930-35); à Douala pour la presse et la direction de l’enseignement (1936-42); à Castlehead en Angleterre (1942-46) où il s’occupe de publier des livres scolaires ; directeur des Annales spiritaines à Paris (1948-58) et professeur de missiologie à Chevilly ; de 1959 à 1962, directeur au petit séminaire de Fort-Sibut (R.C.A.); au secrétariat général à Paris puis à Rome (1959-77); maladie et retraite à Paris et Chevilly. NB : PM, n° 85, avril 1982.

  35. P. Eugène Keller (1884-1955) : NB : Arch. CSSp, AF 6.

  36. Fondateur du Grand Séminaire de Mvolyé, le 10 octobre 1927, le P. Keller avait dû le quitter en mai 1930, pour raison de santé. Il avait accepté d’y revenir pour faire la transition avec les Pères Bénédictins à qui le grand séminaire est confié à partir du 5 novembre 1932 (Jean CRIAUD La geste des spiritains, op. cit., p.155.

  37. Journal manuscrit et inédit de Mgr. Vogt.

  38. L’abbé Jean Tabi, né en 1908 ; ordonné prêtre le 8 décembre 1935 à Yaoundé, fut curé de Mebasa; est mort accidentellement, le 21 avril 1951. L’abbé Tobie Atangana a été en poste à Mfumasi, Yangben et Oveng. L’abbé André Manga a été curé de Tala. L’abbé Simon Mpecke, bien connu sous le nom de Baba Simon, ordonné prêtre à Douala le 8 décembre 1935, a été curé de Ngovayang avant de partir comme missionnaire dans le Nord-Cameroun à Tokombéré.

  39. Mgr. René Graffin (1899-1967), né à Pontvallain (Sarthe); études au collège Saint-Jean de Béthune à Versailles (1908-1917); prêtre en 1925; affecté au Cameroun: vicaire à Mvolyé; coadjuteur de Mgr. Vogt (décembre 1931), lui succède en mars 1943 comme vicaire apostolique de Yaoundé; archevêque de Yaoundé en septembre 1855; démissionne en septembre 1961; professeur puis supérieur à Croix-Valmer; meurt à Chevilly le 16 avril 1967. NB : BPF, n° 145, p. 307 à 312.

  40. P. Isidore Perraud (1907-1992) : NB : n° 177, mai 1992. La réalité de la fondation de Nsimalen demande quelques nuances : “La première évangélisation de ce secteur date d’avant la première guerre mondiale. Les commencements de la chrétienté d’Ekok, un des postes centraux actuels de la paroisse, remontent à 1911, ceux de la chrétienté de Kumu, autre poste central, à 1913. C’était donc du temps des Pallottins allemands.” (“Cinquantième anniversaire de la fondation de la paroisse de Nsimalen,” Ensemble, n° 153, 5 août 1984, p. 3-4)).

  41. En réalité, “la première évangélisation de ce secteur date d’avant la première guerre mondiale. Les commencements de la chrétienté d’Ekok, un des postes centraux actuels de la paroisse, remontent à 1911, ceux de la chrétienté de Kumu, autre poste central, à 1913. C’était donc du temps des Pallottins allemands.” (“Cinquantième anniversaire de la fondation de la paroisse de Nsimalen,” Ensemble, n° 153, 5 août 1984, p. 3-4).
  42. P. Charles Hurstel (1903-1980) : NB : PM, n° 66, mai 1980.

  43. Par travail ékas il faut entendre travail bénévole.

  44. P. Emile Haas (1908-1988) : NB : PM, n° 143, février 1989.

  45. Sixa, préparation des femmes et des jeunes filles au mariage. Cf. Jean CRIAUD, La Geste des Spiritains, op. cit., p. 172 ss.

  46. Catéchisme de la foi catholique.

  47. Livres écrits par Mgr. Vogt, rappelant les grandes vérités de la foi et la doctrine sur le mariage (Les grandes vérités de toujours et Le livre du mariage).

  48. Ekoan signifie association.

  49. Le P. Francis Griffin (1893-1983) : NB : Informations spiritaines, n° 48, août-octobre 1983.

  50. Arch. CSSp, Dossier personnel du P. Etienne Nkodo, non encore référencé.

  51. Arch. CSSp, Dossier personnel du P. Etienne Nkodo, non encore référencé.

  52. BG, n° 645, septembre-octobre 1952, p. 420.

  53. Lettre du P. Criaud à ses parents, 3 décembre 1952.

  54. Village d’origine du P. Criaud, dans le Calvados.

  55. Mgr. Paul Etoga, né à Nlong vers 1911, curé à Yangben, puis évêque auxiliaire de Mgr. Graffin, (en novembre 1955), est nommé évêque du nouveau diocèse de Mbalmayo, où il meurt en 1998.

  56. P. Charles Galiègue (1913-1994) : NB : PM, n° 205, décembre 1994.

  57. L’abbé Jean-Baptiste Ama après avoir été évêque de Sangmélima est actuellement premier évêque du nouveau Diocèse d’Ebolowa.

  58. Mgr. Graffin, sur la demande de Rome, donne sa démission en août 1961. En novembre de la même année, Mgr. Jean Zoa lui succède.

  59. L’abbé Jérôme Mbala, entré chez les spiritains, est revenu au clergé diocésain avant de redevenir spiritain dans le cadre de la Fondation d’Afrique Centrale (FAC). Il est l’auteur du poème-prière bien connu Que l’Afrique te connaisse, Seigneur Dieu, paru dans le célèbre ouvrage collectif: Des prêtres noirs s’interrogent, Paris, Editions du Cerf, 1956. Sur les 14 auteurs de ce livre, cinq sont spiritains : trois haïtiens, un congolais, un camerounais.

  60. Le costume spiritain comportait non pas une ceinture en toile sur la soutane, mais un cordon noir à quatre tours se terminant par deux bouts garnis chacun d’un pompon.

  61. Le Mbam est un vaste département de 34 615 km2 pour une population d’environ 230 000 habitants ce qui représente une densité relativement faible. La préfecture apostolique de Bafia, érigée le 6 juillet 1965 et devenue diocèse le 11 janvier 1968, correspond à ce département du Mbam.

  62. Mgr. André Loucheur (1910-1998) : NB : PM, n° 241, mai 1998.

  63. En 1962, le P. Loucheur avait été chargé par Mgr. Zoa de fonder la mission de Ngoro.

  64. M. André Fouda, maire de Yaoundé, a construit des chapelles en dur dans la plupart des quartiers de la ville; elles serviront au lancement de nouvelles paroisses.

  65. Le P. Athanase Bala, spiritain camerounais, né en 1927 à Nlong, deviendra évêque coadjuteur de Bafia en 1976 et remplacera Mgr. Loucheur comme évêque de Bafia en 1977.

  66. Le P. Verner, spiritain suisse, travaille actuellement en Haïti.

  67. L’abbé Zacharie Atangana était originaire de la mission d’Akono et avait été curé de Minlaba avant le P. Etienne. Ils étaient très liés.

  68. P. Léon Aman (1927-1987) : NB : PM, n° 133, octobre-novembre 1987.

  69. Le P. René Charrier, alors maître des novices au noviciat spiritain ouvert à Mbalmayo en 1981, était venu à l’enterrement avec quelques novices camerounais du moment. A plusieurs reprises, auparavant, ils avaient rendu visite au P. Etienne dans sa retraite d’Akok. Chaque fois, le P. Etienne avait évoqué son rêve d’œuvre spiritaine dans sa maison. Il se rendait compte toutefois, et non sans tristesse, que l’éloignement, l’état des routes et la question du personnel annulaient ses espoirs.

Cet article, tiréde la revue Mémoire spiritaine, n° 8, deuxième semestre 1998, p. 50 à 73, copyright © 1998 de Jean Criaud, est reproduit ici avec la permission des éditeurs. Tous droits réservés.