Nsokika, Bernard

Noms alternatifs: Fonlon
1924-1986
Église Catholique
Cameroun

Bernard Nsokika

Bernard Fonlon est né le 19 novembre 1924 à Nso, petit village du nord-ouest du Cameroun. Il commence ses études primaires au village et les poursuit à Njinikom. Au cours de ses études primaires il est marqué par l’influence des prêtres catholiques.

II part faire des études secondaires à Onitsha au Nigeria à « Christ the King College » où, là encore, il subit l’influence des frères catholiques et particulièrement celle du directeur du collège Father Michael Flanagan.

Après son cycle secondaire, Bernard Fonlonentre au Grand Séminaire à Enugu (Nigeria), ou, pendant six ans, il étudie la philosophie et la théologie. Là encore ce sont les personnalités de ses professeurs qui le marqueront comme il se plaisait à le souligner.

Après le Grand Séminaire, Bernard Fonlon part en Irlande poursuivre ses études supérieures à la “National University of Ireland” à Dublin où il reçoit les enseignements d’éminents professeurs en particulier le Dr. William McCausland Stewart de l’université de Bristol qui sera son directeur de thèse pour l’obtention du M.A. et Ph. D. Il passe avec succès son B.A. (mention très bien). Désireux d’approfondir ses connaissances en anthropologie et en sociologie africaines, Bernard Fonlon se rend en France où il suit, à la Sorbonne, les cours d’éminents africanistes tels Paul Mercier, Georges Balandier, et Mme Denise Paulme. C’est en France que, soucieux de se perfectionner dans la langue, il décide d’écrire en français une thèse sur Flaubert qu’il reviendra soutenir à Dublin en 1958 pour l’obtention de son M.A.

Au cours de ses trois années à Paris, Bernard Fonlon rencontre nombre d’écrivains et de personnalités du monde noir entre autres: Aimé Césaire, Alioune Diop, Léon-Gontran Damas, Jacques Rabemananjara, Edouard Glissant, David Diop, Dr. William Burghard Dubois, James Langston Hugues et Richard Wright pour ne citer que ceux qu’il considère comme ses amis et dont il a subi l’influence.

En 1961, Bernard Fanlon revient à Dublin où il passe avec succès son Ph.D. avec une thèse en français sur “La poésie et le réveil de l’homme noir.”

En février 1961, Dr. Fonlon revient au Cameroun où il occupe jusqu’en septembre 1961 les fonctions de secrétaire auprès du Premier ministre John Ngu Foncha. C’est le début d’une longue carrière politique ou il sera successivement ministre des Affaires étrangères, ministre des Transports et Télécommunications, puis ministre de la Santé publique et de la Population. II est également, depuis 1966, membre du Bureau politique de l’U.N.C. (Union Nationale Camerounaise) et appartient, depuis le Congrès de Douala en février 1975 au Comité central du parti. Enfin, au congrès de Bamenda en 1985, il est élu membre du Comité central du R.D.P.C. (Rassemblement Democratique du Peuple Camerounais) poste qu’il occupera jusqu’à la fin de sa vie.

Parallèlement à sa carrière politique, le Dr. Fonlon poursuit une carrière universitaire et d’homme de lettres. C’est ainsi que, du 1er janvier 1962 à octobre 1971, il est professeur-adjoint en détachement à l’université du Cameroun, et d’octobre 1971 jusqu’en 1986 il est professeur-adjoint, chef du département de littérature africaine comparée à l’université de Yaoundé.

Collaborateur des revues Cameroon Panorama et Cameroon Times, ses principaux articles ont fait l’objet de tirages à part ou de brochures. Enfin en 1963, le Dr. Fonlon est membre fondateur avec un petit groupe d’intellectuels camerounais de la revue Abbia dont il assure jusqu’à sa mort la direction, tout en y publiant très régulièrement des articles d’une haute tenue intellectuelle.

En septembre 1986, le Dr. Bernard Fonlon s’éteint au Canada. Des obsèques nationales l’ont accompagné jusqu’à sa dernière demeure dans ce village natal que cet homme d’une renommée internationale n’avait jamais oublié ni renié.

Le Dr. Bernard Fonlon tout au long de sa vie a oeuvré dans deux directions bien précises : la formation des jeunes et le bilinguisme au Cameroun, c’est-à-dire l’ouverture entre deux cultures. En effet, il était émouvant de rencontrer chez lui à toute heure des jeunes, étudiants qui venaient au-delà de leurs cours, écouter le maître chez lui pour mieux comprendre et approfondir leur enseignement. Ces mêmes jeunes sont venus nombreux l’accompagner jusqu’à sa dernière demeure. D’autre part, Dr. Bernard Fonlon a été réellement l’apôtre du bilinguisme au Cameroun, en effet ce Camerounais, né au Cameroun occidental, a choisi de soutenir ses deux thèses de doctorat en français, et, comme homme politique il a oeuvré pour le rapprochement des deux communautés se faisant réellement le défenseur du bilinguisme.

Que l’image de cet homme de culture et de cet éminent humaniste reste présent à nos mémoires.

Thérèse Baratte Eno Belinga


Cette biographie vient de: Belinga, Thérèse Baratte Eno. “Bernard Fonlon Nsokika (1924-1986),” in Hommes et Destin: Travaux et Mémoires, ed. Maghreb-Machrek, 261-62. Académie des Sciences d’Outre-Mer: Paris, 1986.